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Rumeurs de paille : la construction paille en Pays de la Loire, porteuse de changements ?

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Academic year: 2021

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HAL Id: dumas-01625277

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Submitted on 15 Dec 2017

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Loire, porteuse de changements ?

Claire Giron

To cite this version:

Claire Giron. Rumeurs de paille : la construction paille en Pays de la Loire, porteuse de changements ?. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. �dumas-01625277�

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RUMEURS DE PAILLE

...

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LA LOIRE: PORTEUSE DE CHANGEMENT

?

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J’ai découvert la construction paille en 2011, lors d’un chantier participatif au squat des Tanneries à Dijon. Un membre du collectif « Straw d’la Bale » nous a présenté un livre écrit sur la construction d’une petite maison collective, « La maison de paille de Lausanne ». Cette rencontre est le point de départ de ma réflexion sur la construction paille.

Suite à cet événement, je décide de faire un stage chez un architecte spécialisé dans la construction paille. A ma surprise, ils ne sont pas nombreux. Cependant, j’ai la chance d’être accueillis par Boris Burzio dans son agence à Montcuq. Ce stage m’a donné envie de poursuivre mon apprentissage dans ce domaine.

Je m’empare de ce mémoire afin d’approfondir mes connaissances dans ce domaine, comprendre quelle est la place de l’architecte dans ce réseau et ouvrir des pistes de réflexion pour ma future pratique du métier. J’ai choisis de me limiter à la région des Pays de la Loire, car c’est un moyen pour moi de rencontrer les acteurs qui m’entourent. A mon sens, cette technique a plus de cohérence en étant locale.

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Étant moi-même déjà convaincue par l’utilisation de la paille en architecture, ce mémoire a pour but de comprendre où se situe le geste d’action de l’architecte dans le circuit de la construction paille ainsi que ses limites. Cette technique peut-elle être un renouveau dans la pratique et la fabrique de l’architecture ?

Pour répondre à cette question, il m’apparaît nécessaire de comprendre ce réseau dans sa globalité : du brin de paille poussant dans le champ et sa mise en botte, jusqu’à son utilisation sur le chantier ainsi que les interactions entre les différents acteurs.

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Partie I-DU PRODUIT DE L’AGRICULTURE AU COPRODUIT DE CONSTRUCTION

Partie II-LA CONSTRUCTION PAILLE, PORTEE PAR LES AUTOCONSTRUCTEURS

1-DESCRIPTION DE LA PAILLE A-Définition de la paille B-Composition de la paille

C-Caractéristiques techniques de la paille pour la construction

D-Usages traditionnels de la paille

2. DISPONIBILITE DE LA PAILLE POUR LA CONSTRUCTION EN PAYS DE LA LOIRE

A-Production globale de la paille en Pays de la Loire

B-Disponibilité théorique de la paille pour la construction

C-Contraintes : disponibilité effective de la paille pour la construction

3- DE LA BOTTE AU CHANTIER : QUALITE ET EXIGENCE DEMANDEE

A-Définition d’une botte B-Qualités de la botte de paille C-Transport et livraison de la paille D-Coût de la botte 16 26 34 16 17 20 24 26 28 28 34 34 44 46 INTRODUCTION

1-LE ROLE DE L’AUTOCONSTRUCTEUR DANS LA DIFFUSION DE LA PAILLE

A-Pourquoi le choix de l’autoconstruction en paille ?

B-Comment se fait la transmission ?

56 57 62

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Partie III-NOUVELLES PRATIQUES POUR LA FABRIQUE DE L’ARCHITECTURE

A-Les conditions climatiques B-Les difficultés matérielles C-L’expérience humaine pour contrebalancer les désagréments

3-RETOUR SUR L’ETAT DES LIEUX DE LA CONSTRUCTION PAILLE EN PAYS DE LA LOIRE

A-Etat des lieux des constructions B-Etat des lieux du réseau professionnel C-Etat des lieux des techniques utilisées

68 70 66 72 72 75 80

1-RETOUR SUR LE CHANTIER PAILLE : VERS DE NOUVELLES PRATIQUES ?

A-Relations chantier : de la convivialité ? B-La mission de l’architecte dans le réseau ?

2-UNE ARCHITECTURE ATYPIQUE A-Une architecture saisonnière B-Le « hors-saison » pour la formation C-Travailler avec la masse

3-L’ENVOL DE LA CONSTRUCTION PAILLE, LES MOYENS ET LEURS RISQUES

A-La problématique du stockage B- La question de la préfabrication 92 92 96 98 98 99 102 112 112 113 CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ENTRETIENS GLOSSAIRE ANNUAIRE 116 120 122 124 128 91

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Les Pays de la Loire, territoire du grand ouest, ont été créés en 1955. Elle est la cinquième région de France en termes de superficie (sa surface est de 32 082 km²). Au 1er janvier 2012, elle comptait une population de 3 632 614 habitants, Nantes étant la ville la plus peuplée. La région tire son nom du fleuve, la Loire, qui traverse deux de ses cinq départements ; la Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire. Les autres départements constituant la région sont la Mayenne, la Sarthe et la Vendée. C’est un territoire océanique composé de trois grands ensembles géologiques : le massif armoricain, le bassin parisien et le bassin aquitain. Le relief est relativement doux et peu élevé. A part de nombreuses zones forestières inégalement répartie et le littorale, la région a été façonnée majoritairement par l’agriculture (plaines céréalières, bocages et prairies).

La paille est une ressource importante de la région, principalement rurale, qui offre la possibilité de développer la construction paille. En réalité, l’usage de ce matériau pour la construction est un savoir-faire ancestral, d’abord appliquée sous forme de torchis ou de chaume. A la fin du 19°siècle, apparaissent les botteleuses mécaniques au États-Unis. Les bottes de paille sont utilisées pour la première fois par les agriculteurs qui s’en sont servit pour édifier leurs cabanes (technique Nebraska).

La paille connaît un renouveau depuis une trentaine d’années, illustré en France par les Compaillons, membres du RFCP (réseau français de la construction paille). Ils ont édité les règles professionnelles de la construction paille en 2012. La maison Feuillette à Montargis, construite en 1921, est à ce jour la plus vieille réalisation en paille de France, et le chef lieu du RFCP.

La paille n’est pas un déchet de l’agriculture. Un déchet est une perte ou une partie irrécupérable d’une matière que l’on travaille. Un produit est ce qui naît d’une activité de la nature ou de l’homme. Le blé par exemple, est composé de grains destinés à alimenter, et

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de ses propriétés peut être aussi employé pour la construction. En effet, disponible localement en grande quantité et ayant besoin de peu de transformation, ses besoins en énergie grise sont quasiment nulle. De plus, elle a l’avantage de stocker le CO2, d’être recyclable en fin de vie et de répondre aux normes de la RT 2020. Ce matériau pourrait donc apporter des solutions intéressantes s’inscrivant dans la dynamique actuelle de développement durable. Ces qualités supposent cependant de continuer à prélever la paille destinée à la construction seulement sur les surplus de production.

Les assurances ne couvrant que très récemment les bâtiments en paille, cette technique a été diffusée essentiellement par les autoconstructeurs, ce qui a permis de développer des valeurs de transmissions et de partages de savoir-faire.

La construction paille favorise ainsi la coopération, l’entraide, les métiers non dé-localisables et modifie les rapports humains existants entre maître d’ouvrage, maître d’œuvre, ouvriers, artisans, clients…

On commence depuis quelques années à voir émerger des constructions publiques.

Pourtant, de nombreux préjugés lui sont encore attribués (le conte des trois petits cochons aurait-il fait son œuvre ?) et l’intervention des architectes reste timide.

