• Aucun résultat trouvé

Enjeu lié à la structure interne complexe et au bois mort

4.1 E NJEUX ÉCOSYSTÉMIQUES

4.1.2 Enjeu lié à la structure interne complexe et au bois mort

Qu’est-ce que cet enjeu? Cet enjeu vient appuyer l’enjeu lié à la structure d’âge en insistant sur la complexité de certains peuplements et sur la qualité des habitats qui y sont associés. Dans l’évolution naturelle des forêts, la complexité et la quantité de bois mort, qu’il soit toujours debout ou couché au sol, sont étroitement liées au temps écoulé depuis la dernière perturbation majeure ou grave. Immédiatement après une perturbation (feu, forte épidémie, chablis total), les peuplements sont très ouverts, constitués d’arbres de faible hauteur et composés de strates arbustives. On y observe quelques arbres vétérans et un volume considérable de bois mort jonchant le sol. Au fil du temps et sous l’effet de la fermeture des peuplements et de la décomposition, le bois mort devient moins abondant.

Son volume est surtout alimenté par la mortalité des arbres vétérans restés intacts après l’épisode de perturbation. C’est alors que s’observe une normalisation dans la répartition de la taille et de la hauteur des tiges. Si une longue période s’écoule entre les événements de perturbation majeure, les arbres vieillissants et les perturbations secondaires (chablis partiel, épidémies légères) finiront, à leur tour, par générer un certain volume de bois mort encore debout ou couché au sol. De plus, la mortalité par pied d’arbre ou par groupe d’arbres et la création de trouées favoriseront la formation de peuplements à structure interne plus complexe. Contrairement aux perturbations naturelles, les systèmes d’aménagement forestier traditionnels laissent fort peu de bois mort ou vivant après la récolte. De plus, le fait d’écourter le plus possible la durée de révolution et de rotation limite la création, avec le temps, d’une structure interne complexe et l’accumulation de bois mort.

4.1.2.1 Peuplement à structure interne complexe

Qu’est-ce que cet enjeu? La complexité des peuplements s’exprime selon trois paramètres : la distribution de la taille des arbres, morts ou vivants; l’étagement vertical des tiges dans le peuplement; le degré de fermeture du couvert et son hétérogénéité spatiale (présence de trouées, composition). La structure interne des peuplements a une incidence sur les conditions microclimatiques (lumière, humidité, température, etc.) et la disponibilité des habitats. Certaines espèces végétales et animales sont associées à une structure interne particulière (composition végétale, obstruction latérale, ouverture du couvert, hauteur des arbres, etc.). Étroitement associés au stade de vieilles forêts, les peuplements à structure interne complexe dans le paysage se raréfient. Pour favoriser le maintien et le recrutement des peuplements à structure interne complexe, un ajustement des taux de prélèvement et de la durée de rotation et de révolution entre les interventions forestières dans une partie du territoire sous aménagement s’imposera.

MRN – Plan d’aménagement forestier intégré tactique (PAFIT) 084-51

Révisé le 15 avril 2014 52

Valeur

Raréfaction des peuplements à structure interne complexe Objectif

Maintenir ou augmenter la présence de peuplements à structure interne complexe.

Indicateur

Pourcentage (%) des superficies récoltées touchées par des actions sylvicoles aptes à perpétuer ou à recréer des peuplements à structure interne complexe (indicateur d’action).

Cible

Un minimum de 5 % de la superficie affectée par de la coupe forestière aux cinq ans devraient être aménagés à l’aide d’actions sylvicoles aptes à perpétuer ou à recréer des peuplements à structure complexe.

Stratégie

Au-delà du réseau d'aires protégées qui, en l’absence de perturbation, permettront d'engranger une certaine quantité de forêts avec une structure plus complexe, les actions sylvicoles suivantes devraient favoriser l’augmentation de peuplements à structure interne complexe dans le paysage.

1- La planification de coupe progressive irrégulière (CPI), de CPPTM, de CPTDV ou de traitements autres visant le maintien ou l’amélioration de la structure interne des peuplements sera maximisée.

2- La cible de rétention dans les coupes totales contribuera également à l'atteinte de ce VOIC.

MEGISCANE

GOUIN

VAL-D'OR

QUEVILLON

HARRICANA

CHIBOUGAMAU

CABONGA -75°

-75°

-76°

-76°

-77°

-77°

-78°

-78°

49° 49°

48° 48°

Carte 9 : Niveau d'altération de la structure interne complexe

Unité d'aménagement 084-51

Subdivision territoriale forestière

Unité de gestion

J:/BD_GEOM/Usager/GILMA7/PAFIT/Cartes_084-51/Structure_interne_complexe

Moyennement élevé Faible à moyen Niveau d'altération de la structure interne complexe

Projection cartographique Sources

Base de données géographiques, MRN Mercator transverse modifiée (MTM), zone 9

Réalisation

MRN – Plan d’aménagement forestier intégré tactique (PAFIT) 084-51

Révisé le 15 avril 2014 54

4.1.2.2 Structure résiduelle et bois mort

Qu’est-ce que cet enjeu? Dans tous les peuplements, jeunes ou vieux, le bois mort toujours debout ou couché au sol joue plusieurs rôles dans l’écosystème. Le bois mort sert de support à la nidification, à la reproduction, à l’alimentation et au repos de plusieurs espèces vertébrées et invertébrées. Il joue aussi un rôle important dans l’établissement de plusieurs espèces végétales et dans le stockage du carbone. Les arbres résiduels, vivants, morts ou moribonds, mais demeurés intacts après une perturbation majeure ou grave, permettent également le maintien des habitats refuges pour des espèces à faible dispersion (mousses, lichens, certains insectes, champignons, etc.) ou des habitats liés à des structures particulières qui s’instaurent avec le temps (arbres à fort diamètre, etc.). Cette forêt résiduelle soutient temporairement certaines espèces jusqu’à ce qu’elles trouvent un habitat plus propice dans le voisinage. Elle favorise aussi la régénération naturelle de certaines essences en fournissant des semenciers. La rareté de bois mort et d’arbres résiduels après une récolte peut être comblée en partie par le maintien de legs ou d’apports biologiques (bois vert, bois mort, graines, etc.) dans les parterres de coupe. Ces legs accéléreront le recrutement de bois morts et l’instauration d’une structure interne complexe dans les peuplements de seconde venue.

