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Depuis le début de la recherche sur le harcèlement entre élèves, de nombreuses études ont été réalisées sur ses conséquences dans plusieurs parties du monde (Rigby, 2003). Il a été clairement établi qu'il peut avoir des conséquences indésirables à court et à long terme (Stassen Berger, 2007 ; Tto & Farrington, 2008), tant pour les victimes que pour les auteurs (Swearer, Espelage, Vaillancourt & Hymel, 2010) qui tendent à avoir un grand nombre de symptômes physiques et psychologiques (Tto & Farrington, 2008), voire des troubles d'ordre psychiatrique (Kumpulainen, Räsänen & Puura, 2001). Ses conséquences seraient encore plus nuisibles que ce que l'on pensait précédemment (Arseneault et al., 2010).

Les situations de harcèlement entre élèves n'aectent pas que les victimes et les auteurs directement concernés, mais touchent également des "cercles de socialisations" plus larges, par exemple, les autres camarades de classe, les enseignants, etc. (Piguet & Moody, 2013).

Dans le même sens, selon Bosworth et al. (1999), un seul élève auteur de harcèlement peut avoir des eets considérables dans l'école et créer un climat de peur et d'intimidation non seulement pour ses victimes, mais également pour les autres élèves. Et pour García et Margallo (2014), les eets de la violence scolaire sont nombreux et sérieux et aectent en particulier les victimes, mais également les autres protagonistes.

La recherche montre que les victimes de harcèlement constituent deux groupes dis-tincts, dont les victimes pures qui sont uniquement des cibles des harceleurs et les auteurs-victimes ("bully-victims") qui sont auteurs-victimes de harcèlement et qui harcèlent les autres, avec des conséquences diérentes (Arseneault et al., 2010).

Notons que la gravité des conséquences pourrait également dépendre de la forme que prend le harcèlement ; il semble que les formes indirectes de harcèlement, notamment l'exclusion sociale et le cyberharcèlement, sont les plus nuisibles (García & Margallo, 2014), ainsi que de la durée ; les conséquences du harcèlement sont spécialement sévères pour ceux qui sont victimisés sur une longue période de temps (Smith, Schneider, Smith

& Ananiadou, 2004).

2.5.1 Conséquences du harcèlement pour les auteurs et les victimes

Selon Rigby (2003), l'implication dans le harcèlement peut avoir des conséquences négatives pour la santé qui peuvent être classiées dans quatre catégories : le mal-être

psychologique, la mauvaise adaptation sociale, la détresse psychologique et le mal-être physique. Les victimes de harcèlement comme ses auteurs ont signicativement plus de symptômes dépressifs et de pensées suicidaires (Roland, 2002). Des conséquences néga-tives peuvent être présentes lorsqu'ils sont adultes. Tto et Farrington (2008) mettent en évidence l'impact sur le futur ajustement psychosocial.

Conséquences du harcèlement pour les auteurs-victimes De manière générale, les auteurs-victimes de harcèlement reportent à la fois des niveaux plus élevés de problèmes internalisés et externalisés (Menesini, Modena & Tani, 2009). Ce sont eux qui présentent les conséquences les plus négatives en ce qui concerne la santé mentale dans l'enfance (Arseneault et al., 2010). Ils ont des scores moins favorables que les auteurs et les victimes sur toutes les variables psychosociales et comportementales mesurées (Haynie, Nansel, Eitel, Crump, Saylor, Yu & Simons-Morton, 2001). Ces auteurs écrivent :

The nding that students who reported both bullying and victimization showed the least optimal psychosocial functioning is of particular interest. Those youth appa-rently represent a particularly high-risk group, characterized by higher rates of pro-blem behavior and depressive symptoms, lower self-control and social competence, and poorer school functioning. They are involved in a more deviant peer group and might be less able to form positive friendships with peers ; if so, they might be at greater risk for antisocial behavior into adulthood as well (Haynie et al., 2001, p.44).) Les élèves qui sont à la fois auteurs et victimes de harcèlement tendent à avoir un faible ajustement psychosocial, à présenter des symptômes psychosomatiques, à avoir des problèmes de comportement et à présenter une attitude favorable à l'agression (Tto &

Farrington, 2008). Dans cette catégorie, Kumpulainen et al. (2001) relèvent le trouble des conduites/le trouble oppositionnel qui est le plus commun , la dépression et le trouble du décit de l'attention.

