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Essai de typologie des images françaises

Dans le document La cathédrale de Reims (Page 99-106)

L’approche lexicologique des légendes de brochures ou d’ouvrages édités pour la circonstance permet d’établir une première typologie des images de guerre représentant la cathédrale. En effet, la récurrence des connotations religieuses comme sacrilège, martyre44, calvaire, holocauste45, passion46, prouve la dimension mystique de la perception de cet

42 Ralph AdamsCRAM, La Cathédrale de Reims, hier - aujourd’hui - demain, Cambridge, The University Press, 1918, p.17.

43 FrançoisCOCHET, Rémois en guerre 1914-1918 : l’héroïsation au quotidien, Nancy, Presses Universitaires, 1993, p.64.

44 Pierre LALO, « Le martyre de Reims », Je sais tout, n°118, numéro spécial : Les villes d’art mutilées, septembre 1915, p.227-237.

45 René d’AVRIL, « L’Holocauste de Reims », Images de guerre, août 1915, p.37-41.

46 RenéDRUART, La Passion de Reims, Reims, Imprimerie Coopérative, 1919, 58 p.

événement. A cette dimension chrétienne s’ajoute le terme de crime47 qui, lui, a une valeur juridique. Crime ou sacrilège, l’image française de l’incendie se charge d’adjoindre des complices aux dignitaires allemands.

Le crime de Reims

Pour la propagande française, un tel crime, incontestablement, a été prémédité. Cette idée est néanmoins peu crédible. Pourtant, la rumeur la colporte et l’amplifie. Dès le 29 octobre 1914, le journal local Le Courrier de la Champagne diffuse largement cette rumeur48. Il n’est pas le seul. Ce thème est d’ailleurs récupéré par les deux cartes postales de Piflou49, intitulées « Ils complotent sa destruction » et « Ils contemplent leur œuvre ». Le message est clair ; c’est pendant l’occupation de Reims que les Allemands auraient planifié la destruction de la cathédrale.

L’amplification du phénomène alimente automatiquement la polémique. Les écrivains et journalistes, persuadés ainsi que les Allemands ont prémédité la destruction de la cathédrale et de la ville de Reims, rapportent la moindre parole et le moindre écrit antérieurs à l’événement.

L’abbé Maurice Landrieux donne quelques exemples rapportés d’ici, de là, tout en insistant sur le fait qu’il convient de relativiser leur importance : « … huit ou dix jours avant l’événement… on a vu, aux mains de plusieurs (soldats prussiens), des cartes postales représentant déjà la catastrophe, la Cathédrale en feu… » ou encore « Deux officiers ont dit, dans un café de la rue Saint-Jacques : « Si nous sommes obligés de reculer et d’évacuer Reims, nous détruirons la Cathédrale ! »50 D’ailleurs, ce thème de la préméditation peut être associé aux bidons de pétrole soi-disant découverts dans les combles de la cathédrale51.

Bien entendu, tout crime suppose un coupable. Pour la propagande, le responsable désigné est le Kaiser Guillaume II. Cette décision de bombarder la cathédrale n’a pu être prise que par le chef de l’armée allemande. Cette idée est exprimée par A. Demar-Latour : « (Ce monstrueux vandalisme) nous ne savons quel général d’armée a pu l’ordonner ; mais ce que nous savons bien, c’est qu’aucun chef n’eût pris sur lui de le consommer sans un ordre supérieur ». Il n’est donc pas étonnant alors que la figure de Guillaume II soit omniprésente dans les documents

47 MauriceLANDRIEUX, La Cathédrale de Reims ; un crime allemand, Paris, Librairie Renouard, 1919, 236 p.

48 « Le crime de Reims prémédité », Le Courrier de la Champagne, 29 octobre 1914.

49 PIFLOU,Reims. - La cathédrale en flammes. Ils contemplent leur œuvre !, carte postale en couleurs, 88/138, coll. Jean-Pierre Procureur.

50 Maurice LANDRIEUX, op. cit., p.69-70.

51 Les bidons de pétrole sont représentés dans plusieurs documents iconographiques, mais on ne sait s’ils font référence à une rumeur ou s’il s’agit de l’emblème de l’incendiaire.

iconographiques et notamment la carte postale. Il est accusé mais également reconnu coupable. D’ailleurs, dans les principes mêmes de la propagande, il ne peut y avoir ambiguïté ou différence entre la mise en accusation et les preuves sur la culpabilité. Le discours est manichéen.

