Université de Reims Champagne-Ardenne UFR d’Histoire
Année universitaire 2005-2006
THESE DE DOCTORAT
Pour l’obtention du grade de Docteur en Histoire
Présentée et soutenue publiquement par
Yann HARLAUT
La cathédrale de Reims
du 4 septembre 1914 au 10 juillet 1938 Idéologies, controverses et pragmatisme
Directeur de thèse :
Madame Marie-Claude Genet-Delacroix (Université de Reims)
Jury :
Monsieur Patrick Demouy (Université de Reims), président
Monsieur Dominique Poulot (Université Paris I, Panthéon-Sorbonne), rapporteur Monsieur François Cochet (Université de Metz), rapporteur
Madame Fabienne Chevalier (DOCOMOMO), invitée Madame Christina Kott (Université Paris II), invitée
Remerciements
Au moment où je clos mon mémoire, je ne peux que penser à tous ceux qui m’ont apporté leur soutien et leur aide.
Avec reconnaissance, je me tourne vers mon directeur de recherche, Madame Genet- Delacroix, qui m’a orienté et avec laquelle j’ai pu avoir des entretiens enrichissants. Je la remercie pour avoir dirigé mes travaux depuis ma maîtrise. Je dois beaucoup à ses conseils avisés et à sa grande compétence en matière d’histoire culturelle. Je remercie également les autres membres du jury Messieurs Patrick Demouy, Dominique Poulot, François Cochet et Mesdames Fabienne Chevalier et Christina Kott qui enrichiront par leurs remarques ce travail.
Je n’oublie bien évidemment pas mes collègues chercheurs, le professeur Emil Hädler, Ludmila Chvedova, Michela Passini, Alexandre Neiss et tous les autres croisés aux hasards des recherches ou lors des colloques qui m’ont éclairé un temps mais dont j’ai oublié le nom.
Que Mesdames et Messieurs les conservateurs ainsi que l’ensemble du personnel du musée des Beaux-Arts de Reims, de la bibliothèque Carnégie, du musée Hôtel-Le-Vergeur, de la bibliothèque Saint-Nicaise, du musée Fort de la Pompelle, de la société des amis de la cathédrale de Reims, de l’Historial de Péronne, du musée Rodin, du musée Antoine Bourdelle, du musée des Beaux-Arts de la ville de Paris, du musée d’Art et d’Histoire Romain Rolland, du musée des Beaux-Arts de Rennes… reçoivent mes chaleureux remerciements pour leur dévouement. J’en profite pour saluer l’érudition et la passion de l’abbé Jean Goy.
Les collections privées ont également été un précieux atout pour l’exhaustivité des sources.
Que Messieurs Olivier Rigaud, Jean-Pierre Procureur, Pierre Cosnard et Michel Thibault soient remerciés pour leur accueil chaleureux et leur disponibilité. Je n’oublie pas les descendants des personnes citées dans mon mémoire : Brigitte Simon et Charles Marq, Gilles Sainsaulieu, Yvonne Sénéchal, Marc Fridblatt, H.L.M. de Sauvage Nolting (Pays-Bas).
Plus personnellement, je tiens à remercier Madame Francine Jérôme, correctrice consciencieuse, mes camarades, mes amis et surtout mes parents, à la fois relecteurs attentifs et soutien affectif durant toutes les périodes de doute.
Table des matières
I
NTRODUCTION...14
De l’idée à la réalisation... 14
Brève historique de la cathédrale de Reims ... 16
Une cathédrale symbolique : visions de 1914... 18
Un patrimoine devenu national ... 19
Une histoire maintes fois projetée... 20
Une histoire « exemplaire » ... 23
E
NTRE REALITE ET PROPAGANDE:
LA FIGURE EMBLEMATIQUE DE LA CATHEDRALE MARTYRE DURANT LAP
REMIEREG
UERRE MONDIALE...28
I. Pour une présentation réaliste des faits ... 29
Sources et témoignages : difficultés et problèmes méthodologiques ... 29
Historique des événements précurseurs de l’incendie ... 31
La retraite française et l’occupation de Reims ... 31
La « méprise » du 4 septembre... 33
Reims occupée : la cathédrale transformée en ambulance... 35
Reims libérée… Reims bombardée... 36
La tragique journée du 19 septembre 1914 ... 38
Les sources spécifiques ... 38
L’embrasement et la chute de l’échafaudage ... 41
La cathédrale en flammes... 43
L’évacuation laborieuse des blessés... 46
II. Le relais médiatique... 48
Communiqués officiels et réprobations... 48
Le communiqué officiel du gouvernement français... 48
Dualité des communiqués allemands ... 49
Presse nationale et internationale ... 51
Le choc des Rémois... 56
Constatations des destructions : les commissions d’enquête... 57
La commission française : le rapport Dalimier ... 58
Notice du docteur Capitan... 60
Le premier rapport Whitney Warren... 61
Un rapport allemand : celui de l’inspecteur Clemen... 62
III. Au service de la propagande : la guerre du droit et de la morale .... 64
L’affrontement juridique ... 64
La controverse de la notion de crime de guerre ... 64
Les justifications allemandes ... 67
La propagande extérieure de la France : la quête des neutres ... 69
L’Italie, l’indécise ... 70
Les Amériques... 73
Le Saint-Siège et la neutralité pontificale ... 75
La propagande religieuse, intellectuelle et artistique... 78
La propagande religieuse : une « victime expiatoire »... 78
« Les Guerriers de l’Esprit » : les intellectuels français en guerre... 82
Les nombreuses parutions, conférences et expositions... 83
La propagande populaire : le poids de l’opinion publique et de l’image... 86
IV. La « rhétorique de l’image » ... 88
L’archétype : le dessin de Gustave Fraipont ... 89
Les assertions allemandes... 91
Des images combattantes ... 92
L’utilisation à des fins militaires : poste d’observation et abris... 93
Le massacre des blessés allemands ... 97
Critique de l’argumentation allemande ... 98
Essai de typologie des images françaises ... 99
Le crime de Reims... 100
Le sacrilège ... 102
Les complices du Kaiser ... 104
La cathédrale de Reims dans les représentations de la culture de guerre ... 106
Terroriser... 107
Ridiculiser l’adversaire ... 109
Héroïser son camp... 111
La mobilisation des enfants... 113
V. De la vérité à la mémoire... 116
Un mythe associé : le cardinal Luçon... 116
Un exemple de ferveur religieuse... 116
Une figure médiatique... 118
L’Union sacrée rémoise ... 121
Les derniers irréductibles ... 122
La cathédrale et son histoire : destruction de la mémoire nationale... 124
Le traumatisme : un sursaut individuel, national et international ... 125
L’âme de Reims et de la France ... 126
Symbole catholique ... 128
Source d’inspiration pour les écrivains et les poètes... 130
L’Allemagne multirécidiviste et impardonnable ... 132
L’atavisme germanique ... 133
L’Allemagne impardonnable... 137
Tenir ! Jusqu’à la victoire et l’heure du châtiment... 140
D
ESTRUCTIONS ET PROTECTIONS DU PATRIMOINE ARTISTIQUE DURANT LAP
REMIEREG
UERRE MONDIALE:
INSTRUMENTALISATION ET POLEMIQUES...144
VI. Une logique de guerre : l’instrumentalisation du patrimoine ... 145
La réponse allemande : « Le Manifeste des 93 »... 145
L’appel au monde civilisé ... 145
L’action allemande... 149
La réaction française et le début de la « Bataille du gothique »... 151
La guerre des arts ... 153
Les publications françaises : l’inventaire des destructions ... 153
Les publications allemandes : la critique des mesures de protection française ... 155
Le dernier mot français : l’ouvrage d’Arsène Alexandre... 157
Constats et bilan... 158
Une notion confuse d’esthétisme à la française ... 159
