• Aucun résultat trouvé

Les formations de licence ALLSHS apparaissent comme étant insuffisamment lisibles par le monde socio-économique, d’où la nécessité de réfléchir à de nouvelles modalités pédagogiques permettant un rapprochement concret entre les formations et les structures, tout en offrant aux étudiants la possibilité d’approcher les réalités professionnelles, et de mettre en avant et en application leurs compétences et leurs savoirs sur le terrain, tel que le préconise l’arrêté du 1er août 2011 relatif à la

licence5.

La préprofessionnalisation est une réponse que l’université Rennes 2 a apportée dès 2008-2009 en créant des Unités d’Enseignement Préprofessionnel, dont l’objectif est d’inscrire les étudiants dans une logique de construction d’un projet d’études, et d’améliorer ainsi leur insertion professionnelle. Ces unités (de quatre heures hebdomadaires sur toute l’année) viennent en complément des enseignements fondamentaux, méthodologiques et de langues, et concernent, de manière

3 Arrêté du 1er août 2011 relatif à la licence, art. 2.

4 Arrêté du 22 janvier 2014 fixant le cadre national des formations conduisant à la délivrance des diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et de master, art. 4.

5 L’article 6 de l’Arrêté du 1er août 2011 indique que les étudiants ont a acquérir des compétences préprofessionnelles devant être « fondées sur la connaissance des champs des métiers, associés à la formation, sur l’élaboration d’un projet personnel et professionnel de l’étudiant, ainsi que sur la capacité, de ce dernier, à réinvestir ses acquis dans un contexte professionnel ».

transversale, tous les étudiants de licence. Cinq champs professionnels6 sont proposés aux étudiants dès la première année de licence, et se déclinent à partir de la deuxième année de licence en différents parcours professionnels, qui ciblent, dans chaque champ, un secteur d’emplois plus précis. Les étudiants choisissent ainsi le champ, puis le parcours qui correspond le mieux à leur projet.

Dans un souci de spécialisation progressive, l’université a souhaité développer et renforcer la préprofessionnalisation en 3ème année de licence par le projet 2PLG. L’alternance pédagogique multimodale expérimentée repose sur la combinaison de différentes approches, permettant aux étudiants d’approcher les réalités professionnelles.

Des périodes d’expérimentation pratiques, sous la forme de mises en situation alternées entre le milieu professionnel et l’université, favorisent les interactions entre les savoirs acquis en formation et l’expérience de terrain (de type : stages, mission de consulting, projet « en chambre », projet étudiant, entretiens professionnels, etc.).

Une pédagogie centrée sur l’alternance multimodale, le partage d’expériences et le travail collaboratif permettent une alternance entre deux lieux de formation, entre plusieurs situations expérientielles, entre compétences disciplinaires et compétences transversales, et entre un positionnement d’étudiant et un positionnement préprofessionnel.

Des méthodes pédagogiques actives (pédagogie par projet et formation par l’action) permettent aux étudiants, d’une part, de s’impliquer dans la réalisation d’un projet et d’identifier de nouvelles compétences, de les acquérir et de les valoriser ; et, d’autre part, de prendre conscience de l’ensemble des compétences acquises au cours de leur cursus universitaire de licence.

Une approche numérique spécifique propose aux étudiants de s’approprier les usages numériques professionnels, de valoriser leur profil et leurs compétences dans une démarche d’e-portfolio, et ainsi de se créer une identité numérique professionnelle (via le réseau social numérique créé par l’université Rennes 2 et dédié à l’insertion professionnelle : Résonances).

Une des actions phares du projet a été d’élaborer par champ, un parcours d’UEP en alternance (ouverts entre 2012 et 2014) reposant sur ces modalités pédagogiques innovantes. La partie suivante met en lumière de manière concrète la mise en œuvre et le contenu pédagogique de ces parcours, ainsi que le positionnement des acteurs impliqués.

6 Les cinq champs professionnels sont : Métiers de l’administration et des organisations ; Métiers de la culture et de la création artistique ; Métiers de l’enseignement et de la formation ; Métiers de la communication et du multimédia ; Métiers de la santé et du social.