Nous utiliserons la notion de bâtiment ou matériau ‘conventionnel’ pour désigner l’usage officiel convenu dans la construction, tel que le parpaing, béton… à l’opposé de la notion de ‘traditionnel’, dans le sens où celle-ci s’ancre dans un dynamique locale, se développe de manière artisanale de part sa transmission populaire, et utilise des matériaux produits à proximité des lieu de construction.

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MÉTHODOLOGIES :

Peut-on voir une évolution de la pratique de l’architecture en Pays de la Loire à travers l’utilisation de la paille ?

Dans un premier temps, il s’agira de comprendre le circuit du matériau paille en Pays de la Loire, et les spécificités de production engendrées.

Pour ce faire, nous reprendrons au tout commencement, à savoir qu’est ce que la paille ? D’où vient-elle ? Comment est-elle produite ? Quelles sont ses caractéristiques et usages ? Les bases établies, nous pourrons considérer la production de paille dans la région et sa disponibilité, pour trouver une juste ponction du matériau en fonction des besoins agricoles.

Après avoir fait connaissance avec le matériau brut, nous porterons notre intérêt sur la façon dont la paille passe d’un coproduit de l’agriculture à un produit de construction ? Qu’elles sont les exigences demandées ? Comment se passe l’échange du champ au chantier ? A la suite de ces recherches, des problématiques émergeront, comme la question du stockage, du juste prix de la paille en construction, des différences au regard du circuit conventionnel…

Cette partie du mémoire s’appuiera sur la lecture d’ouvrages et d’enquêtes réalisés par des organismes ou associations spécialisés dans ce domaine. Ils seront soit du monde de l’agriculture, soit de la construction, les deux domaines se répondant.

Nous irons également observer des actions ou études menées pour d’autres régions, qui pourraient être pertinente pour développer la construction paille. Les sites internet de ces différents organismes et associations seront aussi une base de données.

UN MATÉRIAU QUI DÉVELOPPE LES ÉCHANGES

LOCAUX ?

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Aujourd’hui, se sont surtout les autoconstructeurs qui soutiennent et développent la construction paille. Il s’agit de comprendre dans un premier lieu, les motivations et les choix de ses bâtisseurs, ainsi que le parcours mené pour arriver à cette décision. Puis nous aborderons le déroulement du chantier participatif, pour tenter de soulever les points forts et les faiblesses qui peuvent naître pendant cette phase ? Nous nous essayerons à trouver des hypothèses pour améliorer la gestion du chantier.

Enfin, il s’agira de comprendre qui accompagne ces chantiers, et plus globalement le développement de la paille dans la région. Quelles sont les actions et démarches menées pour étendre la construction paille ? Y a-t-il des spécificités propres à la région qui dessineraient une identité ?

Cette partie sera appuyée par des d’entretiens menés auprès d’autoconstructeurs et enrichie par différents rapports et ouvrages autour de la question de l’autoconstruction.

Ce chapitre fera également l’objet d’un travail de recensement des constructions réalisées, des différentes techniques utilisées ainsi que du réseau professionnel, pour tenter de mettre à jour un catalogue de la construction paille.

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Dans une dernière partie nous reviendrons sur la question de la fabrique de l’architecture.

En revenant sur le chantier participatif, nous pourront examiner les rapports entre les différents acteurs, et soulever les changements engendrés par cette pratique.

Nous mettrons en regard les spécificités de ce type de construction avec la pratique du métier d’architecte.

Nous pourront alors comprendre les distinctions entre une architecture conventionnelle et une en paille ainsi que les conséquences sur la conception du bâtiment, sa forme et sa mise en œuvre.

En définitif, nous soulèverons les chemins que pourraient prendre la construction paille, tout en évoquant les risques que cela pourrait faire émerger.

Cette dernière partie fera l’objet d’un travail d’entretiens et de questionnaire auprès des acteurs professionnel du réseau. Un travail mené au cour du semestre dernier viendra alimenter le propos, ainsi que diverses lectures.

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invisible l’existence d’une économie première faite d’activités, d’échanges et de relations non marchands par lesquels sont produit le sens, la capacité d’aimer, de coopérer, de sentir, de se lier aux autres, de vivre en paix avec son corps et avec la nature. C’est dans cette autre économie que les individus se produisent humains, à la fois mutuellement et individuellement, et produisent une culture commune. La reconnaissance du primat des richesses externes au système économique implique l’exigence d’une inversion des rapports entre la production de ‘valeur » marchande et la production de richesses « inéchangeables, inappropriables, intangibles, indivisibles, inconsommables » : la première doit être subordonné à la seconde. » André Gorz, L’immatériel.

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DU PRODUIT DE L’AGRICULTURE AU

COPRODUIT DE CONSTRUCTION

I

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A-Définition de la paille

1- DESCRIPTION DE LA PAILLE :

Paille :

Du latin palea « balle de céréale » et « menue paille » : tige de céréale dépouillée de son grain, Desroche, dict. des termes de mar., p.388. Aujourd’hui dans le Larousse, on trouve : - Tige de graminée, en particulier de céréale, dépouillée de son grain. - Ensemble des tiges et feuilles obtenu par battage des céréales, séparation des grains et des fragments légers. - Matière ressemblant à la paille et employée à des usages du même genre, par exemple le tressage.

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B-Composition de la paille

La paille est constituée de la partie tubulaire des graminées, entre la racine et l’épi (l’épi porte les grains). Le foin est destiné à l’alimentation des animaux, la paille au fourrage. Elle peut provenir de différentes céréales, comme le blé, l’avoine, le riz, le seigle, le triticale ou l’orge. L’utilisation de la paille de blé est la plus répandue dans nos régions.

seigle

orge blé avoine

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André de Bouter et Bruce King, dans leur ouvrage « Concevoir des bâtiments en bottes de paille », donnent une description précise de la constitution de la paille, en mettant en avant les atouts pour la construction.

Paille de riz vue au microscope électronique à balayage

« Les fibres de surface, visibles en haut à droite et au milieu à gauche, favorisent l’aptitude des chaumes à s’accrocher ensemble, ce qui confère aux bottes plus de cohésion » (1)

1-DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) (citation p.27)

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La paille est issue de plantes lignocellulosiques, constituée de différents éléments, dont leurs proportions varient en fonction de l’espèce des graminées. Certains sont donc plus adaptés pour la construction. Elle est composée de :

- Cellulose : très longues microfibres constituées de parties cristallines et de parties moins bien ordonnées, l’ensemble conférant à la plante son élasticité et sa structure.

- Hémicellulose : molécules plus courtes et moins cristallines, agissant comme adhésif structural liant les fibres de cellulose.

- Silice et autres composants mineurs, principalement oxyde de silicium : plus le taux de silice est élevé plus la paille résiste au feu et à la pourriture.

- Lignine : C’est une sorte de colle qui amalgame l’ensemble, à la façon du béton entourant une armature pour créer une structure composite. La dégradation photochimique due aux rayons ultraviolets s’effectue principalement dans la lignine (dégradation visible par un changement de couleur, une décoloration et une altération). Contrairement aux hydrates de carbone, la lignine est l’élément le plus stable de la paille.(1)

1-DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) citation p.(26- 27)

2-D’après les schémas de l’ouvrage de DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901)

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C-Caractéristiques techniques de la paille pour la

construction :

Comme la paille est siliceuse, les rongeurs ne sont pas attirés par cette dernière puisqu’elle est difficile à grignoter. Les insectes non plus n’en font pas leurs choix de prédilection. De plus, l’air contenu dans les tiges et son caractère hygroscopique permettent d’avoir un mur perspirant : il absorbe l’humidité en surplus et la restitue quand l’atmosphère est asséchée. Le coefficient de résistance de diffusion à la vapeur est de 1,15.

