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FIGURE 1: LE TEST « D’OUVERTURE » DU FMI

Source: FMI cité in OXFAM 2002 « Commerce globalisation et lutte contre la pauvreté deux poids deux mesures »

Ce tableau montre que les PDV sont moins ouverts que certains PVD.

Ils ont montré que des barrières réduites associées avec un taux de change non discriminatoire ainsi qu'une politique monétaire et fiscale prudente et une lutte sérieuse contre la corruption ont prouvé leur efficacité sur la croissance économique.

Cependant, il y a de plus en plus de conviction que le seul moyen de se développer est d'être ouvert et de participer dans la dynamique de la globalisation. Etre ouvert ne veut pas forcément dire dépendre entièrement du marché libre. Les PVD sont confrontés à des faiblesses tant au niveau des institutions qu'au niveau du marché (Stiglitz, 19961

). Les stratégies qui ont été appliquées par les pays en voie de

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développement et qui ont donné des résultats positifs, se caractérisent par le fait qu’une partie des exportations était basée sur un avantage comparatif des ressources locales telles que les ressources naturelles, la main-d’œuvre qualifiée ou semi qualifiée (Stiglitz, 2002)1. La création de nouveaux avantages qui a eu lieu durant l'approfondissement de la stratégie des exportations, telles que la qualification et la capacité de maîtriser les technologies etc. ont permis d'attirer davantage d'investissements étrangers. Tous les pays ont utilisé à la fois les FTN et les entreprises locales pour réaliser leur stratégie de développement.(Lall, 20032

) Pour H. Benhammouda (Ben Hammouda, 20043

) « La crise de la dette au début des années 80 est venue annoncer l’échec des stratégies d’import-substitution. Cependant, plus que la crise d’une stratégie, il s’agit de la fin du consensus qui était au centre des expériences de développement jusque-là. Les deux idées centrales de ce consensus sur l’importance du marché interne dans la croissance et la faible ouverture sur l’extérieur sont désormais remises en cause. Un nouveau consensus domine alors, les débats sur le développement, mettant l’accent sur l’ouverture et faisant de l’exportation le principal moteur de la croissance ».

Cependant, étant donné la complexité des facteurs de développement, il est difficile de dire que l’ouverture est la cause centrale du succès de certaines économies. Par contre, la fermeture est clairement identifiée comme la cause de l’échec. Le Miracle asiatique n’est pas expliqué uniquement par l’ouverture, c’est une des composantes.

Cette démarche aurait remis en cause des principes fondamentaux qui ont été « enfanté » par la stratégie de substitution et de « repli sur soi ». En effet, durant l’application de cette stratégie des réflexes ont été acquis et se sont enracinés au sein

ResearchObserver, 11(2), pp. 151-177. 1

Stiglitz, J. E. (2002). Globalization and Its Discontents, London: Allen Lane

2 Sanjaya Lall, “Investment and technology for competitiveness : « Review of successful country experiences” United Nations New York and Geneva, 2003 Technology for Development Series

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Hakim Ben Hammouda, « Libéralisation commerciale et développement: Quelles leçons pour l’Afrique? Commission économique pour l’Afrique (CEA) septembre 2004

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non seulement de la classe politique, mais aussi au sein de la population. L’un de ces réflexes a été de rejeter le secteur privé. Deux grandes erreurs ont alors, été engendrées par cette stratégie de substitution des exportations :

La première a été de laisser l'Etat se substituer au secteur privé. Non seulement l'activité de production extirpée au privé était mal/ou peu faite et plus chère, mais ceci a aussi engendré l’oubli et le délaissement total des fonctions propres à l’Etat.

La deuxième erreur a été de raisonner en terme de besoins pour la décision d'investissement et non en terme de pouvoir d'achat (capacité de production). Ce raisonnement s'est avéré erroné. L'importation des biens et services est devenue, dans beaucoup de cas, le fait exclusif des sociétés d’Etat. Le privé industriel a rencontré beaucoup de difficultés. On lui a dénié les secteurs où il pouvait créer la valeur. On le poussait à se localiser dans des secteurs où il récoltait toute la valeur ajoutée sans réellement contribuer.

Les stratégies entièrement conçues et appliquées par un Etat bien souvent totalitaire, sans un débat politique, parfois sans une pluralité des partis et sans une opposition, ont aboutit à ce que les PVD ont abandonné la véritable activité créatrice de valeur. Les bureaucrates, la nomenclature et leurs alliés ont souvent bénéficié de cette situation. La rente ainsi que les prix administrés et bas, qui étaient supposés avantager les populations à revenu limité ont beaucoup plus profité aux couches aisées. Ces politiques ont engendré des pays endettés.

