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Expériences de mobilisation et résistance ci- ci-toyenne

PREMIÈRE PARTIE

TIQUES URBAINES

2.3.1 Expériences de mobilisation et résistance ci- ci-toyenne

Un rapprochement à la démocratie de proximité, est un exercice qui part des expériences de mobilisation des citoyens, dans le cadre de leur participation à la gestion urbaine. Sous différentes formes, ces expériences défendent la cohésion sociale, et pren-nent la forme d'une démocratie participative, laquelle a plutôt constitué une façon de traiter la pauvreté au plan territorial (Bacqué et Sintome 2002).

À cet égard, ces types de mobilisation urbaine apparaissent comme des formes d'autogestion, mais aussi comme des façons de contenir les mouvements sociaux contestataires, ou d'apaiser les communautés qui revendiquent leurs positions ou leurs droits sociaux, auprès d'un État qui ne répond pas effectivement aux besoins de la population (Donzelot 2006).

Ces formes de participation civile de secteurs défavorisés peuvent s’avérer très diverses. Elles peuvent également présenter

un caractère informel en marge de l’action publique de l’État.

L’accès aux biens collectifs peut ouvrir la voie à des formes de revendication collective, lesquelles peuvent devenir des initia-tives, des stratégies ou des tactiques. Elles sont élaborées pour les médiations, pour influencer l’aménagement territorial, ou pour revendiquer leur place dans la ville :

« Loin de se soumettre aux pouvoirs en place ou de res-ter inactifs, les citadins, surtout les habitants de quartiers populaires, multiplient en effet les initiatives, élaborant des stratégies et des tactiques pour accéder aux biens col-lectifs, pour bloquer un projet d’aménagement qui me-nace leurs intérêts et, plus largement, négocier leur inté-gration à la ville et à la société urbaine avec les acteurs officiels de l’action publique en milieu urbain. » (Legros 2008 : 9)

Nombreuses sont les expériences qui partagent ces principes d’action publique dans leur interaction avec les formes de parti-cipation citoyenne.

Yves Legros (2008), à travers une étude de cas concernant plusieurs villes de l'Est, identifie différentes formes de mobilisa-tion collective en milieu urbain, où la significamobilisa-tion de la participa-tion de l’acparticipa-tion publique est un sujet de réflexion.

Marie-Hélène Bacqué et Yves Sintome (2002), mentionnent trois expériences différentes de mobilisation citoyenne, en réfé-rence à la gestion urbaine, où l'interaction entre l'État et les formes de participation des citoyens sont canalisées dans le trai-tement de la pauvreté, comprise d’après les relations spatiales que celle-ci implique. La France, les États-Unis et Porto Alegre, montrent les nouvelles dimensions de cette approche, qui met-tent en contexte la signification de la démocratie participative dans la gestion de la ville (Bacqué et Sintome 2002).

Pour conclure cette partie du chapitre, nous aborderons les formes de mobilisation citoyenne, institutionnalisées ou formali-sées, qui ont été repérées dans la ville de Medellin.

Dans le chapitre consacré à l'analyse du travail empirique, sera contextualisée l'influence de ces formes de mobilisation des ci-toyens sur la vie associative des quartiers étudiés. De la même manière seront abordées, depuis la vie sociale des cas étudiés, d'autres formes de manifestation collective qui rendent compte du sens d'agrégation depuis l'unité sociale que représente un quartier urbain. Il s'avère que l'action collective, depuis la résis-tance civile et depuis la fragilité sociale de conditions précaires d’une autre façon d’habiter la ville, a façonné la spatialité, en imprimant un caractère à ces territoires urbains qui revendiquent leur place dans la ville, en tirant parti du contexte de l'interven-tion urbaine.

Je considère qu’il est important, pour illustrer le cas concret de Medellin, d’observer d’autres expériences de la mobilisation collective dans son articulation avec les institutions étatiques, où le travail de Legros constitue un référent indicatif important, à partir d’une approche comparative.

Ce travail signale les formes d’interaction parmi les actions collectives et publiques. Les instruments et les formes de régula-tion sociale qu’utilisent les institurégula-tions publiques pour rendre effective l’implication citoyenne, sont observés afin de discerner l’apport politique des actions collectives.

2.3.1.1 La Tunisie

Dans le cas de cette ville, le référent pour le travail de thèse est le cas des projets de réhabilitation urbaine d’habitat spontané, dans des zones comme Mellassine, Saïda Manoubia et Sidi Hacine.

