Chapitre 2. Ordonner le champ littéraire : allégories de la distinction à l’époque de la Querelle
2.2. Gloire des Anciens, célébrité des Modernes ?
Comme nous venons de le voir, la problématique de la distinction dans le domaine
artistique surgit au cœur de la discussion qui oppose les défenseurs des canons antiques à ceux
qui les remettent en question. Loin de n’être qu’une toile de fond, la Querelle des Anciens et
des Modernes organise en profondeur et durablement cette réflexion, notamment à l’égard de
la philosophie de l’histoire et de la fonction de la subjectivité qu’elle met en jeu
65. S’ils font
64 G. Guéret, Le Parnasse réformé, p. 89, 91.
65 Tout en proposant des approches différentes, plusieurs travaux interprètent la Querelle comme un moment dynamique qui participe à l’avènement des Lumières ou aux changements épistémiques à l’origine de la modernité, en particulier sur le plan d’un régime d’historicité et d’une subjectivité moderne. Parmi eux, notons J. DeJean, Ancients against Moderns… ; Dan Edelstein, The Enlightenment : A Genealogy, Chicago, University of Chicago Press, 2010 ; Larry F. Norman, The Shock of the Ancient : Literature & History in Early Modern
pencher différemment la balance de la gloire, Anciens et Modernes partagent pourtant à
l’égard des normes de distinction une même attitude : ils rejettent la célébrité – ou plutôt une
constellation de manifestations qui n’en porte pas encore le nom (publicité trompeuse,
production à la chaîne des auteurs, appât du gain des libraires, succès auprès du parterre…) –
en ce qu’elle est porteuse de passions qui rompent l’autorégulation éthique, esthétique et
sociale de la République des Lettres. Ultimement, tous cherchent à identifier des critères
fiables du mérite et se rejoignent dans une conception « aristocratique » de la littérature,
opposée à la « populace » des mauvais auteurs
66. Sous-tendant la dialectique de la querelle,
l’ordre de la gloire exprime cette aspiration commune à l’universalité des valeurs, que soutient
la quête désintéressée d’une postérité d’autant plus éclatante qu’elle est exclusive. La logique
de l’économie symbolique se voit maintenue et renforcée par la dévaluation de la célébrité, qui
elle aussi gagne en cohérence par le fait même de cette dualité. Or, force est de constater, en
mettant en relief les nuances, si ce n’est les hésitations de Guéret, que les choses ne sont pas si
limpides. En cherchant à s’émanciper de l’héritage antique par l’affirmation de la grandeur des
temps présents, les Modernes complexifient la rhétorique temporelle de la gloire. Comment
réconcilier la valorisation des auteurs dits modernes, c’est-à-dire vivants ou récemment
décédés, avec un principe de validation cumulatif et posthume ? Comment définir avec
certitude le beau, si les anciens n’en offrent plus les repères incontestés par la preuve de
l’admiration qu’on leur a portée à travers les siècles ? La reconsidération du sens de l’histoire,
de la portée normative de la tradition, ouvre une boîte de Pandore quant aux modalités de la
juste distinction. Le débat conduit les Anciens autant que les Modernes à infléchir à leur
France, Chicago, University of Chicago Press, 2011 ; Levent Yilmaz, Le temps moderne : Variations sur les Anciens et les contemporains, Paris, Gallimard, 2004.
manière les mécanismes de l’économie symbolique et à réfléchir à la place qu’y occupe la
célébrité.
