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Dans cette partie, diérentes variables sont mises en lien avec la fréquence des actes de violences entre élèves, qu'ils en soient victimes ou auteurs. Il s'agit du climat scolaire, de la taille des classes et des écoles, du degré scolaire, de la situation des écoles (milieu urbains vs rural, quartier plus ou moins favorisé, REP), du niveau général de la classe, des formations et informations reçues sur la violence et le harcèlement entre élèves ainsi que les projets d'établissement pour prévenir ou intervenir dans les situations de violence scolaire. Chaque fois que cela est possible, les associations sont mesurées sans faire la distinction entre les réponses des enseignants et des étudiants. Ce n'est pas le cas pour les formations et informations sur la violence entre élèves ni pour les projets de prévention et d'intervention des établissements scolaire (cf. ci-après) où les résultats sont uniquement basés sur les réponses des enseignants.

5.3.1 Climat scolaire

Comme le montrent les résultats de la Table 4, le climat scolaire est évalué plutôt posi-tivement par les répondants, toutes les moyennes se situant entre 4.9 et 5.6 sur une échelle de 1 à 7. Les tests de permutation montrent que c'est sur les dimensions d'appartenance et de sécurité que les scores médians de l'échelle de climat scolaire sont les plus élevés et

Table 4 Climat scolaire d'après les réponses des enseignants et des étudiants (min=1, max=7)

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37) Climat relationnel 5.4 (SD=0.70) 5.2 (SD=0.85) 5.3 (SD=0.80) Climat de sécurité 5.2 (SD=1.16) 5.8 (SD=1) 5.6 (SD=1.08)

Climat de justice 5.1 (SD=0.95) 4.8 (SD=1.47) 4.9 (SD=1.30) Climat éducatif 5.0 (SD=1.44) 5.3 (SD=1.05) 5.2 (SD=1.19) Climat d'appartenance 6.1 (SD=1.44) 5.3 (SD=1.58) 5.5 (SD=1.57) Climat scolaire 5.3 (SD=0.85) 5.2 (SD=0.96) 5.3 (SD=0.91)

qu'ils sont les plus faibles sur les dimensions de justice et relationnelles. Plus précisément, pour le climat de sécurité, la médiane est signicativement plus grande que celles du climat relationnel (p=.009), du climat de justice (p=.002) et du climat éducatif (p=.036). Quant à celle du climat d'appartenance, elle est signicativement plus élevée que celles du climat relationnel (p=.025) et du climat de justice (p=.019) et marginalement signicativement plus élevée que celle du climat éducatif (p=.076).

De manière générale, il n'y a pas de lien entre le climat scolaire et la violence entre élèves. Néanmoins, certaines associations entre climat scolaire et fréquence des violences entre élèves apparaissent si elles sont mesurées indépendamment pour les enseignants et les étudiants (Annexe 6).

5.3.2 Taille des classes et des écoles

La taille des classes n'a pas d'inuence sur la fréquence de victimation des élèves d'après les réponses obtenues. En revanche, les répondants ont davantage observé cer-tains types de victimation dans les établissements de plus grande taille. Ainsi, plus les écoles comprennent d'élèves, plus ceux-ci sont fréquemment victimes de violences verbales (rsp=.375, p=.022). La Table 5 montre le nombre d'élèves présents dans les classes et les écoles des répondants.

Table 5 Nombre d'élèves moyen dans les classes et les écoles d'après les réponses des enseignants et des étudiants

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37) Nombre d'élèves/classe 18.8 (SD=5.54) 20.7 (SD=3.10) 20 (SD=4.15)

Nombre d'élèves/école 607.5 (SD=194.44) 364.4 (SD=188.03) 449.8 (SD=221.45)

5.3.3 Degré scolaire

D'après les réponses données, certains types de violences sont plus souvent observés au cycle d'orientation (9P à 11P) que chez les élèves plus jeunes. Il s'agit des violences

physiques (rpb=.349, p=.034). De plus, à cet âge, les garçons sont plus fréquemment auteurs de violences que dans les autres degrés (rpb=.485, p=.002).

5.3.4 Situation des écoles : REP, quartiers défavorisés et milieu urbain vs rural

Il existe certaines associations entre les variables d'intérêt qui concernent la situation des écoles. Ainsi, les établissements scolaires qui se situent en milieu rural ont tendance à être dans des quartiers plus favorisés que ceux qui se trouvent en milieu urbain (rpb=.719, p=.000). En revanche, il n'y a pas d'association entre les écoles en REP et la situation du quartier (défavorisé vs favorisé, urbain vs rural).