Le réel visage de la guerre... 161
VII. « Notre-Dame de la Tranchée » : la cathédrale sous les bombes.... 164
Les sources ... 164
Des documents épars... 164
La photographie : témoin des destructions... 166
Les rapports des « gardiens » de la cathédrale ... 167
Les premiers bombardements : l’année 1914 ... 169
Les dégâts antérieurs à l’incendie : du 4 au 18 septembre 1914 ... 169
Destructions détaillées consécutives à l’incendie ... 170
La fin de l’année 1914... 172
Une relative accalmie : les années 1915-1916 ... 173
1915 : les bombardements d’une ville forte ... 173
1916 : une cathédrale épargnée ... 177
Les années de tous les dangers : 1917-1918... 178
1917 : bombes et intempéries... 178
1918 : la fin des inventaires... 182
Bilan des bombardements ... 185
Données chiffrées et constat... 186
La cathédrale otage ?... 189
VIII. La protection des monuments historiques durant la guerre ... 192
Les réactions consécutives à l’incendie ... 192
La commission des monuments historiques... 192
L’affaire de l’échafaudage ... 194
L’architecte ordinaire Max Sainsaulieu ... 196
L’architecte en chef Henri Deneux ... 198
Les premières mesures conservatoires... 199
Etat des lieux ... 199
Des travaux sous tension ... 202
Indifférence et imprudence... 205
Le manque de moyens humains et financiers... 207
Le problème de la charpente et l’installation d’une couverture provisoire ... 209
Les réticences de l’autorité militaire ... 210
Vers la réalisation du projet ... 212
L’intervention du Saint-Siège, d’octobre 1916 à janvier 1917 ... 213
Protection et évacuation du patrimoine mobilier ... 216
La statuaire : inventaire et mesures conservatoires... 216
La question des vitraux ... 223
L’évacuation des trésors de la cathédrale... 226
Les médias : de la fièvre journalistique à la critique des mesures de protection... 230
La fièvre journalistique : exagération des destructions... 230
L’Ange au Sourire... 232
La critique de la protection de la cathédrale de Reims ... 238
IX. Bilan des destructions artistiques et monumentales... 242
Evaluation des dommages de guerre ... 242
Une destruction marginale ... 242
Un territoire contrasté... 245
Les monuments symboliques de la guerre ... 247
Une ville ravagée : Reims ... 249
La cathédrale Notre-Dame de Reims ... 251
Quantifier l’inestimable et le principe de compensation artistique... 254
La cathédrale mutilée : étude des différents sources ... 258
Sources ... 258
Architecture et superstructures... 260
Toiture ... 263
Sculpture... 264
Vitraux... 269
Mobilier... 270
X. Une restauration contestée ou soutenue... 274
Au nom de l’art... 274
Une question en suspens avant la guerre... 274
L’idéal des pierres ou le romantisme des Ruines... 275
L’Art en deuil ... 277
Les archéologues ou la trahison des restaurateurs ... 279
Au nom de la mémoire... 282
Historiens et nationalistes : au nom de la continuité... 282
Un haut lieu commémoratif : la cathédrale, mémorial de la guerre... 284
Les Rémois ou le retour à la normale... 289
Bilan des positions : André Michel et Paul Léon... 292
La société des amis de la cathédrale de Reims ... 295
Principes et statuts de la société ... 296
Partenariat, propagande et communication ... 298
XI. La cathédrale : lieu de passage, de pèlerinage et d’inspiration... 302
Touristes et illustres visiteurs de la cathédrale... 302
De 1914 à 1918 : une cathédrale exhibée... 302
La quête d’une paix « juste » : la visite du président américain ... 305
De 1919 à 1938 : du guide des champs de bataille au renouveau touristique... 306
Commémorations et festivités... 309
Les artistes à Reims... 317
Mesdames Caristie-Martel et Bernhardt ... 317
Une source d’inspiration inégalable... 319
Pillage des œuvres d’art et culte des reliques... 321
Amateurs et profiteurs... 321
Le retour des reliques ... 324
Quelques dérogations ... 327
Notre-Dame de la Marne : la cathédrale comme lieu de pèlerinage... 329
Le calvaire de la France ... 330
La cathédrale des morts... 333
L
ES ANNEES DE RECONSTRUCTION OU L’
EREH
ENRID
ENEUX:
FINANCEMENTS
,
DEBATS ET PRAGMATISME...335
XII. Comptabilité et maître d’œuvre ... 336
Bilan partiel du gros œuvre : essai de comptabilité... 336
Difficultés d’exploitation de ces sources ... 336
Tableau de comptabilité ... 339
Le problème de l’inflation... 346
Le maître d’œuvre : l’Etat... 350
Moyens d’intervention ... 350
Efforts financiers consentis ... 354
XIII. Les donations : des libéralités philanthropiques à l’ingérence mémorielle... 358
L’Œuvre du Timbre de la Paix et la mobilisation internationale ... 358
L’initiative danoise... 359
Les comités nationaux... 361
L’empire britannique et La Rheims Cathedral Restoration Fund ... 364
Les dons Rockefeller... 365
La 1ère donation et le comité franco-américain pour la restauration des monuments 366 L’arbitrage du comité et les premiers travaux... 369
La 2e donation ... 373
Vers un désengagement... 377
Bilan : effet d’entraînement ou de substitution ? ... 379
Pour le rétablissement du culte : SACR, impératrice Eugénie et clergé rémois ... 384
La société des amis de la cathédrale de Reims... 384
L’impératrice Marie-Eugénie... 387
Le clergé rémois : la paroisse, le diocèse et l’archevêché... 389
Les dons individuels : les donateurs « insignes » ... 391
Divers legs en faveur de la cathédrale... 391
Les « modestes » donateurs... 393
Le tronc de la cathédrale ... 395
« Le dollar des cathédrales » et les initiatives d’Henri Abelé... 400
Profits financiers et mémoriels ... 402
Part de la philanthropie ... 403
Philanthropes ou profiteurs ... 404
De l’ingérence à la perception mémorielle ... 405
XIV. Les réalisations : un chantier exemplaire ... 410
Le chantier... 410
Les problèmes de logistique et d’approvisionnement ... 410
Les particuliers et les entreprises en charge du chantier ... 412
Entre désirs et réalisations... 414
Inventaire chronologique des travaux ... 416
Assurer la conservation de l’édifice... 421
Les travaux préliminaires ... 421
Consolidations d’urgence en vue d’assurer la sécurité du chantier ... 425
La réfection des superstructures... 427
Les dépendances... 433
Réaffecter la cathédrale au culte : aménagements intérieurs et réfection du mobilier . 434
1919 : la création d’une église provisoire ... 435
1923-1928 : réfections intérieures en vue des cérémonies d’inauguration de la nef des 11 et 26 mai 1927 ... 436
1938 : réfection du dallage et du mobilier... 438
Les grandes orgues ... 442
Rétablissement du chauffage et éclairage de la cathédrale ... 443
Rendre à la cathédrale sa physionomie antérieure : la charpente d’Henri Deneux ou le choix de l’innovation... 446
L’établissement de la couverture provisoire ... 446
Etablissement des charpentes définitives sur les bas-côtés... 447
La charpente définitive de la nef ... 449
La couverture en plomb... 451
Le rétablissement de la toiture de la nef principale et du transept et du clocher à l’Ange de l’abside ... 453
Les bras nord et sud du transept, les quatre tours du transept, la chapelle de l’Archevêque ... 454
XV. Les doctrines : controverses et pragmatisme ... 456
Les fouilles archéologiques... 456
