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Enjeux technologiques

Dans le document Pologne - République tchèque (Page 45-49)

La Pologne est un pays qui s’est bâti économiquement sur une industrie de type plutôt classique. Pendant longtemps, l’économie a en effet tourné grâce à des secteurs tels que l’agriculture, le charbon, le textile, la chimie, la machinerie lourde, les aciéries et les chantiers navals. Lorsque les communistes prirent possession du territoire après la Deuxième Guerre mondiale, ces domaines restèrent les plus importants et furent nationalisés. Dès lors, une très grande et contraignante structure économique fut instaurée sous la gouvernance d’une minorité. Cela eut pour effet de ralentir considérablement le développement du pays et conséquemment, son avancement technologique.

Au début des années 90, le gouvernement en place instaura une politique visant à passer du pouvoir centralisé immobile à l’économie de marché. Ceci permit d’ouvrir la porte à de nouveaux secteurs de l’industrie comme les fertilisants, la pétrochimie, les machines-outils, les appareils électroniques, l’automobile et les télécommunications. De plus, l’entrée de capitaux étrangers assura l’émergence de nouvelles technologies et une mise à niveau de certains secteurs de l’industrie.

Au cours de ses nombreuses visites, la mission Poly-Monde 2006 a pu observer le niveau technologique de plusieurs entreprises. Une conclusion saute vite aux yeux : il y a un énorme écart entre les entreprises polonaises et étrangères.

C’est-à-dire que les étrangers sont arrivés avec un bagage technologique supérieur aux entreprises nationales qui ont vu leur évolution ralentie par le communisme. Un bon exemple de cela est l’aciérie HSC Stali de Czestochowa qui n’a subi aucune amélioration de ses infrastructures entre 1957 et 1990. Pourtant, cette usine était l’une des plus prisées par le régime au début de l’instauration de celui-ci. Lorsque le Mur de Berlin est tombé, la compagnie s’est rapidement modernisée et est maintenant compétitive au niveau mondial en diversifiant ses produits et en acquérant une grande part du marché de l’Europe centrale. Là se trouve l’enjeu principal des entreprises polonaises d’origine. Elles doivent se développer et se moderniser comme l’a fait HSC Stali de manière à assurer une bonne compétitivité avec les entreprises étrangères en Pologne et les autres pays comme la Chine. Même dans les domaines où la Pologne est très forte (comme la construction de machinerie lourde, les chantiers navals et les moteurs de bateaux), les compagnies doivent suivre la vitesse de développement mondial et même en faire davantage si elles ne veulent pas que des pays comme la Chine viennent ravir des parts de marché importantes.

La Pologne possède une grande tradition scientifique, il n’y a qu’à penser à Copernic ou Marie Curie Skłodowska. De plus, le pays possède plus d’une centaine d’universités et près de 300 unités de recherche et développement employant plus de 10 000 chercheurs. Cependant, il fut observé que les conditions propices à l’innovation sont un peu moins présentes. En effet, la part du PIB octroyée par les entreprises à la rechercher et au développement passa de 0,28 % en 1998 à 0,16 % en 2003 . En outre, les entreprises privées ont de moins en moins tendance à ouvrir des chaires de recherches dans les universités. Ceci indique qu’elles n’ont pas sous-traité leurs recherches au domaine public, tel que démontré par l’étude suivante :

Enjeux présents en Pologne et République tchèque

Figure 1 : Indice de performance de l’innovation EIS 2005 (relativement à l’EU) - source http://en.wikipedia.org/wiki/Poland