1-image et légende : BOUTER André de et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) (p.44)

Constats :

-la température dans la paroi passe quasi linéairement de 20°C à 0°C, de l’intérieur vers l’extérieur ;

-de la vapeur d’eau est produite à l’intérieur, dont la grande part (99%) est évacuée par la ventilation des locaux et par les défauts d’étanchéité à l’air de l’enveloppe ;

-une faible part (1%) transite au travers des parois en allant du chaud vers le froid ; -la baisse de température peut (lorsque le point de rosée est atteint) se traduire par la condensation d’une partie de la vapeur d’eau ;

-l’eau liquide issue de la condensation est absorbée par les matériaux hygroscopiques (bois, paille, chaux, etc.) et transite dans ceux-ci.(1)

Fonctionnement schématique d’une paroi dans laquelle transite de la vapeur d’eau et de l’eau liquide (en quantité très faible).

La situation présentée se situe en hiver avec une température faible à l’extérieur (0°C) et un local chauffé à 20°C. La paroi est isolée en paille enduite sur les deux faces.

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1-image et légende : BOUTER André de et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) (p.46)

Dans le cas où des condensations se produisent, l’eau migre par capillarité dans les matériaux. Ainsi les quelques gouttes d’eau qui auraient pu se former dans l’isolant vont avoir tendance à aller vers la chaleur (l’intérieur en hiver). Arrivé à la zone de contact entre la paille et le parement intérieur, cette humidité est facilement transférée à l’enduit car celui-ci est à la fois entremêlé avec la paille et capable d’absorber facilement l’eau. L’enduit va ensuite très facilement se débarrasser de cette humidité par contact avec l’air. Lorsque le parement intérieur est une plaque, les zones de contacts intimes entre la paille et le parement sont quasi inexistantes. La migration capillaire est donc plus difficile que précédemment. C’est la raison pour laquelle, le différentiel de perméabilité à al vapeur d’eau entre le parement intérieur et le parement extérieur doit être plus élevé dans le second cas.(1)

La botte de paille est également un très bon isolant acoustique. Alors que la norme française impose un minimum de 45dB d’affaiblissement acoustique par rapport aux bruits extérieurs, la paille donne un affaiblissement allant de 48 dB à 57.3 dB en fonction du sens de la pose et de la taille de la botte de paille.

Migration capillaire dans une paroi

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Ainsi, les caractéristiques techniques varient en fonction de la taille de la botte de paille et suivant le sens de sa pose (si elle est posée à plat ou sur chant). Pour une botte de 47cm sur 37 cm, posée sur chant, la résistance thermique sera de 7.1m2

K/W avec lambda = 0.052 W/ (m.k) (épaisseur= 37 cm). Pour une botte posée à plat, toujours de même dimension, mais avec une épaisseur de 47 cm, R= 5.8m2. K/W et un lambda de 0.08 W/ (m.k).(1)

image : DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) (p.44)

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Comme il est nécessaire d’avoir des bottes de paille bien compressées pour la construction, elles ne subissent pas de combustion instantanée, mais une carbonisation. Les tests réalisés prouvent qu’un mur en paille résiste bien au feu, en plus d’offrir un écran thermique efficace pendant l’incendie. L’enduit participe bien évidemment aux performances du matériau.

La botte de paille +enduit terre/chaux résiste au feu pendant 2 heures. Cependant la paille en vrac reste très inflammable, et il est nécessaire d’avoir une grande attention au risque d’incendie tend que la paille n’est pas recouverte d’un parement (bois, chaux, terre…) Néanmoins, pour qu’une botte de paille soit utilisable pour la construction, il est impératif qu’elle présente certaines qualités. Ces dernières dépendent de plusieurs facteurs (en fonction du type de tiges utilisées, des conditions de moissons, du type de moissonneuse-batteuse…) Nous y reviendrons ultérieurement.

T= 37 s T= 28 min

1-Rapport d’essai n°26021044 concernant le comportement au feu d’élément de façade, CSTB, le futur de la construction, département sécurité, structure, feu, division ingénierie de la sécurité, à la demande de l’association bois et paille, le 28 juillet 2005. 65 pages.

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D- Usages traditionnels de la paille

La paille est un coproduit de l’agriculture, utilisée de différentes manières.

On la retrouve laissée en andains sur le champ, puis pressée et stockée à l’abri. Elle servira essentiellement pour de la litière destinée à l’élevage. Plus rarement, elle peut être utilisée dans des centrales à biomasse.

Elle peut également être broyée, brûlée, enfouie ou laissée à pourrir sur le champ. Cela permet de maintenir le taux de matière organique et de lutter contre l’érosion des sols.

La paille comme matériau de construction doit être une alternative qu’en cas de surplus de production. Il est donc nécessaire d’avoir un regard global sur la production céréalière locale et d’agir en fonction. C’est pourquoi la suite de cette partie se consacrera à la production de céréale en Pays de la Loire, permettant ainsi de savoir quel est le potentiel disponible et proche pour la construction.

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2. DISPONIBILITE DE LA PAILLE POUR LA

CONSTRUCTION EN PAYS DE LA LOIRE

A-Production globale de la paille en Pays de la Loire

« La culture de céréales représentent 506 160 hectares en Pays de Loire pour 2011 (blé, orge, avoine, triticale) La production régionale est estimée à 3,1 millions de tonnes, soit 6,6 % de la production nationale. La paille de blé est la plus utilisée dans la construction. En 2011, c’est 2,5 millions de tonne de blé en Pays de Loire, essentiellement destinés aux élevages et aux sols. La Vendée est le premier producteur de céréales de la région, avec 24% de la production agricole. » (1)

1-Connaissance de la filière des matériaux bio-sourcés pour la construction en Pays de la Loire, rapport de la DREAL, pays de la Loire, janvier 2013, n°74, 79 p. (analyse et connaissance) (p. 46)

Source : Traitement PES Cas PdL d’après données SRISE DRAAF, chambre de l’agriculture Pays de la Loire

Répartition des hectares en céréales par cantons en Pays de la Loire (2010) (2)

2-carte d’après : Panorama de l’agriculture des Pays de la Loire, Données régionales et spécificités départe-mentales. Economie et Prospective. Chambre d’agriculture Pays de la Loire. déc 2011. 56 p.

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Répartition de la production de céréales par types de culture en Pays de la Loire en 2011. Source : AGRESTE – Statistiques agricoles annuelles

Visuels : Connnaissance de la filière des matériaux bio-sourcés pour la construction en Pays de la Loire, rapport de la DREAL, pays de la Loire, janvier 2013, n°74, 79 p. (analyse et connaissance) (p. 46)

Répartition de la production de céréales en Pays de la Loire, Source : AGRESTE – Statistiques agricoles annuelles

Evaluation de la surface de céréales cultivée et de la production associée en Pays de la Loire,

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B-Disponibilité théorique de la paille pour la construction

En moyenne, 1 hectare de céréale est nécessaire à produire 5 tonnes de paille.

Selon les estimations, la construction d’une maison de 100m2 au sol nécessite environ 500 bottes de paille, soit environ 10 tonnes, qui sont produites par 2 hectare de blé. (Réseaux français de la construction paille)

On peut étendre ces données à l’échelle de la France :

« Avec seulement 10% de la paille de blé, tous les logements construits chaque année pourraient être isolés en paille. La production annuelle de logement est inférieure à 500 000 unités par an. Dans l’hypothèse (peu probable) où la totalité de leur murs seraient isolés en paille, il suffirait d’en utiliser moins de 2 millions de tonnes. Ramené à la production de la seule paille de blé (20 millions de tonnes), cela représente donc seulement 10% de celle-ci, sachant que d’autres types de paille sont utilisables pour construire. La ressource disponible est donc très largement suffisante pour couvrir les besoin de la construction.»(1)

1-FLOISSAC Luc. La construction en paille : principe fondamentaux, techniques de mise en œuvre, exemples de réalisations. Terre vivante. Mens. 2012, 383 p (techniques de pro) (p.22)

C-Contraintes : disponibilité effective de la paille

pour la construction

La paille en tant que fertilisant

Une grande quantité de paille est brûlée et retournée au sol. En effet, la paille structure et fertilise les sols. Si les céréaliers vendent leur paille, ils doivent trouver un palliatif pour nourrir la terre en achetant des engrais.

