• Aucun résultat trouvé

Partie 5 : PRESENTATION DES RESULTATS

1. Les gestes associés à l’accompagnement du stagiaire

1.2. Les gestes destinés à encadrer le processus de stage et permettant au stagiaire de se sentir

1.2. Les gestes destinés à encadrer le processus de stage et permettant au stagiaire de se sentir encadré

Expliciter le rôle du stagiaire dans la classe et auprès des élèves

Au cours du stage, il arrive que les formateurs explicitent à leurs élèves le rôle du stagiaire dans le stage. Par exemple, cela peut se faire en expliquant aux élèves la place du stagiaire lors des activités ou lorsqu’il se trouve face aux élèves. C’est un moyen également pour les formateurs de préciser leur place lorsque le stagiaire participe activement à la vie de la classe.

La majorité des formateurs de terrain (FT1, FT2, FT4, FT6) explicitent de manière différente le rôle du stagiaire auprès de leurs élèves. Ainsi, pour certains formateurs comme par exemple pour FT1, il est important que le stagiaire assume des petites activités car cela va permettre aux enfants d’identifier le stagiaire comme la personne qui va prendre la place de leur enseignant titulaire. FT6 explique à ses élèves qu’il y a des moments « où il va être avec eux et pis d’autres moments où il va être un petit peu à l’écart pour son travail personnel et pis après d’autres moments où c’est lui qui les fera travailler. » (144). Tandis que FT1, FT2 et FT4 explicitent leur place à eux en tant qu’enseignant titulaire aux élèves :

FT1 : « oui, oui, c’est bon, vous inquiétez pas, c’est plus moi. Moi je suis en dehors maintenant. Donc c’est une manière de passer le relais. » (251-252).

FT2 : « je dis le prénom, (…) moi maintenant je me mets derrière, je le précise. Donc maintenant c’est lui qui s’occupe de vous. » (398).

FT4 : « Après moi je me recule et puis en général si les élèves ils me posent des questions je leur réponds que c’est pas à moi qu’il faut s’adresser. » (112).

En ce qui concerne les stagiaires, nous remarquons que pour trois d’entre eux (ST1, ST4, ST5) les formateurs de terrain explicitent aux élèves les postures (observation, participation, responsabilité) occupées par le stagiaire durant le stage. Par exemple, ST1 explique que son formateur a dit aux élèves « voilà, maintenant elle va passer un petit moment à vraiment juste observer, donc, heu, pour l’instant vous allez pas vers elle, vous posez pas de questions. » (105). Quant à ST4, il explique que lorsqu’il mène les leçons, son formateur prend la place du stagiaire pour observer et

« Les élèves savaient qu’il était là, ils savaient aussi qu’ils pouvaient le solliciter en cas de besoin, mais que maintenant c’est moi qui allais gérer et planifier les séances » (68).

Apprendre à connaître le stagiaire

Au cours du stage, les discussions entre formateurs de terrain et stagiaire s’effectuent autour de des activités ou du parcours universitaire et/ou professionnel du stagiaire. Echanger permet au formateur de terrain de connaître le stagiaire en tant qu’individu (ses besoins, sa personnalité, ses craintes, etc.).

Ainsi, les six formateurs disent discuter, échanger ou négocier avec le stagiaire au sujet des activités à mener en tenant compte de ses envies, ses besoins ou ses craintes avec la possibilité de changer d’activité si cela ne convient pas au stagiaire (FT1, FT6). Des discussions qui permettent, selon FT1 d’éviter que le stagiaire se trouve en situation d’échec et pour FT5 de mettre à l’aise le stagiaire. Par ailleurs, FT3, FT4 et FT5 déclarent accorder au début du stage plus de temps d’observation si le stagiaire en éprouve le besoin. Un avis partagé par FT2 qui ajoute laisser de la liberté au stagiaire de décider s’il veut participer dans la classe ou plutôt observer.

Par ailleurs, la majorité des formateurs (FT1, FT2, FT4, FT5) affirment s’adapter à la personnalité du stagiaire pour leurs interventions. En effet, ils se renseignent auprès du stagiaire avant de les faire et/ou ils l’explicitent à ce dernier. Ces interventions peuvent concerner la discipline (FT2, FT4), la reformulation des propos afin que les élèves comprennent (FT4) ou globalement la leçon (FT1). En effet, FT1 explique que « si c’est quelqu’un qui est susceptible, trop inquiet, j’attends que l’activité soit terminée. » (383) tout comme FT5 qui selon le stagiaire, fait les remarques après ou sur le moment en lui demandant ce qu’il préfère.

