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UPEC- ÉSPÉ, STEF, Créteil, France

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UPEC- ÉSPÉ, CIRCEFT-ESCOL, Créteil, France.

alain.bernard@u-pec.fr

Résumé

Nous problématisons dans ce symposium la présentation de trois dispositifs innovants de suivi des mémoires de master des futurs enseignants du second degré dans l'académie de Créteil. Chacun illustre une philosophie générale différente, que nous explicitons en en discutant les principaux enjeux.

Mots-clés

Accréditation, institutions et politiques éducatives, méthodes pédagogiques, innovation, étudiants, identités, accompagnement, réforme, compétences, Master, formation, enseignement, MEEF, ÉSPÉ.

I. UN CONTEXTE INSTITUTIONNEL FAVORABLE A

L'INNOVATION PEDAGOGIQUE

S’appuyant sur le décrochage scolaire et les mauvais résultats aux tests PISA, les pouvoirs publics français ont décidé de modifier en profondeur le système éducatif en redéfinissant ses finalités, ses objectifs et ses priorités. La formation des enseignants est vue comme fondamentale pour réussir la transformation attendue par le législateur. La loi sur la refondation de l’école de la République (2013) crée dans cet objectif les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ) chargées en particulier de coordonner, en partenariat avec les universités et avec le rectorat de chaque académie, la mise en place des nouveaux masters MEEF (Métiers de l'Enseignement, de l'Éducation et de la Formation). Elles doivent aussi participer à

la formation continue des enseignants des établissements scolaires et des établissements de l’enseignement supérieur, et contribuer à la recherche disciplinaire et pédagogique.

Cette transformation s’opère dans un cadre réglementairement contraignant. Tout d’abord, les ÉSPÉ doivent définir un projet d’école et être accréditées par les ministres chargés de l’enseignement supérieur et de l’Éducation nationale, ce qui suppose une démarche d’évaluation qui tienne compte de leur caractère partenarial. Ensuite, la formation doit comprendre à la fois des enseignements disciplinaires, didactiques, une formation au métier, et des stages, selon des proportions qui sont précisées. En outre, le recrutement des enseignants est prévu par concours en milieu de formation. La première année devient donc une année de préparation aux différents concours, organisés par spécialités, et la seconde, une année de formation en alternance au cours de laquelle les étudiants se partagent entre un stage en établissement et deux journées à l’Université où ils suivent des enseignements et sont accompagnés dans l’élaboration d’un mémoire.

Ce mémoire occupe une place déterminante en seconde année de master et représente un nombre conséquent de 10ECTS. Les textes qui en définissent le rôle en font un nouveau genre, un mémoire de recherche à visée professionnelle : il est le lieu privilégié de l’élaboration réfléchie et distanciée de la professionnalité des enseignants-stagiaires, lieu où se travaille une compétence majeure, subsumant toutes les autres, “s’engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel”. La place donnée par les textes à la recherche dans ce type de mémoire professionnalisant est assez ouverte pour donner lieu à différentes interprétations.

Ce cadre contraint ne bloque donc pas l’innovation mais la favorise : aux ÉSPÉ et aux universités partenaires de définir le contenu pédagogique d’une formation intégrée et de la mettre en œuvre. Cette mission d’innovation figure en bonne place dans le cahier des charges des ÉSPÉ puisque la loi précise qu’“elles assurent le développement et la promotion de méthodes pédagogiques innovantes”.

II. PROBLEMATISATION GENERALE

Dans cette perspective nous souhaitons dans le cadre de ce symposium partir de nos propres expériences innovantes pour réfléchir aux enjeux engagés par le suivi de l’élaboration du mémoire. Parmi les dispositifs mis en place dans la vingtaine de parcours qui composent la mention MEEF second degré, nous avons choisi d’en présenter trois particulièrement significatifs de la variété des spécialités que cette mention accueille, et porteurs d’innovation. Ils ont été mis en place, depuis la rentrée 2014, pour la deuxième année de formation des enseignants du second degré : ceux qui enseigneront en collège (en France de 12 à 16 ans, de la 6ème à la 3ème), ou dans les lycées généraux, technologiques ou professionnels (de 16 à 18 ans, de la 2nde à la terminale).

L e s u i v i d e s m é m o i r e s d e m a s t e r M E E F d u s e c o n d d e g r é e n F r a n c e 1 6 9

Nous décrirons ici les principes de fonctionnement et la première mise en œuvre du dispositif de suivi des mémoires pour ces trois parcours. Pour chacun, nous donnerons des éléments de contexte puis de description, et indiquerons les principale idées et enjeux qui ont guidé l’élaboration de chacun. Plusieurs questions cardinales ont orienté notre exploration :

 Dans quelle mesure les dispositifs tiennent-ils compte des particularités des étudiants, des types d’établissements ou des filières visées ?

 Comment chaque dispositif s’inscrit-il dans la démarche de formation en alternance université / milieu professionnel ? Avec quelle conception sous- jacente de l'alternance ?

 Comment prend-il en compte les évolutions de la politique éducative et la redéfinition progressive des métiers de l’enseignement?