L ’ a l t e r n a n c e e n l i c e n c e g é n é r a l e 1 0 5

III. DES PARCOURS DE LICENCE EN ALTERNANCE

Les cinq parcours d’UEP en alternance7 peuvent accueillir chacun jusqu’à quarante étudiants, et sont construits selon un schéma pédagogique identique, précisé et amélioré depuis leur deuxième année de mise en œuvre. Ils s’articulent autour de différents temps pédagogiques et préprofessionnels : des enseignements théoriques et pratiques dans le domaine concerné (trente-six heures réparties sur les deux semestres), des mises en situation professionnelle (stages alternés, de quatre heures par semaine sur douze semaines) et des ateliers méthodologiques, collectifs et obligatoires (de six heures par semestre). A l’architecture proprement dite des parcours s’ajoutent un suivi pédagogique des stages par un enseignant et un accompagnement individualisé réalisé par un ingénieur pédagogique dédié au parcours8 (suivi individuel ou en binôme, visite de suivi sur le lieu du stage).

L’objectif de l’accompagnement individualisé est d’apprendre aux étudiants à mettre en valeur leurs profils et leurs compétences (sur un CV, lors d’un entretien, dans la mise en œuvre de leur projet de stage, ou dans la constitution de leurs dossiers de master). Cela doit leur permettre de conforter leurs choix, d’un projet de stage (en adéquation avec leur profil et leurs attentes) à une poursuite d’études, et à terme à un projet professionnel. Ils doivent ainsi faire preuve de réflexivité sur leurs apprentissages et leurs expériences, et être acteurs de leur formation et de leur parcours professionnel. Complémentairement, par l’application de la pédagogie par projet, les étudiants sont initiés à la gestion de projet, mais également au travail en équipe, à la mutualisation et au transfert de compétences, à la confrontation de points de vue, à l’ouverture d’esprit et à la médiation. Le travail en mode projet est une des réalités professionnelles actuelles et une compétence clé nécessaire pour s’adapter au milieu professionnel. Elle est d’ailleurs souvent relevée comme étant une plus-value par les structures qui accueillent les étudiants en stage9.

Parallèlement les ateliers méthodologiques sont des temps privilégiés d’interconnaissance et d’émergence de compétences collectives. Ils encouragent les étudiants à développer une stratégie liée à la connaissance de soi, à la mobilisation de ressources, à l’exploration de l’environnement socio-économique et à l’utilisation de techniques de recherche de stage. Les étudiants acquièrent ainsi une posture réactive, proactive, et gagnent en adaptabilité.

7 Liste des parcours en alternance ouverts en 2012 : Approche des réalités professionnelles dans les administrations, Approche des réalités professionnelles dans les métiers de la culture ; ouverts en 2014 : Approche des réalités professionnelles dans la formation des adultes, Approche des réalités professionnelles dans les métiers de l’animation et du développement social, Approche des réalités professionnelles dans le domaine de la conception de projets multimédia.

8 Chaque parcours est suivi par un ingénieur pédagogique recruté dans le cadre du projet. Cet ingénieur a en charge l’ensemble des aspects méthodologiques et pratiques liés aux stages, à la valorisation des compétences et de l’expérience préprofessionnelle des étudiants.

9 Elément d’appréciation fourni par les structures lors des visites de suivi et/ou lors des bilans de stage qu’elles réalisent en concertation avec les étudiants qu’elles accueillent.

Les mises en situation professionnelle répondent à un besoin ou une commande d’une structure du secteur concerné par le parcours, et/ou sont la concrétisation d’un projet étudiant10. Elles peuvent se dérouler sur site ou hors site, et sont suivies par un tuteur professionnel et un tuteur enseignant du parcours. Les étudiants s’impliquent sur le terrain et mènent une mission concrète leur permettant d’articuler les savoirs acquis en formation et les nouvelles compétences mobilisées ou développées dans le cadre des mises en situation professionnelles ; dans ces mises en situation, la constitution de binômes étudiants sont privilégiés afin de mutualiser leurs connaissances, de développer leurs prises d’initiatives, leur intégration dans la structure, et leur investissement dans leur projet de stage.

