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prises pour cible

3.3 Stigmatisation d’un parler « féminin »

3.3.1 Existe t-il un parler féminin ?

Il existe des différences physiologiques entre hommes et femmes qui influencent directement la production orale des énoncés. La configuration (principalement la longueur) du canal vocal et des plis vocaux des hommes et des femmes est différente. Les femmes produisent en moyenne une fréquence fondamentale plus élevée que les hommes. Concernant l’anglais, les valeurs données oscillent entre 100 et 120 Hz pour les hommes et 200 et 220 Hz pour les femmes (Mount & Salmon  :  1988  ;  Takefuta et

al. : 1972; Traunmüller & Eriksson : s. d.). Les valeurs formantiques sont également plus

élevées chez les femmes (Peterson & Barney  :  1952  ;  Pépiot  :  2013, 126 ). Ces 11 caractéristiques sont utilisées pour reconnaitre le genre du locuteur. Dans leur étude sur le temps de parole des femmes à la télévision française, qui analyse plus de 170,000 heures de programmes, Doukhan & Carrive (2018, 497) indiquent par exemple avoir

Pour les locutrices anglophones concernant Pépiot.

automatisé informatiquement le processus de détection des voix féminines grâce à la valeur de ƒ0 et des formants (ainsi que la présence de voix plus soufflée). Pour Johnson (2006), les individus décodent plus rapidement les mots quand le locuteur a des valeurs formantiques qui correspondent à celles stéréotypiques de son genre. Il a aussi été montré que les individus perçoivent le genre d’un locuteur notamment en fonction de la fréquence fondamentale (Pausewang Gelfer & Mikos  :  2005  ; Wolfe et al.  :  1990, 47 ; Mount & Salmon : 1988 ; Cartei et al. : 2012, 10). Les locuteurs sont conscients de ce phénomène, et augmentent naturellement leur ƒ0 et la fréquence des formants quand on leur demande d’imiter une femme (Cartei et al. : 2012, 1 ; Davies et al. : 2015, 122).

Malgré les différences constatées entre les fréquences fondamentales et fréquences de résonance entre hommes et femmes, l’on peut s’interroger sur la nature souvent présentée comme innée de ce phénomène. Johnson (2006) a par exemple comparé la valeur des formants des hommes et des femmes de locuteurs de 17 langues dans différents pays. Dans certains pays, la différence de taille entre hommes et femmes est plus importante que dans d’autres. Étant donné que la taille du canal vocal et des plis vocaux est proportionnelle à la taille de l’individu, plus la différence de taille moyenne entre hommes et femmes est grande, plus l’on pourrait s’attendre à ce que la différence des valeurs des formants entre les sexes le soit aussi. Cependant, les résultats montrent qu'une différence de taille faible entre hommes et femmes n’implique pas une différence de valeurs formantiques faible. Autrement dit, peu importe les caractéristiques physiologiques, les hommes et les femmes utilisent des fréquences de résonance qui correspondent aux fréquences stéréotypiques de leur genre. C’est aussi ce que dit Mattingly (1966) :

[T]he language-specificity of male and female vowel formant frequencies (independent of presumed vocal tract length) indicates that talkers perform gender.

Simpson (2009, 625) conclut également que cette différence est dans une certaine mesure acquise après une comparaison de locuteurs francophones, sinophones et anglophones. Même constat pour Sachs et al. (1973) concernant les enfants pré-pubères  :  les jeunes garçons présentent des valeurs formantiques systématiquement

moins élevées que celles des jeunes filles, et ce dès l’âge de 4 ans, en dépit du fait que la configuration de l’appareil phonatoire ne diffère pas de manière significative entre les sexes avant la puberté. Hommes et femmes pourraient donc exagérer des différences physiologiques existantes (chez l’adulte) pour faire la performance de leur genre (Cartei

et al. : 2012, 10).