Toute action menée contre des militaires appartient aux lois et coutumes de la guerre.

Cependant, pour le cas de la cathédrale de Reims, l’accent est mis sur le fait qu’il s’agit d’une atteinte contre des civils. Le soldat allemand n’est donc plus assimilé à un militaire, mais il devient un bandit de droit commun. Leur chef, l’empereur Guillaume II, est alors assimilé à Bonnot52. Le qualificatif de bandit se retrouve dans de nombreux documents53. Dans

« L’Impériail Bandit »54, la tenue traditionnelle de l’Empereur est tronquée par une tenue de matelot. Il tient un petit revolver et un poignard, attributs du tueur à gages. Autre insulte à l’encontre de la soldatesque allemande est le terme d’apaches, utilisé sur une carte postale55 qui montre l’Empereur placardant une affiche pour recruter « 50000 Apaches capables d’accomplir pendant la guerre les pires forfaits. Butin assuré ».

La rumeur et la propagande créent sans aucune ambiguïté le mobile d’un tel crime. Pour de nombreux Rémois, le bombardement de Reims est ressenti comme une vengeance consécutive à la défaite de l’armée allemande, « l’échec de leur marche sur Paris » comme le note le Rémois Paul Hess56. Le célèbre médiéviste Joseph Bédier (1864-1938) publie, en 1915, un ouvrage intitulé Les crimes allemands d’après les témoignages allemands, dans lequel il étudie les textes médiévaux, de la même manière, que les lettres retrouvées sur les prisonniers ou sur les cadavres allemands. Outre le fait qu’il tente de prouver la véracité des crimes allemands, Joseph Bédier relève que le pillage est une « pratique constante des armées allemandes » et le « prélude à l’incendie »57. Ce thème se retrouve ainsi dans un dessin satyrique de Ricardo Florès (1878-1918) intitulé L’Art n’a pas de patrie : un officier allemand

52 Cette comparaison avec la « bande à Bonnot », groupe associant une idéologie anarchiste à des crimes de droit commun s’explique par l’atmosphère de terreur qu’ils firent régner en France entre 1911 et 1913.

53 Enfin !!… J’ai donc livré mon nom à la postérité…. ; Le Christ au milieu des Bandits ; RENO, Cloué au pilori, le plus grand des bandits..., cartes postales, coll. Jean-Pierre Procureur.

54 LUC, L’Impériail Bandit, carte postale, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

55 Berlin le 20 Spbre Reims est en flammes..., carte postale en couleurs, 95/150, coll. Jean-Pierre Procureur.

56 Paul HESS, op. cit., p.128.

57 JosephBEDIER, Les crimes allemands d’après les témoignages allemands, coll. « Etudes et documents sur la guerre », Paris, Librairie Armand Colin, 1915, p.22.

montre la cathédrale de Reims en flammes et s’exclame « Vous comprenez, je ne pouvais pas l’emporter…, alors… »58.

Le premier produit pillé à Reims aurait été le champagne, d’où le néologisme créé par l’artiste Bognard : Vitikultur59. Cependant le thème du pillage va être le plus souvent représenté par un assemblage d’objets hétéroclites avec une mention particulière pour les objets d’horlogerie. Un Allemand titanesque mettant le feu à la cathédrale s’exclame : « C’est plus lourd qu’une pendule, mettons-y le feu. » Ce thème des voleurs de pendules est un thème récurrent, héritage de la guerre de 1870. Cette image du passé ressurgit ainsi dans la propagande du moment.

Au-delà du caractère criminel associé à ces images, la cathédrale de Reims rallie le domaine sacré.

