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Les protagonistes

LES ETRES SPIRITUELS

Divers et multiples sont les êtres spirituels dans l'existence desquels croient les fidèles de l'umbanda. Tous n'entretiennent pas le même rapport de proximité avec les êtres humains, tous ne s'incarnent pas dans les médiums, tous ne revêtent pas la même importance dans le quotidien des adeptes et la pratique rituelle des terreiros, tous ne font pas l'objet d'un culte. Les relations avec certains d'entre eux sont recherchées et cultivées, le contact avec d'autres systématiquement évité et rompu, quand par malheur il se produit. Ce sont ces êtres spirituels que nous allons à présent identifier en les replaçant dans la configuration générale du monde dit "spirituel" auxquels ils appartiennent. Les umbandistes dénomment aussi "Astral" (Astral), "Ciel" (Céu), "Aruanda" 192 et plus rarement "Espace" (Espaço) cette partie de

l'univers dans laquelle logent et vivent les êtres spirituels. Rendre compte de l'Astral umbandiste n'est pas une tâche aisée et l'effort de caractérisation qu'exige l'exposé de son contenu et de son organisation rencontre, dans les données de terrain, les limites mêmes de son ambition.

Les matériaux recueillis relativement au monde spirituel et aux êtres qui l'habitent laissent en effet apparaître de nombreuses variations et divergences : bien des informations ne se recoupent pas d'un umbandiste à l'autre, d'un terreiro à l'autre. Il en est de même si l'on compare les données du terrain avec

192 L'Aruanda est encore appelé "la Cour d'Aruanda" (a Corte de Aruanda). Le terme Aruanda dériverait, selon

E. Carneiro (1964), cité par R. Ortiz (1975(a) : 88), du nom du port africain Saint Paul de Luanda qui fut pendant l'époque coloniale un très grand entrepôt d'esclaves : "la nostalgie du noir façonna le mot et il prit la dimension d'un pays lointain, du paradis où les souffrances n'existeraient plus".

celles que renferment les ouvrages umbandistes. Leurs auteurs s'attachent à rationaliser le panthéon, à définir, organiser et hiérarchiser une fois pour toutes la multiplicité des êtres qui le composent. Cette volonté d'unification débouche sur des constructions sophistiquées aux articulations complexes, véritables organigrammes d'un panthéon qui n'existe, en tant que tel, que dans la littérature et qui varie, du reste, d'un auteur à l'autre. Car si la systématisation du panthéon constitue le dessein commun à tous ces auteurs, force est de constater, à la lecture de leurs livres, qu'ils ne s'entendent pas entre eux sur une codification définitive.

La variabilité apparaît donc comme l'une des particularités de l'Astral umbandiste. Aussi ne pousserons-nous pas trop loin la caractérisation de ce dernier, soucieuse de ne pas offrir d'une réalité multiple et parfois confuse une image déformée par une trop grande volonté de clarté et de systématisation, volonté à laquelle ne se plient de toute évidence pas les données. Du vaste ensemble des êtres spirituels, de son contenu et de son organisation, nous exposerons les caractères qui, à partir des matériaux recueillis sur le terrain et de leur confrontation, semblent pouvoir être considérés comme généraux et partagés par l'ensemble des umbandistes des terreiros étudiés. La diversité des représentations et des points de vue en présence ne sera cependant pas gommée, elle sera soulignée et discutée sur certains points.

Signalons enfin que différents auteurs se sont déjà penchés sur la configuration et l'organisation du monde spirituel umbandiste ainsi que sur les diverses catégories d'êtres qui le composent. Ils en ont proposé des lectures et des analyses diverses plus approfondies et ambitieuses que celles que nous présentons ici 193 où il ne s'agit en effet que d'exposer les éléments qui

paraissent indispensables à la compréhension de notre propos. Les éléments développés ne sont pas issus des travaux déjà conduits sur le sujet mais sont élaborés et dans certains cas, actualisés, à partir des données recueillies dans les terreiros.

