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Chapitre 3 Méthodologie de la recherche

3.4 Population et échantillonnage

3.4.2 Entrevues

La population des participants aux entrevues est composée de 14 acteurs canadiens et marocains, 4 femmes et dix hommes, en général impliqués dans un cas ou plus de transfert de modèles d’éducation-formation entre le Canada et le Maroc, appartenant au domaine de l’éducation et de l’entreprise, et qui portent un intérêt au transfert de modèles d’éducation- formation. Les organisations auxquelles ils appartiennent sont l’Université Laval, MANAGEM, l’IPPC et des Cegeps. Les deux initiateurs du premier cas, un homme et une femme, sont en même temps des promoteurs pour le secteur privé au Maroc146. Nous avons envisagé au départ d’interroger également des théoriciens du domaine du transfert au cas où le nombre des recrutés n’atteindrait pas le premier chiffre ciblé, qui était déterminé au départ à 20 sujets. Nous avons finalement réduit le nombre des participants à 14, puisqu’avec ce nombre nous avons atteint la saturation. Cependant, un des sujets participants qui n’a pas été impliqué dans aucun des deux cas a été choisi pour sa participation à d’autres cas de transfert de modèles d’éducation-formation postérieurs aux cas étudiés en partenariat avec le Maroc, ce qui a favorisé la confirmation de la continuité des partenariats autour de telles opérations entre le Canada et le Maroc et en même temps consolidé la partie du travail sur la définition de la notion de transfert de modèles éducatifs en général.

3.4.2.1 Déroulement des entrevues

Les entrevues se sont déroulées à une fréquence liée aux disponibilités des participants et en harmonie avec le cadre conceptuel et théorique, le but étant d’obtenir des données sur 1) les représentations des participants du transfert de modèles d’éducation-formation; 2) les

transformations de ces représentations au cours de l’opération de transfert, de la conception à la réalisation, au cas où ces transformations auraient eu lieu; 3) leurs différentes actions qui auraient contribué au processus de transfert de modèles; et sur 4) la façon avec laquelle ils ont géré la complexité de l’opération.

En outre, nous nous attendions à ce que le discours des acteurs qui porte sur les différentes étapes des opérations du transfert, puisse comporter des éléments narratifs ou encore d’ordre de la posture critique et de la distanciation, qui permettraient l’identification de déclencheurs de transformation ou d’évolution des représentations. En effet, cette perspective offre, d’un côté, une grande ouverture sur l’aspect évolutif et transformationnel des représentations par rapport au contexte national et international, avec tout ce qu’une transposition d’un projet dans la réalité implique en général comme adaptation en lien avec le contexte culturel et organisationnel, et d’un autre côté, l’établissement d’un lien avec la théorie du noyau central et de la périphérie en cas de transformation (Abric,1987,1994, 1997, 1998, 2003, 2006, 2007)147. Qu’est-ce qui a provoqué la transformation quand elle a lieu, et quel est le rôle de

cette transformation dans le processus de transfert et sur le consensus entre acteurs? La transformation est-elle collective ou individuelle? Fait-elle partie du noyau central des représentations de ces acteurs ou de leurs périphéries? Est-elle liée ou générée par un éventuel consensus qui aurait sous-tendu la réalisation des deux cas de transfert ? Ce sont des interrogations qui se sont manifestées tout au long de ce processus de recherche. Enfin, c’est à travers cette double perspective, diachronique et chronologique, que nous avons essayé d’obtenir le plus d’éléments pouvant apporter un éclairage sur le phénomène de transfert de modèles.

Concrètement, les étapes de l’étude de cas décrites par Paillé (2007) ont servi de base pour cette phase du travail, à savoir, 1) le choix de deux cas révélateurs; 2) le choix de la méthode de collecte des données; 3) le choix de la méthode d’analyse des données; 4) la mise en évidence des aspects les plus distinctifs et/ou les plus instructifs du cas; et 5) un tracé des implications théoriques et/ou pratiques des résultats. Ce travail a été l’occasion de transcrire les évènements qui ont facilité ou rendu difficile le déroulement du processus de transfert de

147 Dans le cadre de cette recherche, nous avons relevé des exemples de transformation des représentations de certains acteurs par rapport au transfert de modèles qui ont amené à des consensus dans la section l’étape d’analyse.

modèles, surtout ceux de l’ordre visuel qu’un enregistrement audio ne peut pas saisir. Et après chaque entrevue, un premier compte rendu a été rédigé (Miles et Huberman, 2003). La durée des entrevues a varié entre en général entre 40 et 60 minutes. Les entretiens ont été enregistrés au format audio et transcrits manuellement et leur objectivation s’est réalisée à travers leur conversion en verbatim sur lesquels l’analyse s’est basée. Treize entrevues se sont déroulées sur le territoire canadien de manière directe étant donné que la plupart des acteurs des cas étudiés vivent au Canada, et une au moyen de conférence téléphonique au Maroc. Ce deuxième mode a été utilisé en commun accord avec le sujet lors de l’envoi du formulaire de consentement.

3.4.2.2 Techniques d’analyse des données

La méthode d’analyse générale préconisée pour ce travail est de type inductif. Selon Blais et Martineau (2006), cette méthode convient à « l’analyse de données portant sur des objets de recherche à caractère exploratoire, pour lesquels le chercheur n’a pas accès à des catégories déjà existantes dans la littérature » (p.4). Blais et Martineau (2006) la définissent comme suit :

L’analyse inductive générale est définie comme un ensemble de procédures systématiques permettant de traiter des données qualitatives, ces procédures étant essentiellement guidées par les objectifs de recherche. Elle s’appuie sur différentes stratégies utilisant prioritairement la lecture détaillée des données brutes pour faire émerger des catégories à partir des interprétations du chercheur qui s’appuie sur ces données brutes. (p.3)

Ces auteurs dégagent trois fonctions de l’analyse inductive 1) « condenser des données brutes, variées et nombreuses, dans un format résumé »; 2) « établir des liens entre les objectifs de la recherche et les catégories découlant des données brutes »; et « développer un cadre de référence ou un modèle à partir des nouvelles catégories émergentes » (Blais et Martineau, 2006 : 4).

Comme la catégorisation est importante dans cette démarche, il est important de la définir. Selon Paillé et Mucchielli (2003), elle est « une production textuelle se présentant sous forme d’une brève expression et permettant de dénommer un phénomène perceptible à travers une

lecture conceptuelle d’un matériau de recherche » et à « la différence de la rubrique ou du thème, elle va au-delà de la désignation de contenu pour incarner l’attribution même de la signification » (p.147). En termes plus simples, la catégorisation consiste à choisir un nom qui représente et englobe le plus possible d’éléments d’un thème. Celui-ci peut aussi regrouper des sous-thèmes; dans ce sens, on peut parler aussi de catégories et de sous- catégories.