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A-UNE ARCHITECTURE SAISONNIERE

Comme nous avons pu l’évoquer dans les deux premières parties, le temps de production du matériau et le temps de construction se fait sur la même période. La paille est récoltée au début de l’été, et comme cette dernière demande des conditions météorologiques favorables pour la mise en œuvre, cette dernière doit suivre immédiatement la récolte. On peut imaginer plusieurs solutions à cette contrainte pour la construction.

Ordonnance dans la fabrication du bâtiment :

Si l’on veut pousser le temps de construction au-delà des beaux jours, il est nécessaire de ré-envisager l’ordre d’intervention sur le chantier. Cette donnée pourrait alors influer sur le projet dès la phase de conception.

Par exemple, ne serait-il pas envisageable de commencer par la structure du bâtiment puis le toit, pour ensuite venir remplir les murs avec les bottes de paille ? La surface au sol servirait à la fois de lieu de stockage pour la construction et d’abri pour le chantier. Cependant, cette solution ne semble possible qu’avec certaines techniques, comme la méthode en ossature bois.

En effet, la technique Nebraska par exemple, ne peut se mettre en œuvre qu’en respectant un certain procédé : Il faut placer les lisses basses sur les fondations, ensuite monter les murs pour pouvoir positionner les lisses hautes et seulement après, le toit peut être posé.

Eloge de la lenteur

On peut envisager cette contrainte météorologique sous un autre aspect. On considère comme un fait accompli que cette architecture est « saisonnière », dans un cycle défini par celui de la nature, et donc des saisons. Dans ce cas de figure, où l’on choisit de suivre ce cycle « imposé », l’été devient la phase intense et physique du projet. Les autres saisons seront alors privilégier pour la réflexion, le mûrissement du projet et l’apprentissage. Cette prise de temps, inhérente au matériau paille, peut se rapprocher des réflexions

Cependant, vouloir privilégier la qualité à la quantité soulève d’autres questionnements. S’il est possible de construire principalement en été (de Juillet, début des récoltes à Septembre, fin des beaux jours), en supposant que la mise en place des bottes de paille et de l’enduit prend quatre semaines en moyenne (d’après les durées proposés par Botmobil pour les chantiers), il serait alors possible de suivre en continu seulement six à sept chantiers. Si la paille a été stockée l’année précédente, les chantiers peuvent débuter dès avril ce qui augmenterait le nombre de suivis de 12 à 14. Dans tous les cas, c’est très peu de chantier pour qu’un professionnel spécialisé puisse gagner sa vie.

B-LE « HORS-SAISON » POUR LA FORMATION

Éduquer et renseigner en basse-saison

Si le professionnel, qu’il soit maître d’œuvre, architecte ou encore artisan, fait le choix de construire principalement en paille, la question est de savoir comment rentabiliser le temps hors saison de construction.

Tout comme les travaux saisonniers (maraîchage, saisons d’hivers…), le professionnel devra exercer une autre forme de métier sur une période de six à neuf mois ou avoir une autre activité en parallèle. Il pourra préparer les projets de construction en paille qu’il construira aux beaux jours, mais ce ne sera pas suffisant.

On pourrait imaginer que son rôle soit alors tourné vers la formation (Il existe déjà des formations PROPAILLE proposées par le RFCP qui est un exemple du genre d’activité possible). Son enseignement pourra être pratique ou théorique. On peut imaginer qu’il mette en place des événements pour diffuser les informations sur la construction paille, type salons ou expositions comme Alternatiba. menées par les défenseurs de la lenteur (Cf. « l’éloge de la lenteur » de Carl Honoré) ou autres mouvements comme le «  cittaslow  », qui prônent un ralentissement pour opposer le « mieux » au « plus rapide », la « qualité » à la « quantité ».

Tous les aspects énoncés précédemment doivent être pris en compte dès la phase de conception (ordonnance des travaux, fin de vie de l’édifice …).

Mais si l’on veut profiter au maximum des qualités offertes par la botte de paille, il faut ré-envisager la conception du bâtiment à travers la masse générée par celle-ci. En effet, la plupart des matériaux utilisés pour la construction ont fait naître de nouvelles écritures architecturales, et il devrait en être de même pour les édifices en paille.

Concevoir la fin de vie du bâtiment

La formation, qui intégrerait le processus de fabrication du matériau et plus généralement le cycle de vie du bâtiment, pourrait aussi s’attacher à la fin de vie de l’édifice. En effet, une construction paille permet une mise en valeur des matériaux après sa destruction. On voit sur le schéma du « cycle de fin de vie » dans le rapport de Luc Floissac, que la valorisation et le recyclage semble possible, limitant ainsi les déchets due à la démolition d’un bâtiment en paille.

L’étude présente un tableau de fin de vie d’un bâtiment en ossature bois-paille et propose des solutions pour la valorisation des matériaux. Ce tableau est également décrit dans les règles professionnelles de la construction paille.

Sur la question de la formation, on pourrait également envisager de mettre en place des jumelages entre les différentes écoles ou organismes concernés par la construction paille. Par exemple, il pourrait être intéressant d’organiser des «  projets paille  » en partenariat entre l’Ecole Supérieure du Bois à Nantes et l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. Cette collaboration pourrait aussi intégrer la Maison familiale de Riaillé, qui apporterait alors le savoir-faire autour de la paille et de la terre.

Valorisation agricole (amendement/ structuration des sols (1)