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5.2 Équipe 1

5.2.2 Facteurs personnels chez les travailleurs pairés

Dans l'équipe du service à la clientèle interne, deux travailleurs sont pairés, Brigitte (TSD) et Bernard (TAD). Ces deux personnes ont moins de deux ans d'expérience dans le

service et Bernard est le seul TAD dans cette équipe. Il est devenu paraplégique suite à un accident de voiture.

5.2.2.2 Histoire de la déficience

Bernard a subi son accident de voiture alors qu'il était avec des amis, en année sabbatique après son secondaire V. Il avait pris cette année pour accumuler un peu de sous avant d'aller au cegep. Cette année s'est subitement transformée en année de réadaptation. Maintenant, en plus de se déplacer en fauteuil roulant il doit aussi combattre des problèmes de tremblements à l'aide de médicaments.

5.2.2.3 Contact avec les personnes ayant des déficiences

Les principaux contacts que Bernard a eus avec d'autres personnes ayant des déficiences ou des incapacités sont lorsqu'il a suivi sa formation dans le domaine du service à la clientèle au moment où il a été recruté. Il s'est retrouvé alors avec une dizaine de personnes ayant des déficiences ou des incapacités différentes pendant environ six mois. Pour lui, c'est à ce moment-là, qu'il a eu ses contacts les plus significatifs avec les personnes ayant des déficiences. Il ne fait pas mention de ceux qu'il a eus au moment de sa réadaptation. Il ne semble pas leur attribuer de l'importance.

Quant à Brigitte, elle a été sensibilisée sur le sujet surtout par sa mère qui est très dépressive et qui a même dû abandonner son travail à cause de sa situation, et par un cours de trois heures à l'université où il fut question de diversité de la main-d'oeuvre.

5.2.2.4 Parcours familial

Bernard demeurait encore chez ses parents quand il a eu son accident. Il était surtout près de sa mère qui lui procurait, entre autres, du soutien financier. Par la suite, il y est demeuré un an de plus, le temps de se réadapter et de se trouver du travail à l'extérieur de sa ville.

5.2.2.5 Parcours scolaire

Bernard a complété son secondaire V dans sa ville natale. Avant son accident, il souhaitait se diriger vers la foresterie à cause de certaines habiletés qu'il avait développées avec un de ses oncles; mais, son accident est venu changer son orientation. Il n'était plus intéressé par le cegep. Il voulait apprendre un métier. Il dit avoir eu beaucoup de facilité dans ses apprentissages scolaires au primaire et au secondaire.

Durant ses études primaires, Brigitte a pu bénéficier d'une immersion en langue anglaise tout en poursuivant le parcours scolaire primaire régulier. Au secondaire, elle a fréquenté une école privée. Malgré le fait que ses parents ne pouvaient pas défrayer les coûts reliés à sa scolarité durant la dernière année du secondaire; elle a tenu à rester dans la même école et elle a travaillé pour suppléer au manque de ressources financières. Au cegep, elle a eu des moments d'indécision pour son choix de carrière. Elle a étudié en sciences humaines; puis, par la suite elle s'est dirigée vers un profil plus administratif. Son cegep a duré quatre ans car elle y a ajouté une année sabbatique. À l'université, elle a complété son baccalauréat en Relations Industrielles.

5.2.2.6 Parcours professionnel

Bernard travaillait dans un restaurant comme débarrasseur de tables depuis environ cinq semaines quand son accident est survenu. Un an après cet événement, il s'est dirigé en tourisme. La SAAQ (Société d'Assurance Automobile du Québec) a défrayé ses cours dans ce domaine et il y a travaillé pendant trois ans. Puis, il a vu une annonce dans le journal portant sur le type d'emploi de la Banque qu'il détient actuellement. Il est entré à la Banque par le biais du programme qui offre un cours en service à la clientèle avant de détenir un poste dans ce secteur. Dans ce service, il s'est d'abord occupé d'affichage de postes; puis, il a formé Brigitte dans ce domaine. Ensuite, il est passé aux volets: avantages sociaux et rémunération.

Brigitte, pour sa part, dit avoir commencé à travailler à 12 ans comme gardienne d'enfants pendant la période estivale. À la fin de son secondaire, elle a été embauchée dans une parfumerie, elle y est restée quatre ans. Elle y a même acquis le statut de gérante.

Ensuite, elle est allée dans une pharmacie en y faisant un peu de tout. Dans l'espoir de faire plus d'argent, elle a travaillé dans une usine fabriquant des bouteilles en vitre; un milieu syndiqué où les salaires étaient meilleurs; mais, où l'expérience s'est avérée trop difficile physiquement. Elle a donc quitté après deux ans. Par la suite, elle a décidé de se rendre en restauration à cause de l'aspect social. Elle a travaillé à la fois dans un restaurant et dans un bar; puis, elle a finalement fait son stage en Relations Industrielles dans le milieu de l'hôtellerie. En bout de parcours, elle se retrouve à la Banque comme représentante au service à la clientèle externe pendant un an et elle arrive au poste qu'elle détient maintenant soit celui de préposée senior aux affichages de postes.

5.2.2.7 Perception par rapport au travail

Pour Bernard, c'est important de travailler et surtout d'aimer ce que l'on fait. Le travail favorise les contacts et c'est un point très précieux pour lui. Il apprécie avoir des défis dans son travail. Il voit qu'en travaillant il peut grandir au plan psychologique et au plan des connaissances. C'est certain que le travail administratif lui semble rébarbatif. Ce qu'il aime, c'est travailler au téléphone ou en équipe.

Le travail procure à Brigitte une sensation plus grande de contrôle que les relations sociales, par exemple. Ce qu'elle apprécie grandement.

"Le travail c'est ce qui nous permet de, je trouve que c'est là que l'on peut s'impliquer, s'engager à quelque chose que l'on peut plus contrôler que d'autres domaines dans notre vie comme, par exemple, je ne sais pas moi, les relations de couple ou les amis on ne peut pas décider, on peut se trouver des amis; mais, on ne peut pas provoquer les amis. On ne peut pas dire je vais faire apparaître un ami. Tandis que si je me dis je vais me chercher un travail, je vais me trouver un travail, je veux faire ça, dans un an, je veux faire ça. C'est pas mal plus facile à contrôler, je pense. C'est le seul milieu où on peut vraiment décider de ce que l'on fait. On dépend plus ou moins de, on dépend moins je trouve de l'externe, on dépend plus de nous-mêmes (Brigitte)".

Ce qui la rend heureuse c'est de pouvoir apprendre et d'avoir la possibilité de transférer ses nouvelles connaissances. L'augmentation du volume de la production lui crée beaucoup de stress. On comprend pourquoi son gestionnaire disait qu'elle avait traversé la période de la refonte des avantages sociaux avec difficulté alors que Bernard prend ça comme un jeu.

5.2.3 Habitudes de vie au travail des sujets pairés