Le monde spirituel umbandiste abrite quatre grandes catégories d'êtres : Dieu (Deus), les saints (os santos), les esprits (os espíritos) et les eguns (os eguns). Excepté Dieu, tous ont en commun d'avoir un jour appartenu à

193 A ce sujet, voir R. Bastide (1995(a)), R. Ortiz (1975(a), 1979), L. S. Trindade (1982, 1985), P. Birman

l'humanité : selon qu'il sont masculins ou féminins, ils furent de leur vivant, des hommes ou des femmes.

II - 1 - Dieu (Deus)

L'existence de Dieu est admise par tous les umbandistes.

Installé au sommet de l'Astral, ce Dieu unique, suprême et transcendant est le grand absent des rituels. Il est oublié des cérémonies : son nom y est certes évoqué et ses qualités parfois rapidement louées, mais sur le plan rituel, il ne joue aucun rôle et disparaît derrière le polythéisme liturgique. La seule prière que lui adressent communément les umbandistes est le Notre Père (Pai Nosso) catholique, généralement récité au début ou à la fin des séances publiques.

Comparativement aux autres êtres du monde spirituel, Dieu fait l'objet de peu de lignes dans la littérature umbandiste et de peu de mots dans les discours des fidèles, ces derniers n'étant pas spontanément prolixes à son sujet. Les caractères qui lui sont attribués ne soulèvent aucune polémique et sont bien résumés dans ces lignes écrites par E. Orphanake (1982 : 10, trad. pers.), auteur umbandiste :

"Dieu est éternel, immuable, immatériel, unique, omnipotent, souverainement bon et juste. Il a créé l'Univers, embrassant tout ce qui s'y rencontre, les êtres animés comme les êtres inanimés, matériels ou spirituels".

L'existence de Dieu est présentée par de nombreux écrivains umbandistes - soucieux d'établir le caractère indubitablement monothéiste de l'umbanda - comme l'un des fondements de l'umbanda. Mais le nom que l'on donne à cette figure importe apparemment peu. En effet, dans les textes comme dans les terreiros, il est aussi bien appelé Dieu, Zâmbi 194 qu'Olorum 195

ou encore Père.

Dieu représente une figure tout à fait à part. Principe singulier et supérieur, cause première de toutes choses, incarnation du pouvoir spirituel maximum, il ne fait l'objet d'aucune forme de culte. Son unique tâche est

194 Dieu suprême des Bantous.

d'avoir créé le monde et l'umbanda. Après avoir donné cette impulsion initiale, il s'est pour ainsi dire désintéressé de son oeuvre et reste en dehors de toute relation et de toute communication avec les êtres humains : c'est avec les forces intermédiaires auxquelles il a délégué ses pouvoirs - les saints et les entités - que les umbandistes entrent en contact. Le Dieu umbandiste rappelle sur ce point Olorum, le dieu yorouba, et Zâmbi (ou Nzambi ou Zumbi), le dieu bantou.

Comme l'ont bien noté F. Giobellina Brumana et E. Gonzales Martinez (1989 : 156, trad. pers.), "l'importance déclarée de Dieu est l'inverse de sa réelle participation dans la vie et les problèmes des umbandistes". Dans les terreiros, sa figure par trop abstraite, lointaine et impalpable s'efface devant celle d'Oxalá, un peu plus proche des êtres humains et considéré comme le plus grand de tous les saints.

II - 2 - Les saints (os santos) et les esprits (os espíritos)

Diverses dénominations sont employées pour désigner ces deux grandes catégories d'êtres. Utilisant celles de "saints" et "d'esprits", nous restons fidèles à la terminologie utilisée par de nombreux umbandistes. Néanmoins, il importe de signaler qu'il y a, à l'intérieur du champ umbandiste, de nombreuses divergences et une certaine confusion dans l'usage et dans l'acception des diverses dénominations existantes. C'est particulièrement le cas en ce qui concerne les appellations "saints", "orixás", "entités" (entidades), "esprits" et "guides".

