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A. Expérience première du temps (ou la construction de la réalité lors de l’expérience du temps)

une nouvelle approche de l’esthétique du temps

2.1. Vers un modèle esthétique de dispositif de temporalité

2.1.4. A. Expérience première du temps (ou la construction de la réalité lors de l’expérience du temps)

C’est à juste titre que l’on évoque l’inscrutabilité du temps puisque le corps humain ne possède pas d’organe spécifique pour en mesurer le « passage », à la différence de l’espace que l’œil, voire l’ouïe, permettent d’appréhender. Maeterlinck a été particulièrement sensible à cette absence, et nous en trouvons mention dès l’Agenda de 1888 : « Aucun de nos sens autant que le toucher n’apprécie la durée, quelle joie si quelque sens nouveau nous faisait éprouver le sentiment de la durée aussi clairement que celui de l’espace ?271 » Ainsi, si nous voyons le temps272, c’est parce que sa mesure passe par du mouvement naturel (le cours du soleil) ou analogique (le cheminement des aiguilles sur un cadran), des modifications visuelles sur les végétaux (le brunissement des feuilles à l’automne) les animaux et humains (les signes du vieillissement) et leur naissance ou disparition. Nous percevons le temps parce que nous pensons qu’il en est ainsi comme le rappelle le dialogue de L’Oiseau bleu de Maeterlinck : à la surprise de la grand-mère Tyl en entendant sonner une horloge toujours silencieuse, Grand-papa Tyl avance l’explication : « Parce que nous ne pensons plus à l’heure… Quelqu’un a-t-il pensé à l’heure ?... 273». Tyltyl reconnaîtra y avoir pensé. Le temps, en tout cas celui des montres et horloges, n’existe que parce qu’on s’y réfère. La plupart des « perceptions » du temps semblent ainsi être d’ordre purement cognitif et le fruit d’un apprentissage durant les premières années de la vie afin d’en faire appréhender progressivement la complexité. Françoise Pouëch fait référence à Piaget qui « […] explique la construction de l’espace-temps chez l’enfant par l’assimilation représentative des schèmes sensori-moteurs relatifs à des objets proches, puis à des objets lointains dans le temps et dans l’action274 ». Ainsi apprend-on d’abord à l’enfant ce qu’est « plus loin de maintenant », des formes de distension à partir du présent qui anticipent un instant futur ou réfèrent à des instants passés — forts proches des concepts de protension et de rétention275 développés dans la phénoménologie de Husserl — tous schèmes que l’enfant, dans un second temps, serait amené à coordonner pour avoir accès à l’espace-temps. En passant de l’expérience empirique à l’intuition puis à un stade de symbolisation qui permet la réversibilité, l’enfant acquiert la coordination des schèmes de la temporalité et de la causalité (de facto, le temps est d’emblée corrélé au rapport cause-conséquence, et la rationalité narrative décrite par Ricoeur n’en est

271 M.M., CT II, Agenda de 1888, p. 513.

272 On pourrait certes nous rétorquer qu’il en est de même pour ce que nous nommons l’espace, dont l’appréhension passe par des clauses tacites de simultanéité très théoriques (que l’astrophysique dément quand nous croyons voir des étoiles à plat et en fonction de ce que nos lois empiriques de la profondeur et de la brillance nous font prendre pour de la distance). Mais le fait est que le temps n’est pas visible, ni perceptible par les sens.

273 M.M., O III L’Oiseau bleu, Acte 2, troisième tableau, p. 291.

274 Françoise Pouëch, Effets des jeux langagiers de l’oral sur l’apprentissage de l’écrit, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 51.

275 Ces approximations didactiques « dans un moment d’ici » ou « là, tu viens de le faire » formulées face à l’enfant, organisent à travers une attention psychique à l’attente qui donne le sentiment de la durée. Le lexique garde la trace dans des mots composés (« bientôt », « tout à l’heure ») devenus des adverbes de temps pour marquer des nuances de durées en régime de discours (Benvéniste), de ce qui était originellement des périphrases pour marquer l’extension par rapport à l’instant présent de l’énonciation.

