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Etudes épidémiologiques et interventionnelles

Bien que les études animales mettent en évidence l'effet bénéfique du thé sur les maladies hépatiques, chez l'Homme ces effets restent très difficiles à évaluer. D'abord parce que les moyens d'évaluation restent très limités, mais aussi parce que les études cliniques étudiant les effets de la consommation de thé sur la NAFLD sont quasi inexistantes (Fardet and Boirie, 2014; Fardet and Chardigny, 2013) et pour la plupart publiées en Chinois (Jin et al., 2008). Certaines études ont cependant mis en évidence certains effets bénéfiques de la consommation de thé sur les maladies hépatiques chez l'Homme. Une étude épidémiologique japonaise réalisée en 1995 sur 1330 hommes a montré que la consommation de thé vert à une dose élevée (>10 tasses de thé par jour) était associée à une diminution des taux d’ALT et d’AST dans le sang (Imai and Nakachi, 1995), alors que des doses plus faibles en revanche (<3 tasses ou entre 4-9 tasses) ne l’étaient pas, suggérant aucune amélioration significative des désordres hépatiques. Une étude épidémiologique réalisée aux Etats-Unis entre 1971 et 1993 sur 9 849 patients a montré que ceux qui buvaient au moins 3 tasses de thé (tout type de thé confondu incluant le thé glacé) par jour avaient un risque 50% plus faible de développer une maladie hépatique chronique que ceux qui buvaient moins d'une tasse par jour (Ruhl and Everhart, 2005). En revanche, cette protection hépatique était limitée aux personnes avec un risque élevé de développer des maladies hépatiques chroniques telles que les alcooliques, les obèses ou les diabétiques. Une récente étude clinique réalisée sur 17 patients NAFLD ayant consommé 700 mL de thé vert (≈ 5 à 6 tasses) par jour pendant 12 semaines et contenant 200 mg ou 1,08 g de catéchines, a rapporté que la plus forte dose permettait de diminuer le rapport foie/rate (mesuré par scanner abdominal) de 11,3%, le taux d'ALT dans le serum de 42,1%, la concentration urinaire de 8-isoprostane (marqueur du stress oxydant) ainsi que le pourcentage de graisses corporelles de 7,3% (Sakata et al., 2013). En outre, une revue a souligné que les effets bénéfiques du thé sur les maladies cardiovasculaires et les paramètres métaboliques étaient généralement significatifs chez les sujets buvant au moins 5 à 6 tasses de thé par jour (Wolfram, 2007). Une autre étude menée chez 8 552 Japonais (hommes et femmes) avait rapporté une diminution du risque de cancer (tout type de cancer confondu et plus précisément les cancers de l'estomac, des poumons, du côlon et du foie) et de décés par maladies cardiovasculaires pour une consommation quotidienne de thé supérieure à 10 tasses par jour quelque soit le sexe (Nakachi et al., 2000).

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L'ensemble de ces études rapportent donc des effets bénéfiques de la consommation de thé sur la NAFLD mais suggèrent qu'une consommation d'au moins 3 à 10 tasses de thé par jour est nécessaire pour obtenir de tels effets. Des études cliniques plus poussées doivent cependant être menées afin de déterminer la réelle efficacité de la consommation de thé sur la NAFLD chez l’Homme.

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OBJECTIFS DU

TRAVAIL

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En l’état actuel de nos connaissances, il apparait que la NAFLD est fortement associée aux facteurs de risque du syndrome métabolique en particulier l'obésité viscérale, l'insulino-résistance et la dyslipidémie (hypertriglycéridémie, augmentation des LDL et baisse des HDL plasmatiques). Malheureusement, l'origine multifactorielle de la pathologie rend difficile sa compréhension et de ce fait sa prise en charge thérapeutique. A l'heure actuelle, il n'existe d'ailleurs aucun traitement spécifique pour la NAFLD. En outre, un nombre croissant d'études s’intéresse au rôle de la NAFLD dans les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et en particulier dans la dyslipidémie. Le foie étant un organe clé dans le métabolisme lipidique, il est logique de se demander si la dyslipidémie associée à la NAFLD est la conséquence d'un désordre métabolique global de l'organisme ou est plus spécifiquement liée à la stéatose hépatique.

Par ailleurs, le thé possède des propriétés bénéfiques pour atténuer la NAFLD en diminuant notamment la lipogenèse hépatique et en luttant contre le stress oxydant responsable des lésions hépatiques et du développement de la NASH. Au delà de son rôle au niveau hépatique, le thé est également associé à des effets bénéfiques à d'autres niveaux de l'organisme, notamment au niveau de l'intestin (diminution de l'absorption lipidique), du tissu adipeux (diminution de l'obésité viscérale) et des muscles (augmentation de la β-oxydation des acides gras), permettant de lutter contre le développement de la NAFLD. D’autre part, au travers des études animales, il apparait que le thé possède des propriétés hypolipidémiantes permettant de diminuer le taux de triglycérides et de LDL plasmatiques et d'augmenter les HDL plasmatiques. Cependant, les mécanismes par lesquels les molécules de thé permettent d'atténuer la stéatose hépatique (effet lipotrope) et d’améliorer les paramètres lipidiques sanguins (effet hypolipémiant) ne sont pas encore élucidés, et les résultats des études animales et cliniques sont très hétérogènes et parfois contradictoires. De plus, il semble que les différents types de thé (vert, oolong, noir et pu-erh), apportant différentes molécules (catéchines, théaflavines), n’aient pas forcément tous le même impact, et pour un effet donné par forcément la même amplitude d’effet. Il apparait donc intéressant de tester un mélange de différents types de thé apportant un panel le plus large possible de molécules.

Sur la base de ces données, l’objectif de ce travail de thèse était d’évaluer les effets et les mécanismes d’action d’un mélange de différentes catégories de thés sur la NAFLD et sur ses facteurs de risque associés, en particulier la dyslipidémie à travers deux approches, l’une sur modèle cellulaire et l’autre sur modèle animal.

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Dans le cadre de l’approche sur modèle cellulaire, l’hypothèse formulée était que notre extrait aqueux de thé vert/oolong/pu-erh permettrait d’enrailler les facteurs de développement de la NAFLD au sein des hépatocytes de rat en culture primaire à savoir l’accumulation de lipides intracellulaires et l’augmentation d’un stress oxydant. Deux études sur modèle cellulaire ont ainsi été conduites afin de tester cette hypothèse.

Dans le cadre de l’approche sur modèle animal, l’objectif était d’évaluer les effets bénéfiques du thé sur le foie in vivo et d’approfondir les mécanismes d’action in vitro sur hépatocytes isolés. L’approche sur modèle animal nous a également permis d’évaluer les effets du thé sur les facteurs de risque associés à la NAFLD, à savoir l’obésité viscérale, l’insulino-résistance périphérique et la dyslipidémie. Notre choix s’est porté sur un modèle de rat soumis à un régime hyperlipidique et riche en saccharose inducteur de syndrome métabolique parallèlement au développement d’une stéatose hépatique.

Enfin, le dernier objectif de ce travail de thèse a été de vérifier l’hypothèse selon laquelle le stress oxydant per se était à l’origine d’une accumulation de lipides hépatiques, indépendamment d’un régime de type occidental (hypercalorique, hyper-gras et hyper-sucré), et que les propriétés antioxydantes du thé permettaient de contrer ce mécanisme. Une troisième étude sur modèle cellulaire a été réalisée afin de vérifier cette hypothèse.

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MATÉRIEL ET

MÉTHODE

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