Outre les différences physiologiques, il est légitime d’interroger l’existence d’un quelconque parler féminin. De nombreux paramètres phonético-acoustiques diffèreraient plus ou moins fortement dans les productions orales des locuteurs masculins et féminins . En plus de la qualité de la voix, par exemple craquée (cf. section 12 2.8.2), ou de l’intonation des énoncés (cf.  section 2.3.3), les productions différeraient entre autres en fonction de l’intensité des énoncés (Pausewang Gelfer & Ryan Young  :  1997), la réalisation des fricatives sourdes (Schwartz  :  1968), le délai d’établissement du voisement des voyelles (Swartz : 1992 ; Whiteside & Irving : 1997) 13 ou encore la durée de production des voyelles (Hillenbrand et al. : 1995). Concernant le discours, Lakoff esquisse en 1972 les contours du «  woman’s language,  » théorie qui aurait lancé l’étude du langage sous le prisme de genre aux États-Unis dans les années 1970 (Eckert & McConnell-Ginet:  2003, 158). Les marqueurs de ce langage seraient la présence de contours intonatifs montants, de « tag questions » ou d’adjectifs spécifiques. Malgré le caractère pionnier de l’ouvrage de Lakoff, qui a contribué à développer le champ d’études interdisciplinaires de la linguistique du genre, l’idée qu’il existe un langage propre aux femmes a cependant depuis été critiquée.

Alors que Lakoff (ibid., 81) émet l’hypothèse qu’utiliser un contour intonatif montant permettrait aux femmes d’attirer l’attention de leur interlocuteur (car elles sont habituellement peu écoutées), Romaine (1999, 5) avance que l’interprétation qui est faite de ce marqueur diffère selon le genre du locuteur. L’utilisation d’un contour intonatif

Pour une discussion et analyse approfondie concernant les différences observées entre hommes et

12

femmes au sujet de ces paramètres, cf. Pépiot (2013). Ou « voice onset time. »

montant pourrait être perçue comme hésitante chez une femme, mais pas chez un homme :

[…] the same linguistic features can, when used by different persons in different contexts and cultures, often mean very different things.

D’autres insistent sur le fait que Lakoff fait part de ses propres intuitions, sans avoir recours à des études de terrain. Cameron (2008, 64) indique par exemple que contrairement à ce qu’écrit Lakoff, il a été prouvé que les femmes n’utilisent pas davantage de « tags » que les hommes. L’auteure a enfin été accusée de sur-généraliser. Spender (2001, 35) fait par exemple état d’un passage qu’elle juge problématique (Lakoff : ibid., 43) :

[…] if a man should say [The wall is mauve], one might well conclude he was imitating a woman sarcastically or was a homosexual or an interior decorator.

Dans quelle mesure cette affirmation décrit-elle une quelconque réalité sociologique  ? Si décrire une couleur comme  «  mauve  » peut en effet être idéologiquement associé à l’homosexualité supposée d’un locuteur, comme en témoigne une réplique de la pièce Angels in America (Kushner : 1995, 106), rien ne prouve que la 14 majorité des hommes qui emploient ce terme sont effectivement homosexuels ou imitent une femme sarcastiquement.

Nous ne partageons donc pas la vision essentialiste proposée par Lakoff. Le « woman’s language, » qui peut exister idéologiquement, n’est pas un langage féminin, mais un langage pouvant être perçu comme tel en raison de normes linguistiques androcentriques. Nous pensons que les unités lexicales citées par Lakoff comme appartenant au «  woman’s language  » (par exemple l’adjectif  «  divine  ») ne sont pas intrinsèquement féminines. Lakoff semble être consciente de la critique qui pourrait être faite et indique (1975, 47) : 

La pièce évoque l’émergence du SIDA dans les années 1980 à New York. Deux personnages, tous deux

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homosexuels, échangent ces mots :

BELIZE:  […] Look at that heavy sky out there. LOUIS:  Purple.