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qu’une renégociation bien entendu plus complexe). S’opposant à Piaget, Françoise Pouëch soutient l’importance du langage, vecteur de « […] l’intériorisation de l’ensemble des expériences physiques et psychiques de l’enfant », grâce auquel il va se penser comme un être unifié, avec un référent temporel pour le continuum émotionnel dans un temps universalisé. Cette abstraction par le langage, en créant un modèle second du temps par rapport à l’expérience immédiate, est l’accès à la représentation du temps (un temps imaginé, distinct du temps de l’expérience immédiate). Cette herméneutique initiale du temps dans le jeu expérimental se fait sous la forme du « mime et du récit276 ». Nous reviendrons plus loin sur le mime (qui correspond à la veine théâtrale, et à la position d’énonciation du discours), mais le récit nous intéresse déjà au plus haut point puisque l’expérience du temps confirme, dès le stade infantile, le rôle majeur du récit décrit par Paul Ricœur qui consiste à humaniser le temps. En effet, par le récit, l’enfant accède à la fois à un mode de représentation de l’irreprésentable dans lequel il peut se penser lui-même, et bénéficie de « la continuité symbolique de la narration dans le temps [qui] autorise la discontinuité dans le temps et dans l’espace277 ». Les interstices du récit sont une libération par rapport au continu spatio-temporel — et à ce titre, la pensée du temps n’organise pas avant tout l’informulable, elle nous libère d’un réel à la compacité sans forme. Proust en a empiriquement et magistralement développé la leçon dans les trois mille pages d’À la recherche du temps perdu.

Dès ce stade simple d’appréhension/apprentissage du temps, le récit donne donc accès à la double complexité de la sélection des durées, des instants, des référents temporels universels, et de l’intellection des causalités pour des actions et des êtres extraits sélectivement. Le récit assume le double rôle de manifester le temps dans sa complexité, et de préserver l’être par le temps raconté de la dilution dans le réel multiforme et infini du temps vécu. Le dispositif de temporalité trouve en ce processus son acte de naissance qui est la scission de l’être et de son immersion dans le réel, le point axial à partir duquel, « l’homme essaie de faire tourner à vide les comportements animaux qui se sont séparés de lui et de jouir ainsi de l’Ouvert comme tel, de l’être en tant qu’être278 ».

La mention du concept de dispositif — que nous exposerons et discuterons plus longuement plus loin dans son application à la temporalité — nous oblige à définir le point d’intersection métapsychologique, dans une approche sur la généalogie du temps, entre théorie psychologique et théorie psychanalytique. En effet, dans le dispositif s’articulent les trois dimensions lacaniennes du Réel279, de l’Imaginaire et du Symbolique. L’accès à la

276 Op. cit., p. 53.

277 Op. cit., p. 53.

278 Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?op. cit., p. 35.

279 Mettons au point une fois pour toutes, notre terminologie en la matière. Lorsque nous parlons de « réel », nous désignons ce qu’il est de coutume de nommer comme la réalité pleine et entière dans son infinie étendue et sa complexité dont les deux infinis de Pascal ne sont qu’une infime partie des modalités, c’est-à-dire le Réel déjà organisé par le symbolique du langage, mais irréductible à la pensée. Si nous utilisons le terme « Réel » avec une majuscule, c’est dans le sens lacanien que lui donne Marie-Thérèse Mathet dans Retour sur le réel, à savoir ce qui est « irreprésentable, impensable, non spécularisable », le « point aveugle de notre connaissance » (http://www.univ-montp3.fr/pictura/Dispositifs/RetourReel.php ). Il s’agit en ce cas de l’en-deça de la représentation sur la scène psychique où se produirait l’expérience du réel — s’il était soutenable qu’il émerge pur et entier à la conscience — mais aussi la brutalité de nos propres pulsions refoulées. Mais ce concept est