Valeur Présence de bois mort

Objectif

Assurer une présence suffisante de legs biologiques dans les parterres de coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS).

Indicateurs

1- Pourcentage de la superficie annuelle (ou du volume) récoltée en coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS) laissés en legs

2- Pourcentage annuel des CPRS traitées avec rétention permanente planifiée de bois marchand d'au moins 5 % en volume ou en superficie

Cibles

1- Il faudrait laisser en legs (des tiges éparses, des bouquets et des îlots) 3 % de la superficie (ou du volume) récoltée en CPRS.

2- 20 % des superficies traitées en CPRS devraient faire l'objet d'une rétention d'au moins 5 % en volume ou en superficie.

Stratégie

1- Sur une superficie représentant 20 % des parterres en CPRS, planifier des traitements de rétention en fonction de la structure des peuplements. Pour ce qui est de peuplements avec beaucoup de structure, de haute régénération, de thuya ou d’épinette blanche, favoriser une rétention en bouquet. Si les peuplements manquent de structure, prévoir une méthode de rétention de tiges ou d’îlots qui assure le maintien d’une quantité minimale de tiges.

2- En plus d’une superficie représentant 20 % des parterres de CPRS en coupe en à rétention variable (CRV), profiter de toutes les occasions qui se présentent pour effectuer des traitements de coupe finale ou partielle avec un certain niveau de rétention comme la CPPTM, la coupe avec protection de la haute régénération et des sols (CPHRS), la CPTDV et la CPI et pour réaliser une coupe avec rétention de tiges d’essences en raréfaction comme le pin blanc et le pin rouge, le chêne rouge, le thuya ou l'épinette blanche, et ce, même si la quantité de tiges ne permet pas d’exercer une influence sur 50 % du parterre de coupe.

3- Éviter de forcer la récolte des legs opérationnels; plutôt, en faire un suivi serré pour évaluer si les legs opérationnels associés à tous les autres modes de rétention (20 % en CRV et rétention de tiges d'espèces en raréfaction) assurent une rétention adéquate à l'échelle de l'UA (au moins 3 %).

4- Au besoin, ajuster, d'une année à l'autre, la proportion de CRV prévue pour atteindre le seuil de 3 % à l’échelle de l'UA.

4.1.2.3 Peuplement perturbé naturellement

Qu’est-ce que cet enjeu ? Bien que l’aménagement écosystémique tente, de façon générale, de minimiser les écarts entre les paysages aménagés et les paysages naturels, la coupe forestière ne parvient pas à imiter à 100 % l’action du feu ou de perturbations naturelles autres comme le chablis et les épidémies d’insectes. Ces perturbations laissent sur leur passage une grande quantité d’arbres morts ou moribonds encore debout ou couchés au sol de même qu’une certaine hétérogénéité dans l’ouverture du couvert selon l’intensité de la perturbation. Dans le cas des feux, on observe aussi la présence de bois carbonisés ou roussis, qui sont propices à la ponte et à la nutrition de certaines espèces d’insectes ou d’oiseaux. La mise en œuvre systématique de plans spéciaux visant la récupération des superficies perturbées naturellement a pour conséquence de raréfier certains habitats. Le fait de ne pas récupérer ces bois et de garder intacte une certaine proportion des superficies perturbées favorise, d’une part, le maintien d’habitats qui abritent un grand nombre d’espèces végétales, d’invertébrés, d’oiseaux et de mammifères associés aux bois morts et aux bois brûlés et, d’autre part, le maintien des vestiges de l’évolution naturelle des peuplements et des processus qui ont cours après une perturbation comme la régénération et le recyclage des éléments nutritifs dans le sol. De plus, le maintien des îlots

MRN – Plan d’aménagement forestier intégré tactique (PAFIT) 084-51

Révisé le 15 avril 2014 56

de forêts non perturbés dans les secteurs naturellement perturbés permet aux espèces qui se nourrissent dans les forêts perturbées, mais qui nichent ou qui s’abritent dans les forêts non perturbées, de s’y réfugier. Ces îlots constituent également un refuge pour les espèces à faible dispersion comme certains insectes, les champignons, les lichens et les mousses.

Ils accélèrent la recolonisation des sites et, dans certains cas, la régénération naturelle par le maintien d’arbres semenciers.

En lien à cet enjeu, certaines lignes directrices ont été élaborées, ou le seront, afin de guider la conception des plans de récupération spéciaux et d’assurer le maintien d’une certaine quantité d’attributs propres aux forêts perturbées naturellement. Nappi et ses collaborateurs (2011) ont produit un guide sur la récolte dans les forêts brûlées. Les orientations d’aménagement prévues au guide seront appliquées à 100 % et serviront de base à la planification de la récolte pour d’autres types de perturbation, et ce, jusqu’à la publication de guides officiels pour ces types de perturbation.