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Espaces publics de Castellón de la Plana : sources d’informations pour les Roumains

Castellón de la Plana

1.4.4. Espaces publics de Castellón de la Plana : sources d’informations pour les Roumains

Les migrants roumains fréquentent d’autres lieux. Ils sont très visibles dans les espaces publics, par exemple dans la rue mais aussi sur les places, et dans les parcs de la ville.

Comment peut-on les identifier dans les espaces publics? Différents éléments aident à leur identification : la langue (on les entend parler dans leur langue), l’heure régulière de rencontre quand ils ne travaillent pas, le choix habituel de la place ou du parc comme lieux propices aux rencontres avec des co-nationaux qui passent par ces espaces ou qui sortent un moment pour accompagner la personne âgée dont ils ont la charge. Ce sont les lieux idéaux pour recevoir et échanger des informations précieuses comme celle d’une offre d’emploi. L’espace public des Roumains de Castellón constitue des lieux propices à la création des réseaux et au développement des meilleures stratégies d’insertion sur le marché du travail.

Tout au début de la migration roumaine à Castellón, la Place Maria Augustina bien connue et appelée Place du ficus à cause du grand arbre qui la domine constituait un lieu clé pour les nouveaux migrants. Pourquoi cette place ? Située près du centre-ville, elle est assez grande, très aérée en forme de cercle. Ainsi, toutes les personnes peuvent se voir facilement. Cette forme donne plus de visibilité et de possibilité pour repérer des personnes connues. C’était donc le point de rencontre des Roumains qui occupaient les bancs de la place. Là se développait un vrai « trafic » d’informations : comment obtenir le permis de résidence et de travail ? Comment se loger ? Comment travailler ? Comment se déplacer ? La place était aussi un espace de rencontre avec des amis et de renforcement des réseaux sociaux.

Paradoxalement la façade de l’immeuble du gouvernement civil espagnol ouvre sur cette place. Mais cet aspect n’était pas trop connu au début de la migration roumaine. La gestion des informations entre les personnes d’origine roumaine présentes dont une majorité était dans une situation administrative irrégulière, se poursuivait sous les fenêtres mêmes de l’administration de contrôle!

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À partir des années 2004-2005 la présence roumaine diminue dans cet endroit à cause de l’augmentation de la présence policière dans le bâtiment voisin de la place…

L’acquisition des informations sur la ville et sur le fonctionnement de la société ainsi que l’emplacement des différentes institutions administratives facilitait progressivement la connaissance locale. Du coup, les Roumains développèrent plus de vigilance et de précaution dans leur choix d’occupation des divers espaces publics. Cependant, les parcs n’offraient pas une configuration aussi favorable que la place ronde du «Ficus ». Leur usage étant plutôt familial. Le parc Ribalta, par exemple très connu par chaque Roumain installé à Castellón est devenu un espace propice pour les familles migrantes avec des enfants.

1.4.4.1. L’esprit entrepreneurial des enfants dans l’espace public de la ville de Castellón

Il est nécessaire d’aborder la migration roumaine à une « micro échelle » celle des enfants roumains. Des aspects très originaux peuvent être analysés .Ces enfants ont trouvé de nouveaux espaces pour les loisirs, dans les cours de leurs écoles.

Cette observation nouvelle mérite d’être développée car la migration roumaine a donné du sens et de l’utilité à des lieux qui n’étaient pas fréquentés jusque-alors. Ainsi la cour de l’école n’était jamais utilisée après l’activité scolaire. Actuellement, pendant les fins de semaines ou les vacances, elle est investie par les enfants roumains et de plus en plus avec leurs camarades de classe, espagnols ou étrangers. On peut penser que l’enfant transpose sa pratique de jeu d’enfant roumain en Roumanie à l’endroit de sa nouvelle résidence à Castellón. Cet enfant a emporté une petite partie de son enfance, sacrifiée à un futur meilleur, dans un nouvel espace de vie. Là, il trouve des nouvelles stratégies pour recréer une ambiance familière. Peut-on parler de « logiques affectives »151 dans un champ migratoire à petite échelle ? Les liens affectifs avec certains lieux fréquentés au pays d’origine à différentes périodes de la vie sont gardés en mémoire et se reproduisent dans d’autres espaces.

151SIMON, Gildas. La planète migratoire dans la mondialisation. Armand Colin. Paris: Armand Colin, 2008.

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Les enfants roumains sont totalement scolarisés152 et pendant l’année 2007-2008 il y avait 75 599 enfants roumains dans l’enseignement obligatoire pré-universitaire en Espagne. Les écoliers arrivent en général avec un bon niveau d’études. Ils s’adaptent très vite à l’école et apprennent très rapidement la langue espagnole. Selon les opinions des professeurs, le problème rencontré par les enfants n’est pas la langue mais la nostalgie du pays d’origine où ils ont laissé leurs amis ou une partie de la famille. Leur tristesse et leur regret d’avoir quitté le pays s’exprime délicatement ainsi chez cet écolier: « Normalement les gens de

l’Espagne sont sympas et aimables mais la Roumanie me manque, ma famille et particulièrement mes grands-parents. Mes parents ont dû venir en Espagne pour travailler parce qu’on n’avait pas d’argent153 ».

La question de la mémoire de l’enfant, l’initiative de débrouillardise de l’enfant roumain, au niveau le plus élémentaire de la migration, ne laisse pas indifférentes les autorités locales. Les représentants locaux installent de plus en plus d’aires de jeux pour les enfants dans les espaces publics, dans les parcs ou sur les petites placettes entre les immeubles.

En conclusion, on peut dire que les Roumains de Castellón donnent des nouvelles fonctions à l’espace public. Symboliquement l’exemple du « transfert » des habitudes banales par les enfants roumains dans cette ville, entraîne la mise en place de nouvelles initiatives des autorités locales pour répondre à leurs besoins. On peut noter une bonne adéquation entre les besoins des enfants, les réponses des pouvoirs locaux et la culture espagnole ouverte qui développe ainsi beaucoup d’actions dans l’espace public.

152TAMAMES, Ramon. Estudio sobre la migración rumana en España [En ligne]. Universidad Rey Juan

Carlos. Madrid: Universidad Rey Juan Carlos, 2008. 126 p (citation p.84). Disponible sur : < http://www.slideshare.net/guest6d630c/estudio-inmigracion-rumana > (consulté le 13 Mai, 2010)

153« Inmersión lingüística, pero también afectiva. La puesta en marcha de un aula de enlace y los desafíos ».

In: Interculturalidad y escuela. Experiencias de trabajo en los centros [En ligne], 2009. Disponible sur : < http://www.aulaintercultural.org/experiencias/3alonsoquijano-relato.htm > (consulté le 13 Mai, 2010)

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1.4.5. Les associations roumaines à Castellón de la Plana: un pont entre

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