Entre-temps, les progrès techniques se sont accélérés avec des retombées inimaginables tant sur le niveau de la productivité que sur le niveau de vie. Les pays qui ont continué dans la substitution des importations et le semi cloisonnement se sont trouvés dépassés.

0.2.3.3 Le blocage de l'accumulation technologique endogène

Le blocage de l'accumulation technologique endogène est peut être dû à cette vision “autarcique” de développement. Cette vision ne voulait pas reconnaître la nécessité de mettre en place un environnement de marché qui favorise le développement et la diffusion de la technologie. Elle axait son intérêt beaucoup plus sur l'acquisition de la technologie que sur sa maîtrise. Cependant deux approches essaient d’expliquer à leur manière ce blocage.

La première approche, s'inspire de la théorie classique. Elle considère la technologie comme une simple marchandise disponible sur le marché, homogène et divisible à la disposition libre des agents

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économiques. C'est l'entreprise qui va en fonction des données du marché, et en particulier le prix du travail et du capital; faire son choix de la technologie (mode d'intensité capitalistique).

Par contre la seconde approche, de type Schumpetérien, insiste sur le fait que le changement technique produit un processus discontinu, et qu'il est lié à des facteurs de type environnemental et sociétal, qui influencent les agents économiques (Baba-Ahmed, 19991).

La technologie ne doit pas être traitée comme une simple marchandise. Elle fait l'objet de pratiques discriminatoires et donc nécessite l'intervention d'un agent tout puissant pour favoriser son acquisition. Même dans les pays développés- il existe une rivalité plus prononcée entre les firmes pour ne pas céder la technologie à cause notamment du fait qu'elles rivalisent et se battent directement sur le même marché - les pratiques discriminatoires de la part du détenteur de la technologie sont très fréquentes. Cette situation est logique dans la mesure où elle permet la réalisation des investissements dans la Recherche et Développement (R&D). Le détenteur de la technologie essaie de garder le monopole de la technologie quand il peut. Cependant si pour plusieurs raisons il ne peut pas avoir le monopole, alors il va chercher à la vendre en maximisant ses gains. Le rôle de l’Etat est d’œuvrer à créer un environnement et un système de prix qui poussera le meilleur à vouloir se perfectionner et le moins bon à le rattraper.

Cet aspect a été traité par B. Madeuf (Madeuf, 19862

). Elle a montré que la technologie est "une marchandise spécifique qui obéi à des transactions commerciales spécifiques" (Madeuf, 19783). Pour cette auteur, la technologie se caractérise par un marché oligopolistique pour l'acheteur. Le vendeur contrôle l'acheteur (par exemple les clauses contraignantes faisant état de limitation/interdiction de vendre les produits sur un certain nombre de marchés). Ceci a aboutit à la dépendance car, les pays en voie de développement n'ont pas su comment "bien" acheter cette marchandise qu'est la technologie. Cependant pour cet auteur (Madeuf, 19784

), la technologie en fin de compte, n'est ni une marchandise ni

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Mustapha Baba-Ahmed « L'Algérie : diagnostic d'un non- développement »1999 Histoire et Perspectives Méditerranéennes Paris: L'Harmattan, 1999.

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Madeuf B"notes sur les vraies et fausses séductions de la technologie appropriée" in Amérique Latine No 16 Oct. Dec. 86.

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Madeuf B." Technological dependence in the world economic system "paper prepared for international workshop on "technological dependence: a major hindrance for autonomous development "Bonn. FRG Nov.78.

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Madeuf B." Technological dependence in the world economic system "paper prepared for international workshop on "technological dependence:a major hindrance for autonomous

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un facteur de production, mais un processus social. De même que la créativité technologique (dans notre cas la maîtrise technologique) est un processus social qui inclut des données sociologiques, historiques, politiques et économiques. Dans cet ordre d'idées, elle suggère que le TT est une extension spatiale du système capitaliste. Donc le TT est un moyen d'intégration des économies nationales au marché mondiale. C'est un moyen par lequel les relations interindustrielles ne seront plus du ressort du contrôle national. Ceci ne veut pas dire que la technologie n'est pas une marchandise. Toutes les marchandises issues du système capitaliste ont tendance à diffuser ce système dans le monde (habits, musique, films, voitures etc.). Est ce que le fait d'acheter de la marchandise produite par un système donné veut dire acquérir aussi une partie du système qui a favorisé sa production ? Il convient de savoir si les méthodes de production efficientes sont du seul ressort d’un système unique et standardisé. Est-il possible d’adapter d’autres formes de production à d’autres systèmes spécifiques et endogènes ? Adopter l'une ne veut pas dire adopter l'autre. En outre, le concept qui traite la technologie comme un "social processus", quoique vrai, ne nous aide pas vraiment dans notre travail.