Le fameux poème Le Siècle de Louis le Grand de Charles Perrault, récité à l’Académie
française en 1687, entérine un renversement de l’échelle de valeurs inscrite dans la perspective
historique humaniste
67. Le fait est bien connu : l’Antiquité, proclame Perrault, n’est pas un âge
d’or originel qui condamne l’humanité à une perpétuelle et insatisfaisante imitation. Le
Moderne se moque de cette conception passéiste en lui opposant, tel un fait indéniable,
l’immuabilité de la nature, dont les « forces infinies / Produisent en tout temps de semblables
genies
68». En cela, il ne propose pas de niveler les diverses époques de l’histoire dans un
continuum. Au contraire, il postule l’existence de critères absolus, extra-historiques, grâce
auquel on peut juger les différents siècles : « Les Siecles, il est vray, sont entre eux differens, /
Il en fut d’éclairez, il en fut d’ignorans
69». Le règne de Louis XIV fait bien entendu partie de
la première catégorie, et le poème culmine en un emphatique éloge du roi. Perrault ne s’en
tient toutefois pas à autoriser une véritable comparaison entre l’Antiquité et les temps présents.
Il s’aventure à donner la préférence aux Modernes, dont la supériorité scientifique, en
particulier, s’avère difficilement contestable. De ce point de vue, les anciens appartiennent
plutôt à l’enfance de l’humanité, et les modernes, qui ont gagné en expérience et en savoir, à la
force de l’âge. N’en serait-il pas en matière de goût comme des sciences
70? L’idée cruciale du
67 La Renaissance met en place une conception cyclique de l’histoire, marquée par « la relation nouvelle d’imitatio et d’aemulatio que l’on entretient avec les chefs-d’œuvre » de l’Antiquité, exemples de perfection artistique. H. R. Jauss, « La ‘modernité’ dans la tradition littéraire… », p. 170-175.
68 Charles Perrault, Le siècle de Louis le Grand, Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1687, p. 23-24.
69Ibid., p. 24.
70 Les Anciens affirment à cet égard la spécificité des arts par rapport aux sciences, les deux procédant de modes de connaissance distincts. Les Modernes continuent au cours de la Querelle d’appliquer la notion de progrès aux arts, mais vont concéder qu’il suit une voie différente de celle des sciences. L. Norman, The Shock of the Ancients…,p. 51-54.
progrès ainsi avancée par les Modernes dans le domaine des lettres et des arts n’est pas encore
celle, linéaire, d’une infinie perfectibilité. Elle demeure ancrée dans une conception cyclique
du temps qui laisse entrevoir la possibilité, après la perfection du siècle de Louis XIV, d’un
déclin à venir. Elle marque malgré tout un déplacement significatif de l’horizon temporel. Les
œuvres se mesurent moins à l’aune de l’Antiquité qu’à leur capacité, par leur valeur
universelle, de plaire dans le présent et de constituer les classiques du futur
71. Ce regard
détourné du passé pour embrasser la postérité donne une nouvelle direction à l’idéologie de la
gloire
72.
Perrault assume pleinement la posture d’anticipation dans laquelle se placent les
Modernes. S’il admet la grandeur des anciens, c’est pour mieux imaginer la postérité encore
plus éclatante des auteurs du Grand Siècle :
Virgile, j’y consens, merite des Autels,
Ovide est digne encor des honneurs immortels : Mais ces rares Auteurs qu’aujourd’huy l’on adore, Estoit-ils adorez quand ils vivoient encore? […]
Ce n’est qu’avec le temps que leur nom s’accroissant, Et toujours plus fameux d’âge en âge passant. A la fin s’est acquis cette gloire éclatante, Qui tant de degrez a passé leur attente. […]
Mais quel sera le sort du celebre Corneille, Du Theatre françois l’honneur & la merveille, […]
Qui des peuples pressez vit cent fois l’affluence, Par de longs cris de joye honorer sa presence […]
De ces rares Auteurs, au Temple de memoire, On ne peut concevoir quelle sera la gloire, Lors qu’insensiblement consacrant leurs écrits, Le temps aura pour eux gaigné tous les esprits,
71 M. Fumaroli, « Les abeilles et les araignées », p. 20-23 ; H. R. Jauss, « La ‘modernité’ dans la tradition littéraire… », p. 175-180.
Et par ce haut relief qu’il donne à toute chose, Amené le moment de leur Apotheose73.