Le sacrilège

Cette idée de sacrilège se retrouve dans de nombreux écrits à propos de la cathédrale de Reims tels ceux de Rudyard Kipling : « Où que l’oeil se porte sur le monument torturé, il ne trouve que profanation et sacrilège - et jamais son âme ne fut plus visible qu’aujourd’hui ! »60 L’homme de lettres Jean de Bonnefon (1867-1928) tente de démontrer l’idée de sacrilège. Ce catholique militant, proche des idées de Maurice Barrès, s’était déjà opposé, avant guerre, à la laïcisation de la société française et à l’abandon de son patrimoine religieux61. Lors de la guerre, il se déchaîne contre Guillaume II62. Dans Les cathédrales de France devant les Barbares, Jean de Bonnefon fait référence au contenu d’un petit livre « payé trois marks » contenant des discours prononcés par Guillaume II. Devant des élèves en théologie protestante, il aurait ainsi dit : « églises catholiques du romanisme papal dont on vous impose l’admiration excessive sont parfois des injures au Tout-Puissant. Dieu y est injurieusement oublié au profit de saints imaginaires véritables idoles substituées à la divinité par la superstition latine. Dans la cathédrale de Reims, en Champagne, on voit même le spectacle impie de rois français qui furent des adultères, déifiés en quelque sorte et présentés sous les

58 Pendant la Guerre. L’esprit Satirique. En France, préface d’Arsène Alexandre, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1917, p.58.

59 RenéDRUART, « L’iconographie rémoise de la guerre », Travaux de l’Académie de Reims, 1920-1921, p.328.

60 RudyardKIPLING, La France en Guerre. Traduit de l’anglais par Claude et Joël Ritt, Paris – Nancy, Librairie militaire Berger-Levrault, 1915, p.36.

61 Jean DE BONNEFON, Dans les débris et sur les ruines, Paris, E. Figuière, 1912, 318 p.

62 Jean DE BONNEFON, Guillaume II et ses ancêtres, Paris, Société d’éditions, 1917, 77 p.

formes de statues au sommet du grand portail, mieux placés que l’image de Dieu. »63. Le mobile est ainsi clairement mis en valeur par Jean de Bonnefon.

Ce thème du sacrilège allemand se retrouve à de nombreuses reprises dans l’iconographie de guerre. Dans une carte postale intitulée Les sauvages, Guillaume réprimande le « Bon vieux Dieu » allemand en lui tirant l’oreille. Il ajoute : « Ah ! Tu me lâches ! Gare à tes églises ! »64. Ce document développe donc un lien de causalité ; c’est pour se venger des défaites subies que l’Empereur d’Allemagne corrige Dieu, son allié désigné, en détruisant ses temples. Cette alliance évoquée entre le Kaiser et Guillaume II est reprise sur une carte postale intitulée naturellement Le Christ pleurant sur l’œuvre de celui qui l’a si souvent invoqué65.

Ces crimes contre la divinité ne peuvent qu’être condamnés par celle-ci : c’est la malédiction divine. De nombreux documents illustrent le thème de « La Lettre du Pape à Guillaume II »66 et donc la condamnation papale. Le texte suivant est reproduit sur nombre de cartes postales :

« Rome, 25 septembre 1914.

Benoît XV à Guillaume II. En détruisant les temples de Dieu, vous provoquez la colère divine devant laquelle les armées les plus puissantes perdent tout pouvoir. ». Il est difficile de connaître l’origine de cette condamnation sans aucune ambiguïté de la part de la papauté. L’abbé Alexandre Aubert, dans le chapitre de son ouvrage consacré aux « protestations religieuses »67, ne cite, à aucun moment cette prétendue, lettre du pape. De même celle-ci n’est pas reproduite dans La Semaine religieuse de Dijon durant la guerre. Cet extrait est-il authentique ? S’agit-il d’une

63 Jean DE BONNEFON, Les cathédrales de France devant les Barbares, Paris, Société d’éditions, s.d., p.55-56

64 Les sauvages. Ah ! Tu me lâches !, carte postale en noir et blanc, 90/140, coll. Jean-Pierre Procureur.

65 Le Christ pleurant sur l’œuvre de celui qui l’a si souvent invoqué., carte postale en sépia, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

66 En détruisant les Temples de Dieu…, carte postale en couleurs, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur ; Leur Blasphème, carte postale en sépia, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur ; A. LE GUILLOU, Lettre du Pape à Guillaume II, carte postale en sépia, 90/140, coll. Olivier Rigaud ; L. ROLLEX, La Lettre du Pape, carte postale, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur ; Serge SOLOMKO, La Lettre du Pape, carte postale en noir et blanc, 1914, 90/140, coll. Jean-Pierre Procureur ; TELEH CIM,Après la lettre du Pape à Guillaume, carte postale, 140/90, coll.