Une succession de travaux ... 456
Exploration du sous-sol du chœur et de la nef ... 458
Dans la cour nord ... 463
Valorisation, communication et critiques... 464
Périmètre de sauvegarde, restauration et dérestauration ... 465
Périmètre de sauvegarde... 465
La dérestauration ... 468
Vers la réalisation de la flèche centrale... 471
La restauration des vitraux ... 472
Les vitraux de la nef, des bas-côtés, du chevet, du chœur et de l’abside ... 473
Les vitraux de la façade occidentale ... 475
Les vitraux du transept ... 477
Conservation et restauration de la sculpture... 479
La doctrine de la CMH et le chantier de Reims ... 479
Exemples particuliers : l’Ange au Sourire et Bethsabée ... 481
La création d’un musée lapidaire ... 484
Les critiques directes... 486
La réalité des destructions ... 486
La lenteur des travaux : fouilles archéologiques et rapport Rattier du 21 juillet 1925 ... 488
Les éventuelles collusions et les honoraires des architectes ... 489
Achille Carlier et « Pierres de France » ... 491
C
ONCLUSION...496
La réalité du chantier : de l’estimation à la réalisation ... 496
La fin de la carrière de l’architecte en chef Henri Deneux ... 501
Evolution des conceptions en matière de restauration ... 503
De la mémoire plurielle à la mémoire unitaire... 505
I
NDEX,
TABLES ET LISTES...511
Index des noms des personnes ... 511
Tables des illustrations ... 520
Liste des graphiques ... 524
Liste des tableaux ... 525
A
RCHIVES...527
Archives publiques ... 527
Archives nationales ... 527
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine... 528
Archives de l’armée de terre, ministère de la Défense (Vincennes) ... 531
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) (Paris) ... 532
Musée d’histoire contemporaine (MHC) (Paris)... 532
Archives départementales de la Marne, dépôt central de Châlons-en-Champagne ... 532
Archives départementales de la Marne, dépôt de Reims ... 532
Archives municipales de Reims ... 535
Bibliothèque municipale de Reims ... 537
Archives départementales du Pas-de-Calais ... 538
Musée d’art et d’histoire Romain Rolland ... 538
Archives privées ... 538
Société académique de Reims ... 538
La société des amis de la cathédrale de Reims... 538
Musée Hôtel-Le-Vergeur ... 538
Archives diocésaines de Reims ... 539
Archives diocésaines de Dijon ... 539
Atelier Simon ... 539
Archives familiales Hess... 539
S
OURCES IMPRIMEES...540
Ouvrages antérieurs à la Grande Guerre... 540
Images et symboliques de l’art et des cathédrales... 540
Préservation des monuments... 540
Reims et sa cathédrale ... 541
La Grande Guerre... 542
Pages vécues, mémoires et correspondances ... 542
Les bombardements de Reims et de sa cathédrale ... 543
Les autres bombardements « symboliques »... 552
Propagande militaire, intellectuelle, artistique et religieuse ... 553
Mémoire de la Grande Guerre... 559
L’entre-deux-Guerres... 560
Destruction des biens culturels... 560
Versailles et le problème des réparations... 560
Art et politiques artistiques ... 561
Reconstruction et restaurations ... 562
Reims, la cathédrale et ses visiteurs ... 567
Monseigneur Landrieux ... 568
Le cardinal Luçon... 569
Max Sainsaulieu et Henri Deneux... 570
Les donations... 571
Fouilles, découvertes archéologiques et historiques ... 572
Inaugurations et commémorations ... 574
B
IBLIOGRAPHIE...578
Instruments de travail... 578
Méthodologie de recherche et approches pluridisciplinaires... 580
Approche historique ... 580
Généralités... 580
La Première Guerre mondiale ... 581
Le traité de Versailles... 586
L’Entre-deux-Guerres ... 586
Approches thématiques ... 587
Arts, patrimoine et monuments historiques... 587
Les intellectuels et la guerre... 593
Mécénat, commémorations et mémoire ... 594
L’image et la propagande... 596
Religion et foi... 599
Restauration et reconstruction... 601
Reims et sa cathédrale ... 602
C
ONFERENCES ET EXPOSITIONS...608
Colloques, conférences et tables rondes ... 608
Expositions ... 609
I
CONOGRAPHIE...610
Archives publiques ... 610
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine... 610
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine... 610
Musée Rodin (Paris)... 613
Musée Bourdelle (Paris)... 613
Archives départementales de la Marne, dépôt central de Châlons-en-Champagne ... 614
Archives départementales de la Marne, dépôt de Reims ... 615
Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne, service de l’Inventaire ... 619
Archives municipales de Reims ... 619
Musée des Beaux-Arts de Reims ... 620
Bibliothèque municipale de Reims ... 626
Musée Hôtel-Le-Vergeur ... 626
Musée Saint-Remi ... 629
Archives diocésaines de Reims ... 629
Historial de la Grande Guerre (Péronne)... 630
Musée d’Orsay, fonds photographique ... 632
Musée des Beaux-Arts de Rennes... 632
Musée national de la coopération franco-américaine de Blérancourt ... 632
Archives départementales des Vosges ... 632
Collections particulières ... 632
Inventaire iconographique ... 633
A
NNEXES...682
Inventaire des destructions... 683
Annexe 1 : Tableau chronologique des sources ... 683
Annexe 2 : Etat de la cathédrale de Reims au 12 août 1915 ... 697
Dualité des témoignages de guerre : côté français... 700
Annexe 3 : Ils bombardent Reims… par Albert Londres... 700
Annexe 4 : L’Agonie de la basilique par Albert Londres ... 703
Annexe 5 : Reims sans la cathédrale par Albert Londres ... 705
Annexe 6 : Le grand incendie de Reims par Henri Libermann... 707
Annexe 7 : Visite de Reims par Rudyard Kipling... 708
Annexe 8 : Rapport du docteur Capitan ... 709
Annexe 9 : Rapport de Whitney Warren, lu à la séance du 3 octobre 1914 ... 712
Annexe 10 : Rapport de Whitney Warren, lu à la séance du 6 janvier 1917 ... 715
Annexe 11 : Témoignage du général de division Igert ... 717
Dualité des témoignages de guerre : côté allemand ... 718
Annexe 12 : Le Bombardement de la Cathédrale de Reims, exposé général par le ministère de la Guerre allemand... 718
Annexe 13 : Témoignage de Franz Beckmann ... 722
Annexe 14 : Témoignage d’un général d’infanterie... 723
Annexe 15 : Témoignage d’un capitaine d’artillerie... 724
Annexe 16 : Témoignage du vicaire Johannes Prülage... 726
Annexe 17 : Témoignage d’un colonel, chef d’état-major... 732
Annexe 18 : Témoignage de sœur Alwine Ehlert ... 733
Annexe 19 : Témoignage du docteur Pflumacher, médecin major ... 735
Poèmes ... 737
Annexe 20 : Prières ... 737
Annexe 21 : Le "Lamento" de Notre-Dame-des-Anges par Benoît Isambart... 738
Annexe 22 : La Cathédrale de Reims en Flammes !! par E. Lesourd ... 739
Annexe 23 : Pour la Cathédrale de Reims, par Camille Le Senne... 740
Annexe 24 : La Cathédrale, d’Edmont Rostand... 741
Annexe 25 : L’Holocauste de Reims, de René d’Avril... 741
Annexe 26 : Notre-Dame de Reims, de Maximilien Volochine ... 742
Annexe 27 : Reims et Cologne, de Ossip Mandelstam ... 743
Annexe 28 : Au Teuton, de Valéry Brioussov ... 743
Annexe 29 : Vous avez le pouvoir de détruire les tours…, de Michel Kouzmine... 744
Annexe 30 : L’Ange Brisé, de Pierre Antony-Thouret ... 745
Annexe 31 : Poème de Marcel Sézanne ... 746
Annexe 32 : Guignol, de Gérôme Coquandier... 747