Des études ont été menées pour calculer la quantité de paille réellement disponible. Comme nous l’avons vu précédemment, la construction n’est pas l’usage premier de la paille. Nombreux sont les critères qui influent sur la quantité disponible.

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« Rôle fertilisant de la paille : une fois broyée après la moisson et enfouie dans le sol, elle se dégrade et rapporte de l’engrais naturel ; Si la paille est exportée, l’agriculteur doit acheter des engrais pour rapporter des composés organiques, mais aussi des minéraux, qui coûtent très cher, comme le phosphore. La paille contient de l’azote (N), du phosphore (P) et du potassium (K). La chambre de l’agriculture de l’Indre a conduit une étude qui a chiffré le coût de l’exportation d’une tonne de paille. Il a été constaté qu’une tonne de paille exportée équivaut à environ 18 à 25 euros de fertilisant. En prenant une moyenne de production de 3 tonnes de paille par hectare, l’agriculteur devrait donc rapporter entre 54 et 75 euros de fertilisant par hectares .» (1)

La paille autoconsommée

A la paille brûlée et retourné au sol s’ajoute la paille autoconsommée (pour l’élevage agricole, principalement sous forme de litière) et la paille déjà commercialisée (panneaux de particules, exportation…)

La volonté des agriculteurs

Un critère particulier, mais d’importance non négligeable, demande à être pris en compte ; le refus des agriculteurs à vendre leur paille pour la construction de bâtiments. Une étude menée par la Chambre Régionale de l’Agriculture des Pays de la Loire, relayé par Alter’Energies, démontre que 50% des agriculteurs ne seraient pas enclin à vendre leur production dans cet objectif. (2)

1-PABION Clémence, Filière construction en botte de paille : étude sur la structuration de l’offre, rapport, valorisation des ressources agricoles avec Alter’Energies, 2011, 47 P (p17)

1-PABION Clémence, Filière construction en botte de paille : étude sur la structuration de l’offre, rapport, valorisation des ressources agricoles avec Alter’Energies, 2011, 47 p. (p.6)

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La directive Nitrate

On pourrait venir y ajouter un dernier paramètre, constitué par la « Directive Nitrate », depuis 1991 et qui divise le territoire en « Zones Vulnérables ».

Cette directive a pour objectif de réduire la pollution des eaux par les nitrates produits par l’agriculture. Le bassin Loire Bretagne en fait partie. Des pratiques agricoles spécifiques sont définies dans ces zones, entre autre par les CIPAN (implantation de culture intermédiaire pièges à nitrate). Mais surtout, dans ces zones, il y a interdiction d’exporter la paille si l’agriculteur ne veut pas implanter de CIPAN.

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carte : http://www.agri44.fr/V4/programme-dactions-nitrates-les-nouveaux-calendriers-depandage-fiche-ressource-numero-56.php

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Une initiative organisée autour de Civam 44 regroupe des producteurs de paille qui souhaitaient valoriser les excédents de paille pour la construction en circuit court. Cette étude à été menée jusqu’en 2009 mais n’a pas aboutie.(1)

Il serait intéressant de relancer une telle initiative réactualisée régulièrement.

Des études ont été menées en Midi-Pyrénées pour mettre en place un outil capable d’avoir une vue d’ensemble sur le gisement de biomasse agricole et donner précisément la quantité de paille exportable de la région, en s’aidant de l’outil Cartopaille. La région centre a aussi utilisé cet outil pour décider de la ponction en paille.

Schéma : Jacques Mathieu. Maintien du taux de matière organique des sols : une contrainte pour la mobilisation de la biomasse ? Rapport, Gie Arvalis/Onidol. 28 p.

Evaluation du gisement en paille de céréales à paille

Vers une banque de données commune pour la ressource ?

Il pourrait être intéressant de mettre en place un outil qui répertorie les agriculteurs désireux de vendre de la paille pour la construction. Cet outil pourrait, dans un même temps, prendre en compte les autres paramètres nécessaires pour quantifier la paille réellement disponible, pour créer une banque de donnée.

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Taux d’exportation pour les céréales Q87=1 Q4-Q87 Q33-Q4 Q25-Q33 Q05-Q25 Projet CARTOFA : taux d’exportation régionalisés à dires d’expert

Carte : Jacques Mathieu. Maintien du taux de matière organique des sols : une contrainte pour la mobilisation de la biomasse ? Rapport, Gie Arvalis/Onidol. 28 p.

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3-DE LA BOTTE AU CHANTIER :

QUALITES ET EXIGENCES DEMANDEES

A- définition d’une botte

Botte : Apparaît au 12°s, « paquet, part » d’après Corblet. Et en 1316, bothe « réunion d’objet de même nature liés ensemble. (1)

B- qualité de la botte de paille

Bien que la botte de paille soit destinée essentiellement à l’agriculture, elle doit néanmoins répondre à certaines exigences pour en faire un matériau de construction adéquat.

Un rapport réalisé en 2007-2009 pour la «mise en place d’une filière paille, retour d’expérience 44 » (2), pose les critères de qualité

nécessaires pour une botte de paille, à savoir : le choix de l’espèce de la tige, l’état de maturité de la paille au moment du pressage, la forme de la botte, le liage, le pourcentage d’humidité, la densité de la botte, la paille certifié AB et le lieu de stockage. Nous allons revenir sur ces critères énoncés.

2-Retour d’expérience en 44, mise ne place d’une filière paille, 2007-2009, CIVAM Loire-Atlantique. 1-http://www.cnrtl.fr/definition/botte

photographie : http://www.parc-marais-poitevin.fr/index.php/Les-actions-du-Parc/Culture-et-education/ Action-article/Temoignage-de-Jean-Jacques-Rousseau

(36)

L’espèce

État de maturité de la paille au moment du pressage

Julia Feste (étudiante à l’école Centrale Nantes) explique dans son rapport de fin d’étude (2) quel sera le moment le plus approprié à la

récolte pour la construction. En effet, la qualité de la paille dépend du temps écoulé entre la moisson et le pressage. Elle dépend également des conditions de pressage (outillages corrects). Le moment de bottelage le plus adapté serait donc en fin de matinée ou dans la soirée, lorsque l’humidité retombe. La paille est plus souple donc moins cassante, et elle sera plus claire. Si elle est pressée au moment des grosses chaleurs, elle sera plus fragile et il y aura des risques d’incendies non négligeables.

En effet, la qualité de la tige dépend de deux facteurs : le diamètre et la longueur de la tige. Les différentes espèces pouvant être utilisés pour former des bottes ont été classées en qualité décroissante : Le riz, le seigle, le triticale, l’orge, le blé, la lavande, le lin, le chanvre et enfin l’avoine.

Si le riz semble le plus intéressant du point de vue des performances techniques, c’est parce qu’il contient un taux élevé de silice, qui le rendra plus résistant au pourrissement. De plus, sa surface hérissée donne une meilleure cohésion entre les tiges, même lorsque les bottes sont déliées, il est donc beaucoup utilisé pour les toits de chaume. (1)

Néanmoins, il vaut mieux privilégier une ressource locale et disponible pour conserver son faible coût en énergie grise. Le blé reste donc le choix le plus cohérent dans la région étant donné que ses performances sont tout à fait acceptables.

1-DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 pages (Ecoconstruction) .