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symbolisation correspond au stade phallique du complexe œdipien, stade qui coïncide globalement avec l’acquisition du langage écrit et l’apprentissage du temps par l’enfant. En psychanalyse, ce stade est d’autant plus important qu’il correspond à la forclusion du temps de la jouissance pleine et totale avec refoulement de l’objet a dans le Réel — le Ça de la deuxième topique freudienne. L’enfant280 accède au logos inhérent à la conscience mais perd le souvenir de ce temps de pleine et entière jouissance. L’accès au temps du sujet est ainsi marquée par la perte du temps de l’origine où le sujet était dans un autre rapport avec le Réel — le souvenir des premières années nous est ôté, ou plutôt voilé. Nous pouvons ainsi passer de la description du fonctionnement psychique à celle de la constitution psychique du sens du sujet car ce modèle métapsychologique entre en cohérence avec le rôle du récit par rapport au réel du temps vécu (cf supra, 2.1.4.A. Expérience première du temps (ou la construction de la

réalité lors de l’expérience du temps)) : en effet l’objet a remplit le rôle dynamique à

l’intérieur de la structure de symbolisation— le manque formant un trou, et ce trou permettant la circulation, le jeu du symbolique, mais aussi le retour du refoulé — qui permet d’animer la narration dont nous avons vu plus haut qu’elle se constitue, pour l’enfant (ou dès l’enfance) comme un espace de jeu par rapport au Réel diluant toute signification, car « absolument sans fissure » du temps vécu. Gardons pour l’instant à l’esprit que ce qu’il importe de penser, ce n’est pas le haut degré de symbolisation du temps (qui est celui du concept philosophique) par rapport auquel le sujet se réfèrerait mais le degré élémentaire (ontogénique) de symbolisation, celui où le temps comme recherche de sens se détache du Réel qui est à la fois l’avers et la condition de sa représentation : en cela, la théorie des dispositifs induit aussi une approche qui se situe à la base matricielle des interactions hétérogènes, et non au sommet inhumain des universaux, ce qui légitimerait la pensée de Foucault, s’il en était besoin.

Sans nous éterniser dans une énumération des structures d’appréhension de la durée (sur lesquelles nous reviendrons avec le modèle critique de Gérard Genette), il importe néanmoins de scinder ce que nous nommerons la sensation du temps et le sentiment du temps. Ces deux catégories réfèrent en effet à la distinction établie par la sémiotique peircienne entre l’indice et le symbole (nous laisserons de côté certaines traces du temps, dont la sénescence des facultés psychiques et des manifestations psychiques qui en découlent pourrait être la manifestation). Ainsi les différentes modalités de la sensation du temps (cet objet d’apprentissage premier chez le jeune enfant à partir de son ressenti) que sont la durée, la succession (interface entre le temps et la logique), la fréquence, le rythme comme expérience d’intervalles nous semblent être, dans cette expérience première du temps, proche de l’indicialité281 dans la mesure où l’esprit est confronté — une fois de plus, songeons que ce qui laisse indice est purement invisible — à ce qu’il perçoit comme du temps. Par un effort de la mémoire de travail, par exemple, nous pouvons avoir la sensation d’une durée (brève). Il

purement théorique et chaque représentation, singulière d’une époque et d’un auteur, est susceptible de désigner différemment cette arrière-scène dont elle est l’écran en même temps que l’écrin.

280 Notons à ce titre la géniale intuition de Maeterlinck antérieure à la psychanalyse elle-même, lorsqu’il fait de l’enfant, dans plusieurs de ses pièces celui qui, outre la ténuité de sa personnalité et de sa vaine capacité rationnelle, par sa proximité avec l’origine, le non-être — dont la mort est le pendant pour le vieillard — une figure de porosité au non-représentable du temps, une forme de passeur dans son dispositif.