D'après les réponses obtenues, la fréquence de victimation des élèves est la même que l'école se situe en milieu rural ou urbain et quel que soit le niveau socioéconomique perçu du quartier dans lequel se trouve l'école. En revanche, pratiquement toutes les formes de violences sont plus fréquentes dans les établissements en REP. Dans ces écoles, les élèves sont plus souvent victimes de violences verbales (rpb=.394, p=.021), de violences physiques (rpb=.398, p=.020) et de violences relationnelles indirectes (rpb=.464, p=.006).

Toutes violences confondues, les élèves y sont plus souvent victimes de violences (rpb=.511, p=.002).

Table 6 Pourcentage d'enseignants et d'étudiants en fonction de la situation du quartier dans lequel se trouve l'école où ils enseignent pour les premiers et où ils ont fait leur dernier stage pour les seconds

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37)

REP 23.1 28.6 26.5

Milieu rural 30.8 25 27

Milieu urbain 69.2 75 73

La Table 6 montre le pourcentage de répondants en fonction de la situation du quartier (REP et milieu rural vs milieu urbain). Il indique que la majorité des réponses portent sur des écoles situées en milieu urbain (73% des répondants). Environ un quart d'entre elles portent sur des établissements situés en REP (26.5% des répondants). Quant à la Table 7, elle indique, qu'en moyenne, les écoles sur lesquelles portent les réponses se trouvent dans des quartiers ni très défavorisés (1) ni très favorisés (10), selon les répondants.

Table 7 Scores moyens et écarts-types pour le quartier où trouve l'école selon les ré-ponses des enseignants et des étudiants (min=1 [très défavorisé], max=10 [très favorisé])

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37) Situation du quartier 5.6 (SD=3.45) 5.8 (SD=2.77) 5.7 (SD=2.98)

5.3.5 Niveau général de la classe

D'après les réponses obtenues (Table 8), le niveau général des classes se situe entre 4 (moyen) et 5 (plutôt élevé) et il n'est pas associé à la victimation des élèves.

Table 8 Scores moyens et écarts-types pour le niveau général de la classe selon les réponses des enseignants et des étudiants (min=1, max=7)

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37) Niveau de la classe 4 (SD=1.47) 4.8 (SD=0.99) 4.5 (SD=1.22)

5.3.6 Lieux

Comme l'indique la Table 9, les lieux où les répondants ont connaissance de la fréquence de violences la plus élevée sont la cour de récréation (86.5%), les couloirs (54.1%), les vestiaires (51.4%) et la salle de classe (37.8%). Des tests de permutation pour comparer les médianes montrent que les répondants ont remarqué plus de violences dans la cour de récréation que lors des déplacements scolaires (p=.000) et des trajets entre l'école et la maison (p=.000). Il y en a également plus souvent que dans le réfectoire (p=.002), la salle de classe (p=.016), les toilettes (p=.000) et les vestiaires (p=.099). Cette dernière p-valeur est marginalement signicative.

Table 9 Pourcentage de répondants qui ont connaissance de violences au moins une fois par semaine en fonction des lieux

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37)

Couloirs 53.8 54.2 54.1

Cour de récréation 84.6 87.5 86.5

Déplacements scolaires 32.1 25 24.3

Réfectoire 53.8 25 35.1

Salle de classe 30.8 41.7 37.8

Toilettes 38.5 20.8 27

Trajets entre l'école et la maison 53.8 29.2 37.8

Vestiaires 38.5 58.3 51.4

Total 48.24 (SD=17.60) 42.71 (SD=22.90) 43.3 (SD=19.98)

En ce qui concerne les couloirs, les violences y sont plus fréquentes que dans le réfectoire (p=.025), les toilettes (p=.007) et que lors des déplacements scolaires (p=.004) et entre l'école et la maison (p=.004). Il n'y a pas de diérence dans la fréquence des violences entre la cour de récréation et les couloirs. Il y a plus souvent des violences dans les vestiaires que dans le réfectoire (p=.099), la p-valeur étant marginalement signicative, et les toilettes (p=.008). Elles sont également plus fréquentes dans les vestiaires que lors des déplacements scolaires (p=.001). En revanche, il n'y a pas de diérence de fréquence

entre les couloirs et les vestiaires. Finalement, la salle de classe est plus souvent concernée par les violences que les toilettes (p=.001), ainsi que les déplacements scolaires (p=.000) et les trajets entre l'école et la maison (p=.015).