En ce qui concerne le fonctionnement, chaque parcours est placé sous la responsabilité d’un Directeur d’Études ou d’un enseignant-référent. Ils ont en charge la constitution de l’équipe pédagogique, l’articulation des contenus pédagogiques et l’organisation de temps d’échanges, de concertation et de bilan (deux à trois fois dans l’année). L’équipe est constituée d’enseignants-chercheurs (de un à cinq selon les parcours), de professionnels (de un à deux par parcours) et d’un ingénieur pédagogique. Deux comités opérationnels ont lieu chaque année, regroupant les Vice-Présidents CFVU et Insertion professionnelle, les Directeurs d’études et l’équipe du projet 2PLG, afin d’améliorer et d’harmoniser les cinq parcours en alternance et l’ensemble du dispositif de formation innovant. Des Conseils de perfectionnement par champ vont également être créés dans le but d’approfondir l’évaluation du dispositif en impliquant les partenaires socio-économiques dans la formation préprofessionnelle des étudiants de licence. Ils pourront ainsi fournir leurs points de vue sur les modalités pédagogiques par rapport à leur secteur d’activités.

IV. CONCLUSION

Afin de garantir la qualité du dispositif de formation expérimenté, l’ensemble des acteurs est sollicité pour procéder à son évaluation, et ainsi réajuster le modèle pédagogique tout au long du projet. Aussi, pour répondre à la volonté politique et opérationnelle d’inscrire le projet dans une démarche d’excellence en matière d’innovation, d’ingénierie pédagogique, de résultats et de processus transférables, un référentiel de garantie de la qualité a été co-construit et validé par les parties prenantes.

Une phase d’auto-évaluation globale va être engagée à partir de mars 201511 sur

la base de ce référentiel. Cela nous permettra d’identifier progressivement les bénéfices et limites de l’expérimentation pédagogique innovante. Ces éléments seront croisés avec les questionnaires remplis par les étudiants chaque année en fin de parcours.

10 Par exemple, un groupe d’étudiants souhaitant concrétiser un projet d’exposition culturelle, à partir d’œuvres produites par des étudiants artistes-plasticiens de l’université. Le groupe est alors suivi par un professionnel du secteur.

L ’ a l t e r n a n c e e n l i c e n c e g é n é r a l e 1 0 7

Les retours des étudiants des deux années précédentes ont déjà pointé l’apport du dispositif en termes de développement de compétences, de définition et/ou d’approfondissement de leur projet, d’accompagnement à la réussite et à la poursuite d’études et à la constitution d’un réseau professionnel. Ils ont souligné que l’ensemble de la démarche pédagogique expérimentée réunissait les conditions leur permettant de révéler leur potentiel créatif, humain, social et professionnel. Quelques limites cependant : l’introduction de méthodes pédagogiques innovantes auprès du public étudiant a pu nécessiter une période d’acculturation liée à ces nouvelles méthodes et au positionnement en tant qu’acteur-apprenant ; le format du stage est également une des limites relevées par les étudiants, ainsi que par les structures, pour trouver des missions conformes à ce contexte nouveau et aux attentes pédagogiques des parcours. A ces limites s’ajoutent les réalités universitaires et socio-économiques (par exemple les capacités de suivi et d’accompagnement des stages, ou encore les capacités d’accueil en stage des structures) dont nous devons tenir compte, notamment dans le déploiement de l’alternance pédagogique multimodale à l’ensemble des parcours d’UEP.

L’ensemble des données fournies par les évaluations des étudiants et l’auto- évaluation globale vont nous permettre de réajuster et d’améliorer le dispositif au niveau pédagogique et méthodologique en lien direct avec les équipes enseignantes et les partenaires socio-économiques. Cela nous conduira également à aborder la question des modalités de contrôle des connaissances afin de les faire évoluer vers une évaluation formative correspondant davantage à notre dispositif de formation préprofessionnel. Par ailleurs, dans une logique d’essaimage, nous proposerons une modélisation du dispositif afin qu’il soit transférable et adaptable, en tout ou partie, à d’autres établissements d’enseignement supérieur.

R

EFERENCES

Bachelard, J-P et Pelletier P. (2002). "Dynamique des innovations pédagogiques en enseignement supérieur : à la recherche d’un cadre théorique". Cahier de recherche de l’Observatoire des innovations pédagogiques en gestion, n° 2002- 002, HEC Montréal.

Berthiaume, D. et Rege Colet N. (2013). La pédagogie de l’enseignement supérieur : repères théoriques et applications pratiques : Tome 1 : Enseigner au supérieur. Berne : Peter Lang SA, Editions scientifiques internationales.

Chauvigné, C. et Coulet, J-C. (2010). « L’approche par compétences : un nouveau paradigme pour la pédagogie universitaire ? ». Revue française de pédagogie : Recherches en éducation, n°172, pp. 15-28.

ENCADRER ET EVALUER DES STAGES EN ENTREPRISE