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1.Les industries culturelles: un secteur stratégique dans un monde globalisé

1.2 Changements technologiques: entre opportunité et mise en péril

La relation entre technologies et industries culturelles s'est bâtie sur une influence réciproque. Les formes de création, de production et d'accès se sont modifiées avec le temps et ont eu une incidence certaine dans la production des contenus. Les changements sont de nature technologique, économique et culturelle bien que ces trois facteurs aient des rythmes différents120.

119 CENTRO DE ESTUDIOS REGIONALES CAFETEROS Y EMPRESARIALES (CRECE) y MINISTERIO DE CULTURA

Guía para la Elaboración de mapeos regionales de industrias creativas, 2005 [Consultado 6 de junio de 2009]. Disponible : http : //sic.conaculta.gob.mx/centrodoc_documentos/284.pdf

120 CHANTEPIE Philippe et LE DIBERDER Alain. Révolution numérique et industries culturelles. Paris : La Découverte,

92 La technologie a rendu possible la production en série121 et a permis dans un

premier temps l'accès à un public plus large, une réduction des coûts et la possibilité d'atteindre les lieux les plus reculés par delà l'obstacle du temps et de l'espace, avec pour résultante une meilleure connaissance et diffusion des biens culturels et de leurs créateurs bien au-delà de leur zone de production habituelle et traditionnelle.

Les possibilités de la technologie analogique ont été largement dépassées par l'environnement numérique. Nous pourrions affirmer que l'avènement d'Internet et des technologies de l'information et de la communication a bouleversé les industries culturelles dans les domaines économiques et culturels. La façon de produire des contenus, les coûts de production, l'accès et les relations entre créateurs et public s'en sont trouvés profondément modifiés.

« Les mutations numériques ébranlent donc le fondement des industries

de contenus et de leur économie par l´aval. Le contrôle de la reproductibilité pour les industries de supports (musique enregistrée et cinéma), le brouillage des frontières entre le flux et le stock pour les autres, modifient les conditions de commercialisation des programmes. Le rôle des médias de masse est renforcé, même si émerge un champ hybride de médias de masse interactifs et communautaires amalgamant l´information sur les contenus, leur commercialisation et la réaction du public à ces contenus. Le contrôle d´accès généralisé est la réponse marchande à un phénomène qui n´est pas que marchand et qui oblige à repenser l´équilibre entre économie d´accès et économie d´audience, et plus largement entre économie marchande et économie non marchande »122.

De fait, la technologie numérique facilite les mises en production des industries culturelles depuis la décennie des années 1990. Elles y gagnent en souplesse pour la création de contenus, voient leurs coûts se réduire et s'améliorer la qualité des produits. Ces avantages bénéficient autant aux petites structures indépendantes qu'à la grande industrie. Elles ont permis l'émergence de nombreux auteurs qui ont ainsi

121 L'impression est la première technologie à l'origine de la production massive, l'avènement des medias de radio, télévision,

cinéma puis plus récemment Internet complètent cet ensemble de technologies qui facilitent l'accès massif aux contenus générés par les industries culturelles.

93 pu faire connaître leurs contenus. Pour d'autres cependant, les technologies ne représentent pas une véritable opportunité car à leurs yeux les grandes industries cherchent à avoir la mainmise sur les avancées technologiques.

« On assiste alors à une succession d´alliances entre les majors et les

acteurs d´Internet, et plus récemment, à des alliances entre majors elles- mêmes visant à mantenir leur position dominante face aux nouveaux concurrents, mais aussi à développer les nouvelles approches marketing que permet la Toile, à manager les systèmes de production et de diffusion classiques sur lesquels repose encore la position de l´oligopole »123.

En ce qui concerne l'accès proprement dit, un des bénéfices de la numérisation aura été la mise à profit des contenus pour de multiples supports. De plus, l'incursion d'Internet permet de jouir des biens en faisant même l'impasse sur les supports et en ce sens, facilite l'accès à l'information sans aucune limite d'horaires, de temps ni d'espace. La numérisation s'est intensifiée tout comme la copie privée et avec pour corollaire son usage illégal et la piraterie.

La copie illégale s'est effectivement développée, entraînant aussi la multiplication des mesures pour la freiner. Les législations nationales et internationales se sont concentrées sur la mise à jour et l'adaptation des réglementations spécifiquement tournées vers l'environnement numérique. En parallèle, un mouvement en faveur de l'accès libre aux contenus a vu le jour, qui trouve dans le Creative Commons124 son principal moyen de partage de l'information

sans se départir d'un objectif non lucratif.

« Les entreprises de production se battent sur deux fronts : elles cherchent

à la fois à renforcer les droits qu´elles détiennent et à renforcer la répression de la contrefaçon, mais aussi à améliorer les conditions économiques de l´exploitation des œuvres, ce qui peut passer par la recherche d´un “assouplissement” des droits, notamment dans

123 BOUQUILLION Philipe et COMBES Yolande. Les industries de la culture et de la Communication en mutation. Paris :

L´Harmattan, 2007, p.96

124 Creative commons c´est une organisation à but non lucratif créée par Lawrence Lessig. L'objectif est offrir un modèle

légal de licence et des applications des outils informatiques pour rendre facile la distribution et l'usage des contenus pour les créateurs. Sont-ils qui puissent déterminer quels sont les droits que vont donner aux publics et quels sont les conditions que seraient restreints

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l´audiovisuel et les jeux vidéo. Du côté des créateurs, aux côtés des démarches traditionnelles visant à défendre et à étendre les droits au sens classique, se développent de nouvelles attitudes, soit dans la mouvance du “logiciel libre” fondée sur une vision originale de la propriété intellectuelle, soit à la frontière des modes professionnels et amateurs »125.

De la même manière, l'accès ne s'est pas limité aux biens et aux services, il a ouvert également la voie à une interaction permanente, effective et immédiate entre le créateur et le public. Pour nombre d'auteurs, les avantages qu'offrent aujourd'hui les nouvelles technologies suppriment les intermédiaires entre ceux qui produisent et ceux qui en jouissent. Dans cette relation en direct, tant les artistes du Star System (Mainstream) comme les indépendants y trouvent leur place. L'information disponible sur Internet et les échanges sur les réseaux sociaux engendrent une meilleure interaction entre les artistes et les fans.

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