 Sur quelle(s) conception(s) de la “formation à la recherche” est-il fondé ?

 Quelles sont la nature et la fonction du mémoire visé dans le processus global de professionnalisation des étudiants ?

L’enjeu principal est d’étudier et de mettre en regard la variété des modèles sous-jacents à ces dispositifs qui, bien qu’ils s’inscrivent tous dans le même jeu de contraintes rappelé plus haut, suivent à chaque fois des idées cardinales spécifiques. Il s’agit aussi de prendre la mesure de leur degré d’innovation par rapport aux modèles précédents de suivi des mémoires. Nous reviendrons en conclusion (partie IV) sur les enjeux concrets de cette comparaison.

L’UPEC et l'université Paris 8, universités partenaires de notre académie, sont déjà dotées d’une solide culture sur la question des mémoires à visée professionnelle. Plusieurs recherches ont été menées qui se sont notamment intéressées au rôle du mémoire dans la construction de l’autorité chez les professeurs-stagiaires1 ou à la place de l'écriture du mémoire dans la formation professionnelle enseignante.2. Nos deux dernières questions directrices s’inscrivent ainsi dans ces questionnements traditionnels et anciens.

Plus récemment, la mise en place des masters d'enseignement dès 2009 a réinterrogé la dialectique entre recherche et formation,3 et la nouvelle réforme de 2013 ne fait évidemment qu'amplifier ce questionnement, en même temps qu'il le laisse ouvert puisque le cadre prescriptif, concernant les mémoires "MEEF", reste relativement lâche. L'enjeu majeur, comme le souligne J. Crinon, est d'étudier la création d'espaces d'intéressement où l'étudiant puisse, seul ou en équipe, problématiser son expérience.

1 Voir par exemple A. Davissse et J.-Y. Rochex (dir.) 1998. " Pourvu qu'ils m'écoutent…".Disciplines et autorité dans la classe. Créteil : CRDP de l'Académie de Créteil.

2 Voir par exemple J. Crinon, (dir.) 2003. Le mémoire professionnel des enseignants, observatoire des pratiques et levier pour la formation. Paris : L’Harmattan.

3 Voir à sujet la mise au point de J. Crinon dans sa conférence Écrire, s’initier à la recherche, se professionnaliser : un triptyque à repenser? Actes du colloque « L’initiation à la recherche dans la formation des enseignants à l’université ». Université de Nice, 25-26 octobre 2012.

III. LE CONTENU DES TROIS CONTRIBUTIONS

Michaël Huchette et Maryvonne Dussaux présenteront tout d'abord un dispositif concernant globalement cinq des parcours orientés vers l'enseignement en lycées technologiques et professionnels. Les mémoires des étudiants sont ici articulés à un dispositif global qui valorise la dimension éducative du métier enseignant, le lien aux projets innovants conduits dans l'académie, et un partenariat avec la mission innovation de l'académie.

Marie-France Rossignol présentera quant à elle la mise en place d’un nouveau genre de mémoire adossé à une nouvelle forme de séminaire d’accompagnement dans un autre parcours de la mention, qui forme à l’enseignement des disciplines générales – lettres, histoire-géographie et langues – en lycée professionnel. L'enjeu essentiel est ici de travailler la bivalence caractéristique de ces filières.

Alain Bernard présentera enfin un nouveau dispositif pour le suivi des mémoires de master du parcours "mathématiques" de la mention. L’enjeu est ici de construire un dispositif ouvert au choix des étudiants et de s'appuyer, pour l'initiation à la recherche, sur des groupes existants d’innovation pédagogique et/ou de recherche action accessibles aux étudiants, entre autres ceux du réseau des IREM caractéristique de la discipline.

IV. SYNTHESE DES TRAVAUX

L'examen de ces différents parcours s'inscrit localement dans une mission d'harmonisation du suivi des mémoires sur l'ensemble des parcours qui a été mise en place par l'ESPE en partenariat avec la mission recherche et de Centre de Valorisation des Innovations Pédagogiques (CVIP). Aussi le début d'inventaire raisonné que nous présentons dans ce symposium doit il à moyen terme être étendu à l’ensemble des parcours de la mention et permettra d’étudier les possibilités d’harmonisation relative entre ces différentes logiques tout en promouvant les principes novateurs. A ce stade de nos travaux, nous avons déjà dégagé plusieurs grands modèles de suivi des mémoires, suivant la philosophie généralement adoptée. Nous discernons pour l'instant quatre grands modèles: les trois premiers renvoient tout particulièrement aux parcours examinés dans le symposium, le dernier est un modèle combinant la recherche disciplinaire avec la recherche didactique, et semble bien adapté au partenariat entre l'ESPE et d'autres composantes.

Cette première catégorisation n'est pas encore stabilisée et nous devrons à terme la compléter en affinant une sorte de "questionnaire heuristique destiné à tous les parcours du Master MEEF. Le symposium se conclura par une discussion autour de la poursuite de ce travail d’état des lieux et de catégorisation en précisant notamment les questionnements.

Il visera aussi à mettre en évidence ce qui relève de questions spécifiques à la formation des enseignants et à la formation universitaire en général.