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Chapitre 2 L’AMENAGEMENT TOURISTIQUE DANS LA REGION MTA

I. L’AMENAGEMENT TOURISTIQUE DANS LA REGION MTA ENTRE

1. Les généralités

L’aménagement touristique est une action enfantée et développée par les pouvoirs publics en vue de dominer le temps et l’espace touristique dans un monde en crise et en conflits. Cette action stratégique est constituée d’un ensemble de réflexions futuristes sur le territoire en rapport avec l’activité touristique dominant les politiques touristiques en vigueur.

La région de MTA est une région parmi d’autres du royaume qui manque de visibilité dans sa politique d’aménagement touristique. Devant un vide législatif, les aménageurs régionaux se heurtent à la réalité et adoptent des stratégies à l’aveuglette cherchant à colmater les brèches.

a. Les définitions

Il s’avère utile dès le départ de présenter un certain nombre de définitions relatives à l’aménagement touristique du territoire, en vue de comprendre d’abord la signification de cette notion et de saisir, par la suite, le champ d’action des acteurs de l’aménagement au niveau de la région de MTA.

D’un point de vue étymologique, le mot « aménager » signifie disposer pour un usage déterminé1 ou encore adapter, organiser et modifier d’une façon méthodologique. Le vocable « aménagement » quant à lui, a été employé pour la première fois en France au 17ème siècle à l’époque de Jean Baptiste COLBERT sous le règne de Louis XIV. A cette époque, l’aménagement s’intéressait à la transformation des espaces d’un point de vue paysagé. Le Décret du 25 Août 1861 en France concernait l'aménagement des bois des communes et d'établissements publics, ainsi que le payement des frais de ces opérations2. La première définition de l’aménagement apparait en 1863 qui va dans le même sens que le décret, signifiant l’action de régler les coupes d'une forêt ou le résultat de cette action3.

1 Dictionnaire de l’Académie française.

2 CF, Administration générale de l'assistance publique Paris, Recueil des lois, ordonnances et décrets applicables

à l'administration générale de l'assistance publique à Paris, Dupont, 01 Septembre 1887, 859p.

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Par la suite, les définitions se sont succédées et le champ d’application de l’aménagement s’est élargi intégrant d’autres secteurs en l’occurrence, l’eau, le littoral, la montagne, la ville, le tourisme….

L’aménagement du territoire en général signifie l’action d’une collectivité déterminée sur son territoire et le résultat de cette action1. Lorsqu’on intègre le tourisme dans le champ d’analyse de l’aménagement, cela signifie l’action adoptée par la collectivité locale à l’égard de cette activité sur un territoire qui constitue sa compétence juridique.

L’aménagement touristique recouvre en effet, l’ensemble des actions créant les conditions favorables à une exploitation rationnelle de l’offre et de la demande touristiques en prenant en considération les destinations concurrentes, le point de vue de la population locale et les moyens de mise en œuvre2.

L’aménagement touristique suppose la mise en valeur d’un espace et sa dotation en équipements nécessaires. « Un équipement est une réalisation physique d’installations créées pour divers usages collectifs : en faveur du tourisme, des loisirs…on appelle donc équipement aussi bien une construction qu’un espace aménagé…Aménager, sur le plan touristique, suppose également de réussir l’intégration d’un ou plusieurs équipements à leur environnement, et pour ce faire de les accompagner de toute une série de mesures, non directement touristiques, mais utiles ou nécessaires à un meilleur fonctionnement de l’ensemble des équipements réalisés »3.

L’aménagement est la réalisation intégrée d’un ou de plusieurs équipements et de mesures physiques d’accompagnement extérieurs aux équipements proprement dits. Il y a alors concertation, coordination, synchronisation, en même temps que sont élaborées des dispositions connexes, non directement touristiques mais indispensables à un bon fonctionnement de tous les équipements réalisés4.

Toutes les définitions s’accordent à faire de l’aménagement touristique une politique de collectivité territoriale, faisant partie de la politique générale de l’aménagement du territoire.

b. Les objectifs de l’aménagement touristique

L’aménagement touristique a pour objectif essentiel la valorisation au mieux des ressources touristiques d’un territoire déterminé5 par l’élaboration de politiques et stratégies œuvrant dans ce sens. Il nécessite la coordination, la concertation et la collaboration entre les aménageurs opérant sur le même espace.

Les objectifs les plus importants des politiques et stratégies d’aménagement touristique au niveau national comme au niveau régional, consistent dans la réalisation du développement économique tout en luttant contre la pauvreté, la précarité et l’inégalité au niveau du territoire. Une politique d’un développement équilibré au sein de tout le territoire

1 Roger BRUNET, Robert FERRAS et Hervé THERY, Les mots de la géographie : dictionnaire critique, Reclus,

1993, p29.