L’expérience des Nouveaux Pays Industrialisés montre que le rôle de l’Etat dans l’acquisition de la technologie n’est pas négligeable. Le privé tout seul, aurait probablement failli à cette mission si l’Etat n’avait pas donné un coup de pouce. Un Etat inefficace, absent ou en proie à une instabilité pourrait ne pas engendrer le développement. La technologie n’est pas une marchandise ordinaire dont il faut confier son acquisition et sa diffusion totalement aux forces du marché. L’Etat peut et doit jouer un rôle pour atteindre cet objectif.

0.2.3.4 La diffusion de la technologie

La diffusion des innovations technologiques est une des composantes essentielles du TT. Elle est définie comme étant le processus par lequel l'utilisation des Nouvelles Technologies se propage (Baldwin, 19981). La nécessité de protéger une industrie naissante par une action publique, destinée a modifier un certain

development " Bonn. FRG Nov.78

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John R. Baldwin et Mohammed Rafiquzzaman :”Les facteurs déterminants des retards en matière d’adoption des technologies de fabrication de pointe » in «Management of technology,Sustainable Development and Eco-Efficiency», édité par Louis A. Lefebvre, Robert M. Mason et Tarek Khalil. Elsevier Science Ltd., UK. 1998.

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nombre de paramètres économiques (tels que les barrières douanières, les subventions, etc.), apparaît très limitée dans le temps, dans la mesure où les performances de l'économie domestique s'éloignent peu à peu des normes mondiales. Devant cet état de fait, il apparaît que la diffusion ne peut se faire que si des paramètres fiables sont mis en place pour mesurer réellement les différentes manières de produire. C'est à dire pour permettre aux opérateurs économiques de comparer entre les différentes technologies et de choisir la meilleure. Ce qui revient à introduire la nouvelle technologie. Si l'économie possède des paramètres véridiques ou qui se rapprochent de la vérité (les prix, les régulations, les informations sur les tendances du marche, etc.), qui permettent d'encourager la technologie la plus efficace à s'implanter et à se diffuser. Dans ce cas, les opérateurs économiques pourront dégager des profits, réduire leurs coûts et s'imposer vis à vis de ceux qui n'ont pas adopté la nouvelle technologie. Ceci facilitera la diffusion de la technologie.

Pour que pareil mécanisme puisse exister, il faut développer une certaine forme de concurrence. Cependant, les interventions systématiques des gouvernements rejettent et faussent le jeu de la concurrence. Ces interventions laissent un vide, puisque les mécanismes mis en place par l'Etat remplissent rarement ce rôle. Les tarifs, les quotas, les différentes réglementations existantes, les espaces économiques fermés élèvent des barrières d'entrée et renforcent les pratiques monopolistes. Le système de prix qui émerge n'est pas indicateur de rareté.

Rares sont ceux qui actuellement défendent l'autarcie car, on l'a vu plus haut, les bénéfices à long terme du développement de la technologie locale, dans un cadre autarcique, sont toujours inférieures au coût nécessaire à son développement.

Cependant, comme le montre le tableau du test d’ouverture du FMI ci dessus, Il faut éviter de penser que l'ouverture des frontières ou l'intégration totale dans le marché extérieur va automatiquement permettre un meilleur développement. Les PVD doivent trouver un moyen peu risqué de s'adapter aux évidences des Nouvelles Technologies et éviter qu'une désindustrialisation trop hâtive et coûteuse ne leur arrive. Ils doivent déterminer de manière autonome quelles formes d'intervention et de cohérence de la structure productive nationale est susceptible de leur fournir une meilleure chance de réussir leur intégration dans l’économie mondiale.

Par exemple il n'est pas nécessaire de recourir de manière systématique et privilégiée aux implantations de filiales de firmes étrangères. Si la politique du pays privilégie la formation de "géants" nationaux capables d'affronter la concurrence étrangères sur leur marché domestique, comme c'est le cas de la Corée du sud dans les années soixante et soixante dix et le Japon dans la période Meiji (fin XIX et début XX siècle), le risque d'échec peut être minimisé.