BELIZE:  Purple? Boy, what kind of a homosexual are you, anyway? That’s not purple, Mary, that color up there is mauve.

These words aren’t basically ‘feminine’; rather, they signal ‘uninvolved,’ or ‘out of power’.

Nous exprimons là encore notre désaccord avec cette analyse. Les marqueurs qui composent le soit-disant « woman’s language » ne sont intrinsèquement ni féminins, ni la marque d’un manque d’implication («  uninvolved  »), ni faibles («  out of power  »), mais peuvent là aussi simplement être perçus comme tels par certains individus, qui se réfèrent à la norme linguistique androcentrique. Ces marqueurs peuvent être associés aux femmes et à une forme de faiblesse car ils peuvent être perçus comme féminins, ce qui est la marque d’une idéologie androcentrique et sexiste. Si l’ensemble des femmes utilisait effectivement davantage ces marqueurs que les hommes (ce qui reste encore à prouver), ceci pourrait selon nous s’expliquer par le fait les jeunes filles sont socialisées de telle sorte qu’elles sont poussées à les utiliser. Ce faisant, elles feraient la «  performance  » du genre féminin (Butler  :  1990), au moyen de leurs pratiques linguistiques, pratiques qui contribuent à la construction de l’identité des individus (Cameron : 1995, 16-17). Lakoff répond à cette critique à la réédition de l’ouvrage (2004, 106) :

Of course I am not saying [that I see women’s way of speaking as logically and expressively inferior to the standard, i.e., men’s];  I am instead saying that if women make use of traditional female traits, they will have attributed to them all the old stereotypes.

Il est en effet tout à fait différent de dire qu’un marqueur est perçu comme féminin et qu’il signale donc la faiblesse de la locutrice, ce qui jette l’opprobre sur la locutrice elle-même qui utilise «  mal  » la langue, que de dire qu’une locutrice peut être stigmatisée pour des raisons arbitraires, la norme androcentrique, en raison de ses pratiques linguistiques, ce que nous appelons la « misogynie linguistique. »

Une autre partisane de l’approche essentialiste est Tannen (1991), qui considère 15 les parlers masculins et féminins comme intrinsèquement différents, si bien qu’elle parle de « communication inter-culturelle  ». Ceci fait directement écho à Lakoff, qui écrivait 16

Les anglo-saxons parlent aussi de « difference approach. »

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Tannen utilise le même terme pour parler de problèmes de compréhension réellement inter-culturels.

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Elle évoque par exemple des styles de prise de paroles différents entre une touriste américaine et un marchand turc.

que les femmes pouvaient apprendre deux dialectes (le dialecte « féminin » et le dialecte standard) et ainsi devenir « bilingues. » L’approche inter-culturelle a été critiquée par de nombreuses linguistes, notamment par Uchida (1998), Freed (1992) ou Cameron (2008). Leur point de vue, que nous partageons, peut être résumé par Troemel-Ploetz (1991, 490) :

The main thesis of Tannen’s book is that women’s and men’s conversation is (not even is patterned like) cross-cultural communication (pp. 18, 42, 47). This is entirely unsupported and unproven.

L’ouvrage est en effet une suite d’anecdotes, et les sources utilisées sont multiples. Il s’agit aussi bien de connaissances de Tannen que d’anonymes. Des actes de paroles réels (non scriptés et prononcés par des locuteurs) bien qu’elle n’en donne pas fréquemment de transcription, côtoient des extraits d’œuvres de fiction, dont elle offre une analyse parfois psychologisante (cf. par exemple le traitement de la nouvelle War

With Japan de Barthelme p. 147). Ceci est particulièrement problématique car le langage

scripté ne peut être analysé de la même façon que le langage «  naturel  » (cf. section 5.2.1). Parce que les sources utilisées sont parfois floues, l’on peut aussi questionner les rares chiffres utilisés par Tannen pour étayer son propos (ibid., 118) :

A woman who runs a counseling center noted that when she meets with women on her staff, it is not unusual for them to spend 75 percent of the time in personal talk and they efficiently take care of business in the remaining 25 percent.