2-FESTE Julia, études des filières paille et chanvre pour l’éco-construction en circuit-court, région Pays de la Loire, Rapport de Travail de Fin d’Étude, Options Energétique-Environnement &Management de Projet, encadré par Pablo Bellanger, président du Niveau à Bulle, avec centrale Nantes et le Niveau à Bulle, Avril-septembre 2012.

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La forme de la botte

Le type de moissonneuse-batteuse intervient également dans la qualité de la botte. Les constructeurs cherchent plutôt des machines traditionnelles qui préservent la longueur des tiges, ce qui est plus adapté pour la construction, tandis que les modèles rotatifs d’autres moissonneuses hachent la paille ce qui donne des bottes friables et instables. I

l est donc préférable d’avoir des brins de paille de 25 cm au minimum.

(1)

Quant à la botteleuse, elle détermine la taille et la largeur de la botte de paille, en fonction de la chambre de compression.

« La paille est poussée par saccades, créant ainsi des tranches ou galettes d’environ 7 à 10 cm d’épaisseur qui se juxtaposent comme des livres sur une étagère. Lorsque la rangée atteint une longueur minimum, la machine la coupe d’un côté et lie la botte ainsi formée. Ce processus de coupe donne une face constituée principalement de brins sectionnés, et une face constituée de brins pliés. […] La longueur des bottes varie souvent de plus ou moins 10% en raison du taux d’humidité de la paille et de la quantité de la paille ramassée par la botteleuse. » (2)

De plus, la pression de la machine lorsqu’elle lie les bottes est réglable, ce qui est un atout pour obtenir la densité nécessaire pour la construction.

Il est préférable de limiter les manipulations de la botte de paille car cela fragilise sa structure. En effet, en étant compressés une deuxième fois, les brins ne s’alignent plus, et se cassent. De plus, sa densité ne sera pas forcément bonne après la transformation.

1 et 2-DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction) p.29)

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photographie du haut : http://www.fermelepuits.fr/index.php?rang=2

Photographie du bas : http://album.aufeminin.com/album/see_189636_27/La-micro-ferme-des-sicots-le-tra-vail-a-l-ancienne.html

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On peut régler le déclenchement de la ficelle, permettant ainsi de déterminer à l’avance la longeur de la botte.

Les deux manivelles permettent de régler la pression de la botte, ce qui influence la densité.

On peut refaire les bottes à partir de grosses balles rondes.une personne charge la botteleuse à la fourche, une autre receptionne les bottes.

images et citations : RIJVEN Tom et PEUBLE Julien, Entre paille et terre. Éditions goutte de sable, La Rous-sière, Jouve, avril 2008. 158 pages. (p.19)

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Il existe donc plusieurs types de botteleuses, donnant des bottes de paille variées. Les plus anciennes sont les botteleuses à canal, donnant une botte de dimension de 37cm par 44cm pour une longueur variable. Ce sont les plus utilisées dans la construction. Il existe aussi des mini botteleuses, formant des bottes de 26cm par 46 cm, qui seront intéressantes pour une isolation par l’extérieur. Néanmoins certains constructeurs utilisent des Round-Baller (grosses bottes rondes) pour reformer des bottes adéquates à la construction. Elles sont cylindriques et font entre 1m et 1m50 de diamètre. Leur poids nécessite une manipulation par des machines. Récemment, on a vu apparaître les Big Balles, de grosses bottes aux longueurs variables (en moyenne : 80/120/250 cm) et à haute densité (170 kg/m3). On a vu aussi apparaître les bottes à très hautes densités, deux fois plus compressées que la normale.

1 - DE BOUTER André et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 pages (Ecoconstruction) (p.25)

Bottes de paille les plus courantes (dimensions et poids approximatifs (1)

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Le liage

Il est possible d’utiliser plusieurs types de ficelles, comme le sisal, le polypropylène, le fil de fer ou de chanvre…

Le sisal est le plus utilisé par les autoconstructeurs, bien qu’il soit apprécié des rongeurs pendant le stockage de la paille. Le sisal ne passe pas toujours dans les nœuds de toutes les presses. Il est donc préférable de choisir le polypropylène.

On peut utiliser les ballots à deux ficelles, parfois à trois lorsque la botte est plus grande.

Le pourcentage d’humidité

Il est nécessaire d’avoir un faible taux d’humidité. On estime qu’une botte de paille exposée à une température de plus de 4°C, dont la teneur en eau excède 30%, présente de grands risques de pourrissement, facilement reconnaissable. Une coloration plus sombre, ou des filaments blancs ainsi qu’une forte odeur sont des caractéristiques du pourrissement de la paille.

Un tableau dans l’ouvrage des « règles professionnelles » de la construction paille détermine les valeurs maximum du taux d’humidité à ne pas dépasser. Le taux d’humidité se mesure à l’aide d’un humidimètre, conçu pour la paille et le foin, également utilisé par les agriculteurs. Il est équipé d’une sonde assez longue pour atteindre le cœur de la botte de paille.

Tableau : Sous la direction de FLOISSAC Luc, Règles professionnelles de construction en paille : remplissage isolant et support d’enduit, Règles CP 2012 révisées. 2e édition, Paris, Le moniteur, 2014, 197 p (RFCP) (p.125)

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« Le contrôle doit porter sur l’humidité relative, la masse volumique et les dimensions des bottes. Il est réalisé au minimum sur 10 bottes (...) Les mesures sont réalisées au coeur de la botte et sont consignées dans un bordereau .

Dans le cas où l’une des bottes testée dépasse les valeurs autori-sées :

- les bottes incorrectes sont jetées - toutes les bottes sont contrôlées » La masse volumique de la botte

La masse volumique des bottes est d’au moins 80kg/m3. Les règles professionnelles de la construction paille donnent un tableau plus précis pour le contrôle de la masse volumique des bottes.

1 et tableau : Sous la direction de FLOISSAC Luc, Règles professionnelles de construction en paille : remplis-sage isolant et support d’enduit, Règles CP 2012 révisées. 2e édition, Paris, Le moniteur, 2014, 197 p (RFCP) (p.126)

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La paille certifié AB

La demande s’oriente de plus en plus vers de la paille certifiée AB, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours possible. André de Bouter et Bruce King nous expliquent dans leur ouvrage pourquoi il est préférable d’utiliser de la paille AB.

Certains soutiennent le fait que des pesticides ne devraient pas être enfouis dans la structure d’un bâtiment, pour des raisons de santé. Selon les auteurs, cet argument est plus ou moins justifiable. Certains pesticides sont dégradés en matières inertes avant que la paille ne soit conditionnée en ballot, tandis que d’autres perdurent. Il faudrait approfondir la question. Par contre nous savons que, dans la majorité des cas, les agriculteurs viennent ajouter de l’azote, du phosphore et autres composants dans le sol pour augmenter la rapidité de croissance de la plante, ce qui accélère le pourrissement de la paille. Cette décomposition rapide appréciée des agriculteurs est un désavantage pour les constructeurs. (1)

1-BOUTER André de et KING Bruce : Concevoir des bâtiments en bottes de paille : Structure,humidité, isolation, feu, acoustique, enduits, codes et normes. Jouve. La maison en paille (asso.loi 1901) . Le trézidoux : 2009, 319 p (Ecoconstruction)

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Le lieu de stockage a aussi son importance sur la qualité de la paille.