Annexe 33 : La Cathédrale de Reims en flammes, de A. Barbier... 748
Annexe 34 : Reims, d’Amélie de Néry ... 749
Annexe 35 : La Cathédrale, de Julien Clément... 750
Annexe 36 : En marge du « Cap de Bonne Espérance », de Jean Cocteau... 751
Annexe 37 : La Cathédrale de Reims, de Jean Destrains... 752
Annexe 38 : La cathédrale blessée par le capitaine G. Mary ... 753
Annexe 39 : Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !... 754
Annexe 40 : Reims ! de H. Rouquette... 755
Annexe 41 : Dans la cité martyre de Mgr. Félix Périé... 756
Annexe 42 : La cathédrale de Reims... 757
Annexe 43 : La restauration des monuments après la guerre par Paul Léon ... 758 Annexe 44 : Cathédrale de Reims, liste des objets classés ... 765
I
NDEX DES AUTEURS...767
Abréviations ADJ : Archives diocésaines de Dijon
ADM : Archives départementales de la Marne ADR : Archives diocésaines de Reims
AMR : Archives municipales de Reims AN : Archives nationales
BDIC : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine BMR : Bibliothèque municipale de Reims
CA : Champagne-Ardenne
CSBA : Conseil supérieur des Beaux-Arts
CFARM : Comité franco-américain pour la restauration des monuments CMH : Commission des monuments historiques
CNMH : Caisse nationale des monuments historiques DEA : Diplôme d’études approfondies
DOCOMOMO : Documentation et conservation of buildings, sites and neighborhoods of the modern movement
DRAC : Direction régionale des affaires culturelles HGG : Historial de la Grande Guerre
MAP : Médiathèque de l’architecture et du patrimoine MBAR : Musée des Beaux-Arts de Reims
MHV : Musée Hôtel Le Vergeur de Reims
SACR : Société des amis de la cathédrale de Reims
Introduction
Comme tout Rémois, la cathédrale Notre-Dame exerce une fascination. On pourrait la croire imperturbable ou immortelle. Pourtant, elle est fragile, menacée dans sa longue histoire par le temps, l’évolution des goûts, des idées politiques, des finances publiques et des destructions guerrières. Ce patrimoine a continuellement évolué dans sa structure, dans son décor mais également dans sa portée symbolique. Il est le reflet des mutations de la vie intellectuelle, sociale et culturelle. Le but de ce présent travail est de comprendre comment nous avons, symboliquement et matériellement, hérité de ce patrimoine.
De l’idée à la réalisation
Soucieux de travailler sur la perception contemporaine des monuments historiques, je me suis d’abord intéressé à l’incendie de la cathédrale de Reims, le 19 septembre 1914. Evénement de premier plan au niveau médiatique, cette maîtrise s’est orientée sur la dualité franco- allemande de la perception mémorielle au travers notamment d’une très riche iconographie1. Cette première étude laissait entrevoir le problème de la restauration future du monument.
Orienté dans un sens patrimonial, encouragé et soutenu par mon directeur de recherche, une première approche transdisciplinaire de l’histoire de la cathédrale de Reims de 1914 à 1938 se dessine en 1999 au travers d’un travail de DEA2. Conforté dans mes propres recherches par l’engouement du public que suscite l’exposition3 et la table ronde4 organisées par le nouveau conservateur du musée des Beaux-Arts de Reims, David Liot, je décide d’entreprendre ce
1 YannHARLAUT, L’Incendie de la Cathédrale de Reims par l’image (1914-1919) : réalité, représentation et mémoire, mémoire de maîtrise sous la direction de Marie-Claude Genet-Delacroix, Université de Reims, 1998, 2 tomes, 228 p.
2 YannHARLAUT, Ruines et résurrection de la Cathédrale de Reims, du 4 septembre 1914 au 10 juillet 1938, mémoire de DEA sous la direction de Marie-Claude Genet-Delacroix, Université de Reims, 1999, 2 tomes, 224 p.
3 Rodin, Bourdelle… et les artistes rémois – Mythes et Réalités de la cathédrale au 20ème siècle, exposition organisée au Musée des Beaux-Arts, Reims, du 27 juin au 7 octobre 2001.
4 Mythes et réalités de la cathédrale de Reims au XXe siècle, table ronde organisée au Conservatoire, Reims, 4 décembre 2001.
long travail qu’est la thèse de doctorat nouveau régime. A plusieurs reprises, des conférences grand public m’ont donné l’occasion de découvrir de nouvelles pistes de recherche5.
Cette recherche s’est également enrichie de la participation à des travaux pluridisciplinaires au sein du comité d’histoire du ministère de la Culture6, des équipes de recherche des universités de Tours7 et de Paris XII8 et par l’assiduité à d’autres manifestations. Ces rencontres furent très précieuses pour élargir mes points de vue, associant l’expertise des professionnels du patrimoine9 aux savoirs des universitaires français10 et étrangers, parmi lesquels Christina Kott11 (Allemagne), Nicola Lambourne12 (Angleterre), Michela Passini13 (Italie), Ludmila Chvedova14 (Russie)… Ces regards croisés, entretiens oraux et écrits ont révisé mes problématiques de recherche et m’ont inspiré la publication de plusieurs articles15.
5 Yann HARLAUT,« Hommage au Cardinal Luçon » d’Emile Wery, conférence organisée dans le cadre « Une heure / Une œuvre », Musée des Beaux-Arts, Reims, 25 octobre 2001 ; Images de la Grande Guerre et "Reims, ville martyre" : au cœur de la propagande française, conférences à l’ESCAL de Witry-les-Reims, 15 novembre 2002 ; Max Sainsaulieu et la cathédrale de Reims durant la Première Guerre mondiale, conférence à la Maison du Patrimoine de Saint-Julien-les-Villas, 21 avril 2004 ; Max Sainsaulieu et la cathédrale de Reims durant la Première Guerre mondiale, table ronde à la médiathèque de Reims, 25 juin 2005 ; Deux sœurs de guerre. La cathédrale de Reims et la basilique de Saint-Quentin dans la propagande artistique de la Première Guerre mondiale, à l’INSSET, Saint-Quentin, 23 novembre 2005.
6 Les politiques du patrimoine dans l’Entre-deux-guerres, journée d’étude organisée par le Comité d’Histoire, Département des études et de la prospective, Paris, 17 janvier 2002. (intervention de Yann HARLAUT « La restauration de la cathédrale de Reims : enjeux et ingérences »).
7 Villes en guerre dans le premier XXe siècle (1911-1946), colloque international organisé par le Centre d’Histoire de la Ville moderne et contemporaine (CEHVI), Université de Tours, 11 et 12 décembre 2003.
(intervention de Yann HARLAUT« Reims (1914-1938) : gloire, réalité et amnésie d’une ville marquée par la Première Guerre mondiale »).
8 Guerres et statistiques, Quatrième journée d’étude de l’Institut Jean-Baptiste Say, Université de Paris XII, 7 février 2004. (intervention de Yann HARLAUT « Quantifier l’inestimable : les dommages de guerre des biens culturels détruits ou endommagés durant la Première Guerre mondiale, d’après les travaux de Michel Edmont et d’Arsène Alexandre »).
9 Entre autres, Françoise Bercé, inspecteur général honoraire de l’architecture et du patrimoine et Arlette Auduc, conservateur du patrimoine.
10 Dont Jean-Michel Léniaud, directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Loïc Vadelorge, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin, Philippe Chassaigne, professeur en histoire contemporaine à l’Université de Tours.
