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CHAPITRE 3 PRÉSENTATION DES RÉSULATS

3.3 Le partenariat État-tiers secteur

3.3.2 Le formalisme des relations

Pour Coston, le formalisme de la relation qui unit le tiers secteur à l’État représente également une composante qui permet d’évaluer la relation de partenariat. Proulx et Savard décrivent le formalisme des relations de la façon suivante : « La présence ou non de structures de concertation, de mécanismes de liaison ou de collaboration (tables de concertation, lieux

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d’échange, comités de travail, comités cliniques, etc.) entre les deux organisations, qui peuvent être plus ou moins permanentes, ou encore par la présence ou non d’ententes, de contrats ou de protocoles liant les deux organisations » (Proulx et Savard, 2012, p. 32). Le formalisme des relations est abordé auprès des participants selon trois indicateurs. Le type d’entente établie entre les partenaires et la structure de la démarche est un premier indicateur. Le thème des modes de fonctionnement et les rôles endossés par les partenaires représente le deuxième indicateur qui sera ensuite abordé. Un troisième indicateur réfère aux relations formelles et informelles établies entre les partenaires à l’extérieur de la démarche de développement des communautés. Ces trois indicateurs permettent d’en apprendre davantage sur la relation de partenariat à l’étude et son degré de formalisme.

Le type d’entente établie entre les acteurs et la structure en place dans la démarche

Nous avons, dans un premier temps, interrogé les participants sur la forme d’entente qui les unit dans la démarche. Nous cherchions alors à savoir si les partenaires sont liés par une entente du type formel (contrat, entente écrite, etc.). Les entrevues révèlent que les partenaires ne sont liées par aucun contrat ou entente formelle. L’extrait suivant permet de mieux comprendre le type de lien qui les unit :

Je pense que c’est un commun besoin, il n’y a pas d’entente formelle. Je pense qu’on est tous là pour dynamiser le milieu. Je pense que c’est la cause qui nous rallie. Oui, puis, ça nous interpelle chacun dans nos missions d’organismes ou encore dans nos valeurs personnelles. Non, il n’y a rien de formel qui dit que l’on doit être là ou pas là, je pense que c’est vraiment ça qui nous rallie, c’est comme s’il y avait un fil conducteur invisible. (Participante #6)

Je ne pense pas qu’il y ait une entente écrite là. Ça ne me dit rien. […]… On n’a pas signé une entente écrite. Je dirais que c’est une relation entre les membres d’un comité, notre lien, je pense. (Participante #5)

On découvre que les partenaires sont, au contraire, unis de façon informelle. Ils se sont joints sur une base volontaire à la démarche, et ce, dès le départ, dans le but de poser des actions concertées et d’unir leur force pour soutenir les citoyens du quartier.

Ç’a toujours été sur une base volontaire, mais la concertation et la mobilisation, ça part avant tout d’une base volontaire. […] On est habitué de travailler

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ensemble donc c’est aidant à ce moment-là de redémarrer quelque chose ensemble. (Participante #4)

Les entrevues nous apprennent que, bien qu’aucune entente contractuelle formelle ne soit établie, des traces écrites permettent de garder l’information consignée sur les partenaires actifs dans la démarche, les rôles et les mandats de chacun, et ce, grâce notamment aux procès-verbaux des rencontres du Comité de mise en œuvre.

Au fur et à mesure que les gens ont dit : oui, j’embarque, je le fais. Là, il y a eu vraiment à travers les procès-verbaux, notamment, une confirmation de dire ben oui, le comité c’est eux autres, oui ça nous empêchera pas d’interpeller d’autres partenaires, mais, quelque part, se donner vraiment des avancées et consolider, ben la gang, c’est celle-là, voici nos mandats, voici jusqu’où on veut aller et voici comment on veut le faire. C’est ça qui a été un peu transcrit, à travers les procès- verbaux, à travers le plan. (Participante #4)

Il nous est donc possible de dégager du discours des participants que les relations établies sont de type informel. Les gens se sont d’abord regroupés autour d’un intérêt commun, soit soutenir les citoyens du quartier. Ils se sont également rassemblés pour le plaisir de travailler ensemble. La démarche est cependant orientée par une structure claire qui contribue au fonctionnement de l’intervention et à l’atteinte des objectifs.

Les modes de fonctionnement et les rôles endossés par les partenaires

Malgré qu’il n’y ait pas d’entente formelle, le groupe a adopté un mode de fonctionnement formalisé, c’est-à-dire que la démarche prévoit des mécanismes de liaisons et de suivi entre les partenaires, notamment par les rencontres officielles des comités, la rédaction des ordres du jour et des procès-verbaux, la présence d’un échéancier et d’un plan d’action.

Bien c’est sûr que l’organisatrice communautaire, c’est elle qui soutient la démarche. Je pense que si elle n’était pas présente, je ne suis pas sûre qu’on… tu sais c’est le cœur. Si elle n’était pas là, pour être honnête, je ne suis pas sûre que ça aurait été aussi loin les actions. C’est elle qui nous dit les rencontres [pour le Comité de mise en œuvre], qui prépare les ordres du jour, c’est la structure finalement. (Participante #5)

Les partenaires s’accordent tous pour dire que le principal porteur de la démarche est le CSSS. En plus d’être initiateurs de la démarche de développement des communautés, les participants reconnaissent l’apport important du CSSS par la présence d’une ressource

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humaine présente pour assurer l’animation des rencontres, les suivis, la rédaction des ordres du jour et des procès-verbaux. Il y a donc une personne formellement identifiée qui s’assure du bon déroulement de la démarche et du respect de la structure convenue. Cette ressource porte le titre d’organisatrice communautaire au CSSS et assure les aspects relatifs à la coordination de la démarche.

