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1.Les industries culturelles: un secteur stratégique dans un monde globalisé

1.1 Dénomination: du singulier au pluriel vers des définitions multiples

Ainsi que nous avons pu le voir dans le chapitre théorique consacré à l'Ecole de Francfort, la dénomination Industrie culturelle a été établie par Adorno et Horkheimer pour désigner la production en série de biens symboliques apparue dans la société de masse avec une vision pessimiste quant à la relation entre le phénomène de masse et la création culturelle. Cependant, cette situation a évolué et un glissement de la dénomination s'opère du singulier au pluriel, alors que l'on constate un développement de la création artistique comme nous le donne à voir la citation suivante:

«Selon eux [les tenants de l'Ecole de Francfort], les méthodes industrielles appliquées au domaine culturel ne pouvaient que déboucher sur la mort de l'art. Si ce courant de pensée compte encore avec quelques adeptes, l'expression Industries culturelles dont l'usage s'est généralisé dans les années 1970 et 1980, ne renvoie pas nécessairement à cette perspective catastrophiste. Après tout, malgré le développement fulgurant des industries culturelles depuis le dernier quart du XIXème siècle, on peut difficilement affirmer qu'il a été suivi d'une extinction de l'activité créatrice dans les différents secteurs des pratiques artistiques. Bien au contraire, jamais les questionnements relatifs aux conventions et aux canons de l'activité artistique n'ont été aussi fréquents que depuis la fin du XIXème siècle. De nouveaux langages, de nouvelles règles d'expression sont apparus comme jamais avant dans l'histoire, depuis la Révolution Industrielle»111

Et en effet, le concept change à partir de 1970. Selon l'Unesco, les Industries Culturelles «combinent la création, la production et la commercialisation de contenus

créatifs intangibles et à caractère culturel. Ces contenus sont normalement protégés par le copyright et peuvent prendre la forme d'un bien ou d'un service»112. Nous

pouvons constater comment le sens de ce concept recouvre et comprend ici

111 TREMBLAY Gaëtan. Desde la teoría de las industrias culturales. Evaluación crítica de la economía de la creatividad. En :

Las industrias creativas. Amenazas sobre la cultura digital. BUSTAMANTE Enrique (Ed). Barcelona : Gedisa, 2011

112 UNESCO. Comprender las Industrias Creativas, Estadísticas como apoyo a las Políticas Públicas. UNESCO : Global

Alliance for Cultural Diversity [Consultado 28 de noviembre de 2012] Disponible : http://portal.unesco.org/culture/en/files/30850/11467401723cultural_stat_es.pdf/cultural_stat_es.pdf, p.2

89 plusieurs caractéristiques: le processus de production, les qualités de la chose produite en référence à la dimension culturelle et son lien avec les droits d'auteurs, en l'occurrence ici avec les droits de copyright.

Nous tenons à souligner ici que la définition ci-dessus, bien qu'elle amène des éclaircissements sur les caractéristiques, ne fait pas mention directement du volet économique, élément qui fera son apparition plus tard dans d'autres documents de l'Unesco. Et c'est justement l'intrusion de la dimension économique qui va amener à définir la frontière, dans la création de masse, entre création à but lucratif ou non lucratif.

« On parle d'industrie culturelle lorsque se produisent, se reproduisent, se

conservent et se diffusent les biens et services culturels selon des critères industriels et commerciaux, c'est-à-dire, en série et en appliquant une stratégie de type économique, au lieu de poursuivre un objectif de développement culturel »113.

L'avènement d'objectifs commerciaux marque l'apparition des premières frictions quant aux conceptions au sein de ce secteur de la culture où convergent majors et indies114. Les premières ont effectivement un objectif de

rentabilité économique quand les secondes mettent en avant une contribution au développement culturel avant la quête de profits.

En poursuivant plus avant l'examen de l'aspect économique de la production symbolique, nous trouvons le concept de l'Industrie Créative. Au cours des années 1990, en Grande Bretagne115 et en Australie, se développe l'idée de petites

structures ayant pour axe de travail la créativité, susceptibles de générer des emplois. Ces structures qui ont été qualifiées d'industries créatives comptent avec

113 ANVERRE Ari et al. Industrias culturales el futuro de la cultura en juego. México : Fondo de Cultura Económica, 1982,

p.18

114 Les majors : dénomination qualifiant les grandes industries culturelles, les multinationales. Les indies désignent les

industries culturelles indépendantes, également connues comme Pymes (PME) culturelles [Pymes = Pequeñas Y Medianas Empresas] . Dans le chapitre plus avant 1.3 La concentration médiatique et les autres voix, nous détaillerons les différences entre ces deux modèles d'organisation.

115 Le concept d'Industries Créatives constitue une posture politique qui avait pour objet de repositionner d'un point de vue

économique la Grande Bretagne dans un contexte gobalisé. La stratégie de competitivité consiste en la distinction faite à partir de la creativité. TREMBLAY Gaëtan. Desde la teoría de las industrias culturales. Evaluación crítica de la economía de la creatividad. En : Las industrias creativas. Amenazas sobre la cultura digital. BUSTAMANTE Enrique (Ed). Barcelona : Gedisa, 2011, p. 49

90 les caractéristiques suivantes : « Activités basées sur la créativité individuelle, la

compétence et le talent, avec une capacité de création d'emplois et de travail par la création et l'exploitation de la propriété intellectuelle »116.

Une autre définition en relation avec le secteur des industries culturelles est celle de l'Entreprise Informative, plus spécifiquement tournée vers les medias. Ce concept développé par les professeurs espagnols Alfonso Nieto et Francisco Iglesias porte sur les medias dans la relation entre la valeur de l'information comme un droit de la société d'une part et la gestion d'entreprise d'autre part117.

Enfin, la dénomination Industries du Contenu118. La particularité de cette

appellation fait référence à la nature technologique du support de ces organisations, support dont l'objet est d'unifier des activités très diverses avec l'idée d'une complète convergence de la culture avec l'outil informatique et les communications.

Comme on peut le constater, de multiples dénominations apparaissent autour des industries culturelles en fonction de l'orientation, du secteur ou même des particularités dans l'activité du secteur lui-même. Les développements académiques et pratiques de chaque secteur sont fonction de la dénomination utilisée. Pour une meilleure compréhension concernant les secteurs qui intègrent les différentes dénominations, nous présentons ci-dessous un graphique illustrant lesdits secteurs qui forment partie de chaque dénomination.

116 Braun et Lavanga Cité par BUSTAMANTE Enrique. España y Latinoamérica Economía Creativa del Entretenimiento

digital En : Las industrias creativas. Amenazas sobre la cultura digital. BUSTAMANTE Enrique (Ed). Barcelona : Gedisa, 2011, p 123

117 IGLESIAS Francisco y NIETO Alfonso. Empresa Informativa. Barcelona : Ariel, 2000

118 Cette dénomination – Industries du Contenu - a été utilisée surtout par des organismes internationaux comme l' OCDE

(Organisation pour la Coopération et Développement Economique), comme un synonyme des industries de l' information, BUSTAMANTE Enrique. España y Latinoamérica Economía Creativa del Entretenimiento digital En : Las industrias creativas. Amenazas sobre la cultura digital. BUSTAMANTE Enrique (Ed). Barcelona : Gedisa, 2011, p. 120

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Graphique N01. Secteurs des Industries Culturelles

et Secteurs des Industries Creatives .

Source : Ministere de la Culture Colombie, Centre d´Etudes Regionaux de la Région du Cafe et d´entreprise CRECE119

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