« Les bottes sont transportées et stockées de façon à les protéger des intempéries ainsi que des autres sources d’humidité. Elles sont disposées sur des palettes, ou autres dispositifs aéré permettant d’éviter le contact avec le sol. Le lieu de stockage

1-Sous la direction de FLOISSAC Luc, Règles professionnelles de construction en paille : remplissage isolant et support d’enduit, Règles CP 2012 révisées. 2e édition, Paris, Le moniteur, 2014, 197 p (RFCP) p.162)

Source photographie : http://www.die-fourrage.fr/vente-de-paille.html

Croquis de principe du stockage des bottes de paille à l’extérieur (1)

Elles sont stockées de préférences sous un hangar abrité. A l’extérieur, elles sont couvertes d’une bâche respirante, ou étanche et aérée, afin d’éviter l’apport d’eau par condensation. La ventilation de l’ensemble doit être assurée : un espace ventilé et aéré est ménagé, au moyen de palette par exemple, entre le sommet du tas de paille et la couverture. La bâche doit être fortement tendue et la forme interdire la formation de poche d’eau. » (1)

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C-Transport et livraison de la paille

Collecte

La collecte du matériau, enquête. (1)

Luc Floissac (docteur en géographie et urbanisme), dans son rapport d’étude sur les impacts environnementaux de la construction paille, étudie la collecte du matériau en collaboration avec 17 producteurs répartis sur toute la France.

On remarque que dans la plupart des cas, il n’y a pas de groupage fait pour la collecte. Le chargement et le déchargement se font en majorité manuellement. On peut aussi noter que la livraison directe du champ au chantier ne se fait que pour un cas.

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Livraison

L’étude concernant la livraison à été établie à partir du recensement d’Empreinte et de ses 691 bâtiments répertoriés. On note que le tracteur et la remorque sont plus utilisés pour les courtes distances, et que le camion semi-remorque le sera pour les longues distances. On remarque également que la majorité des chantiers sont approvisionnés en paille par des producteurs locaux (50 % à moins de 10 km).

1 et sources photos-Luc Floissac. Impact environnementaux de la construction en paille. Rapport. RFCP. (p.7)

(47)

D-Coût de la botte

La botte de paille étant devenue un matériau de construction, il serait intéressant de définir sa valeur marchande en prenant en compte ses coûts de production, de livraison et de main d’œuvre, pour que les différents acteurs se situant entre le champ et le chantier puissent bénéficier d’une rémunération décente.

Le rapport de la mise en place d’une filière paille en Loire-Atlantique, énonce les différents points pour proposer des prix corrects pour les agriculteurs. (1)

Aujourd’hui la botte est vendue entre 1,5 euros et 2 euros, sans prendre en compte le stockage.

L’étude démontre qu’à long terme, en considérant l’ensemble des coûts, une botte vendue à moins de 3 euros ne serait pas rentable.

Retour d’expérience en 44, mise ne place d’une filière paille, 2007-2009, CIVAM Loire-Atlantique. (1)

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Des entreprises aujourd’hui se lancent dans la fabrication de bottes de paille uniquement destinée à la construction. C’est le cas d’ISOPAILLE, en Sarthe. Cela assure la qualité requise des bottes de paille et permet une gestion du stock pour la demande.

Le procédé et son innovation (1)

« Les murs en ossature bois sont remplis par des blocs de paille compressée. Ce procédé est constitué de paille non traitée, se présentant comme un parallélépipède maintenu en forme et en compression par deux liens. La résistance du produit à l’humidité et aux insectes est assurée par des solutions constructives permettant de s’affranchir des risques de croissance fongique liés à l’humidité dans le matériau. L’ouvrage visé comprend donc systématiquement un pare-vapeur du côté intérieur, et du côté extérieur un pare-pluie et une lame d’air. Ce procédé est destiné à l’isolation thermique des murs. Ce système d’isolation peut être utilisé en construction neuve ou en rénovation dans les bâtiments d’habitation, bâtiments à usage non résidentiel et les établissements recevant du public pour des murs à faible ou moyenne hygrométrie. »

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bilan du cycle de fabrication

cycle de vie d’un bâtiment conventionel (1)

(1) Source image : internet

(2) Luc Floissac. Impact environnementaux de la construction en paille. Rapport. RFCP. (p.10)

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La construction paille entre dans un tout autre cycle de fabrication qu’un bâtiment « conventionnel », et ce, dès que la paille émerge du champ. Lorsque l’on compare le cycle de vie d’un bâtiment classique à une bâtisse en paille, on note que le parcours n’est pas le même. En effet, on commence, pour alimenter un chantier conventionnel, par extraire la matière, puis on la transporte, la transforme, la transporte à nouveau pour l’acheminer vers un magasin de distribution où les utilisateurs vont enfin y avoir accès. Ils vont re-transporter vers le chantier le matériau où il pourra être mis en œuvre. Toutes ces étapes sont en quelques sortes synthétisées sur un même lieu : le champ de l’agriculteur. Il a la matière première déjà conditionnée et le constructeur peut aller prendre directement le matériau principal de son bâtiment. Cette spécificité est intéressante puisqu’elle permet de développer l’économie locale.

(51)
(52)

LA CONSTRUCTION PAILLE, PORTEE

PAR LES AUTOCONSTRUCTEURS

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INTRODUCTION :

« Nous n’avons pas pris de crédit pour financer cette maison – qui ne nous a coûté que quelques milliers de francs suisses – alors qu’aucun.e d’entre nous ne possède de fortune. Pour construire ainsi, il a fallu pratiquer la convivialité selon Illich, c’est-à-dire choisir des techniques suffisamment simples et passer par des apprentissages informels, nous permettant de nous passer du recours au travail d’un salarié. […] La démarche s’inspire des pratiques vernaculaires, où la maison est construite par et pour ses habitant.e.s, selon la culture locale, le climat et les matériaux disponibles.

Quand on construit collectivement, on peut rassembler les savoir-faire et s’enseigner mutuellement les astuces pratiques, sans formalité, sans diplôme. Les compétences peuvent profiter à l’ensemble sans passer par des structures bureaucratiques, et circulent à la mesure des efforts fait pour les partager. Avec les erreurs, on prend la mesure de ce qu’exigent la qualité et la durabilité, même si cela prend du temps. De ce bouillon de culture, des projets éclosent, spontanément. Parfois un lieu sert de tremplin pour un autre. » (1)

1-Collectif Straw d’la Bale, La maison de paille de Lausanne : pourquoi nous l’avons construite, pourquoi elle fut incendiée.Quincy-sous-Sénart. Editions la lenteur.Paris. 2013. 210 p. (p.182)

(54)
(55)

Graphiques et données : FLOISSAC Luc. La construction en paille : principe fondamentaux, techniques de mise en œuvre, exemples de réalisations. Terre vivante. Mens. 2012, 383 pages (techniques de pro).p.22

Chiffres du site : Part d’autoconstruction :

-22 % des projets sont 100% autoconstruits.

-59,5 % des projets sont autoconstruits au moins à 80 %

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Au regard des documents précédents, on constate que la construction paille est en plein essor. Les Pays de la Loire offrent une production céréalière suffisante pour accueillir dans son environnement proche des constructions futures. De plus, la région est à côté de voisins dynamiques dans le réseau de la construction paille ; la Région Centre et la Bretagne.

Nous pouvons aussi remarquer que la majorité des constructions sont des logements individuels, qui présente la particularité d’être en partie ou en totalité autoconstruits. Ceci est valable pour toute la France même si de plus en plus de réalisations publiques voir le jour. L’expansion du réseau et les avancées techniques ont été entre autre possibles parce que des individus se sont lancés dans l’aventure, avec leur propre maison, et ont soutenu le réseau. La suite de ce mémoire s’attachera plus à comprendre le rôle de l’autoconstructeur dans le réseau de la construction paille. Comment devient-il acteur et transmetteur ? Quelles ont pu être les difficultés rencontrées ? Et comment interviennent les professionnels face à ces autoconstructeurs ?

Les graphiques tirés de l’ouvrage de Luc Floissac s’appuient également sur ce recensement. Cependant il précise que se sont des données incomplètes puisque seulement 691 bâtiments ont été recensés alors qu’on estime qu’ils sont aujourd’hui à plus de 3000, ce nombre grandissant toujours. Néanmoins les graphiques peuvent donner un aperçu de l’état de l’art en France.

