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Figure 14 : Les 4 stades de la callunaie d’après Doche (1982)

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I. DU PAYSAGE A LA GESTION

Figure 14 : Les 4 stades de la callunaie d’après Doche (1982)

III.2.2. La dynamique de la série callunaie‐nardaie 2626 

Cette série est caractéristique des zones de parcours. La lande à Calluna vulgaris est généralement  située sur des zones de pâturage libre sans restitution par le troupeau voire en situation de sous‐

pâturage. Elle se développe donc sur des sols appauvris, voire en déficit hydrique (grâce à ses feuilles  imbriquées limitant l’évapotranspiration) comme sur les plateaux granitiques. Son développement  engendre une forte inhibition racinaire qui peut bloquer les successions pendant 15 à 25 ans par  dépérissement des plantules, notamment de Fagus sylvatica27, ou par ralentissement pluriannuel de  leur croissance : c’est le cas des espèces héliophiles comme Pinus sylvestris et Cytisus scoparius. Il est  fréquent d’observer que le stade pinède est nécessaire à l’éradication de l’Ericacée afin de favoriser  l’installation ultérieure de la hêtraie. Les études de Doche (1982, 1983, 1990, 1991, 1998) ont permis  de dégager 4 stades évolutifs de Calluna vulgaris par la description de la forme des peuplements, leur  biomasse et leur influence sur le groupement végétal associé (fig.14). 

26 Synthèse des travaux de : Loiseau et al., 1979 ; Loiseau et al., 1981 ; Doche, 1982 ; Orth et al., 2005. 

27 Il est à noter que le Hêtre est une espèce sciaphile dans son jeune âge et que la callunaie n’apporte pas assez 

d’ombre pour son développement. De plus le système racinaire monopolise la ressource en eau disponible. 

Figure 13 : Dynamique de Cytisus scoparius en systèmes pâturé ou sous‐pâturé (d’après Carrère et al., 2003)

 

  Figure 14 : Les 4 stades de la callunaie d’après Doche (1982) 

Sur les mêmes terrains (fig.15), les nardaies sont engendrées par un mode de conduite du troupeau  combinant surpâturage, refus de Nardus stricta par les troupeaux et appauvrissement des sols. Elles  se trouvent généralement dans les zones de passage, d’entrées de parcs ou proche des parcs de tri. 

Nardus stricta est également une espèce inhibitrice notamment par la forte quantité de biomasse  qu’il produit, accentuée par le refus de pâturage. 

 

III.3.

 

R

OLE DES FACTEURS PHYSIQUES

,

 AGRAIRES

,

 ANTHROPIQUES ET SPATIAUX

 

La  connaissance  des  différents  modes  de  colonisation  n’est  pas  suffisante  pour  aborder  le  phénomène de fermeture paysagère, et une discrimination des principaux facteurs explicatifs est  nécessaire.  Ces  facteurs  sont  d’ordre  physique (pente,  altitude,  exposition,  microclimat)  et  anthropiques : économiques, agronomiques (mode de mise en valeur antérieur des terres, gestion  actuelle)  ou  techniques  (actions  réalisées :  girobroyage,  écobuage ;  pratiques :  conduite  du  troupeau ; pression pastorale, etc.). La variation de l’impact de ces facteurs dans les écosystèmes  engendre des modes, des vitesses de progression, des types d’espèces en présence hétérogènes, et  par conséquent une mosaïque de tendances plus qu’une fermeture généralisée. 

L’analyse des pratiques agricoles est fondamentale, surtout dans les régions anthropisées, mais ces  facteurs sont souvent perçus comme difficiles à quantifier. Pourtant, certains sont quantifiables :  durée de pâturage, distance aux zones préférentielles ou de passage, chargement animal (exprimé  en nombre de jour par hectare et par an), etc. Ainsi, les peuplements végétaux se différencient par  l’incidence plus ou moins forte de l’activité humaine, et par la variabilité des types d’exploitation. La  réflexion va donc au‐delà de la perception de cette activité comme source de perturbation, et  cherche  à  l’aborder  plutôt  comme un  ensemble  de  processus  faisant  partie  du  système  paysager (Bailey et al., 1998 ; Burel et al., 2000). Il convient de préciser que ce n’est pas l’action  isolée d’un seul facteur qui va déterminer les dynamiques végétales, mais bien la combinaison de  plusieurs d’entre eux (Domon et al., 2007). Une fois encore, les différents aspects disciplinaires  prennent toute leur importance dans la discrimination générale de ces facteurs. 