5.3.7 Formations et informations sur la violence scolaire

Comme il y a trop peu d'étudiants qui suivent des formations (n=1) ou qui reçoivent de l'information sur les violences entre élèves (n=2) (Table 10), les résultats de cette section sont uniquement donnés pour les enseignants. Les enseignants qui suivent des formations (rpb=.512, p=.073) ou qui reçoivent de l'information (rpb=.512, p=.073) sur la violence entre élèves observent plus de violences physiques chez les garçons. Et ceux qui reçoivent cette information relèvent également une plus haute fréquence de victimation générale pour les garçons (rpb=.529, p=.063).

Table 10 Pourcentage d'enseignants et d'étudiants qui suivent des formations ou re-çoivent de l'information sur la violence et le harcèlement entre élèves

Enseignants (n=13) Etudiants (n=26) Répondants (n=39)

Formation violence 53.8 3.8 20.5

Formation harcèlement 23.1 0 7.7

Information violence 53.8 7.7 23.1

Information harcèlement 30.8 3.8 12.8

Total 40.4 (SD=15.82) 3.8 (SD=3.14) 16 (SD=7.07)

5.3.8 Projets de prévention et plans d'action des établissements scolaires La Table 11 met en évidence que peu d'étudiants notent être allés dans une école qui dispose d'un projet d'établissement ou d'un plan d'action pour répondre à la violence et au harcèlement entre élèves. La majorité des étudiants ne savent pas si l'école dans laquelle ils ont eectué leur dernier stage dispose d'un projet d'établissement qui inclut la prévention de la violence entre élèves (n=21). Un seul a répondu qu'un tel projet existe dans le lieu où il a eectué son stage. Dans ce dernier cas, il existe également un volet concernant spéciquement le harcèlement entre élèves. Quant aux plans d'action pour répondre aux cas de violences avérées entre élèves, la majorité des stagiaires ne savent pas s'ils existent (n=22). Les deux autres ont indiqué qu'il n'existait pas de tel plan dans les écoles où ils sont allés. Dans ces conditions, il n'y a aucun sens à faire des associations avec la victimation des élèves. Une nouvelle fois, ce ne sont donc que les réponses des enseignants qui sont prises en compte. Or, celles-ci révèlent qu'il n'y a pas de lien entre l'existence de projets d'établissement pour la prévention et l'intervention en cas de violence scolaire et la fréquence de victimation des élèves.

Table 11 Pourcentage d'enseignants et d'étudiants qui enseignent ou qui ont fait leur dernier stage dans une école qui dispose d'un plan de prévention et/ou d'intervention en cas de violence ou de harcèlement entre élèves

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37)

Prévention violence 30.8 3.8 12.8

Prévention harcèlement 15.4 3.8 7.7

Plan d'action violence 61.5 0 20.5

Plan d'action harcèlement 15.4 0 5.1

Total 30.8 (SD=21.73) 1.9 (SD=2.2) 11.5 (SD=6.78)

5.3.9 Variables associées aux cas de harcèlement avérés entre élèves

Dans un premier temps, les associations entre les cas de harcèlement avérés et les autres variables sont uniquement mesurées pour les enseignants pour deux raisons principales.

Premièrement, il repose sur le postulat que les enseignants ont une meilleure connaissance de ce qui se passe dans leurs écoles. Deuxièmement, relativement à leur nombre, il y a peu d'étudiants qui ont connaissance de cas de harcèlement avérés (n=5) et tous ceux-ci signalent qu'il y en a eu un. Ainsi, les enseignants sont plus nombreux à avoir connaissance de cas de harcèlement (χ2 =8.78, ddl=1, p=.005). Dans un second temps, les associations entre les cas de harcèlement et ces mêmes variables sont mesurées sur la base des réponses des participants sans distinguer s'il s'agit d'enseignants ou d'étudiants. Les résultats sont uniquement indiqués s'ils ajoutent de l'information aux propos des enseignants ou s'ils sont diérents. Les variables propres à la situation de l'école (REP, quartier plus ou moins favorisé, milieu urbain vs rural) et aux enseignants (âge, années d'enseignement, réactions face à la violence, formations et informations sur la violence scolaire) ne sont pas liées aux cas de harcèlement entre élèves.

