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Un essor ou un renouveau des circuits courts et/ou de proximité

Dans le document DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE (Page 156-159)

LES CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES

2. Un essor ou un renouveau des circuits courts et/ou de proximité

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AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES regard du circuit court qu’ils effectuent entre leur domicile et la grande surface (cf. les 5 km

évoqués pour les transports), le gaspillage généré par les promotions sur les ventes par lots, ou l’impact des publicités déposés dans les boîtes aux lettres des consommateurs.

L’importance du gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire correspond chaque année dans le monde à l’émission de 3,3 milliards de tonnes d’équivalents CO2, soit plus de 24 fois celles liées aux transports en France. Selon la FAO, plus d’un tiers des aliments produits chaque année est perdu ou jeté, tout au long de la chaîne alimentaire. L’amont (production, manutention et stockage après-récolte) serait responsable de 54 % de ces pertes et l’aval (transformation, distribution et consommation) de 46 % d’entre elles.

En France, les campagnes de communication visent essentiellement à des changements de comportements des consommateurs alors que tous les maillons des filières sont concernés. Les outils de mesure, de suivi et d’évaluation en la matière, sont insuffisants voire inexistants. Toutefois, dans un rapport de 2011, le ministère de l’Écologie évaluait à 7,12 millions de tonnes les déchets alimentaires produits annuellement sur le territoire dont 2 % imputables aux industries agroalimentaires, 10 % à la distribution, 6 % aux marchés, 15 % à la restauration hors domicile et 67 % aux ménages.

Les industriels et la grande distribution affichent des objectifs volontaristes en matière de réduction du gaspillage grâce notamment à la valorisation de produits non commercialisables par le biais de l’aide alimentaire. À cet égard, il convient de rappeler, comme cela avait été souligné dans un récent avis du CESE55, que ces pertes n’ont qu’un très faible impact sur les marges des grandes enseignes car, d’une part, celles-ci les intègrent dans la détermination de leurs prix de vente et, d’autre part, leurs dons en produits à des organisations caritatives donnent lieu à des avantages fiscaux significatifs.

2. Un essor ou un renouveau des circuits courts

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Tous les producteurs qui s’engagent dans ce type de démarches, ont comme finalité première de mieux valoriser, tout ou partie de leur production, en supprimant des intermédiaires pour préserver leurs marges et accroître leurs revenus. En revanche, on observe, parallèlement, chez certains d’entre eux une volonté affichée de redonner du sens à leur métier en se rapprochant de leurs « clients » afin de revenir à la vocation première de l’agriculture qui est de nourrir les populations.

Les entreprises, qui commencent à pénétrer ce secteur, dont certaines ont des liens financiers avec de grands groupes, sont attirées par les perspectives de son développement potentiel et sa future rentabilité.

Du côté des consommateurs, les motivations peuvent être à caractère individuel ou collectif, sachant que les deux se conjuguent fréquemment. Dans le premier cas, on trouve le souci d’une alimentation présumée de meilleure qualité gustative, plus saine, dont la provenance et les conditions d’élaboration sont connues, et le cas échéant moins chère.

Dans le second, ce sont des comportements souvent qualifiés de « citoyens ». Ils reposent sur des considérations d’ordre socioéconomique (soutien aux économies locales : exploitations agricoles, entreprises artisanales, emplois…), et/ou écologiques (promotion de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, réduction du gaspillage, des transports de marchandises et des emballages…). Les AMAP s’inscrivent délibérément dans cette approche en promouvant un système de solidarité entre adhérents et producteurs.

Même s’ils demeurent minoritaires  en termes de part de marché (entre 5 et 10 % environ) par rapport aux circuits classiques que sont la grande distribution et les commerces alimentaires spécialisés, ces nouveaux modes de commercialisation connaissent une progression relative et un engouement incontestables. Ces évolutions conduisent à penser qu’ils pourraient jouer un rôle significatif dans un futur rééquilibrage des circuits. Toutefois, différents éléments méritent d’être pris en compte pour nourrir une réflexion prospective dans cette voie.

Tout d’abord, ces nouveaux circuits ne concernent pas l’ensemble de l’alimentation mais essentiellement les produits frais (fruits, légumes, poissons) ou peu transformés (viande, charcuterie, fromages, laitages…) ce qui exclut des gammes de produits (surgelés, conserves, biscuiterie, plats cuisinés…) qui représentent une part très importante de l’alimentation actuelle.

Par ailleurs, ils tiennent leurs spécificités, et donc souvent leur intérêt pour les consommateurs, du caractère limité en volume des produits qui sont commercialisés par chacun des opérateurs. Par conséquent, cela implique, de privilégier une multiplication de tels circuits et des producteurs concernés, plutôt qu’une augmentation significative des quantités proposées par chacun d’entre eux, cette seconde option pouvant conduire à remettre en cause ce qui fait aujourd’hui leur force.

On observe que parmi les nombreux projets engagés récemment, un certain nombre d’entre eux rencontrent de grandes difficultés économiques qui les ont contraints à mettre fin à cette activité, sans toutefois systématiquement mettre en péril les exploitations concernées, compte tenu de la modicité des investissements financiers réalisés dans ce cadre. En effet, développer une activité de vente directe pour un agriculteur constitue un

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AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES autre métier qui nécessite des compétences, des équipements, une organisation et une

disponibilité spécifiques. De même, mettre en relation des producteurs et des clients via un site Internet, exige d’assurer la conception et la maintenance de celui-ci ainsi que de concevoir et de gérer un système efficace de livraison ou de récupération des commandes par les acheteurs. Pour être viables, ces démarches requièrent un fort professionnalisme pour s’appuyer sur des modèles économiques et techniques, complexes à mettre en œuvre.

Il est cependant nécessaire d’admettre que dans un domaine aussi innovant, les risques ne sont non pas négligeables ; ils doivent être pris en compte par ceux qui se lancent dans de tels projets.

Un autre paramètre à prendre en compte réside dans la segmentation croissante des consommateurs et la différenciation de leurs comportements alimentaires. Cette tendance peut être considérée à la fois comme une limite et un atout pour la généralisation de ces nouveaux circuits. C’est une limite parce qu’il est peu probable que demain une large majorité de consommateurs s’approvisionneront essentiellement par ces canaux. Cela constitue un atout, car, à l’inverse, on peut imaginer que progressivement ils attireront une clientèle en augmentation, désireuse de trouver une alternative à la grande distribution pour certains types de produits non banalisés. On observe, d’ailleurs, que les profils des consommateurs faisant appel à ces modes de distribution, dont l’archétype initial était « plutôt urbain, aisé et s’inscrivant dans une démarche militante », se diversifient peu à peu.

Globalement, il apparaît par conséquent que l’enjeu principal ne porte pas sur la capacité qu’auront ou non dans l’avenir les circuits courts ou de proximité de constituer une alternative à la grande distribution. Dans cette hypothèse, cela risquerait d’attirer sur ce créneau de puissants opérateurs financiers susceptibles de récupérer et de dévoyer ce

« modèle » et donc d’éliminer ceux qui l’ont initialement porté et qui ne pourraient plus lutter avec les moyens limités dont ils disposent. La question est donc de savoir quelle place ces nouveaux modes de commercialisation, en pleine expansion, pourront-ils durablement occuper lorsqu’ils se seront mieux structurés. À cet égard, l’ensemble des initiatives qui fleurissent actuellement, constituent autant d’expérimentations riches d’enseignement et ont  le mérite de sensibiliser les consommateurs à l’importance de leur alimentation et à l’attention qu’ils doivent lui accorder.

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Dans le document DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE (Page 156-159)