• Aucun résultat trouvé

Financement des entreprises

Dans le document LES FONDS SOUVERAINS02 (Page 93-96)

9. Incidences sur l’économie mondiale

9.2. Financement de long terme

9.2.1. Financement des entreprises

Les fonds souverains ont pour vocation première d’optimiser la performance de leur portefeuille, ce qui les conduit à s’orienter de plus en plus vers des supports en actions. Ils offrent deux carac-téristiques attrayantes pour les sociétés : ce sont des investisseurs stables et passifs.

Des investisseurs stables

Avec un horizon d’investissement de long terme (parfois vingt à trente ans), les fonds souverains sont des investisseurs stables sur la durée. Ils privilégient des stratégies de buy-and-hold24 et ont un taux modéré de rotation du portefeuille25, trois fois plus faible que

23 En cas de crise, les investisseurs ayant eu recours à l’effet de levier peuvent être contraints de se dégager aussi vite que possible de leurs positions, renforçant ainsi les effets de la crise.

24 Stratégie d’investissement passive dans laquelle un investisseur acquiert des titres et les conserve pendant une longue période, indépendamment des fluctuations du marché.

25 Ce taux mesure la fréquence à laquelle un fonds achète ou vend des titres.

© Groupe Eyrolles – © Les Echos Editions

celui des fonds de pension26. Ils financent leurs investissements en fonds propres, ont des besoins de liquidités limités et sont peu exigeants en termes de rentabilité.

En conséquence, les fonds souverains ont une plus grande capacité que d’autres investisseurs à prendre des positions lon-gues. Ils offrent des opportunités de financement accrues aux entreprises, notamment occidentales, auxquelles ils apportent un financement quasi-permanent garantissant la stabilité du capital et la sécurité.

Les liquidités qu’ils injectent dans les entreprises permettent à celles-ci d’accroître leurs investissements et leur production en réduisant leurs coûts de financement. Les entreprises en tirent bénéfice en termes de créations d’emplois, de compétitivité, de développement durable et de croissance économique. Au demeu-rant, la présence d’un fonds souverain au capital d’une entreprise offre à celle-ci une porte d’entrée sur le territoire dont le fonds est originaire et la possibilité de s’y développer (voir 17).

En particulier, la France a besoin des fonds souverains pour financer le capital de ses entreprises, car elle est déficitaire et a trop peu d’investisseurs nationaux en actions. Bien que le taux d’épargne des ménages français soit élevé, le mécanisme de l’assu-rance-vie canalise une grande part de cette épargne vers les obli-gations émises par l’État plutôt que vers les actions des sociétés.

Des investisseurs passifs

Les fonds souverains sont également dans leur grande majorité des investisseurs passifs27. Ils poursuivent une logique pure-ment financière et recherchent la rentabilité sur le long terme. Ils prennent des participations minoritaires, qui dépassent rarement

26 Agardi et Alcouffe (2008).

27 À l’exception des fonds de développement, qui acquièrent parfois le contrôle, voire la totalité du capital, d’entreprises non cotées (voir 3.5 et tableau 3).

© Groupe Eyrolles – © Les Echos Editions

10 % du capital des entreprises et sont le plus souvent inférieures à 1 %. Ils constituent des actionnaires peu activistes ou offensifs par rapport aux fonds de capital investissement ou aux fonds de gestion alternative.

Les fonds souverains ne s’immiscent pas dans la gestion et ne siègent pas dans les conseils d’administration. Ainsi, les fonds du golfe Persique28 ne demandent pas à être administrateurs, ne souhaitent pas participer à la stratégie ou à la gestion, et n’ont aucune volonté d'ingérence dans la conduite des affaires.

Compte tenu des avantages apportés par les fonds souverains, ce sont souvent les entreprises elles-mêmes qui les sollicitent, notamment par des road shows, lorsqu’elles souhaitent bénéfi-cier du soutien d’un actionnaire de long terme, par exemple dans le cadre d’une opération de recapitalisation. Ce démarchage des principaux fonds souverains a été particulièrement actif lors de la crise des subprimes.

Aucun des fonds souverains ayant alors investi dans des éta-blissements financiers n’a souhaité, malgré l’importance des capi-taux apportés, participer à la gouvernance ni être représenté au conseil. Ils n’ont pris que des participations minoritaires, souvent en dessous de 10 %29. CIC a refusé un siège au conseil offert par Blackstone après qu’il y ait investi USD 3 milliards en 2007 et GIC a refusé un poste d’administrateur qui lui était offert par UBS en 2008 compte tenu de sa qualité de plus gros actionnaire.

Les fonds souverains se voient au contraire parfois reprocher leur passivité. Les études précitées sur les investissements en actions des fonds souverains30 montrent en effet, d’une part, que la présence

28 À l’exception des fonds de développement, notamment ICD de Dubaï.

29 Il convient de noter que des autorisations réglementaires deviennent applica-bles à compter du seuil de 10 % dans certains pays, notamment aux États-Unis (voir 13.4).

30 Kotter et Lel (2008) ; Chhaochharia et Laeven (2008).

© Groupe Eyrolles – © Les Echos Editions

d’un fonds souverain au capital d’une entreprise n’a pas d’incidence sur sa valorisation à long terme et, d’autre part, que la performance des fonds tend à être plus faible que celle du marché.

Ces résultats corroborent le rôle passif des fonds souverains, entraînant un manque de contrôle de la société objet de l’investis-sement. Une meilleure valorisation, tant pour les fonds que pour les sociétés, pourrait être obtenue avec une gouvernance dans laquelle les actionnaires significatifs exercent leurs pouvoirs et assument leurs obligations au sein des organes des sociétés concernées. Toutefois, c’est partiellement en réponse aux pres-sions politiques des pays d’accueil que les fonds souverains ne s’immiscent pas dans la vie sociale des entreprises dont ils sont actionnaires (voir chapitres 3 et 4).

Dans le document LES FONDS SOUVERAINS02 (Page 93-96)