11 Christina KOTT, « Histoire de l’art et propagande pendant la Première guerre mondiale. L’exemple des historiens d’art allemands en France et en Belgique », Revue Germanique internationale, 2000, n°13, p.201- 221 ; Protéger, confisquer, déplacer. Le service allemand de préservation des œuvres d’art (Kunstchutz) en Belgique et en France occupées pendant la Première Guerre mondiale, 1914-1924, thèse de doctorat sous la direction de Michael Werner, EHESS, 2002, 578 p.
12 Nicola LAMBOURNE, « Production versus destruction. Art, World War I and Art History », Art History, vol. 22, n°3, sept. 1999, p.348-363 ; War Damage in Western Europe. The Destruction of Historic Monuments during the Second World War, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2001, 228 p.
13 Michela PASSINI, « Martirio e resurrezione di Reims : dispute novecentesche su una cattedrale », Arti e storia nel Medioevo. IV. Il Medioevo al Passato e al Presente, 2004, p.571-588.
14 Ludmila CHVEDOVA, « La cathédrale dans l’œuvre de l’acméiste russe Ossip Mandelstam », dans Joëlle PRUNGNAUD (dir.), La cathédrale, actes de colloque, Lille, Editions du Conseil Scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle, 2001, p.251-261 ; « Les poètes russes chantent la cathédrale de Reims », Le Porche, Bulletin de l’Association des Amis de Jeanne d’Arc et de Charles Péguy, n°10, juillet 2002, p.9-21.
15 Yann HARLAUT, « La restauration de la cathédrale de Reims : enjeux et ingérences », dans Philippe POIRRIER
et Loïc VADELORGE (dir.), Pour une histoire des politiques du patrimoine, Paris, Collection du Comité
Tout ce cheminement m’a conduit progressivement aux conclusions que je présente dans cette thèse.
Brève historique de la cathédrale de Reims
Cependant, avant de parler des destructions puis des campagnes de restauration, il est essentiel de rappeler en quelques lignes, l’histoire de la cathédrale de Reims. Ce n’est là qu’une ébauche, imparfaite et lacunaire, d’une histoire riche16 qui continue de s’écrire17, en particulier sous la direction de Patrick Demouy18.
La cathédrale actuelle est en fait le troisième édifice construit à cet emplacement. Le onzième évêque de Reims, saint Nicaise, pour remplacer une église élevée non loin de là, par deux des premiers pontifes de la ville, dédie une église à la Vierge. C’est dans cette petite cathédrale primitive qui subsiste pendant quatre siècles qu’est baptisé Clovis en 496 (ou 498). Cet événement largement influencé par l’évêque de Reims saint Remi marque la naissance du royaume franc et l’alliance du trône (le pouvoir) et de l’autel (la religion). En 816, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux (778-840) choisit Reims pour y être sacré empereur. Le prestige de la sainte Ampoule réinventé par Hincmar lors du sacre de Charles le Chauve (869), le rôle décisif d’Adalbéron dans l’avènement d’Hugues Capet (987), la puissance territoriale et politique des archevêques de Reims aboutissent à partir d’Henri Ier (1027) à fixer définitivement le lieu du sacre à Reims.
Au commencement du IXe siècle, dès 818, l’archevêque Ebbon songe à agrandir sa modeste église. Son successeur sur le trône archiépiscopal de Reims, Hincmar, célèbre en 862, la dédicace de ce second édifice. Il est en partie remanié au cours des siècles suivants et complètement détruit par un incendie, le 6 mai 1210.
La construction de l’actuelle cathédrale débute en 1211 sous la direction de l’archevêque Aubry de Humbert avec comme maître d’œuvre Jean d’Orbais. Il s’agit de bâtir un édifice digne du plus puissant archevêque de France et répondant à la fonction primordiale du lieu, le
d’histoire, 2003, p.253-268 ; « Gloire, destruction et amnésie. Reims, 1914-1918 », dans Philippe CHASSAIGNE
et Jean-Marc LARGEAUD (dir.), Villes en guerre, Paris, Armand Colin, 2004, p.295-307 ; « Max Sainsaulieu et la cathédrale de Reims durant la Première Guerre mondiale », La Vie en Champagne, n°41, janvier / mars 2005, p.17-24 ; « Les "donateurs insignes" de la cathédrale de Reims (1914-1938) », Le cercle généalogique, n°105, 2005/4, p.3-22.
16 HansREINHARDT, La Cathédrale de Reims. Son histoire, son architecture, sa sculpture, ses vitraux, Paris, P.U.F., 1963, 254 p.
17 PatrickDEMOUY, Genèse d’une cathédrale. Les archevêques de Reims et leur Eglise aux XIe et XIIe siècles, Langres, Dominique Guéniot éditeur, 2005, 814 p.
18 Patrick DEMOUY (dir.), Reims : la cathédrale, coll. Le Ciel et la Pierre, St Léger Vauban, Éditions Zodiaque, 2000, 385 p.
sacre des rois de France. Dès le 7 septembre 1241, les chanoines prennent possession du chœur. A la fin du XIIIe siècle, les travaux intérieurs sont terminés, mais le portail n’est achevé qu’au cours du XIVe siècle et les parties hautes, les tours notamment, ne sont terminées qu’en 1480.
Par suite de la négligence de deux couvreurs qui avaient abandonné un fourneau mal éteint, les toitures primitives de la cathédrale de Reims s’embrasent le 24 juillet 1481. Ce désastre doit être réparé au plus vite. Grâce à diverses générosités, aux ventes de joyaux, aux quêtes, mais surtout grâce à un prélèvement sur les impôts du grenier à sel, le Chapitre peut dès 1483 lancer des travaux de réfection qui sont achevés avant la fin du XVe siècle.
Au cours des siècles suivants, la cathédrale souffre de l’évolution des goûts esthétiques. Dès la Renaissance, le gothique est honni. Au XVIIIe siècle, les chanoines, désireux d’éclairer plus amplement leur édifice détruisent les vitraux fortement délabrés des parties basses. Le jubé en pierre et le labyrinthe subissent par la suite le même sort. La Révolution abat les fleurs de lys de la toiture et les couronnes des statues de Salomon, David et Clovis. Le linteau du portail central reçoit une nouvelle dédicace lorsque la cathédrale devient temple de la Raison. Le plus dramatique n’est pas dû à ces sollicitudes vandales mais aux années d’abandon qui laissent la cathédrale dans un état avancé de délabrement.
Certes la cathédrale de Reims a été continuellement restaurée. Dès le XVIIe siècle, le monument subit des restaurations qui se poursuivent au XVIIIe siècle. Mais les travaux les plus importants sont entrepris dans la seconde moitié du XIXe. L’architecte diocésain Jean- Jacques Arveuf-Fransquin (1802-1876) restaure la galerie du Gloria, les pignons du transept et les tours. En 1860, Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) à titre temporaire puis définitif prend en main le chantier et procède à de nombreux ajouts, « coiffant de pyramides les piles intermédiaires des arcs-boutants, donnant à la galerie haute un couronnement crénelé, garnissant d’animaux les arcatures qui surmontent les chapelles rayonnantes »19. Cette reconstitution dans le style du XIIIe siècle se poursuit sous les directions successives de Eugène Millet (1819-1879), Victor Ruprich-Robert (1820-1887), Paul Naples (1844-1885), Denis Darcy (1823-1904) et Paul Gout (1852-1923). Débutée en juin 1876, cette grande campagne de travaux devait se terminer en 1914, au moment de la déclaration de la guerre.
19 Patrick DEMOUY (dir.), Reims : la cathédrale, coll. Le Ciel et la Pierre, St Léger Vauban, Éditions Zodiaque, 2000, p.114.