Jean-Pierre Procureur.

67 VINDEX, op. cit., p.38-46.

Figure 18 : La Lettre du Pape, Serge Solomko, carte postale, 1914, coll. Jean-Pierre Procureur.

déformation des propos du souverain pontife ou simplement d’une affabulation ou d’une mystification ? Aucune de mes lectures ne me permet de prouver l’authenticité de cette lettre qui ne correspond aucunement à l’attitude de neutralité adoptée par la papauté68.

En tout cas, ce texte est réalisé comme une malédiction divine que le pape aurait envoyée à l’Empereur d’Allemagne. Le message est clair ; il annonce la déchéance prochaine de l’Allemagne. C’est une véritable malédiction divine qui prend plusieurs formes : tout d’abord la menace, puis le reniement et enfin la déchéance. Dans une carte postale, le Christ outragé par les exactions allemandes s’exclame : « Germain ne m’appelle plus ton Dieu, tu martyrises les faibles, tu détruis mes temples vénérés, je te renie ! »69 Dans un autre document, la malédiction n’est encore qu’une menace. Dieu s’exclame à l’encontre de Guillaume II qui bombarde et incendie la cathédrale de Reims : « Si tu recommences à brûler ma maison, je te f… la famine, le choléra et la révolution chez toi !!! »70.

Dans tous les autres documents, ce n’est plus la menace qui domine, mais bel et bien les effets de la malédiction. Sur une carte postale d’Ameria, le Christ se détourne de l’armée allemande.

Un zeppelin s’enflamme, les canons cessent de tonner et les soldats allemands à terre vont périr. Une épitaphe affirme : « Parce que tu as mis toute ta confiance en tes ouvrages, je retirerai ma main de toi et tu seras réduite » (Jérémie Ch 46.V.7.)71. Ces nombreuses références mystiques ou religieuses se retrouvent dans les œuvres du caricaturiste Teleh Cim.

L’une d’entre elles éditée en carte postale72 reprend le vieil adage « Celui qui frappe avec l’épée, périra par l’épée » tandis qu’une autre rappelle « Malheur à toi qui dévastes, car, quand tu auras fini de dévaster, à ton tour tu seras dévasté »73.

Dans les nombreux documents figurés, un tel forfait n’est pas seulement attribué à l’empereur Guillaume II. A plusieurs reprises, les caricaturistes français lui adjoignent des complices.

Les complices du Kaiser

Les propagandistes relèvent que la foi allemande diverge de la foi française et que leur dieu, héritage du paganisme, n’est pas le même. Monseigneur Charles Bellet, dans un ouvrage

68 Concernant l’attitude de la papauté, III.2.3 « Le Saint-Siège et la neutralité pontificale ».

69 Le Christ offensé, carte postale en couleurs, 136/88, coll. Jean-Pierre Procureur.

70 A. GOURBAY, Épisode de la guerre 1914. Si tu recommences à brûler ma maison, je te f… la famine, le choléra et la révolution chez toi !!!, carte postale en couleurs, 140/90, iconographie : coll. Jean-Pierre Procureur.

71 AMERIA, Parce que tu as mis toute ta confiance en tes ouvrages, je retirerai ma main de toi ; et tu seras réduite, carte postale, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

72 TELEH CIM,Celui qui frappe avec l’épée, périra par l’épée, carte postale en noir et blanc, 138/88, coll. Jean-Pierre Procureur.

73 "Malheur à toi qui dévastes..., carte postale en sépia, 137/90, coll. Olivier Rigaud.

publié dix jours seulement après l’incendie, le 29 septembre 1914, exprime ainsi cette différence dans les représentations : « Son "vieux Dieu" n’a rien de commun avec Jésus-Christ rédempteur, qu’il a fait profaner par ses soudards. Son Dieu est tout autre, et il a raison de le qualifier de "vieux". Les Herren Professoren lui ont sans doute appris son vrai nom : Moloch. Cruelle divinité que les Phéniciens et les Carthaginois honoraient d’un culte spécial en brûlant des enfants. »74 Le manichéisme ambiant détourne les écrits et les images de toute mesure. Le premier complice du Kaiser est donc cette divinité infernale.