Concernant les stagiaires, trois stagiaires (ST1, ST4, ST5) déclarent que leurs formateurs ont pris en compte leur parcours universitaire ou professionnel antérieur :

ST1 : « tu as le CCEP je vais te considérer du coup comme une professionnelle au niveau des didactiques. » (533) ce qui selon ST1 lui a permis de se sentir reconnu dans son statut de professionnel et « avoir aussi plus de place etc. » (534). Compte tenu de son diplôme, le stagiaire a préparé les devoirs suite à la demande de son formateur de terrain qui estimait que le stagiaire serait à même de trouver des exercices adaptés aux élèves.

ST5 : « ça fait du bien, (…), là si on te reconnaît déjà comme professionnelle ça veut dire que j’ai l’impression que j’ai déjà des acquis » (175).

Au sujet de la collaboration, ST4 dit « j’avais déjà peut-être et un petit bagage, quelques expériences, donc ça il le mettait en avant. » (80).

En ce qui concerne les tâches à mener, ST1, ST3 et ST5 mentionnent qu’ils ont discuté avec le formateur de terrain à ce sujet et qu’ils ont commencé par prendre en charge des activités dans

matières et lesquelles tu te sens à l’aise de faire ? » (205), « elle me laissait le choix de, des matières dans lesquelles je me sentais le plus à l’aise en fait. » (225-226).

Quant à ST4 et ST6, ils expliquent avoir à un moment donné du stage exprimé un besoin spécifique à leur formateur :

Pour ST4, il avait un besoin au niveau des planifications : « j’ai mis en avant que c’est là que j’avais des difficultés et s’il pouvait m’apporter son aide. » (102).

 ST6 a exprimé son besoin d’observer une seconde fois son formateur de terrain enseigner aux élèves.

Intervenir pour soutenir

FT2 et FT5 disent qu’il est difficile de ne pas intervenir et de ne pas répondre aux agitations de leurs élèves. Mais tous les formateurs tentent d’intervenir plutôt après les leçons pour ne pas mettre le stagiaire en difficulté face aux élèves. Certains formateurs (FT4, FT6) déclarent être

« le deuxième enseignant derrière » (FT4, 267) pour reformuler, aider les élèves. Pour le FT6, le stagiaire pouvait le solliciter si besoin. FT4 ajoute aussi être « toujours en parapluie » puisqu’il peut intervenir auprès des élèves pour les recadrer. Selon lui, il peut être difficile pour le stagiaire d’obtenir le respect chez les élèves rapidement, c’est également pour éviter que le stagiaire se mette « dans une situation qui va lui porter préjudice. » (273) qu’il peut intervenir. De même que FT5 qui aide le stagiaire à gérer les élèves en cas de situation difficile. Par ailleurs, trois formateurs (FT2, FT4, FT6) évoquent qu’ils interviennent auprès du stagiaire :

 car le formateur se considère comme un soutien pour répondre aux questions du stagiaire.

(FT2)

 si celui-ci s’éloigne de ses objectifs. (FT4)

 pour aider ce dernier à débuter son activité en lui donnant la parole. (FT6)

Durant les leçons, tous les stagiaires hormis ST6, confient que par moment les formateurs de terrain peuvent intervenir. Toutefois, cela concerne majoritairement des remarques faites aux élèves au sujet de leur comportement (ST1, ST2, ST3) ou d’un contenu déjà travaillé avec l’enseignant/formateur de terrain (ST5). Trois stagiaires (ST1, ST2, ST3) reconnaissent ces interventions comme un soutien comme par exemple :

ST1 : « elle me laissait essayer de gérer moi avant d’intervenir. Pis elle intervenait voilà, si elle sentait qu’il y avait besoin, assez souvent j’étais même reconnaissante qu’elle intervienne. » (202).

ST3 : « Elle intervenait, je pense qu’elle est intervenue quelque fois mais c’était quand ça devenait difficilement gérable. Quand moi j’avais, elle sentait, je pense que moi j’avais besoin d’aide. Du coup, là elle intervenait. Donc c’était plutôt disons adapté je dirais. » (261).