281 Nous utilisons ici « indicialité » en décalage avec Peirce, dans la mesure où la pensée, chez Peirce est déjà du sémiotique.

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faut supposer que cette sensation du temps est induite à partir de l’intensité de l’attention (d’où une empirique sensation du temps subjectif étirée dans les circonstances où l’attention en question est fortement mobilisée). La notation n’est dès lors que la trace en creux, la déduction que fait le sujet de cet invisible du temps à partir d’une synthèse de son effort d’attention. Notre sensation phénoménologique du temps en l’espèce de la durée s’avère en quelque sorte un leurre. Mais c’est à ce leurre seul que peut se confronter le temps représenté en sa dimension mimétique. En revanche, dès lors qu’il se réfère à une chronologie objectivée, la représentation mentale du temps emprunte les voies de la symbolisation, de ce qui nous est un langage commun du temps intangible, quoique sujet à la modification diachronique. Le souvenir, ou l’anticipation du futur, ne sont, sur ce plan-là que des hybrides entre des impressions sensorielles, et la restitution, par un processus cognitif d’insertion dans une diachronie, des souvenirs. Ces deux postures ne sont au demeurant pas étanches puisque la première tend à être synthétisée dans la seconde (par exemple en référant une somme d’attente à un repère objectivé comme l’heure), et inversement, une durée objective peut donner lieu à une tentative de comparaison par du temps perçu pour l’évaluer (opération au demeurant souvent problématique telle le souhait de comprendre une durée supra humaine en la référant à une durée très limitée dont un homme peut avoir l’expérience sensorielle).

Reste à envisager ce que serait l’expérience d’un temps fictionnel, c’est-à-dire le processus par lequel un créateur instaure une durée et des successions dans lesquelles s’inscrit, après coup ou en contiguïté — les deux postures en permanence interactives et négociables lors de l’acte d’écriture — son imaginaire. On sait que certains romanciers fondent leur plan sur la trame chronologique, comme en attestent les brouillons qui ont pu nous parvenir, notamment des romans réalistes du XIXème siècle ; mais une infinité d’autres cadres d’organisation peuvent prévaloir à la narration, ou à la représentation dramatique. Quoi qu’il en soit, une telle expérience de création, qui préside à l’élaboration de la grande majorité des objets esthétiques, ne peut relever, sauf dans les cas d’autofictions ou de modèles qui e sont proches, que d’une expérience cognitive du temps, d’un temps perçu et figuré sur le plan symbolique même si, dans l’objet, le créateur ne peut représenter qu’une indicialité temporelle dont il a eu l’expérience, et que celle-ci est censée référer à un temps effectif mis en fiction. Simplement, le temps envisagé sur le plan de la cognition est libéré de tout ordre de succession puisque l’on peut, par le souvenir comme par l’imagination, tendre vers des moments non successifs d’une durée. Ceci est une manifestation de la libération de la pensée par rapport au temps dont nous parlons dans l’élaboration ontogénique du temps. Mais cette opération s’exerce en sens inverse dans les livres d’André Breton puisque, justement, un retrait s’opère par rapport au temps symbolisé, ou qu’il n’est plus qu’une notation par défaut, qui encadre une expérience du temps non symbolisée.

Mais cette perception du temps se modifie considérablement dans la phase où il est représenté. L’expérience et la représentation sont comme l’avers et l’obvers d’une même médaille par rapport au cours inscrutable du temps : une interface qui forme surface de de translation dans l’hétérogène.