D'une manière générale, "orixá" et "saint" sont utilisés comme deux termes synonymes et "esprit" et "entité" sont indifféremment employés l'un pour l'autre. Quant au terme de "guides", il s'applique assez communément aux deux grands groupes d'êtres ainsi distingués : dans cette acception, les saints (ou orixás) et les esprits (ou entités) sont considérés dans leur ensemble comme des guides. Il arrive cependant qu'orixá ne désigne pas spécifiquement les saints et qu'il prenne le sens générique de "guide" : une distinction est alors parfois établie entre les orixás qui sont des saints et les orixás qui sont des esprits. Il arrive que "saint" prenne lui aussi ce sens générique. De même, le terme de "guide" peut perdre son caractère générique pour s'appliquer

spécifiquement aux "esprits". Il arrive également que toutes ces désignations se confondent et soient indifféremment employées les unes pour les autres.

Pour la clarté et la commodité de l'exposé, nous adopterons par convention le premier usage cité, relativement répandu dans les terreiros : nous considérerons et emploierons donc "saint" et "orixá" comme deux dénominations équivalentes, "esprit" et "entité" comme deux appellations synonymes l'une de l'autre et "guide" comme une dénomination générique qui s'applique autant aux êtres du premier groupe qu'à ceux du second.

Le maintien de la distinction entre "saints" et "esprits" est justifié par l'existence de différences importantes entre ces deux groupes, différences qui ne sont pas seulement identifiées par l'ethnologue mais également pointées, pour certaines d'entre elles, par les umbandistes. Ces différences peuvent être appréhendées à divers niveaux : saints et esprits n'occupent pas la même place dans la hiérarchie du monde spirituel, ne sont pas dans le même rapport de proximité avec les êtres humains, ne possèdent pas les mêmes caractéristiques, ne sont pas appelés à jouer le même rôle sur le plan rituel et dans la vie quotidienne des adeptes.

II - 2 - 1 - Les saints ou orixás

Les saints ou orixás umbandistes proviennent du panthéon des candomblés 196. Des divinités afro-brésiliennes initiales - appelées orixás dans

le candomblé - ils ont certes conservé des traits et des caractères, mais ils ne sont pas restés fidèles aux modèles originaux. Leur réinterprétation au sein de l'umbanda les a plus ou moins considérablement transformés. Notre propos n'est pas d'étudier les différences profondes qui distinguent les premiers des seconds (tant sur le plan de leurs significations que de leurs fonctions), ni encore de retracer et d'analyser leurs diverses métamorphoses. Intégrés à l'univers umbandiste, les orixás du candomblé sont devenus les orixás de l'umbanda. Ce sont ces derniers qui nous intéressent ici.

Dans l'umbanda, comme dans le candomblé, chaque orixá est généralement associé à un domaine et à un élément de la nature ainsi qu'à un

archétype de comportement humain : chaque orixá possède des caractéristiques et des attributs qui lui sont propres. Certains d'entre eux sont également associés à une activité humaine 197. La majorité des orixás possède

à la fois un nom africain et celui d'un saint catholique, cette double dénomination étant dans la plupart des cas le résultat de correspondances déjà réalisées dans le candomblé. Connus par tous les umbandistes sous leurs deux noms, la plupart des orixás sont plus fréquemment appelés par leur nom africain. Leur représentation est anthropomorphe : les images et les statues que l'on peut voir sur les autels et les murs des terreiros les représentent généralement sous la forme des saints catholiques auxquels ils sont assimilés.

Les divers orixás ou saints umbandistes que nous avons recensés sont présentés avec quelques-uns de leurs attributs dans le tableau suivant. On trouvera en Annexe IV une présentation détaillée et approfondie de chacun de ces saints et, à la fin de ce chapitre, les photographies (n° 1, 2 et 3) des statuettes de quelques-uns d'entre eux.

Tableau n°3 - Les saints et leurs attributs

Saint ou Orixá Nom catholique correspond ant Domaine s et lieux associés Eléments Activité humaine [et autres attributs ] Couleur Jour de fête

OXALA Jésus Christ ciel

paradis ----

création [paix]

blanc ----

IEMANJA Notre Dame

de la Gloire Notre Dame de la Conception mer plages eaux salées procréati on [féminité, maternit é, fécondité ] bleu clair 8 décembre

197 L'umbanda n'a pas incorporé fidèlement les systèmes de correspondances complexes qui existent dans le

candomblé et qui associent à chaque orixá une couleur, un domaine de la nature, une partie ou région du corps humain, des plantes et des animaux spécifiques, etc. Elle n'a assimilé que des pans de ces classifications et certains éléments de ces correspondances.

