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Facteurs non linguistiques servant à la désignation in situ

-コーヒー。

1. Facteurs non linguistiques servant à la désignation in situ

Chaque désignation in situ sert à l’individuation de l’entité désignée. Par la désignation in situ, l’entité dénotée par la séquence nominale est reconnue comme existant certainement et individuellement existant sous les yeux de l’énonciateur. Selon que l’individuation s’effectue dans le contexte (situationnel ou linguistique) ou par l’énoncé nominal lui-même, les désignations in situ peuvent être divisées en deux classes. Dans la première classe, on trouve les trois désignations in situ décrites pour le discours affiché, la désignation in situ avec perception, la désignation in situ avec script et la désignation in situ avec perception décrite ; l’entité désignée est reconnue comme existant de manière certaine et sous une forme individuelle, i.e. distincte, sous les yeux de l’énonciateur en tant qu’objet perçu (ou conçu) par l’énonciateur. Ainsi, pour les désignations in situ dans le discours affiché telles que :

Lait-écrémé.

(sur une brique de lait ; exemple repris de (34)) Visite libre.

(sur un prospectus de musée ; exemple repris de (104)) Beurre

(dans une liste d’achats)

l’entité désignée est « ce que moi, lecteur, perçois physiquement ou conçoit par une convention ici et maintenant », plus précisément « ce que je vois sous l’étiquette » en (124), « ce que je conçois selon le thème donnée conventionnellement par la nature du support (prospectus) comme l’un des caractères de ce musée » en (125) et « ce que je

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conçois selon la convention donnée par la forme de liste comme l’un des éléments dans la classe de « à acheter » » en (126).

De même pour les autres, désignations in situ de la première classe, i.e. la désignation in situ avec perception, la désignation in situ avec script et la désignation in situ avec perception décrite. La spécification de l’entité désignée est assurée par le fait que l’attention se porte déjà sur l’entité. Pour la désignation in situ avec perception tel qu’en (127) :

(Un homme trouve une femme semblant morte) Il regarda ce sein livide.

— Mère et nourrice, murmura-t-il.

(Reprise de (19))

l’entité désignée est « ce que je vois ici et maintenant ». Pour la désignation in situ avec script, il s’agit de « ce que nous, émetteur et récepteur, voyons ou concevons (physiquement ou conventionnellement) ici et maintenant ». L’entité désignée par « Un café » adressé au serveur dans un café est « ce que nous, client et serveur, concevons de manière conventionnelle maintenant dans le café ». Enfin pour la désignation in situ avec perception décrite, la perception est préparée explicitement ou implicitement dans le contexte linguistique écrit à gauche.

Puis le silence s'établit tout seul. Luce, traversant la pièce, monte au premier étage. Une chambre d'enfant.

(Reprise de (73))

En (128), le déplacement d’un personnage « Luce… monte au premier étage » laisse supposer que quelque chose va s’offrir à la vue. L’entité dénotée par la séquence nominale « Une chambre d’enfant » est dans cette situation certainement et individuellement existante pour le scripteur-énonciateur (narrateur) et le récepteur visé

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(le lecteur) en tant que « ce que l’on voit à ce moment-là à partir du point de vue d’un tel personnage, ici celui de Luce. »

De l’autre côté de la première classe où la spécification effectuée dans le contexte (situationnel ou linguistique), la présence et l’individualité de l’entité désignée sont marquées dans les énoncés nominaux eux-mêmes. D’abord, c’est la désignation in situ avec modalisation. L’entité désignée est reconnue comme certainement et individuellement existant en tant qu’objet d’une évaluation subjective ou d’une réaction émotive.

Dans cette période où les affaires sont difficiles, les galeries les plus puissantes se permettent de montrer des œuvres qui ne sont, pour la plupart, pas à vendre. Une stratégie qui sert à renforcer leur image.

(Reprise de (1))

En (129), le nom « stratégie » et le verbe « servir » dans la proposition relative impliquent tous les deux une évaluation positive, à la fois efficace et opérationnelle pour un but donné. Par la modalisation marquée ainsi dans l’énoncé, on sait qu’il y a une entité dénotée par le nom « stratégie » repérable de manière univoque par rapport à l’émetteur-énonciateur. On peut observer un résultat référentiel également réussi au moyen d’une désignation in situ avec complément spatio-temporel en tête. La présence et l’individualité de l’entité désignée sont assurées par la délimitation réalisée par l’indication de lieu, de temps.