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2.1.4.B. La représentation, ou l’expérience seconde du temps

Même s’il est invisible, le temps n’échappe pas au drame de la mimésis qui confronte à la scission de nature entre la représentation et son objet. Telle partition s’initie dans la vie psychique elle-même (puisqu’il ne saurait y avoir de représentation sans sujet pour représenter) en redoublant, sur un autre plateau du rhizome et selon d’autres procédés de transduction, la distinction entre l’échelle neurobiologique de gestion des informations neuronales et l’échelle cognitive de traitement de l’information temporelle. Plus exactement peut-on parler sur ce plateau de la vie psychologique d’une double scission. D’une part, la représentation se fait rarement dans le temps réel de la perception (seule la photographie, dans la mesure où elle peut porter le temps, nous rendrait apte à cette immédiateté de l’empreinte) et, d’autre part, la représentation emprunte des moyens seconds pour reproduire ce qui a été produit. Ainsi Bergson rappelle-t-il que « […] la suggestion n’est à aucun degré ce qu’elle suggère, le souvenir pur d’une sensation ou d’une perception n’est à aucun degré la sensation ou la perception mêmes282 ». Dès que le processus intrapsychique décrit par Bergson débouche sur une production artistique, cette double distinction s’applique tout particulièrement ; le temps dont la perception est tout à la fois sensation et cognition (la cognition se faisant déjà par une manipulation de concepts, donc par l’appréhension du réel structuré par le langage), divorce avec les moyens que la textualité offre à sa représentation. De ce fait, une durée perçue comme une sensation pourra être reproduite par une ellipse, comme par un sommaire à effet lyrique par exemple283, alors qu’une durée pensée pourra emprunter dans un flux de conscience la voix d’une parole qui en reproduit l’extension temporelle et en mime les successions d’images psychiques, ou d’une métaphore qui en est une forme tendant au mimétisme. Radicale transduction d’un plateau à un autre qui rend les assertions d’équivalence toujours sujettes à caution.

Le problème de la représentation du temps a occupé la plupart des écrivains majeurs, au nombre desquels compte Proust. Par de nombreux aspects, À la recherche du temps perdu dans son ensemble constitue une réponse au problème posé. Proust est allé chercher un modèle sensitif dans ce médium jugé supérieur qu’est la musique. Ainsi après l’audition du septuor de Vinteuil :

« Par exemple, cette musique me semblait quelque chose de plus vrai que tous les livres connus. Par instants je pensais que cela tenait à ce que ce qui est senti par nous dans la vie ne l’étant pas sous forme d’idées, sa traduction littéraire, c’est-à-dire intellectuelle, en rend compte, l’explique, l’analyse, mais ne la recompose pas comme la musique où les sons semblent prendre l’inflexion de l’être, reproduire cette pointe intérieure et extrême des sensations qui est la partie qui nous donne cette ivresse spécifique que nous retrouvons de temps en temps et que, quand nous disons : « Quel beau temps ! quel beau soleil ! » nous ne

282 Henri Bergson, L’Énergie spirituelle, Essais et conférences, (1919) Paris / Genève, Presses universitaires de France / éditions Albert Skira, 1946, p. 74.

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faisons nullement connaître au prochain, en qui le même soleil et le même temps éveillent des sensations toutes différentes.284 »

La musique accomplit par des voies directes ce que la représentation littéraire ne peut prendre en charge que par le biais de la symbolisation. Néanmoins, cette distance entre l’expérience et la conception de la représentation loin d’être seulement une variation du drame de la mimésis, peut s’avérer, si l’on en croit Flaubert, une chance puisque la représentation n’est pas seulement une expérience seconde, mais une expérience seconde et esthétisée. La représentation tend à une efficacité dans l’ordre de l’esthétique. La fameuse lettre à Louise Colet des 5 et 6 juillet 1852 porte l’idéal flaubertien de la représentation dans une distance inversée au représenté : « Moins on sent une chose, plus on est apte à l’exprimer comme elle

est (comme elle est toujours en elle-même, dans sa généralité et dégagée de tous ses

contingents éphémères). Mais il faut avoir la faculté de se la faire sentir285 ». Géniale

intelligence de Flaubert qui déjoue le drame potentiel de la mimésis en inversant le processus décrit par Bergson : se faire sentir (comme un préalable supposé à ce que la représentation ainsi générée fera sentir au lecteur), au lieu de dire ce que l’on sent. La représentation sera une