Ceci pose problème car la linguiste se permet alors des généralisations essentialisantes sur les différences linguistiques entre « les hommes » et « les femmes » qui véhiculent parfois des clichés sexistes (ibid., 177) :

Many women mix talk about relatively important things, like business, with talk about relatively unimportant things, like clothes.

C’est là notre point de désaccord le plus profond avec Tannen et les partisans de l’approche essentialiste. Nous considérons en effet qu’il n’existe pas de manière de s’exprimer intrinsèquement féminine ou masculine, mais seulement une répartition dans l’usage des marqueurs pouvant être genrée en raison de la socialisation des locuteurs elle-même genrée, ce qui peut résulter en la croyance que certains actes de paroles sont masculins ou féminins. Les différences pouvant être observées entre les pratiques

linguistiques des hommes et des femmes peuvent en effet être dues à une socialisation différente entre jeunes garçons et jeunes filles. Les garçons sont généralement socialisés pour prendre la parole au sein d’un groupe (de garçons ou mixte), ce qui n’est pas nécessairement le cas des jeunes filles. Dès lors des différences linguistiques entre hommes et femmes peuvent être le symptôme d’une domination masculine plus large, qui trouve écho dans les pratiques linguistiques des individus. Crawford (1997, 105) en fait état : 

[The two-cultures approach] assumes that some interactions—the everyday, the quotidian, those between people in close relationships—exist outside the power relations that define and construct gender.

Un autre problème de l’approche différentialiste est qu’elle ignore les autres variables sociales qui peuvent influer sur les pratiques linguistiques des individus. L’âge et le genre peuvent par exemple être des facteurs qui peuvent conduire à des « incriminations multiples » (multiple jeopardy) pour Romaine (1999, 24). L’approche dite intersectionnelle, terme pour la première fois utilisé par Crenshaw (1989, 140), tend à mettre en lumière la façon dont différentes variables peuvent influer sur un individu social au-delà de la question du genre (Schegloff : 2011, 533, dans Sidnell : 2003, 329) :

[…] the fact that the participants are observably men or women is taken as warrant for formulating them, in the analysis, in such terms. The problem as noted in several places with respect to gender is that, for instance, the fact that some speaker is a woman is not sufficient grounds for analyzing her talk as ‘women's talk’ since ‘she is, by the same token, a Californian, Jewish, a mediator, a former weaver, […] and many others’.

Les études linguistiques variationistes ont montré comment ces différents facteurs pouvaient se conjuguer. Labov établie une corrélation entre changements linguistiques et trois variables  :  la classe sociale, le genre et l’âge. Il explique (2001, 32) qu’en règle générale, les changements linguistiques proviennent d’individus qui se situent au centre de l’échelle socio-économique, c'est-à-dire qu’ils ne font partie ni des classes les plus riches, ni des classes les plus pauvres. Il appelle ce phénomène «  principe curvilinéaire » (curvilinear principle) :

[…] it was observed that the innovating groups were always located in an upper working class, or lower middle class […] Thus the crucial division in the society

from the point of view of language change was not middle class vs. working class, but rather centrally located groups as against peripherally located groups.

Outre la classe sociale, il apparaît que les adolescents sont particulièrement à même d’innover linguistiquement (Eckert : 2012, 90). Labov note aussi que le genre des individus est aussi corrélé aux innovations linguistiques : les femmes sont généralement à l’origine de ces changements (Labov  :  1990, 205-206  ;  Labov  :  2001). Les formes linguistiques innovantes trouvent donc leurs origines au sein de groupes dominés, ce qui explique qu’elles soient stigmatisées par les dominants (Labov  :  1972, 179-180). La perception des formes linguistiques innovantes est donc souvent négative (D’Arcy : 2007) :

[…] ongoing language change is often met with derision. This may reflect a general unease with change in any form, but when considering language, it typically results in the characterization of new forms as sloppy, lazy, ignorant, or vulgar. These are, of course, social, rather than linguistic notions […].