 

III.3.1. Les facteurs d’origine physique28  

Depuis les années 1980, de nombreuses études ont montré l’impact des facteurs physiques sur  l’évolution de la végétation et son dynamisme (tab.3).  

 

28 Synthèse des travaux de : Doche, 1982 ; Bazin et al., 1983 ; Mesléard et al., 1991 ; Gustafson et al., 1996 ;  Prévosto, 1999 ; Rameau, 1999 ; Eiden et al., 2000 ; Ammer, 2003 ; Saccone et al., 2003 ; Coll et al., 2004 ;  Decocq et al., 2004 ; Otto et al., 2006 ; Becker et al., 2007. 

   

Figure 15 : Dynamique végétale de la série à Calluna vulgaris‐Nardus stricta 

Tableau 3 : Les facteurs physiques (en noir) et biotiques (en vert) de la dynamique végétale 

A titre d’exemple, dans les Vosges du Nord : l’aulnaie s’installe sur des sols à forte teneur en eau, la  chênaie sur des sols assez humides, la chênaie‐pineraie sur sols secs et la pinède à pin sylvestre sur  sols tourbeux (Prévosto, 1999). Certaines espèces se développeront selon la présence ou non de  lumière, les espèces pionnières étant souvent héliophiles (Betula pendula, Corylus avellana, Pinus  sylvestris) et le stade final, dit de maturité ou « climax »29, est caractérisé par des espèces sciaphiles  comme Fagus sylvatica. En Suisse, Fréléchoux (2007) a démontré que l’exposition avait un rôle  primordial dans l’établissement de la végétation avec en exposition nord (ombre et humidité) la  présence de Nardus stricta, Alnus puis Picea ; alors qu’avec des stades initiaux et terminaux  sensiblement identiques en exposition ouest, le stade intermédiaire est un Mélézin dense.  

 

III.3.2. Les facteurs d’origine anthropique30  

Parmi les facteurs d’origine anthropique, deux catégories peuvent se différencier : 

Les facteurs externes au territoire local : sociaux, sociétaux ou économiques qui, de par leur  influence indirecte, impactent les paysages : déprise, exode, stratégies agricoles nationales et  européennes influençant les pratiques locales. Ils agissent donc en amont sur l’agriculture locale. 

Les  facteurs  internes :  relevant  des  systèmes  agraires  et  d’élevage,  des  pratiques et  du  comportement de l’animal ayant un impact direct sur la végétation (tab.4). 

 

La question de l’abandon, ou d’une extensification avec des cycles d’abandon/reprise, semble être  prédominante pour la dynamique végétale secondaire. Ainsi, une pression faible de pâturage  déterminera l’apparition de buissons épineux (églantiers, aubépines) qui résisteront à la pression de  pâturage résiduelle. À l’abri de ces espèces, s’installeront des espèces plus pérennes telles Quercus,  Fagus sylvatica, le charme (modèle de facilitation). Dans les mêmes conditions écologiques, mais  avec un arrêt brutal du pâturage, une espèce inhibitrice comme Brachypodium pinnatum va  progressivement envahir la zone (modèle d’inhibition et stratégie de colonisation frontale issue des  lisières). Parallèlement la distance aux villages et aux routes sont des modalités spatiales à prendre  en compte (Paegelow et al., 2003). 

 

29 Nous considérons, à l’instar de J.‐C. Rameau, la notion de climax comme le plus haut degré de maturation  que la végétation peut atteindre en fonction des conditions stationnelles. Les perturbations affectant ce  peuplement permettent d’en considérer le dynamisme, la propriété fondamentale du climax devenant sa  capacité de résilience. 