2 Vincent VLES, Op.cit, p24.

3 Catherine DREYFUS-SIGNOLES, L’espace touristique, Bréal, Avril 2002, p14.

4 Jean-Michel DEWAILLY, Tourisme et aménagement en Europe du Nord, Masson, 1990, p154. 5 Ibid.

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s’avère utile pour atteindre cette fin. Des moyens d’action sont énumérés dans les chartes, communales, préfectorales et régionales qui déterminent la politique générale de la collectivité territoriale.

Cependant, il faut savoir que les politiques d’aménagement touristique et du territoire sont le plus souvent contradictoires à cause de leurs objectifs inconciliables1. Les aménageurs du territoire, publics et privés, eu égard à leurs intérêts divergents, se livrent à des guerres pour défendre leurs positions respectives, et parfois, au détriment de l’intérêt général de la destination. Les objectifs principaux se trouvent ainsi mis à l’écart de l’angle de vue des aménageurs, aveuglés par leur égoïsme personnel.

Au niveau de la région de MTA, les objectifs des orientations d’aménagement touristique ont été contrastés. Si l’investissement a atteint un niveau important et est parvenu à garder le même niveau malgré la crise économique actuelle, l’emploi des cadres lauréats des écoles et instituts publics touristiques marocains n’a pas suivi et les employeurs préfèrent de loin embaucher ceux issus d’écoles privées ou lauréats de l’étranger2. L’inadéquation entre les formations touristiques dispensées par les écoles du tourisme régionales et le marché du travail a bien influencé la politique d’aménagement. Le taux de chômage pour les cadres lauréats disposant de diplômes nationaux est resté quasi stable3 et leur situation socioéconomique et celle de leur famille n’a pas connu de changements positifs.

Certes, la région a connu une certaine croissance dans ses indicateurs en relation avec les investissements et les BTP, mais cet effet de levier attendu n’a pas encore été atteint.

c. Comment se présente l’aménagement touristique dans la région de MTA ?

La région de MTA est un territoire qui connaît beaucoup de transformations et de mutations sur le plan touristique avec des opportunités intéressantes. Cette région connaît l’intervention volontaire et involontaire de plusieurs acteurs aménageurs publics et privés avec des intérêts différents : les collectivités territoriales, le CRT, le CRI, l’ONMT, les entreprises de construction (Al Omrane, Addoha, Al Fadl…), la SMIT et les promoteurs particuliers...

Devant l’absence d’une loi qui réglemente l’aménagement touristique au niveau régional et au niveau national à l’instar des autres pays, l’aménageur touristique public se réfère aux articles des chartes communales, préfectorales-provinciales et régionales et aux recommandations du Conseil Supérieur de l’Aménagement du Territoire, lesquels confèrent aux collectivités territoriales les premiers rôles à jouer dans l’élaboration des politiques régionales d’aménagement touristique4. Cependant, la réalité reste très différente, les collectivités territoriales de la région de MTA qui devraient être ipso facto des collectivités touristiques, souffrent d’une mauvaise gestion de leur patrimoine, de conflits entre partis

1 Pour plus de précisions à ce sujet, cf, Pierre MERLIN, Tourisme et Aménagement Touristique. Des Objectifs

Inconciliables?, Documentation française, Octobre 2007, 216p.

2 Une étude sur le terrain s’avérerait pertinente afin de mettre en exergue tous les problèmes auxquels sont

confrontés les lauréats des écoles publiques du tourisme au Maroc.

3 Certains lauréats se contentent de petits travaux dans le domaine du tourisme pour subvenir à leurs besoins

dans l’attente de trouver mieux.

4 En réalité, les chartes communales, préfectorales-provinciales et régionales n’ont pas donné une grande

importance à l’aménagement territorial au Maroc, seul le Conseil Supérieur de l’Aménagement du Territoire qui édicte quelques recommandations dans ce sens. On notera par la même occasion l’absence d’articles mentionnant les vocables « aménagement touristique ».

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politiques et d’absence de compétences touristiques. La majorité de leur travail reste concentrée sur l’urbanisme et l’habitat dans une politique de lutte contre l’habitat insalubre et anarchique en collaboration avec les autorités locales.

"Les politiques" d’aménagement touristique au niveau de la région de MTA ne sont qu’hasardeuses, occasionnelles, voire même accidentelles, manquant de visibilité et de lucidité. Il s’agit de simples réalisations qui gravitent autour d’un projet touristique en création (routes, jardins, transports…). Les études pré-opérationnelles concernant le tourisme dans la région sont absentes des archives des collectivités territoriales principales aménageurs du point de vue théorique.

La ville d’Essaouira constitue l’exception dans le cadre de l’aménagement de la zone touristique de Mogador, confiée à la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), créée par les autorités marocaines pour adopter et réaliser ce genre d’aménagement. Cette société a changé un peu la vision de l’aménagement touristique au niveau national lui conférant un caractère réglementé.

De leur côté, les aménageurs privés sont concentrés sur le domaine de la construction et l’habitat vu les opportunités qu’il présente au niveau régional notamment à Marrakech, à Al Haouz et à Essaouira. Les autres opèrent dans le transport public et le traitement des ordures ménagères et des déchets assimilés dans le cadre de la gestion déléguée.