Conséquences du harcèlement pour les victimes De manière générale, sur le long terme, les conséquences dépendent de nombreux facteurs : le niveau de développement, la culture, le genre, la chronicité du harcèlement et la personnalité (Stassen Berger, 2007).

Être victime de harcèlement inuence la santé physique et émotionnelle des enfants de diérentes manières (Tto & Farrington, 2008). Les études suggèrent que la victimation est associée à la fois à des problèmes internalisés et à des problèmes externalisés (Evans, Fraser et al., 2014). Mais, selon Menesini et al. (2009), il y a une inconsistance dans la littérature en ce qui concerne le type de symptômes associés au statut de victime et d'auteur de harcèlement (internalisés vs externalisés) et la nature de cette association.

Pour ces auteurs, les victimes rapportent des niveaux plus élevés de problèmes internalisés.

Des recherches longitudinales font penser que les victimes de harcèlement sont plus susceptibles d'avoir une mauvaise santé mentale plus tard dans leur vie que les élèves qui

n'en ont pas subi (Tto, Farrington & Lösel, 2011). Elles peuvent présenter des symptômes dépressifs (Kumpulainen et al., 2001 ; Tto & Farrington, 2008), des symptômes psycho-somatiques (Tto & Farrington, 2008), un trouble du décit de l'attention de l'anxiété (Kumpulainen et al., 2001) chronique et de la peur (Rigby, 2003). Elles sont aussi plus susceptibles que les autres enfants d'avoir des pensées suicidaires et de faire des tentatives de suicide et/ou de se suicider (García & Margallo, 2014). Plusieurs études conrment que des problèmes de sommeil, des maux d'estomac, du stress, de la fatigue et une perte d'appétit, une augmentation de l'anxiété, de la dépression, une faible estime de soi et un sentiment de solitude sont liés au harcèlement (García & Margallo, 2014). Selon García et Margallo (2014), les victimes ont des niveaux plus élevés d'absentéisme scolaire avec des conséquences sur la performance scolaire. Des études ont également montré que la victimation répétée à l'école conduit les enfants à développer une aversion pour l'environ-nement scolaire (Rigby, 2003). De plus, selon García et Margallo (2014), le harcèlement augmente la probabilité que les victimes deviennent elles-mêmes plus violentes.

Conséquences du harcèlement pour les auteurs De manière générale, les auteurs de harcèlement rapportent des niveaux plus élevés de problèmes externalisés, mais le ta-bleau clinique des harceleurs est complexe et ambigu (Menesini, et al., 2009). Certaines études ont montré qu'ils rapportent aussi fréquemment des symptômes internalisés, spé-cialement durant l'adolescence (ex. Kaltiala-Heino, Rimpelä, Rantanen & Rimpelä, 2000 ; Roland, 2002).

Certains troubles psychiatriques sont plus susceptibles d'être présents chez les au-teurs de harcèlement que chez les élèves tout venant. Par exemple, le trouble du décit de l'attention, la dépression et le trouble oppositionnel/des conduites sont communément diagnostiqués chez eux (Kumpulainen et al., 2001). De leur côté, García et Margallo (2014) relèvent plusieurs conséquences chez les auteurs de harcèlement : un manque d'attention dans le travail scolaire, de faibles performances scolaires, une dégradation sociale liée au développement de problèmes comportementaux et à l'implication subséquente dans des comportements délinquants. Selon ces auteurs, le fait de commettre des agressions répétées à l'école peut conduire à la délinquance, parce que le harcèlement favorise une personna-lité antisociale et d'autres problèmes psychopathologiques, incluant une fréquence élevée d'idées suicidaires, plus importante encore que chez les victimes. Dans le même sens, il arrive aussi qu'il y ait une escalade dans le comportement des auteurs d'intimidation qui peuvent s'engager dans des actes délinquants plus graves, possiblement à cause du plaisir procuré par le harcèlement qui renforce leurs tendances agressives (Farrington, 1993).

Finalement, la question du sens de la relation entre les problèmes psychopathologiques, incluant les problèmes sociaux, l'agression et les problèmes externalisés de comportement (Kim, Leventhal, Koh, Hubbard & Boyce, 2006) et le harcèlement se pose. Dans la lit-térature, ils apparaissent autant comme conséquences que comme causes (voir la partie

sur les facteurs de risque). D'après Kim et al. (2006), leurs résultats suggèrent qu'il s'agit d'une conséquence, plutôt que d'une cause du harcèlement.