30Synthèse des travaux de : Doche, 1982 ; Baudry, 1988 ; Orth et al., 1998a ; Dérioz, 1999 ; Rameau, 1999 ;  Bossuyt et al., 2001 ; Bertrand, 2004 ; Randriamalala et al., 2006 ; Dépigny, 2007 ; Dumont et al., 2007 ; Pontes  et al., 2008. 

Type  Description 

Nature du climat  Précipitations, vents dominants, températures, topoclimats 

Nature du relief  Fonction de la topographie : vallées, bas‐milieu‐haut de versant, plateau, etc.

Géologie  Influence sur la nature du relief, la formation des sols Semencier  Eloignement, abondance, pouvoir de dissémination

Type d’espèce  Inhibitrices (Calluna vulgaris, Cytisus scoparius) ou facilitatrices (Betula sp.), taille  et forme des espèces en taches  

Tableau 4 : Les facteurs internes au territoire local et leurs conséquences sur la dynamique végétale  des siècles sur la base d’un système agrosylvopastoral tenant compte des contraintes physiques. 

Mais actuellement, quels sont les enjeux ? Quelles sont les activités majeures se développant au sein  de ces espaces ? Quel(s) avenir(s) ont‐ils ? Comment les gérer ? Le tourisme vert s’y développe, les  différentes collectivités territoriales et organismes publics investissent (Conseils régionaux, généraux,  communes, Parcs naturels régionaux), mais quelles sont les mesures à prendre pour diminuer les  effets de la fermeture des paysages ? 

Il semblerait que leur avenir soit plutôt incertain, avec une augmentation des enjeux, des acteurs et  une pression de la population urbaine sur des espaces ruraux à déclin démographique. De surcroît,  l’attrait supposé pour un certain type de « paysage », ouvert, avec des formes de relief à perte de  vue est fortement remis en question par la fermeture paysagère ; des agriculteurs moins nombreux  se voient affecter des activités supplémentaires non‐marchandes dont seuls les touristes et citadins  profitent.  

 

IV.1.

 

L

A NECESSITE D

UNE GESTION ADAPTEE

 

 

Une gestion raisonnée des espaces de moyenne montagne se devra de répondre à trois conditions : 

l’espace : maîtrise, mise en valeur et protection ; 

l’économie : soutien des activités agricoles de qualité, appui des activités touristiques,  renforcement du soutien industriel, artisanal et commercial, valorisation de la pluriactivité ; 

l’aménagement : maintien des services de proximité, politique des transports, adaptation  des contraintes urbanistiques, gestion du foncier. 

Afin de répondre à ces nécessités, un certain nombre d’outils de mise en valeur, de protection, de  réglementation voire de restriction des accès et des usages ont été mis en place. 

 

Les facteurs internes  Type   Description 

Les facteurs d’impact 

IV.1.1. Maîtrise, mise en valeur et protection de l’espace 

Les moyennes montagnes, comme les zones de montagnes en général, sont souvent reconnues pour  leurs ressources naturelles, avec notamment une biodiversité floristique et faunistique bien plus  importante qu’en plaine. Afin de réglementer ces espaces et leur protection, des outils de gestion  territoriale ont été mis en place dès le début des années soixante (Amoudry, 2002 ; Rieutort (dir.),  2006 ; Brisebarre et al., 2009) : parcs nationaux, réserves naturelles, parcs naturels régionaux, et  arrêts de protection des biotopes. Ces différents outils ont pour objectifs : 

 la protection de la nature : maintien de la biodiversité spécifique par des pratiques  agricoles et par la réglementation : directive européenne « Habitats », « Oiseaux » et  Natura 2000 ; 

 la mise en place d’actions régulatrices comme les plans paysage visant à dresser l’état  des lieux des paysages et des meilleurs outils de gestion à y associer ; 

 le soutien des activités traditionnelles : obtention de moyens financiers pour maintenir  les activités et réguler leur impact paysager : CTE, CAD, OGAF ; 

 la gestion de la fréquentation touristique. 