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1 – LE ROLE DE L’AUTOCONSTRUCTEUR

DANS LA DIFFUSION DE LA

CONSTRUCTION PAILLE

Pour appuyer cette partie, j’ai effectué quatre entretiens avec des autoconstructeurs ayant bâti leur maison en paille. Âgés de 29 à 51 ans, j’ai rencontré trois professeurs des écoles, un responsable logistique, un responsable informatique et un technicien du bâtiment. Bien qu’il ne s’agisse que d’un échantillon restreint et qu’il ne peut être cité comme l’entière représentation des autoconstructeurs, on remarque que ces personnes ont des profils sociaux-économique assez proche. Ce sont des couples biactifs, ayant deux à trois jeunes enfants et étant de la classe moyenne supérieure. Comment ont-ils eu l’idée de construire en paille ? Comment c’est déroulé la recherche d’informations et comment ont-ils obtenu le savoir-faire nécessaire à la réalisation de leur maison ?

Cf. Les prénoms des autoconstructeurs n’apparaîtront pas à la suite des extraits d’entretiens, par souhait des personnes rencontrées, qui préféraient garder l’anonymat. A l’inverse, les professionnels seront toujours cités.

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A- POURQUOI LE CHOIX DE L’AUTOCONSTRUCTION

EN PAILLE ?

Pourquoi la paille ?

« -C’est difficile à dire comment. Je sais plus trop, c’est à force d’aller chercher sur des blogs, après on est allé au salon Natura...

-Chercher des matériaux qui polluaient pas quoi »

« On est à deux, ma femme voulait une maison, moi je ne voulais pas une maison en parpaings, on a tous les deux des préoccupations écologiques on va dire.

« -Oui, alors moi je me souviens au départ, on avait décidé d’une maison écologique, on avait regardé à peu près les coûts avec ossature bois et remplissage en fibre de bois, et c’était un peu hors budget. On a continué de creuser et en fait on a découvert la technique de la paille qui nous faisait vraiment descendre en termes de coût. »

Comme on peut le constater, le point de départ de la construction de leur maison est la recherche d’une maison écologique. Cela passe par le choix des matériaux et des installations alternatives (toilettes sèches, récupération d’eau de pluie, poêle…), lié à un intérêt économique. Bien sûr, cela va avec la recherche d’une maison confortable et saine, qui est sûrement l’argument qui ressort le plus au court de mes entretiens.

On a essayé d’avoir une maison aussi saine que possible. […] notre fils aîné avait des soucis d’asthme, où on vivait avant, enfin dans toutes les locations qu’on a fait, et depuis qu’on est là, la ventoline, elle est dans un placard. Elle a jamais été ressortie.

Il est intéressant de noter que ce couple met un point d’honneur à employer des matériaux écologiques (donc, pour eux, sains) après les multiples expériences de locations dans lesquelles ils ont habité. Des habitats qu’ils trouvaient peu confortables (souvent froids, mal isolés, humides…) et qui, pour eux, étaient responsables des problèmes de santé de leurs enfants. En règle générale, aux cours des discussions, la préoccupation de la qualité de l’air est prédominante.

L’ensemble de ces critères ont amené ces couples à trouver des techniques et des matériaux de construction répondants à leurs besoins.

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La maison comme acte écologique étant déjà au cœur de leur préoccupation, la plupart des couples rencontrés étaient abonnés à des magazines comme la « maison écologique ». C’est par ce type de revues qu’ils ont découvert la paille avant de poursuivre leurs investigations.

La recherche sur internet est prédominante. Beaucoup passent par les blogs d’autoconstructeurs paille, ce qui les rassurent, puisque se sont des gens « comme eux », c’est-à-dire n’étant pas dans le domaine de la construction, qui ont fait cette expérience, en générale positive.

Enfin, pour un des couples, le choix vient d’une rencontre, qui va les rassurer et leur donner l’envie de se lancer dans l’aventure.

La recherche sur internet est prédominante. Beaucoup passent par les blogs, qui ont peut être un côté rassurant, puisque se sont des gens ‘comme eux’ qui en ont fait l’expérience, et en générale positive. Enfin, pour un des couples, le choix vient d’une rencontre, qui va les rassurer où leur donner envie de se lancer dans l’aventure.

Comment on t-ils découvert la paille ?

« -c’était avec les blogs, à l’époque, y’avait beaucoup de gens qui ouvrait leur blog et qui racontait leur, bah comme nous aussi, qui racontait leur histoire, et çà permettait de file en aiguille d’arriver sur certaines techniques. »

« Ensuite on a rencontré Christian [Christian Hamani] et il nous a aiguillés vers la construction paille. Avant ça on avait lu un numéro de la Maison écologique, avant de rencontrer Christian et on avait découvert que des gens construisaient en paille. Ma femme avait dit «Mais non ca va pas, ça ne va pas tenir, on souffle dessus et ça tombe!». Et en fait, comme quoi on s’est laissé entrainé nous aussi. »

« -Et puis le GREB c’est parce qu’on est tombé sur un article en parlant et puis çà nous a bien intéressé. »

«- De mémoire c’était dans un magazine, et puis après sur internet… -Après sur internet et puis…

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Pourquoi le choix d’être autoconstructeur ?

- Beh alors là, héhé, heu… beh pour des questions de coût hein. Parce qu’à un moment donné déjà ; on a choisit de faire une maison plus grande, mais ce qui impliquait qu’on fasse des travaux nous même. Donc un peu d’autoconstruction.

Donc même c’est pas une maison auto construite ou même une maison sur la paille, ya l’ossature qui a été faite par un pro, avec des réseaux, et après nous on a fait le mur paille plus après tout l’habillage et après tout l’étage. Voilà. »

«- Heu, pour le budget principalement.

Parce que la pose des bottes de paille ça prend beaucoup de temps donc niveau main d’œuvre si ça avait été fait par des professionnels... »

Les préjugées sur la paille sont assez vite écartés. Vient alors la question du coût, car contrairement aux idées reçues, la construction paille n’est pas forcément moins onéreuse qu’une construction conventionnelle si elle est érigée dans les mêmes conditions.

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Dans ces tableaux présentés dans l’ouvrage de Luc Floissac, des murs conventionnels sont comparés à des murs en paille. On remarque qu’un mur en paille est plus cher, et cela pour diverses raisons.

Tout d’abord, il y a d’autres matériaux à prendre en compte dans la totalité du mur, ce qui augmente son coût (la paille est souvent associée à un enduit terre, un bardage bois ou encore des plaques de fermacell, etc.). Comme la plupart des constructeurs sont dans une logique d’habitat sain, leurs choix se porteront vers des matériaux écologiques souvent plus onéreux, comme des peintures bios, des matériaux recyclables, du bois local et non-traité...

Ensuite, un mur en paille est beaucoup plus long à la pose et demande plus de main d’œuvre, ce qui explique la raison d’un investissement financier plus important qu’un mur conventionnel. Cela dit, les murs étudiés dans les graphiques n’offrent pas les mêmes performances qui impacterons lors de l’usage. Les besoins en chauffage et en ventilation seront moins importants pour un bâtiment en paille. A long terme, ce dernier est plus rentable.

Il est donc difficile de comparer le coût entre un mur conventionnel et un mur en paille, car ne sont pas pris en compte les dépenses liées à l’entretien, aux besoins énergétiques pour l’usage du bâtiment, ni celles découlant de l’impact écologique et sanitaire…

L’autoconstruction est la condition pour que la construction se réalise. En effet, le coût immédiat imposé par les convictions des couples rencontrés les amène à l’autoconstruction afin de limiter les dépenses en main d’œuvre.

Bien que la plupart ne se considérait pas « bricolo », on voit que les expériences des autres internautes, relayées par les blogs, les ont rassuré donc conforté dans le choix de construire leur maison eux-mêmes.

