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ETAT DES LIEUX DES TECHNIQUES UTILISEES On remarque que plusieurs techniques sont présentes dans la région,

CONTREBALANCER LES DESAGREMENTS

C- ETAT DES LIEUX DES TECHNIQUES UTILISEES On remarque que plusieurs techniques sont présentes dans la région,

même si certaines sont plus utilisées que d’autres. Il s’agit de faire un point sur ces techniques, en mettant en avant leurs avantages et leurs inconvénients, tout en les mettant en lien avec les acteurs qui les soutiennent dans la région.

La technique Nebraska

Dans cette technique, la paille est utilisée à la fois dans un rôle structurel et d’isolant thermique. C’est la technique la plus ancienne, né dans la région des Sand-Hills (Nebraska, Etats-Unis) dû à l’apparition des premières presses agricoles tirées par des chevaux. C’est une technique qui s’inspire de la maçonnerie ; les bottes sont empilées en quinconce, et la hauteur est inférieure ou égale à 6 ou 7 fois l’épaisseur du mur (c’est-à-dire de la botte). En général, les bottes utilisées sont des grosses bottes de paille, avec une masse volumique supérieure à 100 kg/m3.

Le mur est composé d’un soubassement de la même épaisseur que la botte, d’une lisse basse, qui sépare la botte du soubassement et assure la bonne répartition des charges et peut être utilisée pour fixer d’éventuels éléments (broches…). Une lisse haute vient sur la partie supérieure de chaque étage, une fois que les murs de paille sont montés. On tassera avec des sangles les bottes de paille pour limiter les déformations une fois l’enduit appliqué. Il participe aussi à la répartition des charges. Les ouvertures se font avec des cadres insérés dans le mur. La charpente doit être aussi symétrique que possible, toujours pour répartir les charges, et l’enduit est renforcé par une trame ou un grillage, qui participe à la maintenue du bâtiment. Cette technique est la plus délicate à mettre en œuvre, et elle demande des engins pour soulever les bottes. C’est peut être la moins évidente pour les autoconstructeurs. On voit apparaître pourtant quelques réalisations dans la région, porté en partie par Christian Hamani.

La technique du GREB ou collaboration paille/structure/enduit

Cette technique est issue d’expérimentations menées au Canada par le « groupement de recherche écologique de la baie » dans les années 1990.

« Elle consiste à construire une double ossature légère en bois, fixée sur des soubassements adaptés ou sur une fondation conventionnelle isolée, pour y installer les ballots de paille enrobés d’un mortier léger coulé. L’originalité de cette technique réside dans sa mise en œuvre aisée parfaitement adaptée pour les auto-constructeurs en utilisant des bois de faibles sections ainsi que des coffrages de petites dimensions. Ces derniers permettent de couler facilement le mortier qui protège totalement la paille de l’extérieur en donnant un mur d’aspect parfaitement régulier aux finitions multiples. L’ensemble peut être complété par un enduit à la chaux ou d’autres finitions adaptées aux exigences architecturales locales. Le mortier et l’enduit garantiront un mur respirant et protégé de la pluie. » (1)

1- Approche paille – www.approchepaille.fr

En France, cette technique est relayée par Approche Paille, qui a même édité un ouvrage sur le GREB. On la retrouve dans la région pas seulement parce que des acteurs la diffuse, mais aussi car elle est accessible aux autoconstructeurs. En effet, elle est relativement simple de mise en œuvre. Les matériaux sont tous transportables manuellement et demandent peu d’outillage.

La cellule sous tension (CST)

Cette technique, comme la technique GREB, fonctionne grâce à la collaboration de la paille, de la structure bois et de l’enduit. Cette technique a été mise en place par Tom Rijven et l’association Botmobil, créé à la suite des chantiers participatifs initiés par ce dernier. On peut donc supposer que la technique CST est diffusé par cette association, bien que les chantiers présentés sur le site ne nous permettent pas de l’affirmer clairement.