Variables liées à l'école Les variables considérées dans cette partie sont le climat scolaire, la taille des classes et des écoles, les degrés scolaires, le niveau général de la classe, les projets d'établissement pour prévenir la violence entre élèves et les plans d'action pour y faire face. D'après les réponses des enseignants, il y a deux associations négatives : une avec le climat scolaire (dimensions de justice et de sécurité) et une avec le degré scolaire.

Plus précisément, plus le climat de justice (rsp=-.772, p=.025) ou de sécurité (rsp=-.736, p=.038) sont évalués positivement, moins il y a eu de cas de harcèlement avérés. De même, il y a moins eu de cas de harcèlement d'après les enseignants qui enseignent de la 5P à la 8P (rpb=-.390, p=.339). Toutes les autres variables ne sont pas associées au harcèlement entre élèves. En se basant sur la totalité des répondants, il s'avère qu'il y a une association marginalement signicative entre le cycle d'orientation (9P à 11P) et l'existence de cas de harcèlement (χ2= 4.06, ddl=1, p=.055) qui sont plus nombreux à avoir été décelés dans ces degrés.

5.3.10 Cas de harcèlement entre élèves : signalement et ecacité des mesures prises

Dans cette partie, l'intérêt se porte sur les personnes qui signalent le plus souvent les cas de harcèlement entre élèves et dans quelle mesure les interventions qui suivent leur découverte sont ecaces. La Table 12 indique que ce sont les élèves eux-mêmes ou leurs parents qui permettent le plus souvent la découverte des situations de harcèlement.

Table 12 Pourcentage d'enseignants et d'étudiants en fonction des personnes qui ont découvert des cas de harcèlement dans les classes

Enseignants (n=13) Etudiants (n=24) Répondants (n=37)

Elèves en question 53.8 7.7 23.1

Autres élèves 23.1 7.7 12.8

Parents 46.2 0 15.4

Soi-même 15.4 7.7 10.3

Collègues 15.4 0 5.1

Total 30.8 (SD=18) 4.6 (SD=4.2) 13.3 (SD=6.7)

Les tests du khi2eectués pour comparer les diérentes sources de signalement montrent que les situations de harcèlement sont plus fréquemment mises en évidence par les élèves en question (χ2=2.026, ddl=1, p=.1555), leurs camarades (χ2=7.879, ddl=1, p=.038) ou les parents (χ2=2.758, ddl=1, p=.097) que par les enseignants eux-mêmes. Ces résultats ne sont mesurés que pour les enseignants, parce qu'il y a trop peu d'étudiants qui ont connaissance de cas de harcèlement entre élèves par rapport au nombre de répondants.

La Table 13 montre à quel point les interventions qui ont suivi la découverte de situa-tions de harcèlement ont permis d'y mettre un terme. Selon une majorité d'enseignants (62.5%), l'intervention mise en place a permis d'y remédier, au moins partiellement, à chaque fois. Pour 50% d'entre eux, certaines situations de harcèlement ont même pris complètement n à chaque fois.

Table 13 Ecacité des mesures prises pour les enseignants qui ont observé des situa-tions d'intimidation dans leurs classes : le harcèlement s'est arrêté

Pourcentage d'enseignants (n=8)

Non jamais 0

Partiellement à chaque fois 62.5

Oui à chaque fois 50

Je ne sais pas 12.5

5. D'après le bootstrap réalisé, la valeur réelle du phi à 95% de chance de se trouver entre .228 et .693. Les extrémités inférieure et supérieure de l'intervalle de conance se trouvant du même côté du 0, ce résultat est considéré comme signicatif.

5.3.11 Résumé et mise en perspective

Cette étude révèle une absence de lien entre les projets de prévention et d'intervention en cas de violence scolaire ou de harcèlement et la fréquence de victimation des élèves.

Elle suggère un manque d'ecacité potentiel du dispositif existant dans les établissements scolaires genevois. De plus, d'une part, il semble que toutes les écoles n'en soient pas dotées, principalement en ce qui concerne la prévention et l'intervention en cas de harcèlement (environ 15% des enseignants seulement répondent qu'il y en a dans leur école). Ces chires montent à environ 30% (prévention) et à environ 60% (plans d'action) pour la violence entre élèves. D'autre part, les stagiaires sont très peu au courant de leur existence. Ces résultats suggèrent que le dispositif de prévention et d'intervention en cas de harcèlement scolaire ainsi que de violence entre élèves devrait être renforcé et son ecacité réévaluée.