Surtout temporelle et militaire, l’alliance qui unit l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire Ottoman75 va être considérée en France comme une alliance honteuse. Cette idée de guerre des civilisations, résurgence du passé, consolide l’idée que la France est la protectrice de la vrai foi. Si les allusions à la Turquie sont nombreuses, le sultan Mehmet V Resat (1844-1918) n’est représenté qu’une fois.

Dans cet argumentaire, l’Allemagne protestante ne peut être la protectrice de l’Eglise. C’est donc vers le premier des alliés de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, que les griefs de nature religieuse sont dirigés. L’Empereur François-Joseph est symbolisé dans quelques documents où il est représenté avec une petite croix dans les mains, accentuant ainsi le sacrilège76. Cette apparente piété est juxtaposée à l’incendie de la cathédrale de Reims. Une carte postale à système77 n’oublie pas que la guerre, à l’origine, fut déclenchée par l’intransigeance de l’Autriche-Hongrie à l’égard de la Serbie. L’empereur d’Autriche-Hongrie, François-Joseph, est, en définitive, assez peu représenté dans les divers documents, l’ennemi désigné étant en effet, presque exclusivement, l’Allemagne. Il convient également de rappeler que le vieil empereur va s’éteindre dans le courant de la guerre, le 21 novembre 1916.

Les complices sont évidemment les militaires, mais aussi la propre famille du Kaiser et surtout le fils aîné de l’Empereur, le prince Frédéric-Guillaume : le Kronprinz. Une carte postale intitulée Le Christ au milieu des Bandits78 représente le Kaiser foulant du pied une

74 MgrCharlesBELLET, Protestation contre la destruction de la Cathédrale de Reims et le vandalisme allemand, discours prononcé à la société d’archéologie de la Drôme le 29 septembre 1914, Valence, Imprimerie de Jules Céas et fils, 1914, p.16.

75 La Turquie signe un traité avec l’Allemagne, le 2 août 1914, dirigé contre la Russie. Du 2 au 5 novembre 1914, Russes, Anglais et Français déclarent la guerre à la Turquie.

76 Le Christ au milieu des Bandits, carte postale, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur ; DAMARE,L’enlisement. Le flot monte !!!, estampe en couleurs, 560/450, ADR ; N. GUERNARDEAU, Apothéose, carte postale en noir et blanc, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

77 E. BATUT, Le plus grand des...astres pour l’Allemagne, carte postale à système en couleurs, pliée 140/90 et dépliée 200/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

78 Le Christ au milieu des Bandits, carte postale, 140/90, coll. Jean-Pierre Procureur.

femme et son enfant mort. L’Empereur s’entretient avec ses alliés, l’empereur François-Joseph et le sultan Mahomet V ainsi qu’avec son fils, le coprince Frédéric-Guillaume. Une carte postale de Frédéric Réganzy79 représente le Kronprinz en hussard de la Mort. Un autre document présente la Mort levant une main protectrice sur le prince installé à ses côtés. Elle s’exclame : « Mon premier hussard, mon enfant chéri ». D’ailleurs, cette coiffe prussienne n’est-elle pas la même que celle couvrant un squelette80 ? Dans cette dernière carte, le Kronprinz semble alors avoir été représenté sous la forme de la Mort elle-même.

Ainsi, des figures allégoriques, telles le Diable et la Mort, se joignent à l’Empereur Guillaume II. La complicité est telle entre la Mort et l’Empereur que ce dernier en revêt les attributs dans « Le Valet de la Mort » de Perault81. Dans le même esprit, une caricature représente le Kaiser, nanti de cornes, d’une paire d’oreilles pointues, d’une queue et de pieds fourchus, tendant l’index vers la cathédrale de Reims en feu82. Sur une carte postale de Joramus, c’est un diable qui vient remercier l’Empereur car « Grâce à toi, l’Enfer vomit son contenu »83.

Au-delà du caractère typologique de cette analyse, la cathédrale de Reims s’inscrit comme un exemple dans les représentations de la culture de guerre.

La cathédrale de Reims dans les représentations de la

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