On pose dans l’ossature bois une botte de paille qui sera 5 cm plus longue que la distance entre les deux montants, ce qui viendra créer une compression supplémentaire. Puis on coupe la ficelle de la botte, rajoutant une nouvelle tension horizontale. Ceci est reproduit de chaque côté du montant. Il donc est prit en sandwich et ne flambe pas. Ces montants font généralement 2,5 cm d’épaisseur pour 15 cm de large. Ensuite, on créé une tension verticale, avec 2 liteaux de bois, de 2,5 cm par 3,5 cm, qui compressent la botte et qu’on visse sur les montants. On fixera aussi les liteaux à la paille. La couche de corps appliquée sur les bottes viendra bloquer les forces exercées latéralement.

La paille en remplissage

Dans ce cas de figure, la paille sert essentiellement d’isolant, et une ossature bois assure les fonctions structurelles.

On distingue deux types de procédé en remplissage : poteaux- poutre et ossature bois :

Dans le cas de la technique poteaux-poutre, on utilise du bois massif de forte section, avec une trame de 3 à 5 m et le squelette assure le rôle structurel. En général, on ajoute une deuxième ossature plus légère pour solidariser les ballots de paille, fixée généralement sur la première ossature. Les deux côtés peuvent être enduits. La position de la botte peut variée selon les besoins.

Dans le cas d’une ossature bois, les pièces de bois seront de plus faible section. Le mur fonctionne avec une lisse haute et basse, ainsi que des poteaux intermédiaires de faible entraxe. L’entraxe des sections de bois se fait en fonction des dimensions de la botte. En générale, des panneaux de bois sont fixés sur toute la surface du mur pour jouer le rôle de contreventement. Cette technique est très répandue auprès des autoconstructeurs.

La paille en caisson

La paille n’a qu’un rôle d’isolant. Ce sont les caissons, dimensionnés pour porter l’ensemble de l’édifice, qui assurent les fonctions structurelles. La fabrication et le remplissage en paille se fait souvent en atelier. Les éléments sont livrés sur le chantier généralement fermés par des panneaux ou plaques, qui jouent un rôle de contreventement. Compte tenu du poids des éléments, la pose nécessite l’utilisation d’engins.

En Pays de la Loire, l’entreprise Isopaille développe ce procédé. Elle a réalisé une maison avec cette technique en collaboration avec l’agence d’architecture ARCHIGRAPH.

source des photographies, de haut en bas : http://jumentverte.canalblog.com/archives/2010/03/29/19993690. html_ http://www.echopaille.fr/p/technique-paille.html_http://rfcp.fr/

La paille en isolation (remplissage sur mur de maçonnerie)

La paille peut aussi être utilisée pour rénover des bâtiments. On l’utilise alors uniquement pour ses propriétés isolantes. Les bottes peuvent être positionnées à l’intérieur ou à l’extérieur du mur existant. Les tailles des botte peuvent être diverses ainsi que les moyens de fixations (ajout d’ossature secondaire, collage à la terre, vissage…). On ne laisse pas de lame d’air entre le mur existant et la paroi de paille pour des raisons thermiques et de sécurité incendie. Lorsque l’isolation est à l’extérieur, le mur en maçonnerie ou en bois peut jouer un rôle de frein vapeur. On peut utiliser un bardage bois comme un enduit terre pour les finitions du mur.

Dans les chantiers réalisés avec l’association Botmobil, on peut remarquer que la majorité des propriétaires utilisent la paille pour isoler de l’intérieur de vieilles maisons de pierre et choisissent un enduit terre pour les finitions.

et les techniques constructives sont variées. Ce sont surtout des associations qui accompagnent les autoconstructeurs pour mener à bien leurs projets.

Nous avons donc découvert la botte de paille et les spécificités de l’utilisation d’un coproduit de l’agriculture pour la construction. Nous savons aussi que ce sont majoritairement les autoconstructeurs qui diffusent cette technique, ce qui permet de saisir les enjeux liés à ce type de destination. Nous pouvons comprendre qui accompagne ces constructeurs et la manière dont ils le font.

Le contexte géographique, social et économique est posé.

Reste le constat que l’architecte est quasiment absent du réseau de la paille. Il pourrait donc être judicieux de mettre en regard la pratique de l’architecture et celle de la construction paille, pour tenter de comprendre quelle place occupe l’architecte dans ce processus de fabrication de l’architecture.