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Deuxième partie: le contexte

2. Amérique Latine: musiques en partage, concentration des médias, médias de communication alternative et expériences

2.3 Expériences significatives de la diversité culturelle

Dans cette dernière partie concernant le contexte latino-américain, nous voulons porter une attention particulière à la relation entre les industries culturelles et la diversité culturelle. Le Brésil et le Mexique se sont fait remarquer par leur engagement auprès de la Convention de L’Unesco, comme le démontre leur participation à la Conférence des Parties. Sur le reste du continent, 22 pays font partie de la Convention pour la protection et la promotion de la Diversité Culturelle.

364 MARTIN Barbero, Jesús y OCHOA Ana María. Políticas de multiculturalidad y desubicaciones de lo popular. En : Cultura,

Política y sociedad, Perspectivas latinoamericanas. Daniel Mato (Comp) Buenos aires : CLACSO, 2005, p.185

365 YÚDICE George. Lecturas, Cultura y desarrollo : Análisis y consecuencias.Seminario la Cultura como factor de

196 En plus de l’engagement pris par les États, se trouvent présentes les coalitions nationales issues de la société civile et dont le rôle est de contribuer au débat, de mobiliser les acteurs du secteur et de chercher à donner forme à la diversité culturelle dans les pays. On dénombre ainsi 10 coalitions sur le continent, chacune d’entre elles ayant une spécificité et une trajectoire en relation avec les besoins de leurs territoires respectifs.

Au-delà de la ratification de la Convention, des actions ont été entreprises depuis le secteur public et la société civile en Amérique Latine que nous souhaitons présenter.

L’Argentine et le Venezuela ont approuvé des lois nationales ces dernières années en faveur de la diversité culturelle. La Loi des Services de Communication Audiovisuelle mise en place par le gouvernement argentin a démocratisé le panorama médiatique. Dans ce texte, il est mis l’accent sur la pluralité des médias, il y est défini la production indépendante et de plus des quotas de diffusion radiophonique sont établis pour la musique nationale366.

En ce qui concerne le Venezuela, La Loi de Responsabilité Sociale Radiophonique et Télévisuelle, connue comme la loi RESORTE, a également imposé des quotas de radiodiffusion de 50% pour la musique vénézuélienne et de 10% pour les musiques provenant d’Amérique Latine et des Caraïbes. Il est important de souligner que les contenus nationaux incluent un pourcentage de productions indépendantes et que la loi crée un fonds pour le financement de projets de créateurs367.

La loi RESORTE a été soutenue par les fondateurs de Venezuela Demo Suena

la musica, apoya lo nuestro 368!, une organisation fondée par des anthropologues,

des communicants, des musiciens et des designers, qui fournit des contenus à près

366 Selon la Fédération Indépendante des Musiciens Argentins, cette loi soutient la diffusion de la musique nationale. Dans

les médias, 30% du temps doit être consacré à la musique nationale et à l’intérieur de ce quota la moitié doit provenir de productions indépendantes. C’est en ce sens que Boris Macciocco, président de la Fédération estime que la loi privilégie les intérêts artistiques par delà les lois du marché. Hablemostodos.ar. Músicos independientes, 2011, [Consultado 6 de julio de 2011] Disponible : http : //www.argentina.ar/hablemostodos/opiniones/C2457-musicos-independientes.php1

367 GOBIERNO BOLIVARIANO DE VENEZUELA, Ley de Responsabilidad social en Radio, televisión y Medios Electrónicos,

Gaceta Oficial N. 39.610 del 7 de febrero de 2011, 2011, [Consultado 7 de noviembre de 2011]. Disponible : http : //www.minci.gob.ve/leyresorte/100.

197 de 700 programmes radiophoniques privés et communautaires du Venezuela. Une fois approuvée la loi, les entreprises médiatiques ont demandé des dérogations exceptionnelles par manque de contenus pour s’acquitter des quotas; c’est alors que s’est créé Venezuela Demo avec pour but de recueillir ces musiques indépendantes et de les transmettre à des émissions de radio369. Actuellement, Venezuela Demo a

fortifié la situation des créateurs et contribue à promouvoir la musique nationale sans distinctions de genre, elle favorise un accès hors des frontières depuis son site web et travaille sur les formes possibles de commercialisation de ces productions.

S’agissant des initiatives de la société civile, Circuito Fora du Eixo370 est un réseau de producteurs culturels du Brésil créé en 2005 et qui depuis lors est présente dans 25 des 27 états du pays. Le projet est né avec pour objectif de stimuler la circulation des projets musicaux, favoriser la confrontation des technologies de production et l’échange des productions elles-mêmes. La force du travail en réseau a favorisé sa présence sur le marché et se présente comme une opportunité pour les petits projets, en particulier pour ceux à caractère coopératif. Aujourd’hui, son travail commence à se diffuser en Amérique Latine, le projet « Grito rock América do Sul » a réuni des expériences de 64 villes d’Argentine, Bolivie et Uruguay. Avec ce réseau, il a été démontré que les projets auto-suffisants pouvaient être viables.

En Amérique Centrale, certains labels indépendants se sont associés au sein du Réseau des producteurs indépendants de Centre-Amérique (Repica) et ont commencé à travailler avec d’autres secteurs comme le tourisme ou l’environnement et de plus, participent à des projets de plus grande envergure comme l’est le projet Secteur Culturel et Intégration associé au portail Mucho Gusto Centroamérica. Dans d’autres cas, ces maisons de production développent des projets culturels en étroite collaboration avec les communautés traditionnelles ethniques, historiquement isolées, c’est le cas des « garifunas » de la côte caribéenne d’Amérique Centrale ou des noirs antillais de Limón, Costa Rica et Colón de Panamá371.

369 Les musiciens doivent envoyer le document sonore et l’information à propos de l’œuvre, des interprètes et les contacts.

Venezuela Demo produit 1000 exemplaires qui sont distribués à des émissions de radio et remet 10 exemplaires à chaque musicien pour leur propre diffusion indépendante TOMMASINO, Claudia. Experiencias locales para proteger y promover las expresiones culturales. Documento sin publicar. Red U40 México : Toluca, México, p.1. Encuentro U40 Inter Américas por la Diversidad Cultural. (19 al 22 de mayo 2011)

370 Hors de l’axe : http : //foradoeixo.org.br/

198 Nous tenons à souligne le cas particulier de Discos Corasón, label indépendant mexicain qui œuvre pour la promotion de la musique traditionnelle mexicaine depuis 1992. Cette entreprise phonographique qui soutient les créateurs a eu un rôle important dans le contexte mondial, ayant participé à la réunion organisée à Londres en 1987 au cours de laquelle les maisons d’édition ont créé la catégorie World

Music372.

Bien que l’échantillon des expériences présentées ici ne rende pas compte de toutes les initiatives qui se développent en Amérique Latine en faveur de la diversité culturelle, elles n’en sont pas moins suffisamment représentatives du courant indépendant qui ne cesse de croître sur le continent.

2.4 Colombie : entre l’avènement du « Boom » et un futur qui pourrait être

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