Par ailleurs, il existe selon Labov un paradoxe concernant les pratiques linguistiques et le genre. D’un côté, les femmes ont tendance à utiliser davantage de variantes prestigieuses ou standards que les hommes (Labov  :  ibid., 266  ;  Labov  :  1990, 213 ; Bourdieu: 1982, 35 ; Coates : 2016, 58), supposément car elles utilisent ce capital symbolique à leur avantage, ayant moins de pouvoir économique (Trudgill  :  1972  ;  Labov  :  1990, 17

214 ; Labov : 2001). De l’autre, elles sont plus à même de dévier de la norme linguistique quand les variations ne sont pas ouvertement stigmatisées (Labov  :  ibid., 367). Les femmes (Eckert : 2008c, 26), et particulièrement les jeunes femmes (D’Arcy : 2007), sont en effet plus à même de contribuer à l’introduction de nouvelles formes linguistiques, et ce sans que la communauté linguistique ne soit immédiatement consciente que ces changements s’opèrent (et donc sans que les innovations ne soient immédiatement stigmatisées). Labov (1966, 240) nomme ce phénomène «  changement  par le bas  » (change from below) car il intervient en dessous du niveau d’attention que les locuteurs ont de leurs pratiques linguistiques. L’innovation linguistique est généralement poussée par des groupes socialement dominés : les femmes, les jeunes et les classes socio-économiques les plus « basses » (Labov : 1966, 208).

L’on peut cependant supposer que ceci tend à moins se vérifier aujourd’hui.

Ce principe de changement linguistique pourrait expliquer certaines des différences observées entre hommes et femmes concernant l’utilisation de certains marqueurs. Cependant, comme nous l’avons évoqué avec ceux pouvant être associés au Valspeak (cf. chapitre 2), il est rare que des marqueurs linguistiques soient unanimement perçus comme féminins, ou qu’ils soient majoritairement utilisés par les femmes au sein de cultures, époques, ou milieux sociaux différents, comme le note Freed (2003, 705) :

Sociolinguists, linguistic anthropologists, and other scholars have now analyzed vast quantities of naturally occurring speech samples from a wide range of contexts. These data demonstrate in vivid detail that the amount of talk, the structure of narratives, the use of questions, the availability of cooperative and competitive speech styles, the employment of prestige speech forms, the use of intimate friendly talk, the occurrence of various phonological and prosodic patterns sometimes representative of linguistic change, the occurrence of vernacular speech forms, lexical choices, the use of silence, interruption, aggravated forms of address, and forms of politeness —these do not correlate in any consistent pattern with either sex or gender.

S’il existe un « parler féminin, » ou du moins des différences dans l’utilisation de certains marqueurs linguistiques selon le genre, il est le fruit d’une construction sociale a minima, voire d’une performance (consciente ou non) de son genre. C’est ce que note Cameron (2008, 193-196) à propos du Valspeak (qu’elle appelle mallspeak) :

Apart from saying like all the time, the mallspeak girl makes excessive use of ‘y’know’, ‘I mean’, and the rising intonation pattern known as ‘uptalk’ […]

People are probably not wrong to think that, overall, women use the features more than men […] But the statistical association with female speakers does not license the conclusion that what the features express is femaleness, or some stereotypically female quality like insecurity or deference. […]

Just because the frequency of a linguistic feature is higher in one gender’s speech than in the other’s, we cannot assume that it is ‘about’ masculinity or femininity.

L’association de certains marqueurs, qui se trouvent être potentiellement stigmatisés, au féminin est un processus qui à trait à ce que nous appelons « misogynie linguistique. »