Tout allait bien. Hier Gauvain était ici avec sa colonne. Tout à coup, alerte. Le vieux, qui est habile, a fait une pointe ; on apprend qu’il a marché sur Dol.

(Reprise de (88))

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En (130) le circonstant en tête, « Tout à coup », borne l’occurrence de « alerte ». C’est ce complément en tête qui fait reconnaître les entités désignées comme existant certainement et uniquement au moment qu’il indique. Enfin pour la désignation in situ avec nominalisation (ou d’un nom d’événement, voire d’une expression du contenu événementiel) comme en (131) et la désignation in situ avec énumération, l’individuation est assurée, marquée dans la langue comme en (132) :

pendant que le père sert dans les blancs, le fils sert dans les bleus.

Rencontre. Bataille.

(Reprise de (74))

Moi, à croupetons en train de les ramasser tandis qu'une ombre malodorante se penche au-dessus de moi. Je me redresse. L'horrible face de Lenouif me bouche le paysage. Le cheveu gras. L'œil injecté. Le pif comme une poire à lavement.

(Reprise de (82))

En (131), ce qui est désigné par « Rencontre » et « Bataille » peut être reconnu comme certainement et individuellement existant à ce moment narré et pour le narrateur et pour le récepteur par son contenu événementiel. En (132), c’est la forme énumérée qui fait exister l’entité désignée « cheveu », « œil » et « pif » de manière certaine et distincte comme composant d’un tout, le visage de Lenouif. Il faut insister sur le fait que ce n’est pas la présence et l’individualité ontologiques de ces éléments qui sont en question.

« cheveu », « œil » et « pif » peuvent être identifiés de manière univoque comme appartenant à Lenouif. Mais, comme nous l’avons déjà vu, ce dernier fait ne permet pas à la séquence nominale « cheveu(x) gras », par exemple, de fonctionner à elle seule en tant qu’énoncé. La spécification en question ici est de savoir si l’entité désignée est reconnue ou reconnaissable comme description par l’énonciateur C’est la présentation énumérée qui est pertinente pour la spécification de l’entité et non un des éléments qui lui appartient.

Par cette division des désignations in situ en deux classes, nous pouvons dire que pour le premier cas, comme la spécification de l’entité désignée est assurée en dehors des énoncés nominaux, les séquences nominales peuvent être composées d’un minimum

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d’éléments pour l’identification de l’entité désignée, alors que pour le dernier, il y a toujours un élément pour marquer explicitement la spécification. C’est ce que nous pouvons confirmer en comparant d’un côté les séquences simples, moins particulières telles que « Lait-écrémé », « Visite libre », « Beurre », « Un café » et « Une chambre d’enfant » et de l’autre les séquences nominales relativement complexes « Une stratégie qui sert à renforcer leur image. », « Chaque fois, un mot gentil, une petite blague. »,

« Rencontre (du père Joly et de son fils). » et « Le cheveu gras. L'œil injecté. Le pif comme une poire à lavement. »

Il faut ajouter aussi que pour le premier, il y a un autre type de contrainte, qui peut concerner le tableau des traits exigés par chaque désignation in situ, établi à la fin du chapitre précédent, Ch. VII (p.161). C’est que les séquences nominales ne peuvent pas avoir d’élément qui puisse spécifier l’entité désignée de manière contradictoire avec la spécification pré-assurée par le contexte linguistique ou situationnel. Par exemple, pour la désignation in situ avec étiquetage, le complément de lieu en tête est mal accepté : « ? Vers la gauche, (la) sortie ». L’étiquetage fait que la spécification est faite à partir du point de vue du lecteur fixé sur l’objet ou l’endroit sur lequel est étiquetée la séquence.

Le complément de lieu en tête qui marque le déplacement du point de vue ne va pas dans le même sens, et donc fonctionne mal. Nous nous limitons ici à mentionner simplement ce fait, et les détails seront traités par la suite selon chaque désignation in situ.