ST2 ajoute qu’à la fin du stage, cela devient plus difficile pour lui « Parce que (…) ça me faisait bifurquer de mon cours à moi. Et pis elle partait dans des, des sujets que moi j’aurais pas forcément abordés ou que j’ai pas prévu d’aborder. » (349). A son tour, ST5 confie avoir vécu une ou deux interventions de son formateur comme un moyen de confirmer qu’il était sur le bon chemin mais aussi qui l'a amené à se questionner « je me disais mince j’aurais pu dire ça et j’aurais pu moi prendre plus. » (242).

Deux stagiaires (ST4, ST5) expliquent qu’au cours des échanges réguliers avec leur formateur, les interventions faites par ce dernier sont discutées avec le stagiaire.

Instaurer un climat favorable (attitudes, valeurs)

La majorité des formateurs (FT1, FT2, FT3, FT4, FT5) évoquent différentes attitudes qu’ils peuvent avoir au cours du stage envers leur stagiaire. FT4 et FT5 déclarent avoir confiance en le stagiaire au niveau des planifications et des activités à faire. Tout comme FT2 qui met également en avant que la confiance et le respect sont des ingrédients favorisant la collaboration et permettent une bonne relation afin que le stagiaire puisse dire « s’il est pas bien, si y’a des choses à dire, qu’il se sente de le dire. » (65), mais aussi cela permet au formateur de pouvoir exprimer ce qu’il souhaite. FT2 ajoute qu’il est important de discuter et d’apprendre à se connaître tout comme FT5 qui déclare : « Alors que je vais aussi beaucoup par feeling, par discussions, on parle. Et plus vous gagnerez la confiance, plus il vous en dira. » (94).

Trois stagiaires (ST4, ST3, ST5) évoquent qu’au cours du stage, ils ont pu s’exprimer sur différents sujets. De plus, le fait que le formateur ait eu une attitude bienveillante et ait été à l’écoute leur a permis d’être à l’aise et en confiance. ST4 ajoute que son formateur de terrain avait connaissance du fonctionnement de la MESP ce qui a contribué à lui faire dire : « lui jouait vraiment son rôle de formateur et moi mon rôle de stagiaire. » (122). « C’est là où j’ai le plus appris, c’est là où j’ai été le mieux encadrée, il était disponible, au niveau du temps et puis être disponible de sa personne. » (122). ST5 dit aussi à son tour « on discutait souvent, pendant les repas on discutait pas forcément du stage mais juste comment tu vois certaines choses et tu perçois certaines choses pis du coup ça donne voilà ça donne confiance » (408-410). De plus, son formateur de terrain lui

d’accord, t’as le droit de me dire je suis pas d’accord avec ce que tu m’as dit ». (253). ST3 s’accorde avec les dires précédents puisqu’il déclare au sujet de son formateur qu’il était rassurant.

Cependant, il évoque également un échange au cours duquel il n’a pas réussi à s’exprimer : « Alors j’ai essayé mais c’est vrai qu’elle parlait beaucoup et très vite. Et du coup c’était encore plus frustrant, de pas avoir réussi, de pas avoir eu la possibilité de m’expliquer en fait. » (397-401).

Tout comme ST2 et ST6 qui expliquent ne pas avoir osé s’exprimer par crainte d’être en échec dans leur stage, comme ST6 qui suite à des reproches de son formateur s’est effacé au point de plus participer à la vie de l’équipe.

Au sujet de l’évaluation, trois formateurs (FT1, FT3, FT4) expliquent être transparent quant à leurs commentaires et ils transmettent la grille d’évaluation à l’avance afin de rassurer le stagiaire. De plus, FT1, FT3, FT4, FT6 disent discuter avec le stagiaire de l’évaluation tout en étant à l’écoute des remarques que ce dernier peut faire. FT6 affirme également être attentif à sa formulation afin que le stagiaire se reconnaisse dans ses propos.

Concernant les évaluations formatives ou certificatives, ST3 déclare que le formateur l’avait

« rassurée parce qu’elle m’avait valorisée. Donc, (…), je suis pas sortie en me disant je suis nulle quoi. » (535-536). Tout comme le formateur de ST5 qui relève principalement les points positifs au niveau didactique du stagiaire et cela a permis à ce dernier de pas toujours se remettre en question et d’avoir une influence positive sur son estime.