• Aucun résultat trouvé

C HAPITRE 3 : M ISE EN TOURISME DU PATRIMOINE SCIENTIFIQUE

1.2. La culture scientifique

1.2.1. Essai de définition

Maleki (2014, p. 175) définit la culture scientifique de deux façons. « D’un côté, la

culture scientifique correspond à ce que le public devrait savoir sur la science ou sur les idées scientifiques les plus importantes » (Durant, 1993, cité dans Maleki, 2014, p. 175). Ici, la

culture scientifique est abordée dans le sens de « culture générale », où elle serait un condensé des connaissances scientifiques connues par le grand public, leur permettant une certaine compréhension du monde, mais restant tout de même limitée aux domaines les plus importants.

De l’autre côté, Maleki (2014, p. 175) énonce que la culture scientifique serait « l’attention et l’envie d’engagement du public dans les activités scientifiques ». Cette deuxième définition concerne davantage les amateurs de science et désigne le fait même de prendre part à une activité scientifique, à titre de loisir et non professionnel.

Ainsi, la culture scientifique, destinée au grand public, désignerait l’intérêt que porte un individu à la compréhension d’un phénomène scientifique, ainsi que sa connaissance globale des sciences. Raichvarg (2006, p. 22) ajoute qu’il s’agirait aussi de « la

capacité à émettre une opinion ou à porter un regard critique (au sens large) sur le progrès scientifique ».

1.2.2. De la nécessité d’informer un public qualifié d’« ignorant »

En 1985, le rapport Bodmer, publié par la Royal Society50, dénonce un manque de

connaissances scientifiques du grand public, entrainant un désintérêt de celui-ci pour les sciences, ainsi qu’un manque de soutien à la recherche scientifique (Maleki, 2014, p. 177). En 2000, le rapport Jenkin, publié par la Chambre des Lords51, « constate qu’il existe une

crise de confiance entre le public et la science, et préconise le dialogue pour restaurer la confiance envers la science » (Maleki, 2014, p. 177). C’est dans ce contexte d’ignorance et

de méfiance qu’émerge une première approche, qui tente de remédier à ce problème. La première approche est celle de la nécessité de diffuser la culture scientifique, aussi appelé le « modèle du déficit » (Maleki, 2014, p. 176). Dans cette approche, la communication entre les scientifiques et le grand public est unidirectionnelle et entreprise dans le seul but d’informer un public qualifié d’ignorant et de l’éduquer en matière de science et de technologie (Maleki, 2014, p. 176). Le public est considéré comme un consommateur passif de connaissances scientifiques. Les moyens d’informations privilégiés par les scientifiques sont le musée, où les objets scientifiques sont exposés aux côtés d’écriteaux les présentant, ainsi que les bibliothèques, où la science est expliquée au grand public à travers des ouvrages de vulgarisation scientifique (Maleki, 2014, p. 176). C’est dans cette optique que sont créés à Paris la Cité des sciences et de l’industrie de La

1.2.3. Au besoin de compréhension mutuel

Une deuxième approche émerge, appelée « modèle relationnel », et met l’accent sur la discussion qui s’opère entre le grand public et les scientifiques. Ce deuxième modèle vient compléter le premier en apportant la dimension de dialogue et d’échange entre les deux parties. Il s’agit, pour le grand public, « de comprendre l’élaboration des savoirs

scientifiques et leur intégration dans la société » (Maleki, 2014, p. 180). À la différence du

« modèle du déficit », qui insiste sur la nécessité de compréhension de la science par le public, le « modèle relationnel » introduit le besoin de compréhension du public par les scientifiques (Lévy-Leblond, cité dans Maleki, 2014, p. 181). Ce modèle relationnel se traduit par l’organisation de débats scientifiques dans l’espace public (Maleki, 2014, p. 180). Cependant, la compréhension de la science par le public n’est plus suffisante. Il est nécessaire que celui-ci ait « le sentiment qu’il peut agir sur le développement des sciences

et choisir les orientations de la recherche » (Maleki, 2014, p. 182).

1.2.4. Vers la volonté de participation du grand public

Une troisième approche participative voit le jour, dans laquelle le public devient acteur. « Le public n’est plus perçu comme un consommateur d’une science simplifiée, mais

il devrait désormais être en mesure de dialoguer avec les scientifiques et de participer aux choix scientifiques » (Maleki, 2014, p. 176). Pour cela, chaque individu, maintenant éduqué

à avoir un esprit critique, doit s’informer selon des sources scientifiques vérifiées, afin de pouvoir s’engager dans des réflexions scientifiques et participer aux débats et aux choix de politique scientifique (Maleki, 2014, p. 182).

Cette approche participative correspond aux principes d’éducation et de participation des individus aux politiques culturelles et scientifiques énoncées par l’UNESCO et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Aussi, conformément à la définition de la science comme processus évolutif, celle-ci est le fruit de la co- construction du savoir par les scientifiques et les citoyens (Maleki, 2014, p. 183). « La

participation des publics dans les dialogues scientifiques permet aux scientifiques de mieux prendre conscience des attentes sociétales et ainsi l’acceptation du savoir scientifique serait renforcée » (Gibbons et al., 1994, cité dans Maleki, 2014, p. 183).

*****

Nous venons de démontrer que la culture scientifique est un enjeu majeur au sein de la recherche scientifique. De plus, la volonté de participation des citoyens dans les débats scientifiques se fait de plus en plus importante, conséquence de l’amélioration de leurs connaissance scientifiques et de leur compréhension de l’interrelation des sciences et de la société. En effet, les citoyens cherchent de plus en plus à comprendre le monde qui les entoure, même sur des sujets scientifiquement pointus, car ils ont pris conscience qu’ils étaient directement impactés par les décisions prises dans le domaine scientifique.

La culture scientifique faisant l’objet de pratiques en dehors du temps de travail, celles-ci peuvent-être rattachées aux notions de loisir et de tourisme. Il convient d’étudier cette forme de « tourisme scientifique », comme facilitateur d’accès à la culture scientifique.