On retrouve le CSSS qui coordonne les projets, la démarche. Mais en même temps, c’est eux qui portent la démarche. Donc ça, c’est très apprécié. […] Mais au niveau de la démarche en tant que telle, si on parle du comité de suivi, c’est vraiment le CSSS qui est en charge des ordres du jour et des PV. Ça fait que c’est très facilitant. (Participante #6)

Comme les extraits le démontrent, le CSSS joue un rôle important dans la démarche. Les entrevues permettent de préciser ce rôle, qui en est un de coordination, mais également de mobilisation des partenaires et de concertation. Au cours des entrevues, les participants révèlent également que la prise en charge de ces rôles par le CSSS est fortement appréciée de la part des partenaires, car il apporte des modes de fonctionnement clairs.

Bien ce qui me vient à l’esprit c’est le CSSS, bien sûr qui, à mon avis, apporte un soutien énorme à la communauté. Je pense que sans eux, ce serait moins possible. Parce que l’on sait que c’est eux qui portent l’action, avec l’ensemble des partenaires, mais, c’est vraiment un partenaire qui, à mon avis, est indispensable. (Participante #6)

En plus du CSSS, la démarche précisait dès le départ que l’implication d’un organisme du secteur s’avérait essentielle pour débuter les interventions. Cette collaboration a été convenue dès le départ avec un des organismes partenaires. Cet organisme était responsable d’assurer le lien avec les citoyens et la mobilisation des gens du secteur.

Et il était déjà attaché que le leadership de cette démarche-là […]… que c’était aussi coassumé, et par le Centre de santé, qui lui a une reddition de comptes à faire au niveau de la santé publique, mais qu’on ne le faisait pas seul dans ces quartiers-là, qu’on s’attachait aussi avec un partenaire pour la mobilisation et que, dans le cas du quartier de [Nom du quartier], d’office ça nous prenait quelqu’un quand même de [Nom de l’organisme]. Pour les autres, c’était sur une base volontaire, mais minimalement il fallait au moins être deux, et notre partenaire associé était à ce moment-là [Nom de l’organisme]. » (Participante #4) Ainsi, les rôles du CSSS et de l’organisme partenaire étaient déterminés dès le départ et libellés au plan d’action. Il était donc établi, dès les débuts des interventions, que la démarche

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ne pouvait avoir lieu sans la présence des deux parties, publique et communautaire, dans le projet.

Les relations établies à l’extérieur de la démarche de développement des communautés Afin d’étudier le formalisme de la relation qui unit les partenaires dans la démarche à l’étude, les participants ont été questionnés sur les contacts entretenus entre eux à l’extérieur de la démarche. Nous souhaitions ainsi approfondir les différents types de relation qui peuvent unir les partenaires et leur caractère formel et informel. Ainsi, les entrevues nous apprennent que les participantes rencontrées sont en relation entre eux dans d’autres circonstances, notamment dans d’autres projets communautaires du secteur :

Bien ça dépend des époques, des temps dans l’année, mais, oui, je les croise tout le temps. À d’autres sauces, des fois pas toujours sur un mode de partenariat. Parfois, c’est un partenariat très circonscrit dans le temps pour une chose, parfois c’est parce qu’on siège ensemble à un comité X, mais qui nous appartient, ni à l’un, ni à l’autre. (Participante #4)

On rencontre les partenaires dans plein de cadres différents. Ça peut être les 5 à 7, les activités qu’on organise, etc. (Participante #3)

Les entrevues démontrent que les partenaires se rencontrent également dans des contextes différents, en dehors de la sphère professionnelle et établissent parfois des relations de type plus informel :

Il y a vraiment une force qui se crée quand tu fais partie du milieu et que tu t’y impliques pas juste parce que tu y travailles, mais dans une marche populaire ben je suis là comme résidente, pas comme intervenante. Mais, quand on marche dans la rue comme, tu es avec d’autres résidents, tu croises bien sûr de tes partenaires, bien sûr de tes résidents. Mais, quelque part, on est tous là, solidaires parce qu’on l’est aussi ‘résident’. Et là, ça crée des liens qui sont autres également. (Participante #4)

Ainsi, les partenaires sont appelés à collaborer dans d’autres circonstances, soit dans le cadre de projets professionnels ou encore dans des contextes plus informels de type 5 à 7, manifestations, etc. Cela amène les partenaires à établir des rapports différents selon les contextes.

En somme, le formalisme des relations établies entre les partenaires a été examiné au cours des entrevues grâce aux trois indicateurs de mesure retenus. Ainsi, l’analyse du type d’entente

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établi entre les partenaires révèle qu’aucune entente formelle n’unit les participants. Ceux- ci, au contraire, se sont regroupés sur une base volontaire et plutôt informelle. Les entrevues permettent également de mieux saisir la structure présente derrière la démarche de développement des communautés qui est quant à elle plutôt formalisé avec un plan d’action, des objectifs et un échéancier clairs. Aussi, on remarque que des modes de fonctionnement formels sont établis. La présence d’une personne responsable de la démarche contribue à actualiser son fonctionnement notamment à travers la préparation des rencontres et les suivis. Enfin, les relations entretenues à l’extérieur de la démarche ont été explorées auprès de participants. On y apprend notamment que les partenaires se rencontrent à d’autres occasions, sous forme de relation parfois dans un cadre professionnel, parfois dans des contextes de type informel. Ainsi, à la lumière des informations recueillies pour l’ensemble des indicateurs à l’étude, il apparaît qu’une relation plutôt informelle semble unir les partenaires. Par contre, il ne s’agit pas à notre avis d’une relation pleinement informelle, car différents éléments issus de la structure et des modes de fonctionnement sont plus formels.