Une cathédrale symbolique : visions de 1914
Au-delà de l’aspect historique, le monument revêt un fort caractère symbolique. Toutefois, il est difficile rétrospectivement d’évaluer une telle notion, totalement subjective, car la cathédrale de Reims est tellement marquée par la guerre que son identité, son historiographie, a pu s’en trouver modifier. Il convient avant tout de recontextualiser l’image de cette cathédrale dans la trame historique de cette thèse.
Incontestablement, pour les contemporains d’alors, le monument est emblématique. Reims est dès la fin du XIIIe siècle un lieu de mémoire nationale, la ville du sacre, symbole de l’Entente de l’Eglise et de la monarchie autour d’une « religion royale »20. La Révolution française modifie ce climat et la cathédrale Notre-Dame de Reims relève dès lors d’une mémoire partisane21. Pour les catholiques militants, elle représente l’endroit où la France est née, le lieu du baptême de Clovis et de la conversion des Francs. C’est aussi le symbole du sacre pour les royalistes français.
Cette mémoire nationale est ravivée, instrumentalisée, une première fois en 1896 lors de la commémoration du quatorzième centenaire du baptême de Clovis. Voulues par l’archevêque de Reims, le cardinal Benoît-Marie Langénieux (1824-1904), ces célébrations sont annoncées un an après les commémorations révolutionnaires et se veulent être une « manifestation de foi et de patriotisme »22. Cette commémoration du mythe fondateur de la France voulue comme chrétienne constitue un combat d’arrière-garde face à une société qui se laïcise.
La concorde n’existe plus en France entre le Clergé et l’Etat. Dans les années 1880, les premières mesures de laïcisation concernent l’école. Si le projet très radical d’Emile Combes (1835-1921) de séparation des Eglises et de l’Etat n’aboutit pas, la loi du 9 décembre 1905 déclenche de vives protestations et un climat de défiance. Parfois, les heurts sont particulièrement violents, notamment à Reims lors de la tourmente des inventaires en 1906.
Cette loi divise la population rémoise et un fort mouvement anticlérical se développe dans la cité. Le cardinal Louis Henri Luçon(1842-1929), devenu archevêque de Reims en 1906 est poursuivi en justice et maintes fois attaqué par la municipalité et même par les représentants
20 JacquesLE GOFF, « Reims, ville du Sacre », dans Pierre NORA (dir.), Les Lieux de Mémoire, La Nation, Paris, Editions Gallimard, 1986, p.685.
21 Jean-FrançoisBOULANGER, « L’épiscopat français et la philanthropie américaine après la Grande Guerre », dans FrançoisCOCHET, Marie-Claude GENET-DELACROIX et Hélène TROCME (dir), Les Américains et la France, 1917-1947 : Engagements et représentations, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, p.169.
22 Yves-MarieHILAIRE, « Les célébrations du XIVe centenaire en 1896 », dans Michel ROUCHE (dir.), Clovis histoire et mémoire. Le baptême de Clovis, son écho à travers l’histoire, Paris, Presses Universitaires de Paris – Sorbonne, 1997, p.683.
de l’Etat. Pour les catholiques rémois et français, ces lois signifient l’apostasie, l’abandon de la foi. Il fallait une guerre et la découverte d’un ennemi commun pour réconcilier ces partis.
Un patrimoine devenu national
Le monument lui-même est devenu au cours du XIXe siècle un véritable symbole du patrimoine national23. A l’origine du renouveau des cathédrales dans la conscience nationale, il y a bien évidemment le courant romantique. Chateaubriand (1768-1848), dans le Génie du Christianisme24 paru en 1802 fait l’éloge du Moyen-Age et de l’art gothique. Victor Hugo (1802-1885) prolonge ce nouveau souffle en faisant des cathédrales un véritable mythe littéraire national grâce au succès populaire de Notre-Dame de Paris. La cathédrale est perçue comme la synthèse de la civilisation du Moyen Âge et l’identité de la nation française.
Deux autres œuvres littéraires ont marqué avant-guerre l’imaginaire véhiculé par les cathédrales. En 1898, l’œuvre encyclopédique de l’historien Emile Mâle (1862-1954) est consacrée à L’Art religieux au XIIIe siècle en France. L’auteur y aborde le génie des bâtisseurs et artistes du Moyen-Age. A propos de la cathédrale de Reims, il souligne que si les autres cathédrales sont catholiques et donc universelles, elle « seule » serait « française », en raison de son histoire marquant la mémoire collective et gravée sur le haut du pignon ou sur les vitraux de la nef25. Le second ouvrage essentiel est le journal de voyage du sculpteur et maître à penser Auguste Rodin (1840-1917) intitulé Les cathédrales de France26. Paru le 6 mars 1914, ce journal aborde avec nostalgie l’art médiéval et évoque les problèmes de sauvegarde de ce patrimoine. Cet ouvrage est la synthèse de ses notes sur l’architecture française depuis 1845 et veut réhabiliter dans le contexte nationaliste de l’époque, les merveilles françaises27. Ayant eu un retentissement médiatique considérable28, cette œuvre est considérée par Lucien Maury (1872-1953) comme le « testament » d’Auguste Rodin29. Le
23 Voir André VAUCHEZ, « La cathédrale », dans Les Lieux de Mémoire, Paris, Gallimard, 1992, p.3109-3140.
24 François-René deCHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, Paris, J. Vermot, 1859, 396 p.
25 EmileMALE, L’Art religieux du XIIIe siècle en France. Etude sur l’iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d’inspiration, Paris, Armand Colin, 1898, 1948 (8e éd.), p.704-705.
26 AugusteRODIN, Les cathédrales de France, Paris, Armand Colin, 1914, 164 p., 100 pl.
27 AugusteRODIN, « Nous laissons mourir nos cathédrales », Le Matin, 28 décembre 1909.
28 Correspondance de Rodin, t.3, 1908-1912, textes classés et annotés par Alain Beaussire et Florence Cadouot, Editions du Musée Rodin, p.151.
29 Revue bleue, 14 mars 1914.
succès de cet ouvrage fut considérable et il est même surprenant qu’il ait été publié durant la guerre dans une édition allemande30.
Le monument cathédrale n’est guère éloigné des conceptions de l’identité nationale comme le souligne Maurice Barrès (1862-1923) dans son ouvrage consacré à La Grande pitié des églises de France31 paru en 1914 et réédité par la suite. Maurice Barrès y relate son action politique, mais également sentimentale en faveur de la défense du patrimoine religieux. A l’Assemblée nationale, le 16 janvier 1911, ce brillant orateur plaide en faveur de « la sauvegarde pour toutes les églises, pour celles qui sont laides, dédaignées, qui ne rapportent rien aux chemins de fer, qui ne font pas vivre les aubergistes… »32. Certes parfois sarcastique, il lance à l’échelle nationale, au moyen de nombreux exemples locaux, un vaste débat. Le 25 novembre 1912, puis le 13 mars 1913, le député de Paris expose à nouveau ses thèses devant ses confrères. Soutenu par un grand nombre de pétitions, il demande ainsi l’intervention de l’Etat en faveur de la sauvegarde de l’architecture religieuse. Il propose ainsi, le 25 novembre 1912, le classement en bloc de toutes les églises jusqu’à l’année 180033. Concernant plus spécifiquement la cathédrale de Reims, il relate dans le seizième chapitre de son ouvrage le récit d’une visite effectuée dans « la plus belle de nos maisons de famille »34. Pour Maurice Barrès, l’église est le symbole identitaire par excellence ; la perte de celui-ci entraîne la perte de l’identité de la communauté qui autour y gravite. Pour un monument de portée nationale comme c’est le cas pour la cathédrale de Reims, c’est le fondement même, l’identité française qui se trouverait ainsi menacée.
Le traumatisme causé par la guerre à cette haute figure du patrimoine national et les restaurations qui suivirent auraient dû engendrer maintes publications. Pourtant, ce travail de recherche et d’édition n’est resté qu’à l’état de projet.
