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Les fonds de réserve et la qualité d’une institution

Dans le document gestion de portefeuilles (Page 43-51)

La taille du fonds de réserve est étroitement corrélée à la qualité de l’institution.

Un sondage effectué auprès des principales universités dédiées à la recherche montre que les organisations les mieux financées par leur les rendements de leur fonds de réserve se trouvent mieux placées dans le classement national U.S. News and World Report des institutions d’enseignement1. Bien que ce classement soit une source de nombreuses controverses, la plupart des débats portent sur la place occupée par telle ou telle institution dans la liste. Le fait de diviser en quatre quarts les principales universités qui se consacrent à la recherche, élimine ce problème de classement en regroupant les institutions par catégories. Ce regroupement en quartiles montre une corrélation forte entre l’excellence et la taille des fonds de réserve.

Les universités publiques ne rentrent pas dans le cadre de l’étude car les questions d’ordre budgétaire des institutions subventionnées diffèrent beaucoup de celles des universités privées. Par exemple, les subventions gouvernementales jouent un plus grand rôle dans les institutions publiques que chez leurs homologues privées. Si les autorités publiques souhaitent soutenir fortement certaines institutions, l’évolution du rendement du fonds de réserve peut être neutralisée par celle du soutien financier de l’État. Des prélèvements élevés sur le fonds de réserve peuvent compenser de faibles subventions publiques, alors qu’un faible soutien du fonds peut entraîner une contribution plus élevée de l’État. Les institutions publiques sont confrontées à des problèmes d’investissement et de dépenses qui diffèrent fondamentalement de ceux des universités privées.

Les principales universités privées dédiées à la recherche perçoivent des flux de cotisations à tous points de vue similaires. En 2004, parmi les vingt premières du classement, les frais d’inscription des étudiants de licence vont de 19 670 à 32 265 dollars, un écart assez étroit. Si on élimine le plus haut et le plus bas, on obtient une fourchette de 24 117 à 29 910 dollars. Parmi les cinq premières institutions, les frais d’inscription tiennent dans une fourchette encore plus étroite, entre 28 400 et 29 910 dollars. La différence semble donc très faible, au moins en ce qui concerne le niveau affiché des frais d’inscription, entre les universités de premier rang.

Les grandes universités privées fonctionnent comme de grandes entreprises, avec des revenus, pour 2004, allant de 74 millions à 2,8 milliards de dollars, et une moyenne de 722 millions. Si l’on replace ces chiffres dans le monde de l’entreprise,

1. L’enquête, non publiée, sur le lien entre la taille des fonds de réserve des universités et la qualité de la recherche est fondée sur les travaux du Département des Investissements de Yale.

on s’aperçoit que onze des soixante-et-une institutions d’enseignement étudiées gèrent un budget suffisamment élevé pour les situer parmi le classement établi par Fortune des 1 000 plus grandes entreprises1.

Les frais d’inscription des étudiants représentent la source de revenus la plus importante des universités dédiées à la recherche, s’élevant à plus de 48 % des revenus. Les subventions et les contrats fournissent près de 25 % de la trésorerie, les plus-values d’investissement environ 13 %, et les dons 8 %. Les diverses autres sources résiduelles s’élèvent à 6 % des revenus.

Classer les institutions selon la qualité de leur programme pédagogique pose quantité de difficultés, car un tel classement implique de réduire à un seul chiffre les caractéristiques d’une institution complexe aux multiples facettes. Néanmoins, U.S. News and World Report publie des notations de colleges et d’universités large-ment suivies.

En partie à cause de l’impossibilité d’effectuer des distinctions précises là où il n’y en a aucune, les classements sont générateurs de controverses. U.S. News and World Report évalue la réputation académique, le turnover des étudiants, le corps enseignant, la sélectivité des admissions, les ressources financières, le taux de réus-site aux examens et les dons effectués par les anciens élèves2. En combinant les notes des étudiants, la taille des classes et le taux de réussite aux examens, le magazine concocte un schéma de classement des colleges et des universités. Bien que ce clas-sement précis provoque de nombreux débats, les regroupements généraux des institu-tions sont porteurs de sens.

Le fait de diviser les grandes universités privées en quartiles selon leur rang académique permet l’examen de la relation entre les rendements de l’investissement et la qualité institutionnelle. Le tableau 2.1 présente par ordre alphabétique les institutions relevant de chaque groupe particulier.

Le rang en termes de qualité et la taille du fonds de réserve démontrent une corrélation forte, le premier quartile d’institutions jouissant de fonds dépassant en moyenne les 6 milliards de dollars, alors que ceux du dernier quartile ne s’élèvent en moyenne qu’à 324 millions. D’un quartile à l’autre, un clivage très net émerge, indiquant une relation directe entre la taille des fonds de réserve et la réussite de l’institution.

1. “The Fortune 1,000 Ranked Within Industries” Fortune, 28 April 1997.

2. “Best Colleges 1998”, U.S. News & World Report, 1 September 1997. Cette publication classe 28 des 29 Carnegie Universities. Rockefeller University est exclue de l’étude car elle ne délivre pas de diplômes.

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2e quartile Boston College Brandeis

Moyenne $2 181 $205 703 150

Source : Moody’s Investors Service.

Tableau 2.1 La taille du fonds de réserve est fortement corrélée à la qualité de l’institution

(Données de l’année fiscale 2004)

Le niveau du fonds de réserve par étudiant montre la même chose. Les univer-sités du premier quartile disposent d’environ 530 000 dollars par étudiant à plein temps. Après un déclin spectaculaire à 190 000 dollars par étudiant pour le deuxième quartile, et un peu plus de 61 000 pour le troisième quartile, les institutions du dernier quartile n’affichent que 43 000 dollars par étudiant. La taille du fonds est donc clairement et fortement corrélée à la qualité de l’institution.

