• Aucun résultat trouvé

Définition du syntagme nominal

Dans le document Changement lexical en nez-percé (Page 63-66)

2. Synthèse linguistique

2.3. Le syntagme nominal

2.3.1. Définition du syntagme nominal

La définition du syntagme nominal concerne sa forme, sa fonction ainsi que le marquage du nombre, du genre et l'interprétation finie/non-finie des noms.

2.3.1.1. Forme et fonction

Le syntagme nominal simple est constitué d’un pronom ou d'un nom, d'un modificateur lexical, et d'un déterminant grammatical (par exemple, le démonstratif). Le syntagme nominal complexe est quant à lui constitué de modificateurs comme le génitif, le possessif, les relatives143 ou

les syntagmes (eux-mêmes simples ou complexes). Il assume les fonctions syntaxiques de sujet, d'objet ou est circonstant. En (3), le nom nucléus tíwiwtíwííw, « gelée », est modifié par deux spécificateurs nominaux : taʾcnik, « chose très bonne », et x̣éx̣us, « chose verte » et par une relation génitivale à hipinwees, « table ». Ce syntagme nominal complexe assume la fonction d'objet. Soit :

(3) Ø-hekí-ce x̣éx̣us hipinwees-nim tíwiw-tíwííw144 S1SGINTR-voir-PRS chose.verte table-GEN être.gluant-RED

taʾc-nik

chose.bonne-INTENS

« Je vois la très bonne gelée de la table verte. »

2.3.1.2. Nombre, genre et interprétation finie/non-finie

Le pluriel et le genre sont fortement liés. D'après Deal (2013), le système des classes nominales repose sur le genre. Une première distinction oppose l'animé et l'inanimé. Une deuxième oppose, dans l'animé, l'humain et le non-humain. Ces classes déterminent si le pluriel est marqué. La classe des noms humains possède un pluriel. La classe des non-humains animés occupe une position ambiguë (les membres de la classe possèdent ou non un pluriel). La classe des inanimés marque le pluriel seulement avec des noms modificateurs pluriels. Le genre d'un syntagme nominal a des effets sur la syntaxe du syntagme verbal. Si le sujet est de type humain/pluriel, le verbe est au

143 Les relatives dans le syntagme nominal sont des modificateurs du nom. Elles sont étudiées dans la synthèse linguistique.

pluriel. Si le sujet est un animé non-humain/pluriel, le verbe marque le pluriel. Si le sujet est un inanimé/pluriel, le verbe marque le pluriel si le nom est accompagné d'un nom modificateur au pluriel et ne le marque pas dans le cas contraire. Par exemple, en (5) qeʾéyix, « veau », est un animé non-humain qui manifeste le pluriel et le verbe kúú, « aller » marque le pluriel, à la différence de (4) dans lequel et le nom et le verbe sont au singulier. Soit :

(4) qeʾéyix hi-ku-se

veau S3SGINTR-aller-PRS

« Le veau passe. »

(5) qe-qeʾéyix hi-ku-sííx145

PL-veau S3SGINTR-aller-PRSPL

« Trois veaux passent. »

La cohésion interne du syntagme nominal est assurée par des règles d'accord genre/pluriel. Comme énoncé plus haut, le pluriel dépend avant tout du genre du nom. Il est marqué morphologiquement sur le nom par un redoublement de la première syllabe, ou par le suffixe -me, pour les noms de parenté. Les règles varient selon qu'il s'agit d'un nom nucléus ou d'un nom modificateur, avec ou sans quantifieur146. Le genre est marqué par deux suffixes, -(V)t et -we. Il a

été proposé par Aoki (1970) et Crook (1999) de traiter ces suffixes comme des classificateurs. Selon Deal (2013) les numéraux (les numéraux sont une sous-classe nominale) avec -(V)t apparaissent avec des noms de toutes classes147 nominales. Cet élément ne reflète pas de trait particulier de

classe : il est affixé aux bases numérales nues quand le suffixe de l'humain n'apparaît pas. Les numéraux humains sont analysés comme des noms modificateurs marqués par un accord avec le trait humain (les noms humains sont aussi modifiés par des numéraux). De plus, les noms de mesure et le suffixe (V)-t ne sont pas en opposition dans les constructions pseudo-partitives (ce suffixe y est obligatoire). Nous conservons le nom pseudo-partitif employé par Deal et restons consciente que ce type de construction (Selkirk 1977), relatif aux constructions de quantification qui ne sont pas partitives, n'est pas clairement défini. L' exemple suivant n'est relatif qu'à une certaine quantité de baies, à la différence d'une construction partitive qui est relative à deux quantités (il n'y aurait

145 L'alignement nécessite un préfixe hi- intransitif mais le nombre du sujet est amalgamé au suffixe temporel. Pour rappel, il est question dans cette partie des règles morphosyntaxiques internes au syntagme nominal. Les règles externes sont présentées à la suite dans la partie de la synthèse linguistique consacrée au domaine verbal.

146 Cela est développé dans la partie consacrée aux sous-classes de noms (discrets et denses).

147 Nous précisons « toutes classes » car il a été proposé par Aoki (1970) et Crook (1999) de traiter ces marques d'accord comme des classificateurs. Cet affixe ne reflète pas de trait particulier de classe.

qu'une seule quantité de baies à partir de laquelle on prélève une autre quantité de baies (une grande quantité à partir de laquelle une plus petite serait prélevée)) :

(6) pískut cemitx-nim

panier baie-GEN « un panier de baies »

En (7), le suffixe -(V)t de mitáát, « trois » apparaît avec le nom de mesure kúúten̓es, « tonneaux » dans la phrase suivante, relative à une seule et même quantité d'eau :

(7) ʾenéés-inéhne-kúú-úú-ye kúús mitáát-pa kúúten̓es

S1SGO3SG-transporter-aller-DIR-PST eau trois-LOC tonneau

« Je lui ai pris trois tonneaux d'eau. »

Pour Deal, cela va à l'encontre d'un système classificatoire où les classificateurs de tri et les noms de mesure pseudo-partitifs sont en opposition, système défini par Aoki (1970) et Crook (1999) qui ont établi une sous-classe pour ce qu'ils nomment classificateurs de mesure. Pour les auteurs, ces derniers se comportent syntaxiquement comme des noms à part entière (il s'agit par exemple de morphèmes relatifs aux amas, portions, délimitations temporelles ou objets, et où aucun élément partitif ne s'insère entre le classificateur et le nom).

En ce qui concerne le caractère fini ou indéfini des noms, le nez-percé n'a pas d'article et l'interprétation dudit caractère est dépendante du contexte. En (8), les deux premiers noms au pluriel

haháácwal, « garçons » et pipit̓íín, « filles » sont interprétés comme indéfinis tandis que le

troisième est interprété comme un défini. Le locuteur présente d'abord un groupe générique constitué de garçons et de filles dont il définit un sous groupe par la suite, à savoir celui des filles : (8) hi-wee-siix ha-háácwal kaa pi-pit̓íín̓

S3SGINTR-être-PRSPL PL-garçon CONJ PL-filles

kaa pi-pit̓íín̓ hi-laʾám-cix

CONJ PL-filles S3SGINTR-décroître-PRSPL

Dans le document Changement lexical en nez-percé (Page 63-66)