De plus, même pour des stages de courte durée, les étudiants devraient être mieux informés par rapport à ces dispositifs.

En se basant uniquement sur les réponses des enseignants, il y a une forte association entre le climat scolaire et la fréquence des violences entre élèves : plus le climat scolaire est évalué positivement, plus elles sont rares. Dans cette recherche, ce sont les dimen-sions relationnelles et de sécurité qui sont particulièrement associées aux actes agressifs, notamment physiques et verbaux, entre élèves. Ce lien entre la victimation des élèves et le climat scolaire est également mis en évidence par d'autres études (Piguet & Moody, 2013 ; Poulin, Beaumont, Blaya & Frenette, 2015). Par ailleurs, Royer (2006) arme que

"celui qui veut intervenir sur la violence à l'école doit [...] être très conscient que le cli-mat scolaire est prédicteur de la réussite des programmes de prévention" (p.10). Ainsi, prendre des mesures qui visent à améliorer le climat scolaire pourrait être un bon moyen de prévenir et de réduire la violence et le harcèlement entre élèves.

La situation de l'école est également un élément à prendre en compte. En eet, cette recherche met en évidence que les élèves sont plus souvent victimes de violences dans les écoles en REP. Selon le site de l'Etat de Genève (République et Canton de Genève, n.d.), le REP a été créé à la rentrée 2006 "pour encourager la qualité des écoles dans les quartiers populaires" et un des critères pour qu'un établissement scolaire puisse intégrer ce réseau est que plus de 55% des parents d'élèves doivent être défavorisés sur le plan socioéconomique. Dans la littérature, plusieurs auteurs s'intéressent à la question des conditions socioéconomiques des familles. Smith, Ananiadou et Cowie (2003), notamment, pour qui les interventions anti-harcèlement basées sur l'école ("school-based antibullying interventions") risquent d'avoir un eet limité si celles-ci ne sont pas prises en compte.

Quant à Debarbieux (2006), il arme que "l'urgence sociale reste au traitement prioritaire des violences dans les quartiers défavorisés" (p.169).

Finalement, la question du repérage du harcèlement entre élèves est une problématique essentielle, puisque les enfants qui en sont victimes ont tendance à ne pas rapporter leur

situation (Gros, 2013 ; Lucia, 2011). Ce travail met en évidence que les cas de harcèlement sont rarement découverts par les enseignants. Le plus souvent ce sont les élèves eux-mêmes ou les parents qui les signalent. La pertinence de ce résultat est soutenue par d'autres études (Mishna et al., 2011 ; Smith, 2014). Par conséquent, il est nécessaire de former les enseignants à reconnaitre des indices du harcèlement. En eet, même s'il est souvent peu visible pour les adultes (Camuset, Zampirollo, Rivière, Wiart & Berdin, 2010 ; Garandeau, Lee & Salmivalli, 2014), les enseignants doivent l'envisager, par exemple, en cas de baisse des résultats scolaires, d'absentéisme, de matériel perdu ou abîmé (Camuset et al., 2010 ; Catheline, 2009 ; Fontaine & Réveillère, 2004). Or, environ un cinquième des enseignants (23.1%) a suivi des formations sur le harcèlement entre élèves et près d'un tiers (30.8%) a reçu de l'information sur le sujet. Ces pourcentages sont proches de zéro pour les étudiants.

Même en se limitant aux formations et informations sur la violence scolaire, la proportion d'enseignants concernés est de l'ordre d'un sur deux (53.8%), alors qu'elle est au maximum d'un sur quatorze (7.7%) pour les étudiants. Ces chires suggèrent la nécessité de mettre en place davantage de formations sur la violence et le harcèlement entre élèves pour les enseignants, mais encore plus pour les étudiants au niveau de leur formation à l'Université.

Ces propos rejoignent ceux de Zermatten (2012), qui met en avant que "pour éradiquer la violence, il faut [...] proposer une formation et une éducation permanente à ceux qui travaillent avec les enfants an qu'ils disposent des outils nécessaires pour prévenir, repérer et répondre à la violence à laquelle ils sont confrontés" (p.47).