La célébrité dont Corneille jouit de son vivant constitue une démonstration de mérite au moins
aussi valable que les honneurs posthumes des anciens et annonce sa gloire à venir. Autrement
dit, l’action du temps n’est pas absolument nécessaire à la juste reconnaissance. Si l’apothéose
au temple de mémoire demeure l’ultime objectif, la gloire se voit au mieux reléguée à une
fonction de diffusion et de consécration, au pire associée à un effet d’amplification chargé
d’affects dangereux. Perrault se méfie en effet de la renommée en tant que doxa. Selon lui, la
gloire des anciens s’est transformée en « adoration », en « prévention », en « voile specieux »
qui empêchent de se servir de ses « propres lumières »
74. Tandis que les partisans des Anciens,
aveuglés par une passion déraisonnable, se rendent coupables de fanatisme, les Modernes tels
que Perrault, Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657-1757), Antoine Houdar de La Motte
(1672-1731) et la génération des géomètres
75empruntent quant à eux la voie du progrès, celle
de la révolution cartésienne. Leur conception rationaliste de la critique de goût suppose que les
œuvres possèdent un mérite intrinsèque, intemporel, dont la connaissance est accessible par la
raison. Le goût policé propre aux Modernes revêt alors une portée universelle, fondée sur
l’autorité de la nature
76. Cette tentative de conquête du pouvoir culturel par l’appropriation de
la critique raisonnée, en concentrant le processus de réception dans le présent, accorde un
potentiel de légitimité à la célébrité contemporaine. Cela ne se fait toutefois qu’au prix de
l’affirmation de son caractère accessoire dans la reconnaissance du beau : l’assentiment du
73 C. Perrault, Le Siècle de Louis le Grand, p. 10-12.
74Ibid., p. 3.
75 Expression pour désigner les rationalistes en matière de goût et de poésie dans la première moitié du XVIIIe
siècle.
76 Sur la rationalité classique à la source de la conception du goût des Modernes, voir Annie Becq, Genèse de l’esthétique française moderne : De la Raison classique à l’Imagination créatrice, 1680-1814, Paris, Albin Michel, 1994 [1984], p. 41-94. Sur la stratégie rationaliste et universaliste des Modernes, voir notamment L. Norman, The Shock of the Ancients…, p. 40-45, 80-84 ; H. R. Jauss, « La ‘modernité’ dans la tradition littéraire… », p. 175-180.
public n’est que l’écho, plus ou moins fidèle, de la valeur « réelle » et extra-historique des
œuvres, déduite de principes rationnels.
Devant l’autocélébration des Modernes, les Anciens ont beau jeu de les accuser de
corrompre l’idéal de la gloire, en particulier sur le plan de l’éthique personnelle. Leur dispute
concerne moins la qualité des ouvrages modernes, sur laquelle ils font de nombreuses
concessions, que l’amour-propre et l’étroitesse d’esprit de leurs interlocuteurs
77. Les allégories
du Parnasse produites par les Anciens réitèrent ainsi les normes de l’économie morale de la
gloire posthume. Dans son Histoire poëtique de la guerre nouvellement déclarée entre les
Anciens et les Modernes (1688), François de Callières impute la guerre civile qui éclate au
Parnasse aux passions des auteurs modernes : alors que le camp des anciens, en position
défensive sur le mont Hélicon, s’organise rapidement en prévision de la bataille des livres,
l’alignement offensif des Modernes est entravé par les dissensions internes dues au désir qu’a
chacun de se placer en tête
78. Leur général, Pierre Corneille, fait alors prêter un odieux
serment à ses troupes de poètes français :
1o. Qu’ils ne feroient rien directement ny indirectement contre les interest de leur party. 2o. Qu’ils ne restitueroient point aux anciens tous les larcins qu’ils leur on fait,
3o. Qu’ils ne demeureroient jamais d’accord de leur rien devoir. 4o. Qu’ils continueroient à s’estimer plus habiles qu’eux.
5o. Qu’ils conserveroient contre eux une envie et une hayne irréconciliable79.
