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Chapitre 2 L’ENTREPRISE-RESEAU : UN MODE D’ORGANISATION

I. LES FACTEURS EXPLIQUANT LA CONCENTRATION EN RESEAU

2. Les facteurs psychotechniques

Outre les facteurs technologico-économiques cités supra, d’autres facteurs psychologiques et techniques ont été à l’origine des concentrations des entreprises en mode réseau et ont influencé leur environnement et leur mode d’organisation. Il s’agit de la recherche de l’internationalisation, la proximité et le développement de la technologie de l’information.

a. L’internationalisation

L’internationalisation des entreprises est un phénomène récent qui renvoie automatiquement à la globalisation de l’économie. Avec une concurrence de plus en plus accrue entre les entreprises au niveau mondial, les managers des entreprises ne peuvent plus compter sur leur territoire national pour évoluer et négliger par conséquent la dimension internationale dans leur stratégie globale. Ils se trouvent ainsi contraints d’établir une politique entrepreneuriale extravertie visant à conquérir les territoires d’outre mer.

Dans le cadre de la libération des échanges au niveau international, le monde a assisté à une grande ouverture des économies nationales qui s’est traduite par l’augmentation des investissements des entreprises à l’étranger venant en réponse à leurs soucis d’expansion et de développement. Ces investissements ont été à l’origine de l’intensification des mouvements de l’internationalisation, soit par l’intermédiaire des fusions-acquisitions ou des implantations directes dans les pays d’accueil.

Outre les phénomènes de concurrence et de libération des échanges, les divergences d’intérêt commercial et économique entre les entreprises et leurs pays d’origine, les amènent à se multinationaliser et à rechercher d’autres opportunités ailleurs (pays d’accueil) pour exposer leur produit et augmenter leur profit.

Pour surmonter ces problèmes et réussir leur internationalisation, les entreprises doivent se concentrer en réseau avec d’autres entreprises situées dans les pays d’accueil ou former des sous-traitants. Toutes les entreprises concernées bénéficieront de cette situation et travailleront dans un climat de confiance mutuelle. Les alliances stratégiques entre les entreprises doivent susciter des gains d’alliance qui constituent les bases de toute une série

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d’avantages concernant essentiellement des avantages compétitifs, stratégiques et comparatifs1.

b. La proximité

La proximité territoriale, psychologique, familiale et culturelle était à l’origine de la formation des réseaux d’entreprises dans le temps et dans l’espace dans différents pays d’extrême orient et de l’Europe. Les entreprises des pays comme le Japon (Kigyo shudan et Keirutsu), la Chine (Jaiziqiye) et la Corée (Chaebol)2 se sont constituées autour des réseaux familiaux. Ceux de la Sicile ont été créés par des familles du même sang qui se sont connectées à d’autres entreprises situées en Italie proche géographiquement

La proximité géographique et culturelle peut être considérée comme un facteur déterminant dans la concentration des entreprises en réseaux. C’est ce que Michael PORTER appelle le "cluster" et le définit comme « un groupe géographiquement proche d’entreprises liées entre elles et d’institutions associées relevant d’un domaine donné, entre lesquelles existent des éléments communs et des complémentarités »3.

Ainsi exploitée, la proximité pourrait engendrer des effets positifs sur le réseau et créer une situation concurrentielle. Combinée à d’autres politiques économiques et commerciales initiées par le réseau, à l’instar d’une politique de bas prix, de qualité, d’agglomération géographique, l’entité entière pourrait en sortir bénéficiaire.

c. Le développement des nouvelles technologies de l’information

La naissance d’un nouveau paradigme basé sur la technologie de l’information, peut être observée dans la transformation de la technologie informatique dans sa relation avec la société et l’économie. « Le changement actuel de paradigme peut être considéré comme le passage d’une technologie fondée principalement sur des intrants d’énergie bon marché à une autre, essentiellement fondée sur des intrants peu coûteux d’information, grâce aux progrès dans la micro-électronique et la technologie des communications »4.

La technologie de l’information a donné naissance à la société de l’information (Johoka shakai) qui est une invention nippone, utilisée pour la première fois en 1978 par Alain MINC et Simon NORA5 qui ont publié un rapport à la demande du premier ministre français de l’époque6Raymond BARRE.

Manuel CASTELLS7 pense qu’il existe un certain nombre de caractéristiques qui constituent la base de la société d’information. Ces caractéristiques qui sont le cœur du paradigme de la technologie de l’information peuvent être divisées selon l’auteur en trois : l’information constitue la matière première de ce nouveau paradigme, la présence des effets des nouvelles technologies et la possibilité d’adapté le nouveau paradigme au réseau.

1 Jean-Louis MUCCHIELLI, « Déterminants de la délocalisation et firmes multinationales », Revue Economique,

Volume 43, N° 4, Juillet 1992, p651.

2 Manuel CASTELLS, La Société en réseaux, Op.cit, pp 210-216.

3 Michael PORTER, La concurrence selon Porter, Village Mondial, 21 Novembre 2004, p207. 4 Giovanni DOSI et alii, Technical Change and Economica Theory, Pinter, Juillet 1988, p10. 5 CF, Simon NORA et Alain MINC, L’informatisation de la société, Seuil, Juin 1978.

6 Manuel CASTELLS, Fin de millénaire, Op.cit, p272. 7 Manuel CASTELLS, La Société en réseaux, Op.cit, p87.

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Ainsi, le développement récent des nouvelles technologies d’information a été à l’origine de l’apparition d’une troisième révolution industrielle selon certains auteurs dont

notamment Daniel COHEN1. Le développement des réseaux d’entreprises est dû

essentiellement à l’utilisation et à la généralisation des NTIC qui ont facilité la communication des informations et par conséquent la collaboration interentreprises.

Les NTIC constituent un stimulant pour les firmes pour former une seule entité d’entreprises constituée d’un certain nombre de partenaires qui complètent les uns les autres, et ce en vue de survivre aux aléas du marché. Selon Gilles PACHE et Isabelle BACUS- MONTFORT « … La firme à l’initiative du réseau opte pour une croissance contractuelle qui mobilise des actifs plus au moins spécifiques auprès de divers partenaires, plutôt que d’en avoir la propriété. Cette forme dont l’existence est liée au développement des NTIC facilite la gestion des interdépendances et procure une plus grande flexibilité, mais au prix d’une évolution des rôles et des compétences des acteurs »2.