Une histoire maintes fois projetée
A maintes reprises, l’histoire de la cathédrale de Reims de 1914 à 1938 a été projetée.
L’incendie de la cathédrale et tous les bombardements antérieurs et postérieurs n’ont pas le statut d’un simple fait divers dont la presse se serait fait l’écho, mais celui d’un symbole
30 Auguste RODIN, Die Kathedralen Frankreichs, mit Handzeichnungen Rodins aud 32 Tafeln, Leipzig, K.
Wolff, 1917, 32 illustrations par Clot. D’après Claudie JUDRIN, Inventaire des dessins du musée Rodin, Paris, éditions du Musée Rodin, 1992, p.35.
31 MauriceBARRES, La Grande pitié des églises de France. Edition définitive, Paris, Librairie Plon, 1914, 1925 (rééd.), 299 p.
32 Ibid., p.59.
33 Ibid., p.157.
34 Ibid., p.228.
largement instrumentalisé. Au-delà de l’indignation et de la mémoire, cette page d’histoire se doit d’être contée et analysée. Pour l’inspecteur général des musées des départements Arsène Alexandre, « le « martyre de Reims aura ses historiens spéciaux, et rien que ces histoires constitueront à elles seules toute une bibliothèque »35. A un ami, le sculpteur Antoine Bourdelle signale en 1918 qu’il va terminer son travail de dessins aquarellés consacrés au martyre de Reims36 pour garder « le souvenir de l’immonde crime Boche contre le miracle sculpté de France »37.
L’historiographe local Albert Chatelle, à la fin de son ouvrage sur l’histoire de Reims durant la Première Guerre mondiale, indique vouloir prochainement publier « l’historique des immenses travaux effectués parfois même sous les bombardements pour la protection de la cathédrale, la sauvegarde des monuments historiques et pour l’évacuation des œuvres d’art »38. Ce deuxième volume ne paraîtra jamais. Albert Chatelle a tardé pour publier son premier opus, financé par la ville de Reims et projeté en 193339. L’ouvrage n’est achevé qu’en septembre 1939 et la souscription est lancée. La Seconde Guerre mondiale compromet ce travail. Albert Chatelle alors officier de réserve est fait prisonnier et parallèlement, sous l’Occupation, les Allemands détruisent le manuscrit. Reims ville des sacres, notes diplomatiques secrètes et récits inédits (1914-1918) n’est finalement publié qu’en 195140. L’ouvrage d’Albert Chatelle fait également références à deux dossiers intitulés « Documents sur Reims et la cathédrale pendant la guerre » et « Notes et documents authentiques concernant la cathédrale de Reims pendant la guerre » rédigés et conservés par l’archevêque de Reims, le cardinal Luçon41. Pour Albert Chatelle, il ne fait aucun doute que ce dernier souhaitait entreprendre un récit historique de ces événements42. Mais la charge épiscopale ne lui en a pas laissé le temps.
35 EdmontMICHEL, Les dommages de guerre de la France et leurs réparations, Paris, Berger-Levrault, 1932, p.47.
36 Musée Bourdelle, série de dessins aquarellés, vers 1914-1918, n°1020, 1022, 1117, 2513, 2538, 2542, 2556, 2566, 2568, 2591, 2629.
37 Lettre de Bourdelle à Roussel-Despierres, 30 juin 1918, archives du musée Bourdelle.
38 Albert CHATELLE, Reims ville des sacres, notes diplomatiques secrètes et récits inédits (1914-1918), Paris, Imprimerie Téqui, 1951, p.260.
39 Délibérations du conseil municipal de Reims, séance du 14 février 1930 et du 7 avril 1933, AMR, 2W19 et 2W24.
40 AMR 151W45.
41 Il s’agit probablement des documents issus des archives diocésaines de Reims et conservés aux archives départementales de la Marne sous les côtes : 7J 150, 7J 151, 7J 155, 7J 156 et 7J 157.
42 Albert CHATELLE, op. cit., p.177.
Au niveau de la reconstruction de la cathédrale, Patrice Bonnet (1879-1964), architecte en chef à Versailles, suggère, à la fin du mois de décembre 1937, d’utiliser les reliquats du fonds Rockefeller pour financer la parution d’un ouvrage sur la restauration de Versailles. Il attire l’attention du comité franco-américain « sur le fait que dans quelques années seulement il est probable que tous les détails authentiques concernant les travaux Rockefeller seront perdus si on ne les conserve pas dans une forme convenable et facile à consulter »43. Ce premier ouvrage serait complété par des œuvres analogues pour les deux autres monuments concernés par la donation, le palais de Fontainebleau et la cathédrale de Reims. Là encore la guerre a compromis un tel travail de publication.
Ce travail propose de répondre aux lacunes dans l’histoire rémoise. Hormis l’ouvrage de référence de monseigneur Maurice Landrieux44, tous ces projets ont avorté. Pourtant, il existe un nombre impressionnant de publications durant la guerre sur l’héroïque ville de Reims et sa glorieuse martyre, mais ils sont empreints de l’exacerbation des consciences durant le conflit.
Certes les travaux des équipes de recherches de l’université de Reims, de LaurenceSirguey45, de GilbertNolleau46 et spécialement ceux de François Cochet47 ont considérablement réévalué cette période surmédiatisée mais bien mal informée. Ils ont comblé en partie ce déficit historiographique concernant la cité rémoise. Toutefois ces problématiques de recherche n’abordent encore que trop succinctement cette cathédrale des sacres devenue cathédrale martyre.
La guerre n’est cependant qu’une partie de cette présente étude, consacrée également à l’aspect restauration. Là encore cette frange d’histoire restait à écrire. Pour sa part, l’histoire de la restauration de l’édifice a certainement souffert du cataclysme mémoriel du second conflit mondial, mais certainement plus encore du clivage qui demeure entre histoire et histoire de l’art.
43 Lettre à Maurice Paléologue, 29 décembre 1937, MAP, 80/1/50.
44 MauriceLANDRIEUX, La Cathédrale de Reims ; un crime allemand, Paris, Librairie Renouard, 1919, 236 p. et 96 pl.
45 LaurenceSIRGUEY, Le Docteur Langlet Maire de Reims 1914-1918. Rôle civique, rôle médiatique, mémoire de maîtrise sous la direction de Maurice Vaïsse, Reims, 1987, 114 p.
46 GilbertNOLLEAU, L’iconographie des batailles et du siège de Reims lors de la Première Guerre Mondiale, Mémoire de DEA sous la direction de G. Clause, Reims, 1993, 112 p.
47 FrançoisCOCHET, « Rémois en guerre » (1914-1918). Parole de témoins et sources écrites, thèse de doctorat de troisième cycle sous la direction de Michelle Perrot, université de Paris VIII, 1983, 432 p ; La Guerre de 1914-1918 dans la Ville des Sacres. Reims ville-martyre : vie et mort d’un mythe républicain ?, Reims, C.R.D.P., 1985, 44 p ; Rémois en guerre 1914-1918 : l’héroïsation au quotidien, Nancy, Presses Universitaires, 1993, 168 p.
Une histoire « exemplaire »
L’histoire de la cathédrale de Reims de 1914 à 1938 devait être écrite en raison de son caractère exemplaire, transdisciplinaire et européen. Car si ce travail adopte le principe de la monographie, le caractère exemplaire du sujet peut servir de référent aux recherches nationales et internationales.
Le sujet de cette thèse ne relève pas du domaine de l’histoire de l’art, de l’histoire militaire ou de l’histoire sociale ; le sujet est transversal. Un monument historique ne revêt pas d’intérêt stratégique et l’histoire de l’art s’intéresse d’avantage au domaine de la création qu’à celui de la destruction. La bataille de Reims apparaît pour l’histoire militaire et stratégique comme une guerre de siège ; stigmatisée, instrumentalisée, le siège de Reims relève dans sa portée mémorielle comme une guerre d’images.