Orientées par le PNUD depuis 1994, les politiques urbaines se tournent vers la durabilité, en quête d’un processus de concerta-tion avec la société civile, où les élus locaux tentent de jouer le rôle d’intermédiaires. Parmi les acteurs, les plus remarquables sont ceux qui encadrent le commerce informel, et qui ont une grande influence sur la population. C’est dans ce contexte que les projets de réhabilitation viennent s’inscrire dans une démarche de mobilisation collective.

Cependant, ces programmes n’obtiennent pas le soutien at-tendu des populations bénéficiaires, ce qui compromet leur par-ticipation. Le discours de la PNUD est perçu par les autorités centrales comme une sorte d’encadrement et de contrôle social de la résistance des quartiers défavorisés, faisant preuve d’un manque d’engagement à sensibiliser la participation collective, et avec des effets déstabilisants. En ce sens, l’auteur met l’accent sur les difficultés en général, propres aux formes de gouverne-ment centralisées, pour permettre une implication effective de l’action collective, même si, dans d’autres cas, il souligne la capa-cité effective de négociation collective que peuvent avoir les communautés impliquées.

2.3.1.2 Rabat au Maroc

Selon les postulats de Cities without slums, la ville de Rabat, dési-gnée comme une initiative de l’ONU habitat, oriente ses actions vers l’éradication des quartiers informels, avec une approche

« participative » orientée vers l’accompagnement social des popu-lations défavorisées. Dans ce contexte, s’analyse comment, de-puis 1930, ces politiques d’éradication se spécialisent dans le déplacement de ces types de secteur d’habitat informel vers la périphérie de la ville. Les habitants de ces espaces, suite aux

« émeutes du pain » de 1981, ont été perçus par l’administration publique comme des secteurs « contestataires et politiquement dangereux ». D’où la mise en place de politiques répressives de contrôle, qui déplacent ces populations vers des hébergements temporaires, souvent dans les banlieues.

Cette situation est perçue comme de la « cosmétique urbaine » qui cherche à rendre ces secteurs invisibles, et de faire endurer les conséquences aux populations défavorisées ségrégées dans des espaces éloignés, sans liaison effective avec la ville et sans compter avec les équipements collectifs nécessaires.

Dans une perspective différente, celle d’intervenir sur la pro-blématique sociale qui s’intensifie, en 2010 ils apparaissent d’autres genres d’initiatives basées sur le développement humain.

Néanmoins, le programme d’éradication de slums, malgré

l’intention de lui donner une touche de social, dans la réalité,

l’intervention révèle une interaction entre l´État et les commu-nautés, marquée par l’autoritarisme, et même par le recours à la violence.

Dans ce cas, des associations d’habitants font leur apparition, elles montrent leur capacité d’action, chacune avec sa propre façon de s’organiser et de négocier, tel est le cas des guich. Parmi les autres types d’action collective, nous trouvons la résistance qui se manifeste en dehors du cadre associatif, comme par exemple, les manifestations des habitants du douar El Kora. Ces manifestations, auxquelles participent principalement des femmes, et même des enfants, moins exposés à la violence ré-pressive des forces de l’ordre, prennent la forme d’émeutes.

2.3.1.3 Dakar

Parmi leurs initiatives de coopération dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, des organisations internationales et le gouver-nement local, déploient des programmes d’intervention, en orientant et en renouvelant les politiques publiques, marquées par les pratiques clientélistes. Les projets créés prennent pour point d’appui les normes fondées sur “la marchandisation” de la gestion des services urbains. Ils proposent une réglementation basée sur des diagnostics participatifs de “planification popu-laire”, au sein de laquelle les citoyens sont pris en considération.

À cet effet, des réunions publiques sont organisées, ainsi que la création de comités locaux. Cependant, les acteurs locaux ne sont pas pris en compte, ni en ce qui concerne la gestion des projets, ni dans les prises de décisions.

En dépit des contrastes, c’est la mobilisation des habitants des quartiers défavorisés, qui a marqué leur agir quand ils deman-daient des équipements hors du cadre institutionnel. Les habi-tants se mobilisent de façon informelle, pour assurer leur subsis-tance. Leur action est marquée par les formes de clientélisme auxquelles ils ont recours pour atteindre leurs fins, et par leur incursion dans le milieu politique.