La contribution du rendement de l’investissement aux budgets de recherche de l’institution varie aussi spectaculairement. Comme l’indique le tableau 2.2, les capitaux investis des universités du premier quartile produisent 19,1 % de leurs revenus. À l’opposé, les institutions du dernier quartile ne reçoivent du rendement de leurs capitaux qu’environ un tiers de ce soutien, les investissements ne contribuant que pour 6,8 % de leurs revenus.

Comme les institutions de haute qualité ont tendance à être plus grandes, les niveaux relatifs des revenus d’investissement se traduisent par des sommes en dollars beaucoup plus élevées. Les institutions du premier quartile fonctionnent grâce à un retrait sur fonds annuel moyen de 274 millions de dollars, alors que les universités du dernier quartile ne reçoivent par cette voie que 17 millions de dollars.

Les frais d’inscription des étudiants fournissent le complément des revenus d’investissement. À mesure que la qualité des institutions augmente, la dépendance budgétaire aux frais d’inscription des étudiants décroît. Ces frais d’inscription constituent 24,5 % des revenus des institutions du premier quartile, alors qu’elles représentent 64,5 % des revenus de celles du dernier quartile, ce qui signifie un écart de 40 %.Les intuitions de moins bonne qualité dépendent lourdement des frais d’inscription de leurs étudiants. Cependant, envisagées par étudiant, les frais d’ins-cription montrent une similitude remarquable d’un quartile à l’autre, s’étalant de 26 800 dollars pour le premier quartile à 19 400 pour le dernier. Les universités qui disposent d’un fonds de réserve plus conséquent utilisent leur puissance financière pour créer un environnement éducatif plus riche.

Les subventions et les contrats affichent une forte corrélation avec la qualité institutionnelle, fournissant presque 38 % des revenus des institutions du premier quartile, et déclinant régulièrement jusqu’à un peu au-dessus de 16 % des revenus pour les universités du dernier quartile. Comme pour les revenus de l’investissement, la combinaison des gros budgets et des proportions plus importantes des institutions de premier rang se traduit par des revenus de subventions et de contrats pour l’acti-vité de recherche plus substantiels en faveur des grandes universités de qualité.

Les chiffres des dons annuels se tiennent à l’intérieur d’une bande étroite allant de 6.9 à 9 % des revenus, et ne démontrent aucune orientation particulière. Même si les universités du premier quartile reçoivent un plus faible pourcentage de revenus

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2e quartile Boston College Brandeis

Tableau 2.2 Les revenus d’investissement apportent plus de soutien aux universités de premier rang

(Données de l’année fiscale 2004)

par les dons, les sommes données à ces institutions dépassent en dollars celles de toutes les autres institutions réunies.

Bien que la taille du fonds de réserve soit clairement corrélée à la qualité de l’institution, le sens de la relation de cause à effet reste mystérieux. Est-ce que les institutions de meilleure qualité attirent des sommes plus importantes pour leur fonds de réserve, créant un cercle vertueux qui s’auto-alimente ? Ou bien est-ce que les fonds plus conséquents fournissent les ressources exigées pour bâtir des institutions de meilleure qualité, facilitant ainsi une réserve d’excellence ? Quel que soit le sens de cette causalité, des ressources financières plus abondantes sont corrélées à des environnements éducatifs de meilleure qualité.

CONCLUSION

Les fonds de réserve servent à quantités d’objectifs pour les institutions d’ensei-gnement, leur permettant une plus grande indépendance, leur fournissant une meil-leure stabilité, et facilitant l’excellence pédagogique. Les institutions de qualité servent mieux la société en tant que lieux de rencontre pour la recherche libre et ouverte, et promeuvent l’indépendance de la pensée sans égard pour les conventions ni crainte des controverses. Les conditions attachées à des sources externes de soutien financier créent la possibilité de rendre l’institution vulnérable, limitant ainsi la franchise des débats et la liberté de recherche.

Pour les institutions bien établies, les fonds de réserve améliorent l’indépendance opérationnelle et la stabilité budgétaire. Des réserves conséquentes de revenus per-manents permettent aux conseillers de résister à l’ingérence du gouvernement et aux exigences irrationnelles de certains donateurs. Des fonds de réserve importants rendent les administrateurs capables d’amortir les chocs financiers, protégeant les opérations courantes de toute force extérieure perturbatrice.

Pour les institutions moins solides, les fonds de réserve font parfois la différence entre la survie et l’échec. Durant la décennie se terminant en juin 2007, plus de cent institutions diplômantes ont fermé leurs portes, soit environ 3 % du nombre total d’institutions américaines de cette catégorie1. Les institutions bien nanties jouissent d’un soutien financier qui résorbe plus facilement les problèmes comptables et opérationnels. Même des fonds de taille modeste font une différence significative.

1. The National Center for Education and Statistics, Directory of Post Secondary Institu-tions, 1987–1997, vol. 1.

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Les fonds fournissent les moyens de bâtir une réserve d’excellence. Les institu-tions aux fonds les plus importants jouissent d’une source régulière de ressources disponibles pour leur croissance afin de créer un environnement pédagogique de qualité supérieure. En contribuant à l’excellence des meilleures colleges et univer-sités, les fonds de réserve jouent un rôle important dans le monde des études supé-rieures.

Comprendre les objectifs qui motivent la création et l’augmentation d’un fonds de réserve est un premier pas important dans la structuration d’un portefeuille d’investissement. En définissant les raisons d’être des fonds de réserve, les gestion-naires posent les fondations de la formulation d’objectifs spécifiques d’investis-sement, modelant de façon fondamentale le processus et les règles d’investissement.

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L’investissement

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