Si l’analyse des années de restauration par un historien d’art ou un architecte permettrait de compléter cette présente étude, l’analyse ne serait que partielle, car cette restauration hautement symbolique ne peut s’appréhender que dans la diversité des choix individuels et politiques. Par exemple, l’innovation technique n’est pas le seul vecteur qui concoure à restaurer en ciment armé la toiture. L’évolution des doctrines en matière de restauration et l’aspect financier ont indubitablement joué. C’est véritablement une histoire du patrimoine qu’il convenait d’écrire, dans toute son approche pluridisciplinaire et transdisciplinaire.
En dehors des travaux anciens de Paul Léon (1874-1962)48 ou de Louis Réau (1881-1961)49, ce n’est qu’à partir du milieu des années 1970 que les premiers travaux universitaires sont consacrés à ce nouveau champ d’études qu’est l’histoire du patrimoine50. Les premières études de Françoise Bercé51 et de Jean-Michel Léniaud52 sont d’abord consacrées à la
48 Directeur des Beaux-Arts de 1919 à 1932, Paul Léon a conduit la politique de restauration monumentale durant l’entre-deux-guerre et a publié : Les monuments historiques, conservation, restauration, Paris, H.
Laurens, 1917, 380 p ; La vie des monuments français : destruction, restauration, Paris, Picard, 1951, 584 p ; La protection des monuments, La Documentation Française Illustrée, n°64, Paris, La Documentation Française, avril 1952, 31 p ; « 1939-1955. Les monuments », Les Monuments historiques de la France, janvier-mars 1955, p.3-8.
49 Louis REAU, Histoire du vandalisme : Les monuments détruits de l’art français, Paris, Editions Robert Laffont, 1958 (1ère édition), 1994, 1190 p.
50 Loïc VADELORGE, « Le patrimoine comme objet politique », dans Philippe POIRRIER et Loïc VADELORGE
(dir.), Pour une histoire des politiques du patrimoine, Paris, Collection du Comité d’histoire, 2003, p.11-12.
51 FrançoiseBERCE, « Les sociétés savantes et la protection du patrimoine monumental », Actes du 100e congrès national des sociétés savantes, Paris, Bibliothèque nationale, 1976, p.155-168. ; Les Premiers travaux de la Commission des travaux historiques : 1837-1848 : procès-verbaux et relevés d’architectes, coll. Bibliothèque de la sauvegarde de l’art français, Paris, A. et J. Picard, 1979, 452 p. et 140 p. de planches. ; Des Monuments historiques au Patrimoine du XVIIIe siècle à nos jours ou "Les égarements du cœur et de l’esprit", Paris, Flammarion, 2000, 222 p.
dimension emblématique, au patrimoine monumental. Différentes études suivent et s’intéressent à d’autres franges de l’histoire du patrimoine. Marie-Claude Genet-Delacroix traite de l’activité de l’Etat dans le « système des Beaux-Arts » et donc de la dimension politique du patrimoine53. Du monument historique, Dominique Poulot s’intéresse au concept de patrimoine et à son application au travers de l’institution muséale54. Si André Chastel (1912-1990)55, au début des années 1980, tente de circonscrire ce concept de patrimoine, suivi par de nombreuses parutions dont celles de Marc Guillaume56, Françoise Choay57 ou Alain Bourdin58, le cadre national, trop étriqué, laisse place à des études européennes59, voire transatlantiques60. Notre recherche s’inscrit dans le premier ensemble de ce vaste champ d’étude, celui de l’histoire des monuments historiques qui relève du genre traditionnel de la monographie.
Cette histoire de la cathédrale de Reims est limitée chronologiquement autour de deux dates symboliques : le 4 septembre 1914, jour au cours duquel les premiers obus frappent le
52 Jean-MichelLENIAUD, L’utopie française. Essai sur le patrimoine, Paris, Edition Mengès, 1992, 180 p. ; Les cathédrales au XIXe siècle : étude du service des édifices diocésains, Paris, Economica, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, 1993, 984 p. ; « La mauvaise conscience patrimoniale », Le Débat, janvier- février 1994, n°78, p.168-178. ; Viollet-le-Duc ou Les délires du système, Paris, Mengès, 1994, 225 p.
53 Marie-ClaudeGENET-DELACROIX, « Esthétique officielle et art national sous la Troisième République », Le Mouvement social, 1985, n°131, p.105-120. ; Art et Etat sous la troisième république, thèse de doctorat d’Etat sous la direction de Maurice Agulhon, Paris I, 1989, 6 vol. ; « Art, Histoire et Politique », Sources. Travaux historiques, 1991, n°26, p.25-42. ; Art et Etat sous la IIIe République. Le système des Beaux-Arts 1870-1940, Paris, Publications de la Sorbonne, 1992, 433 p. ; « Le Conseil supérieur des Beaux-Arts : histoire et fonctions, 1875-1940 », Le Mouvement social, 1993, n°163, p.45-65. ; « La richesse des Beaux-Arts républicains », dans Jean-Pierre RIOUX et Jean-François SIRINELLI (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997, p.355-369. ;
« Etat et patrimoine sous la IIIe République : de l’amateur au professionnel dans la gestion du patrimoine national », dans Thierry GRANGE et Dominique POULOT (dir.), L’esprit des lieux. Le patrimoine et la cité, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997, p.147-160. ; « Politiques artistiques et politiques du patrimoine de 1913 à 1940 », dans Philippe POIRRIER et Loïc VADELORGE (dir.), Pour une histoire des politiques du patrimoine, Paris, Collection du Comité d’histoire, 2003, p.211-225.
54 Dominique POULOT, « Naissance du monument historique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, juillet – septembre 1985, p.418-450. ; « Le patrimoine universel : un modèle culturel français ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1992, p.29-55. ; « Le patrimoine culturel, valeur commune de l’Europe », Relations internationales, printemps 1993, n°73, p.42-62. ; Musée, nation, patrimoine : 1789-1815, coll.
Bibliothèque des histoires Paris, Gallimard, 1997, 406 p. ; Patrimoine et musées : l’institution de la culture, Paris, Hachette, 2001, 223 p. ; Une histoire des musées de France, XVIIIe-XXe siècle, coll. L’espace de l’histoire, Paris, Edition La Découverte, 2005, 197 p.
55 AndréCHASTEL, « Les nouvelles dimensions du patrimoine », Cahiers de l’académie d’architecture, 1980, p.6-12. ; « La notion de patrimoine », Revue de l’art, n°49, 1980, p.5-32. ; « La notion de patrimoine », dans Pierre NORA (dir.), Les Lieux de Mémoire, La Nation, Paris, Editions Gallimard, 1986, p.405-450.
56 MarcGUILLAUME, La politique du patrimoine, Paris, Editions Galilée, 1980, 196 p.
57 FrançoiseCHOAY, L’allégorie du patrimoine, Paris, Seuil, 1992, 262 p.
58 AlainBOURDIN, Le Patrimoine réinventé, Paris, P.U.F., 1984, 239 p.
59 Christina KOTT, Protéger, confisquer, déplacer. Le service allemand de préservation des œuvres d’art (Kunstchutz) en Belgique et en France occupées pendant la Première Guerre mondiale, 1914-1924, thèse de doctorat sous la direction de Michael Werner, EHESS, 2002, 578 p.
60 VéroniqueLONG, Mécènes des deux mondes. Les collectionneurs-donateurs du musée du Louvre et de l’Art Institute de Chicago (1879-1940), thèse de doctorat sous la direction de Christophe Charle, Paris I, 2003, 855 p.