La Pologne possède donc une faiblesse dans la création de connaissance. Cela s’explique peut-être par le fait que, selon Stanley L. Kroder, Ph. D. & Gary F. Wilkinson, Ph. D., le domaine public de recherche et développement a de la difficulté à coopérer avec l’entreprise privée, ce qui complexifie la commercialisation des inventions. Ce phénomène a pu être observé par l’équipe Poly-Monde 2006 lors de la visite du département de Génie physique de l’Université de Poznan. Les recherches y sont effectuées seulement à l’aide de subventions gouvernementales insuffisantes, limitant ainsi les domaines de recherches. De plus, l’université n’a pas été en mesure d’obtenir un partenariat durable avec le domaine privé. Ce cas semble pouvoir être généralisable vu le faible rendement du pays quant au nombre de brevets déposés tel qu’indiqué au tableau précédent. L’enjeu est donc de taille pour la Pologne si elle désire vraiment passer à une économie d’innovation ce qui augmenterait son classement auprès de l’Union Européenne (21ième en 2003). Le pays possède une très bonne main-d’œuvre à faible coût horaire, jeune et possédant plusieurs qualités : cela encourage beaucoup d’entreprises à venir s’établir en Pologne. Cependant, si la Pologne désire atteindre son but et devenir un pays compétitif dans le secteur de l’innovation, beaucoup de travail est encore à faire. Elle devra encourager les jeunes à faire des études supérieures, fournir aux universités ce dont elles ont besoin pour la formation. Il faudra en outre sensibiliser les entreprises à l’intérêt qu’elles auraient à faire leur R&D en Pologne et non ailleurs. Finalement, le pays devra aussi faire en sorte que les centres de recherche universitaires entrent dans le jeu des entreprises.

L’autre enjeu devant lequel se retrouvent les Polonais est celui des télécommunications. Malgré un développement hors du commun de ce secteur lors des dernières années, le réseau des télécommunications n’est pas encore au même niveau que l’Occident. Par exemple, comme le tableau précédent le fait remarquer, le développement du réseau à large-bande (broadband) est très faible ce qui rend difficile le transfert d’information et l’accès résidentiel à Internet. Cependant, les nouvelles sont plutôt bonnes dans ce secteur : une étude réalisée par PMR Business démontre que malgré le fait que le

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taux de croissance du nombre d’utilisateurs diminue, le nombre de clients augmente chaque année. C’est donc dire que le réseau se construit lentement, mais sûrement.

Figure 2 : Nombre et croissance d’utilisateur d’Internet large-bande en Pologne pour 2001-2008 - source : www.pmrpublications.com

De plus, toujours selon la même source, le domaine général des télécommunications en Pologne se porte bien. L’indice pour 2006 se rapproche de 1 ce qui est de très bonne augure pour les compagnies polonaises.

Figure 3 : Indice PMR décrivant le climat des télécommunications - source : www.pmrpublications.com

Cependant, certains hommes d’affaire sondés par PMR (ceux des soixante entreprises les plus importantes en télécommunication de Pologne) sont mécontents de la politique adoptée par le gouvernement Leszek Miller en ce qui a trait aux télécommunications, en plus de ne pas être satisfait par les activités de l’Office for the Regulation of Telecommunications and the Post Office (Urząd Regulacji Telekomunikacji i Poczty or URTiP). Cette opinion plutôt pessimiste pourrait être fondée sur le fait que ce gouvernement n’a pas beaucoup investi ni aidé le domaine des

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télécommunications par le passé. Le message est donc clair pour le prochain gouvernement : s’il veut que ce secteur continue à se développer, il doit remédier aux lacunes présentées dans le graphique ci-dessous.

Figure 4:Raisons données pour percevoir l’URTiP négativement - source : www.polishmarket.com

En bref, les enjeux technologiques auxquels devront faire face la Pologne et ses entreprises au cours des prochaines années feront en sorte que le pays pourra grandir économiquement. Les compagnies polonaises se devront d’assurer la modernisation de leurs installations et de leurs manières de procéder de façon à atteindre et garder un niveau de compétitivité nationale et internationale. Cela devrait être fait surtout dans les domaines où la Pologne est reconnue pour assurer des produits de qualité. Ainsi, les compagnies polonaises seront moins sujettes à perdre des parts de marché aux mains des pays asiatiques. De plus, le gouvernement devra faire en sorte que le système de R&D du pays soit plus efficace et réponde mieux besoins du domaine industriel : des partenariats avec les universités et les entreprises devraient être favorisés. Enfin, il faudra s’assurer que la croissance dans le domaine des télécommunications continue sur sa lancée pour être à même d’atteindre le niveau européen et pour garantir aux utilisateurs des prix plus bas.

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