XANGÔ Saint Jérôme Moïse rochers carrières éclairs orages justice marron ---- IANSA Sainte Barbara ---- vents tempêtes [sensuali té, courage, lutte] rouge et jaune jaune clair ---- OGUM Saint Georges chemins routes fer feu guerre [lutte, conquête ] rouge 23 avril OXUM Notre Dame d'Aparecida sources rivières cascades eaux douces procréati on [féminité, maternit é, amour] jaune bouton d'or ---- OXUMARÊ ---- ---- arc en ciel ---- ---- ----

NANA Sainte Anne embouch ure des fleuves ---- [vieilless e, mort] violet ---- OXOSSI Saint Sébastien bois forêts arbres

forêt chasse vert mois de janvier IBÊJI Saints Cosme et Damien ---- ---- [enfance] rose et bleu ciel 27 septembre OMOLU OBALUAÊ Saint Lazare Saint Roque cimetière s terre médecin e [maladie/ santé] noir ----

Dans la hiérarchie de l'univers spirituel umbandiste, les saints occupent la place la plus élevée immédiatement après Dieu 198. A l'intérieur du groupe des

saints se détache la figure dominante d'Oxalá, le plus grand de tous les orixás. Les esprits se situent, quant à eux, dans un plan spirituel hiérarchiquement inférieur à celui des orixás.

198 Il importe de signaler que les orixás sont absents de certains lieu de culte où ils sont exclus du "ciel"

umbandiste. Dans ces terreiros, où est généralement pratiquée une umbanda très influencée par le kardécisme, le plan particulier qu'occupent généralement les saints dans la hiérarchie et l'organisation de l'univers spirituel n'est pas représ enté.

Qu'est-ce qui confère aux saints cette position dominante à l'intérieur du monde spirituel et, par suite, leur supériorité sur le groupe des esprits?

"Le saint est différent des esprits. Comment dire... le saint c'est une force pure, totalement pure. Ils sont très loin de la terre. Ils sont protecteurs mais ne descendent pas, ce sont les entités qui descendent". (Dona Dolores)

C'est à leur très grande "pureté" (pureza) que les saints doivent leur position hiérarchique dominante. C'est elle qui leur confère leur "sainteté", qualité que les esprits ne possèdent pas, état qu'ils n'ont pas atteints. En termes umbandistes, cela signifie que les saints sont beaucoup plus "évolués" que les esprits : alors que les premiers ont atteint le suprême degré d'évolution spirituelle, les seconds sont encore en train de gravir les échelons qui devraient théoriquement les y conduire. Rien d'étonnant donc à ce que les saints se situent juste en-dessous de Dieu et les esprits juste en-dessous des saints. Rien d'étonnant non plus à ce que les saints soient considérés comme les grands chefs du monde spirituel et les esprits comme leurs inférieurs hiérarchiques.

Les saints sont en effet "ceux qui commandent" (os que mandam). Ils sont à la tête de ce que les adeptes appellent des "lignes" (as linhas), lesquelles sont formées des esprits qui sont sous leur autorité. De nombreux umbandistes expriment cette idée de la manière suivante : chaque saint possède une "vibration" (vibração) particulière ou représente un "courant, une chaîne" (corrente) spécifique dans laquelle "travaillent" les entités déterminées qui sont de la "même vibration" ou appartiennent au "même courant" que lui. Ainsi par exemple, considère-t-on généralement qu'Oxóssi, l'orixá de la chasse, "dirige" (chefia) les esprits de cabocles : on dit alors de ces esprits qu'ils "travaillent dans la ligne d'Oxóssi" (trabalham na linha de Oxóssi) 199. Les

esprits sont conçus comme les messagers ou les agents des saints. Ces derniers les envoient sur terre pour entrer en contact avec les hommes par les

199 L'existence de "lignes" dirigées par des saints n'est remise en cause par personne et la majorité des

umbandistes reconnaissent que ces lignes sont au nombre de sept. Néanmoins il n'existe pas de consensus sur leur dénomination (le nom des saints qui les dirigent) ni sur leur contenu (le type et la quantité d'esprits qu'elles contiennent) et donc pas de codification définitive à leur sujet. Les lignes varient qualitativement et quantitativement : ainsi, d'un terreiro à l'autre le commandement de telle ou telle catégorie d'esprits n'est-il pas nécessairement attribué au(x) même(s) orixá(s).

voies de la possession et les aider : si les saints "commandent", ce sont les esprits qui "travaillent".