Sous le couvert d’une approche raisonnée et froide, les Modernes seraient en fait jaloux,
ingrats et bouffis d’orgueil. Ils ne semblent pas se rendre compte que la distinction immédiate
qu’ils recherchent de manière narcissique et intéressée n’a que peu de valeur sans la
77 L. Norman montre que le discours moral sur l’amour-propre individuel sert au parti des Anciens à formuler une critique de l’argument culturel des Modernes. Comme l’écrivait Hilaire Bernard de Longepierre dans son
Discours sur les anciens (1687), l’éloge du siècle de Louis XIV reflète « la passion de s’élever soi-même au-dessus de tout ». Cité dans L. Norman, The Shock of the Ancients…, p. 134.
78 F. de Callières, Histoire poëtique…, p. 49 ; A. Tournon, « Les textes palmarès allégoriques », p. 62-63.
perspective essentielle conférée par le temps, sans les repères de la tradition. C’est bien ce
qu’Ignace-François Limojon de Saint-Didier affirme dans son Voyage du Parnasse (1716), où
il reprend le thème du « chemin de la gloire », long et semé d’embûches
80. La prémisse de
l’allégorie reste sensiblement la même que chez Guéret : le Parnasse se voit dorénavant peuplé
de mauvais auteurs et de ceux qui les promeuvent – cafetiers, financiers se piquant de
littérature, cabaleuses permettant « d’excroquer de la reputation
81». Or, il ne suffit pas
d’habiter la vallée du Parnasse pour se dire véritablement poète, encore faut-il se donner la
peine de gagner le Temple de mémoire sis au sommet. Les auteurs les plus médiocres,
également « les plus présomptueux
82» et dévorés d’envie, sont alors repoussés par les Muses
qui gardent vaillamment l’Hippocrène (source de l’inspiration divine) ou s’égarent dans les
chemins tortueux et piégés de la montagne :
Ce qui sert grandement à distinguer ces chemins, c’est d’avoir conversé avec les grands hommes qui les ont souvent pratiquez. Ils ne dédaignent pas de descendre du rang élevé où ils sont placez, & de se familiariser avec nous ; mais il y a eu de tout tems, & aujourd’hui plus que jamais, des esprits orgueilleux & pleins d’eux-mêmes, qui ne voulant rien devoir aux autres, & pensant être assez riches de leur propre fond, cherchent à se distinguer, en suivant les faux sentiers dont j’ai parlé83.
Le principe de l’émulation, de l’humble fréquentation des grands hommes, sert sans surprise la
rhétorique des Anciens, qui insistent sur l’importance de l’effort et de la modestie afin de tirer
profit d’un inestimable héritage historique et de s’inscrire à son tour dans cette lignée
glorieuse.
Une telle réplique, quoique convenue en apparence, ne provient aucunement, comme
l’ont affirmé les Modernes, d’apologistes complaisants et de plats imitateurs engoncés dans un
traditionalisme qui se pense en continuité directe avec l’Antiquité. Au contraire, comme le
80 On retrouve ce thème à la même époque chez de Sacy, ou encore dans le ballet Le Temple de la Gloire, dont je parle au chapitre 1, p. 66-67.
81 I.-F. Limojon de Saint-Didier, Le voyage du Parnasse, p. 6, 10.
82Ibid., p. 8.
