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Enjeux de la médiation de l’ingénierie hydraulique

La gestion de l’eau est un enjeu qui fait l’objet d’une médiation importante, afin de sensibiliser la population à la préservation de cette ressource. Cependant, nous allons nous intéresser plus particulièrement à la médiation de l’ingénierie hydraulique et aux différents enjeux que celle-ci soulève. Ceux-ci sont de nature didactique, d’immersion et d’implication, et doivent être réfléchis tout au long du parcours du visiteur.

possibles par des progrès techniques sous l’Empire romain, en Égypte antique, ou dans les pays arabes. Au cours de l’histoire, l’ingénierie hydraulique et la maîtrise de l’eau ont été sources de puissance et de développement des sociétés, et ont façonné les paysages, rendant possible l’agriculture et favorisant l’urbanisation à proximité des cours d’eau. Sur le long terme, cette sensibilisation des jeunes publics aux sciences et à l’ingénierie hydraulique favorise l’émergence de vocations professionnelles et contribue au renouvellement des compétences pour les générations futures.

Cette forme de médiation didactique peut faire appel à des supports écrits tels que des livrets ou des panneaux, des médiateurs humains tels que des guides, ou numériques, avec des applications mobiles ou des audioguides. Ces différents médiateurs, complémentaires, permettent la transmission d’informations aux divers publics avant, pendant et après la visite.

2.2.

Enjeu d’immersion : favoriser la dimension expérientielle

Le second enjeu réside dans l’immersion du visiteur dans un univers thématisé, en créant chez celui-ci un sentiment d’absorption dans « un temps et un lieu particuliers » (Bitgood, 1990, cité dans Belaën, 2005, p. 93). Apparue au début des années 2000, le concept de muséographie d’immersion visait alors à renouveler et à moderniser une image alors « poussiéreuse » des musées de culture scientifique (Belaën, 2005, p. 91). L’expérientiel est au cœur des attentes du visiteur et réside dans l’immersion de celui-ci dans une ambiance particulière, faisant appel à ses cinq sens, à son imaginaire et à ses émotions. Cependant, cette dimension expérientielle ne doit pas venir entraver la transmission de connaissances, qui constitue l’enjeu premier d’une médiation scientifique. Ainsi, l’enjeu de la médiation réside aussi dans sa complémentarité avec la dimension didactique, car celle-ci favorise la mémorisation d’informations. Différents supports de médiation immersifs peuvent être employés, faisant généralement appel à des technologies numériques, telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée, ou des projections 3D mêlant images, sons et parfums d’ambiance.

2.3.

Enjeu d’implication : rendre le visiteur acteur de sa visite par

l’approche ludique

Le dernier enjeu, mais pas le moindre, réside dans l’implication du visiteur. En effet, les dispositifs de médiation doivent le pousser à s’engager et à être acteur de sa propre visite, l’objectif étant de le motiver à apprendre par lui-même. Cette médiation fait appel à l’approche ludique, par la mise en place d’énigmes ou de parcours de chasse au trésor, mettant automatiquement le visiteur dans une posture proactive de quête d’informations. Ces dispositifs font généralement appel à du storytelling, par le biais de la scénarisation du parcours de visite. Ils contribuent à stimuler d’autant plus l’imaginaire du visiteur, en continuité avec l’enjeu d’immersion. On parle alors de « gamification », ou « ludification » de l’expérience du visiteur, une notion apparue en 2002 qui consiste à « appliquer des

éléments de design et de psychologie et des mécanismes du jeu vidéo dans d’autres contextes » (Thépault, 2018, p. 11). La gamification de l’expérience du visiteur au sein d’un

espace muséographique fait appel à ses émotions, mais aussi à ses capacités cognitives. L’enjeu d’implication du visiteur fait ainsi suite à l’enjeu d’immersion de celui-ci dans la visite, lui-même faisant suite à l’enjeu didactique de la médiation scientifique. Cette méthode « repose sur une démarche de design UX » (Thépault, 2018, p. 12), dans la mesure où elle place le visiteur au cœur de la démarche de médiation. La dimension ludique et scénarisée permet de dynamiser la médiation, afin de motiver et d’impliquer le visiteur dans le processus d’acquisition de connaissances.

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Le schéma ci-dessous met en relation les trois enjeux que nous avons vu, en mettant en avant l’état du visiteur et l’objectif visé par la médiation.

Figure 39 : Synthèse des enjeux de médiation182

Ainsi, le premier enjeu de la médiation est la transmission de connaissances au visiteur, le plaçant dans une posture passive de réception d’informations qui lui permettent de discerner l’objet de la médiation, de le comprendre. L’enjeu d’immersion, quant à lui, absorbe le visiteur dans une expérience mobilisant ses émotions, ses sens et son imaginaire, l’amenant vers un état pensif et introspectif qui vise à lui faire se représenter l’objet de la médiation qui lui est étranger. Enfin, l’enjeu d’implication passe par l’engagement et la participation du visiteur dans la construction de son parcours de visite, le plaçant dans une posture proactive qui lui permet d’interpréter lui-même des informations qu’il aura collectées, pour se faire sa propre représentation de l’objet de la médiation.

La mise en place d’une médiation répondant à ces enjeux se fait progressivement, en s’attachant d’abord à l’enjeu didactique, puis en ajoutant la dimension expérientielle, et enfin la dimension ludique et participative. En effet, pris séparément, ces enjeux ne font plus sens au regard de la médiation scientifique.