« Disons que moi je ne suis pas du tout bricoleur à la base, je suis un intello pur beurre. »

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Source tableau : FLOISSAC Luc. La construction en paille : principe fondamentaux, techniques de mise en œuvre, exemples de réalisations. Terre vivante. Mens. 2012, 383 p (techniques de pro)p.47-48

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B- COMMENT SE FAIT LA TRANSMISSION

L’apprentissage par l’échange

Les choix et les envies des autoconstructeurs sont posés. Viennent alors les questions d’ordre pratique ; Comment construire et avec quelle technique? Comment obtenir des conseils et les matériaux ?

Internet fonctionnant comme une base de données commune sur l’autoconstruction, la personne entame un processus d’apprentissage et d’échange car ses questions sont plus précises. Pour autant, la conception sera facilitée par l’apport des connaissances d’un maître d’œuvre, bien que certains autoconstructeurs ne s’aident pas d’un professionnel à cette phase sans qu’il y ait de problème majeur. Dans le cas contraire, les plans qu’il destinera aux autoconstructeurs seront souvent plus détaillés, conçus comme une maquette ou un puzzle pour aider à la fabrication.

Bien souvent, la mission du maître d’œuvre ou de l’architecte s’arrête à cette phase, pour deux raisons principales ; premièrement, un architecte ne peut être assuré pour un chantier en autoconstruction. Deuxièmement, il ne sera pas rémunérer car la plupart de ces chantiers fonctionnent grâce à du bénévolat. Il est donc régulier que le maître d’œuvre délègue la phase de réalisation à des associations (les différentes personnes que j’ai rencontrées ont toutes été dans des associations ou entreprises différentes comme Botmobil, HEN, Thierrhabitat, approche paille…).

La plupart de ces associations, comme c’est le cas de Botmobil, demandent au futur propriétaire de s’investir lui même dans un autre chantier participatif.

Dans ce type de chantier, la personne s’investit gracieusement pour un autre autoconstructeur. Les constructeurs accueillant les bénévoles s’occupent en échange de loger et nourrir les « futurs apprentis ouvriers ».

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En donnant de son temps pour la réalisation d’une autre maison, non seulement elle apprend, participe au fonctionnement du réseau, met en pratique et confronte ses savoirs théoriques accumulés aux cours de ses recherches.

C’est à ce moment que les futurs constructeurs peuvent réaliser l’ampleur du chantier, et comprendre la globalité de l’action dans laquelle ils s’engagent, que ce soit technique, humain ou plus de l’ordre de la gestion. Ce chantier peut aussi permettre d’affirmer ses choix et de profiter de l’expérience d’autrui. C’est un temps de pédagogie et de rencontres.

C’est une phase à ne pas négliger car le bénévole s’engagera à son tour dans son propre chantier participatif, faisant appel alors à d’autres futurs autoconstructeurs, qui eux aussi pourront profiter de ses connaissances accumulées : la roue tourne ainsi.

« En fait déjà, moi j’avais fait un chantier participatif, deux ans avant, un truc comme çà, et c’était une autre technique. On mettait la botte sur fibre verticale, on mettait sur le champ, avec la fibre horizontale. Moi j’trouvais pas çà très logique, en plus çà peut s’écraser potentiellement plus. Et donc voilà, je voulais déjà en faire un pour voir la méthode, toute l’organisation autour, parce que mine de rien y’a toute une logistique autour hyper importante pour que çà marche.»

« -Et après on a fait un stage. Je sais pas si tu connais la technique du GREB avec approche paille ? […] En fait, ils font des stages sur 2 jours. Ça a du tombé à peu près en même temps où on était dans les fondations, on a fait un stage en Touraine. […] Voilà, c’était intéressant. Ça a confirmer notre choix. Heureusement ! »

Le rôle des professionnels, travaillant eux aussi pour la plupart en tant que bénévoles, est d’aider à la préparation du chantier et de s’assurer de son bon déroulement. Ils supervisent le chantier et forment les personnes.

La phase de conception et l’expérience d’un autre chantier participatif se fait souvent en parallèle.

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Le chantier participatif, l’autoconstructeur transmetteur et acteur du réseau

Le projet est mûr, l’été approche ainsi que la récolte de la paille. Les autoconstructeurs sont prêts pour le chantier.

« La confrontation avec la réalité par la mise en œuvre de savoirs et connaissances théoriques va être une étape importante dans le processus d’apprentissage. Elle va souvent nécessiter un temps d’adaptation, de tâtonnements avant de se familiariser avec la technique. […]

La débrouille et l’improvisation seront souvent de mise. Ces difficultés vont générer de nouvelles techniques, améliorer des techniques existantes, ou inventer des variantes. L’autoconstructeur va vraiment s’approprier la technique en l’adaptant à son projet. Il

pourra parfois inventer ses propres techniques et astuces. » (1)

1-DOY Mélody et NENERT Anaïs. L’autoconstruction, un processus d’apprentissage, entre virtualité et réalité. Rapport. Nature Culture Architecture. ENSASE. 2012. (p.8)

Au cour de ces chantiers, les autoconstructeurs, pour la plupart, nourrissent un blog. Ainsi, ils alimentent à leur tour les connaissances et expériences partagées sur internet, en plus de participer à un échange concret sur le chantier. On peut ainsi dire que l’autoconstructeur, pendant la construction, devient acteur du développement de la construction en paille, dans le sens où il transmet son expérience, qui pourra par la suite rassurer d’autres futurs propriétaires.

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Des objectifs atteints ?

Tous les autoconstructeurs que j’ai rencontrés s’avèrent satisfait de leur maison. Cependant, ils expriment certains déboires ou difficultés rencontrés, qui pour autant ne leur font pas regretter l’expérience vécue, et les évoquent avec nostalgie.

De plus, une fois sortie de l’engouement autour du chantier participatif, le quotidien revenu et même si la maison n’est pas finie, les propriétaires manifestent le besoin d’une « pause » et se détachent de leurs intérêts pour la paille.

« Mais la mise en œuvre est beaucoup trop longue, heu. C’est un super chantier participatif, c’est génial, mais normalement on aurait dû en faire d’autre, on a pas le temps ! Dans les vies qu’on mène actuellement, c’est pas possible ! On a fait un troisième enfant, on veut se poser, on veut faire autre chose que de la construction, on est pas du métier non plus. »

« Et dès que tu sors du chantier participatif, tu te retrouves tout seul, devant ta masse de boulot, et là, çà devient difficilement gérable. »

Ce besoin de répit va jusqu’à une certaine lassitude pour certain. En effet, rappelons que ces autoconstructeurs avaient fait le choix de la paille en fonction de plusieurs paramètres, à savoir ; les préoccupations écologiques autour des matériaux, l’envie d’une maison saine, performante énergétiquement et d’un coût peu élevé à la fabrication. La fierté d’avoir une maison saine est peut être un des objectifs les mieux atteint, les autres étant relégués au second plan. Parfois même, les autoconstructeurs, par fatigue ou déception, reviennent pour les travaux restants à des matériaux de constructions conventionnels.

« Et puis là c’est les seuls rangs de parpaing qu’il y a dans la maison mais ma femme a dit, bon là y’en a marre on arrête, on va à l’efficace et au moins cher. »

Il serait intéressant de comprendre ce qui a été perçue comme un labeur trop conséquent, et dégager ce qui pourrait être amélioré afin que ce type de projet soit plus supportable ou accessible pour les autoconstructeurs.

Figure

tableau : Les matériaux bio-sourcés produits et/ou utilisés en Basse-Normandie. février 2012, 144 p.
Tableau : Sous la direction de FLOISSAC Luc, Règles professionnelles de construction en paille : remplissage  isolant et support d’enduit, Règles CP 2012 révisées

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