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Pour éviter la concurrence sauvage qui risque de détruire le capital endogène, il est intéressant de voir comment le Japon a su créer, dans un premier temps un environnement, où la concurrence interne a été utilisée, pour à la fois préparer et encourager les firmes locales à se développer, dans le but de conquérir les marchés extérieurs. Ce mode de régulation a permis à l'industrie Japonaise de faire des bonds qui l'ont rapproché des niveaux de performance mondiale. Ce cas peut aussi être rapproché de celui de la Corée du sud, de la Chine et de l’Inde. Il illustre l'articulation de l'Etat (donc du plan) avec le marché.

La protection de l'apprentissage (au moins au début) peut aboutir à la création d'une capacité industrielle non négligeable. Pour Stewart (Stewart, 19841

) il ne faut encourager la firme que quand les investissements initiaux sont importants. Pour KATZ (Katz, 1984,2) il faut protéger le "learning" processus c'est-à-dire le processus d’apprentissage. Cependant, cette protection si elle est maintenue sur une longue période, risque aboutir à la stagnation de l'industrie en place. Dore (Dore, 19843

) a montré comment l'industrie Indienne a réalisé des performances pauvres par rapport à l'industrie mondiale à cause d'une protection longue et élevée.

Certaines études (Nam, 19814

) ont montré que le degré de protection doit baisser au fur et à mesure que la compétitivité des firmes locales croit et tend à se rapprocher avec celle des niveaux internationaux. Plus le pays avance dans le développement et plus il se découvre à la concurrence mondiale. Si les autorités au pouvoir continuent à protéger une industrie malgré le fait qu'elle peut se défendre (notamment par l'administration du système de prix, par le monopole et par des barrières à l’entrée), son évolution s'en trouvera affectée.

Les systèmes de promotion des exportations et celui de la substitution peuvent coexister ensemble. le cas des pays nouvellement industrialisés (surtout La Corée du

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Stewart F."Facilitating indigenous technical change in the third world countries” in. Martin Fransman and Kenneth King "Technological capability in the third world"Mc Millan Press LTD,1984

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J.Katz "Technical innovation,industrial organisation and comparative advantages of Latin American metalworking industry" in. Martin Fransman and Kenneth King "Technological capability in the third world"Mc Millan Press LTD,1984.

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Dore, Ronald (1984), 'Technological self-reliance: sturdy ideal or self-serving rhetoric,’ in. Martin Fransman and Kenneth King "Technological capability in the third world"Mc Millan Press LTD,1984

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Chon Hyun Nam "Trade and industrial policies and the structure of protection in Korea" in W.Hong and L.B.Krause (Eds 81) "Trade and growth of the advanced developing countriesin the Pacific bassin"Seoul,South Korea,Korean Developement Institute

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sud) montre que des doses des deux systèmes ont été utilisés à un moment ou à un autre de leur histoire de développement. Pour Nam (Nam, 19811

) les Nouveaux Pays Industrialisés ont combiné les avantages des deux systèmes. La Corée du sud par exemple, a pratiqué une protection en même temps que les exportations étaient encouragées. La protection peut être aussi établie sous forme d'investissements publics pour créer un environnement adéquat à la firme, afin de réduire ses coûts, pour la formation de la main d'œuvre et pour lui faciliter l'obtention de crédits. Plus on cherche à acquérir une part du marché mondiale et plus on tend à utiliser un système de prix qui se rapproche des normes mondiales. C'est pourquoi, selon Ranis (Ranis, 1985)2) on a tendance à penser que les modèles de promotion des exportations contiennent moins de déformation (distorsion) des prix. Dans les économies des pays nouvellement industrialisés du sud est Asiatique il s'est avéré que le mécanisme de régulation par les prix était plus rapide et plus efficace que celui de la bureaucratie (Ranis, 1985).

En conclusion on peut dire qu’il ne faut pas penser que l’adoption d’une stratégie va en elle-même être la solution trouvée pour mieux maîtriser les NT. Il faut donc être avant tout réaliste et agir en fonction de la situation. Il ne faut pas dire par exemple on va du jour au lendemain adopter une stratégie d’ouverture totale et attendre que le marché va créer le développement. C’est une attitude non confirmée par la pratique. Il faut au contraire établir des plans et des objectifs tout en n’oubliant pas qu’il faut changer le mécanisme et améliorer l’économie sans détruire l’existant.

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Chon Hyun Nam "Trade and industrial policies and the structure of protection in Korea" in W.Hong and L.B.Krause (Eds 81) "Trade and growth of the advanced developing countriesin the Pacific bassin"Seoul,South Korea,Korean Developement Institute

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