démontre une historiographie soucieuse de réhabiliter l’apport des Anciens à la modernité, ces
derniers sont enclins à insister sur la radicale différence du passé et à embrasser les spécificités
culturelles, c’est-à-dire historiques et géographiques, du goût
84. Une œuvre poétique comme
l’Iliade, sur laquelle se focalise une bonne part de la querelle, se soustrait, par sa distance, par
son étrangeté même, aux critères supposément universels de bienséance, de grâce et de clarté
au moyen desquels les Modernes critiquent Homère. Afin de contrer le nouveau courant
rationaliste, les Anciens tels Nicolas Boileau (1636-1711) et Hilaire-Bernard de Longepierre
(1659-1731) vont puiser dans une tradition esthétique moins établie et qui s’écarte de certains
préceptes du classicisme, le sublime
85. Ils appellent à la défense d’Homère et de l’Antiquité le
génie vif et unique du poète, la beauté naturelle du désordre et la puissance mystérieuse du
langage. Reposant sur un je-ne-sais-quoi qui défie toute méthode, le sublime se localise dans
l’effet émotif, le ressenti des lecteurs. Par une conséquence tout à fait inattendue selon Larry
Norman, les Anciens « tournent leur attention de la production technique du texte et de ses
qualités formelles (la poétique classique) vers un intérêt clé de la philosophie de l’esthétique
naissante : l’expérience subjective du lecteur ou du spectateur
86». Ce déplacement stratégique
de l’imitation vers l’admiration émulative
87entend substituer aux fondements universels et
rationnels des normes esthétiques une autre assise, la relation émotionnelle inscrite dans la
réception des œuvres. L’interprétation socioculturelle des valeurs esthétiques, si elle semble
84 L. Norman veut, à la suite d’autres historiens du fait littéraire tels que H. R. Jauss cité plus haut et Hans Ulrich Gumbrecht, restituer le rôle de la Querelle et, en particulier, des arguments développés par les Anciens, dans l’émergence de la conscience historique moderne, c’est-à-dire historiciste, généralement associée à Giambattista Vico (1669-1744) et Johann Gottfried von Herder (1744-1803). L. Norman, The Shock of the Ancients…, p. 28-33.
85 Boileau publie en 1674 une traduction du Traité du sublime, texte relativement peu connu attribué (faussement) à l’auteur grec Longin.
86 L. Norman, The Shock of the Ancients…, p. 199. La traduction est la mienne.
87 Jean-Alexandre Perras, L’exception exemplaire : Une histoire de la notion de génie du XVIe au XVIIIe siècle, Thèse de Ph.D., Université de Montréal/Université Paris 8, 2012, p. 202-205.
faire avancer l’idée de la relativité des goûts, engage plutôt son propre principe d’objectivité.
Quelle meilleure preuve de l’universalité des poèmes d’Homère, de leur vrai mérite, que
l’admiration persistante d’autant d’hommes sur autant de siècles
88? Quelle meilleure preuve
que la gloire ?
Alors que les Modernes se réclament d’une hypothétique postérité, les Anciens
privilégient une conception empirique de la gloire et font de sa dimension historique et
affective, l’admiration à travers le temps, un élément central de la connaissance du beau. La
défense de l’héritage antique par la rhétorique de la gloire ne viserait pas tant à maintenir une
autorité immuable, mais plutôt à préserver une marge de manœuvre intellectuelle, un ensemble
de repères externes permettant une distance supplémentaire avec le point de vue plat et
totalitaire du présent. Pour les Anciens, il s’agit en fait de la seule perspective critique
valable : « Car c’est du Parnasse où nous sommes que découvrant tout ce qui se passe ailleurs
dans la République des Lettres, nous jugeons du merite des Orateurs & des Poëtes
89». Les
Modernes s’enferment selon eux dans une « actualité qui aurait tort de s’ériger en juge
d’elle-même
90». De plus, ces auteurs (qui occupent effectivement les places officielles) se montrent
vulnérables aux modes et serviles face aux pouvoirs monarchique et religieux. Le commerce
de gloire entre les grands et ceux qui la publient ne peut consister éthiquement en une
conjonction de leurs intérêts mutuels, tout comme la célébrité acquise par ces intérêts n’a pas
la valeur symbolique de la gloire conférée par la comparaison aux grands noms de l’histoire.
La solution théorique des Anciens de valoriser, par la rencontre du sublime et de l’économie
de la gloire, le génie individuel et le processus organique de la réception, leur permet ainsi
88 Pour plus de détails sur le sublime et le rôle de l’émotion, voir le chapitre « The Ineffable Effect » dans L. Norman, The Shock of the Ancients…,p. 185-212.
89 I.-F. Limojon de Saint-Didier, Le voyage du Parnasse, p. 12.