Les ressources naturelles que sont l’eau et la forêt doivent être gérées et considérées comme des  services écosystémiques. Quels sont les enjeux de l’eau ? En tête de bassins versants notamment,  une nécessaire gestion des eaux s’impose : éviter l’érosion des zones torrentielles, les pollutions,  valoriser le développement économique lié à l’énergie hydraulique. La directive‐cadre européenne  sur l’eau a d’ailleurs pour objectif d’ici 2015 le « bon état » de l’ensemble des milieux aquatiques  continentaux et côtiers. Des diagnostics, des plans de gestions inscrits dans les Schémas Directeurs  d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) des agences de l’eau françaises et des programmes  de mesures adaptés doivent être actifs pour 2012. Leurs objectifs sont de31 : 

prévenir la détérioration, améliorer et restaurer l’état des eaux de surface, atteindre un 

« bon état » chimique, biologique, hydrologique, écologique et réduire la pollution ; 

protéger, améliorer et restaurer l’état des eaux souterraines, prévenir leur pollution, leur  détérioration et assurer un équilibre entre leur captage et leur renouvellement ; 

préserver les zones protégées. 

Les forêts, quant à elles, couvrent 80 % du Jura, des Vosges et des montagnes Dinariques (Slovénie). 

Dans les Pyrénées, les monts cantabriques, les montagnes d’Allemagne, l’est des Alpes, une grande  partie des Carpates et des Balkans bulgares, elles couvrent entre 61 et 80 % (fig.16).  

Elles jouent un rôle essentiel dans les zones de montagne par leurs fonctions de préservation des  espèces naturelles (faunistiques et floristiques) et de réduction des phénomènes d’érosion, mais  également par leur utilité sociale et économique (paysages de qualité, source d’emplois). Des lois et  des aides ont depuis longtemps encadré la forêt (tab.1). On peut ajouter à celles‐ci l’importance de la  publication du Livre Blanc 2000 de la forêt de montagne en Europe par l’Observatoire Européen des  Forêts de Montagne (OEFM), mis en place en 1996 (Buttoud et al., 2000). Cet outil fédérateur, qui  fait le lien entre les acteurs locaux (propriétaires privés et communes), les régions, les Etats, l’Europe  et les organisations concernées, dont les scientifiques, a pour objectifs de : 

valoriser la production de bois, 

protéger les sites, prévenir les risques (PPR), 

développer les loisirs. 

Aujourd’hui,  le  développement  de  la  filière  bois  est  en  plein  renouveau  avec  les  énergies  renouvelables et les actions de l’ADEME, en France, visant à développer la fabrication et l’utilisation  de « granulés bois ». Des financements et facilitations de paiement (réduction d’impôt) sont accordés  pour favoriser leur installation. 

31 http://europa.eu/legislation_summaries/agriculture/environment/l28002b_fr.htm 

 

IV.1.2. Valorisation économique des zones de moyenne montagne 

Il est évident que la mise en place de plans de gestion de ces espaces ne peut se faire sans maintien,  valorisation et essor d’activités économiques. Les activités traditionnelles, et encore essentielles, de  ces zones sont l’agriculture et l’agrosylvopastoralisme. L’élevage représente 75 % des exploitations,  contre 40 % en moyenne en plaine. Or les difficultés économiques des exploitations sont claires : en  France, le coût de l’investissement agricole en montagne est de 30 % supérieur à celui de plaine,  pour des revenus 30 % inférieurs (Amoudry, 2002). Des mesures sont donc nécessaires pour le  maintien de ces activités. A grand renfort d’aides et de subventions, l’Europe a tenté de combler le  manque à gagner, avec la mise en place des ICHN, OGAF, MAE, CTE, CAD, Prime à l’herbe, puis PHAE,  etc. (voir glossaire des sigles p.339)  

 

 

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