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Formes participiales nominalisées

Dans le document Changement lexical en nez-percé (Page 123-126)

2. Synthèse linguistique

2.5. Nominalisation lexicale

2.5.1. Les différentes formes nominales

2.5.1.2. Formes participiales nominalisées

Les formes260 sont créées par suffixation au verbe soit de -t, qui encode le participe actif,

soit de -in̓, qui marque le participe passif.

Ce dernier varie dans sa morphologie. Il a la forme -in̓ en finale d'un verbe accentué de classe « s »261

et -iʾs dans les autres positions. S'il est suffixé à un verbe non accentué de classe « s » il prend la forme -ʾíín ou -yíín après une voyelle. Lorsqu' il apparaît en finale d'un verbe de classe « c », il a la forme -nin̓ et -niʾs dans les autres positions.

En ce qui concerne la valence verbale des verbes avant leur nominalisation, les verbes sont intransitifs ou transitifs (bivalents ou trivalents). Du point de vue de la fonction syntaxique, les formes participiales nominalisées tiennent les places d'actant I, II ou III. Elles sont également compatibles avec la fonction de circonstant. En plus de la conservation de la voix, les affixes du causatif, du réfléchi, du réciproque et les affixes thématiques sont également conservés lors de la translation. Selon Queixalós (2000) le participe est le résultat de la translation (Tesnière 1959) du verbe vers la fonction de déterminant lexical du nom. Les formes participiales en nez-percé constituent un syntagme nominal à elles seules ou bien modifient un nom dans le syntagme nominal.

La nominalisation de la forme participiale est un procédé récurrent dans les langues d'Amérique du Nord telles que celles du groupe uto-aztèque (par exemple, le yaqui) ou sahaptien

260 La forme participiale nominalisée est un verbe dérivé en position de nom ou de modificateur de nom.

261 Il convient de rappeler que les deux types de classes « s » et « c » des verbes sont établies en fonction du type de suffixes que manifeste la base verbale. Au premier type sont affixés des morphèmes avec un «/ s /» à l'initiale. Au deuxième type sont affixés des suffixes avec un «/ c /» à l'initiale.

(par exemple le klamath ou le yakima). Si la plupart de ces langues nominalisent la forme participiale active (lorsque les langues nominalisent les participes), toutes n'exhibent pas de forme passive. Rude (2000) parle à ce sujet du participe passif en yaqui262 ou en klamath263

(respectivement -i et -dk) : dans une phrase avec un équivalent du verbe être, il s'affixe à un nom dans le syntagme nominal qui complémente le verbe, et dont le nucléus est un nom relatif à une partie du corps et le modificateur relatif à une qualité. Dans Rigsby (1965) et Rude (1990) il est également question du médio passif -sh, et du participe passif -i en sahaptien. Le yakima qui a un suffixe -t pour les participes actifs et un suffixe -sh du participe passif. Les exemples (157) et (158) issus de Jansen (2010) les illustrent respectivement. Soit :

(157) winat-t sortir-ACTPT « fontaine » (158) ílkw-sh construire.un.feu-PASSPT « feu »

Soit les exemples en nez-percé (159) à (168) :

(159) cimuk-cimuk264 núkt être.noir-RED viande « viande noire » (160) cilúú-in̓265 núkt cuire-PASSPT viande « viande cuite » (161) Ø-ʾééys-ce S1SGINTR-être.heureux-PRS « Je suis heureux. »

(162) hacwaal pe-ʾiníí-ye nukt ʾáálwa-in̓-a266

garçon S3SGO3SG-donner-PRS viande boiter-PASSPT-OBJ

« Le garçon a donné de la viande à l'estropié. »

262 Du groupe uto-aztèque. 263 Du groupe pénute.

264 L'équivalent de la réduplication de cimukcimuk est « chose noire ». 265 L'équivalent est « chose cuite ».

(163) ʾáálwin̓ hi-ʾééy̓s-ce

boiter-PASSPT S3SGINTR-être.heureux-PRS

« L'estropié est heureux. »

(164) Ø-heki-se tin̓ukí-níín267

S1SGINTR-voir-PRS mourir-PASSPT

« Je vois le cadavre. »

(165) Ø-kúú-se mis-ʾikúúy-neki-n̓-ki268

S1SGINTR-aller-PRS en.écoutant-envérité-penser-PASSPT-INS

« Je vais avec le chrétien. » (166) himke-tííwe-nin̓

avec.la.bouche-sentir-PASSPT « qui a un goût déplorable » (167) ʾipnéé-telke-lik-in̓

REFL-être.attaché-passer.par une.action.pour.atteindre.un.état-PASSPT « qui s'est attaché lui-même pour atteindre un certain état »

(168) pii-sepe-tiwe-nin̓

RECP-CAUS-être.avec.quelque.chose.ou.quelqu'un-PASSPT « qui cause le mélange mutuel »

Soit la détermination épithétique de la forme participiale nominalisée cilúú̓yn, « viande cuite » dans le syntagme en (160). La modification du nom núkt, « viande » se fait sur le même modèle en (159) et (160) : le nom modificateur est antéposé au nom et le précise. Soit un premier syntagme en (159) dans lequel le modificateur cimuxcimux, « chose noire » est une nominalisation par réduplication du verbe cimuk, « être noir », et un deuxième syntagme en (160) dans lequel c'est le participe cilúú̓yn qui cette fois, modifie le nom.

En (161) et (162) les noms ʾééy̓snin̓, « chose heureuse » et ʾinííyíín, « chose donnée » illustrent les différentes valences auxquelles sont corrélées les formes participiales nominalisées. Les noms sont dérivés des verbes, ʾééys, « être heureux », un intransitif, et ʾiníí, « donner » un transitif trivalent. En (162), le verbe ʾiníí, « donner » est trivalent et la marque pronominale pe- est préfixée au verbe marque à la fois l'actant I, 3SG et l'actant II, lui aussi 3SG, tandis que les noms actant I hacwaal, « garçon » et actant II, núkt, « viande » ne présentent aucun suffixe casuel. L'actant III est marqué comme un objet.

En (207) à (165) les noms ʾáálwin̓, « l'estropié », tin̓ukíníín, « chose morte » et

267 L'équivalent est « cadavre « chose morte » » 268 L'équivalent est « chrétien ».

misʾkúúynkin̓, « chrétien » illustrent les places et fonctions syntaxiques avec lesquelles les formes

participiales nominalisées sont compatibles269. Le nom ʾáálwin̓ en (163) est actant I, tandis que

tin̓ukíníín, « chose morte » en (164) est actant II. Le verbe bivalent hekí, « voir », comporte deux

actants qui ne sont pas marqués (lorsqu'une phrase contient un actant I et un actant II, soit les deux actants sont marqués soit aucun des deux n'est marqué). Il a été vu précédemment que la forme nominalisée pouvait être actant III (ʾáálwin̓, « l'estropié » est actant III en 162). Le nom

misʾkúúynkin̓ est circonstant en (165).

De (166) à (168) les nominalisations des formes participiales himketííwenin̓, « qui a un goût déplorable », ʾipnéételkelikin̓, « qui s'est attaché lui-même pour atteindre un certain état » et

piisepetiwenin̓, « qui cause le mélange mutuel » illustrent respectivement la conservation d'un affixe

thématique270 : himké- « avec la bouche » est préfixé à tííwe, « sentir » en (166), du réfléchi : la

marque ʾipnéé- est préfixée au verbe telke, « être attaché » en (167), du réciproque et du causatif :

pii- et sepe- sont affixés à tiwe, « être avec quelque chose ou quelqu'un » en (168).

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