Les saints apparaissent néanmoins comme des chefs lointains et peu autoritaires : s'il est dit que les esprits d'une même ligne obéissent au(x) saint(s) qui la commande, les informations recueillies n'indiquent pas que ces derniers interfèrent pour autant dans les agissements des esprits qui leur sont subordonnés. Il n'est pas fait référence à l'utilisation par les saints d'un pouvoir de censure ni de répression sur leurs conduites. Le domaine de l'action est réservé aux entités : ce sont elles qui "travaillent" et c'est d'ailleurs là que réside leur mission. Si les saints définissent et incarnent les principes et la finalité de cette mission, son accomplissement n'est pas de leur ressort et ils n'interviennent pas sur les modalités concrètes de sa réalisation par les esprits.

Les saints sont, spatialement et par nature, trop près de Dieu pour être proches des hommes. Ils sont des "seigneurs" (senhores), des "maîtres" (donos). Leur "force", leurs "énergies" sont trop "pures" (puras), pour entrer en contact direct avec les êtres humains. Selon de nombreux umbandistes, c'est la raison pour laquelle, contrairement aux entités, les saints ne possèdent pas les médiums. La condition et la nature humaines ne sont pas assez "évoluées spirituellement" pour permettre aux initiés, même très bien préparés, de recevoir sans danger des forces si "lumineuses" : pour aussi "forts" que puissent être les médiums, leur corps (physique) ne saurait résister à l'intrusion de ces pures énergies. La possession par les saints est assez rare dans les terreiros d'umbanda : la règle est que les orixás ne descendent pas sur terre 200

mais elle souffre des exceptions, principalement dans les lieux de culte les plus proches du candomblé. Quant elle a lieu, la possession par l'orixá se produit le plus souvent au début des séances, quand les médiums chantent les pontos cantados qui rendent hommage aux saints : elle est de courte durée et muette car les orixás ne parlent pas. Dans les terreiros étudiés, la possession par un orixá était généralement le fait de médiums originellement initiés dans le candomblé et qui l'ont quitté pour rejoindre l'umbanda. Ainsi, chez Duílio, Felix, médium du terreiro et ancien adepte du candomblé, recevait souvent son orixá, Oxum, au début des séances de travail, et chez Dona Dolores, le médium

Marcos, lui-même ancien adepte du candomblé recevait souvent son père Ogum dans la phase d'ouverture des séances.

Pour aussi purs et supérieurs qu'ils soient, ces seigneurs installés au sommet de l'Astral ne sont donc pas, dans le quotidien des umbandistes et des terreiros, les êtres les plus importants, lesquels sont en définitive les esprits qui leur sont subordonnés. Ce sont en effet les êtres rendus accessibles aux hommes par la possession qui occupent une place de premier ordre dans le vécu de la religion et des adeptes. Or les saints demeurent inaccessibles aux hommes par les voies de la possession. C'est d'ailleurs généralement à partir du critère de la possession que les umbandistes différencient spontanément les saints des esprits en distinguant les "guides qui ne travaillent pas" (les saints), des "guides qui travaillent" (les esprits).

Certes, un culte est rendu aux saints et ils ne sont pas oubliés des rituels : ils sont systématiquement invoqués et loués au moment de l'ouverture et de la fermeture des séances de travail qui sont réalisées sous leur protection. Des fêtes annuelles sont dédiées à certains d'entre eux, des demandes leur sont adressées et des offrandes leur sont également faites. De même la protection générale qu'ils offrent individuellement et collectivement aux hommes ainsi que