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6. PRESENTATION DES RESULTATS

6.2. Elise

6.2.1. Parcours biographique Reconstruction du parcours

Elise est une jeune femme de 28 ans. Elève brillante, elle suit avec succès une scolarité obligatoire et post-obligatoire à Genève. Attirée par le métier de gynécologue-obstétricien, elle choisit des disciplines scientifiques au collège, afin de préparer son cursus universitaire au sein de la Faculté de médecine. Elle ne réussit pas les examens en médecine et dès le mois de janvier ses incertitudes quant à son avenir en médecine lui permettent de réaliser qu’un milieu aussi exigeant ne lui convient pas, car elle n’est plus en mesure de profiter des autres sphères de sa vie. Cette prise de conscience la conduit à passer les épreuves d’entrée à la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale en filière

« Sage-femme » (Bachelor of Science HES-SO en Sage-femme). Elle réussit certains paliers de sélection, mais sa candidature n’est finalement pas retenue. Elise réagit aussitôt et s’essaye à différents stages dans plusieurs domaines: la petite enfance, les institutions spécialisées ainsi que l’enseignement. S’étant toujours projetée dans la « voie universitaire » (Entretien, 59), elle s’inscrit à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FAPSE). Au sein de la Section des sciences de l'éducation, elle réussit dès la première année le concours pour accéder à la filière Licence mention Enseignement (LME). Après avoir obtenu sa Licence, elle devient enseignante primaire et exerce trois années au sein d’une école genevoise. Au cours de la deuxième année de pratique, elle réussit l’examen d’entrée à la HES-SO en Sage-femme ce qui lui permet d’accéder au tronc commun. Elle demande alors de prolonger d’une année sa candidature et continue d’enseigner entre-temps. Après trois années de pratique, elle quitte sa classe et commence la première année de tronc commun à la Haute Ecole de Santé (HEdS) dans l’espoir d’intégrer la filière régulée « Sage-femme ».

Figure 2 Elise Réagir après l’échec

Elise se décrit comme une personne douée pour les études. Elle évoque sa facilité à l’école à plusieurs reprises. Son intention étant selon nous de revendiquer une identité de « bonne élève ». Elle ouvre l’entretien sur ses hautes performances scolaires : « J’avais les notes ; je sais pas 5.4 »

(Entretien, 13 ; Entretien, 17). Nous supposons donc que l’échec en médecine et le refus d’entrée à l’école

FAPSE

de sage-femme sont des événements l’ayant profondément marquée. L’écart entre l’identité actuelle (étudiante en échec) et l’identité visée (étudiante en réussite) est source de fortes tensions identitaires.

Ces événements fragilisent « l’estime de soi » et portent atteinte à son sentiment de compétence (Merhan, 2009). En réaction, elle se détourne du domaine médical qui lui a fermé ses portes: « j’étais dégoutée, je pense que voilà, j’avais 20 ans, envie d’avancer que ça bouge et pas rester plantée quoi.

J’ai réagi » (Entretien, 39-40). Son besoin de rester sur les rails la fait rebondir de manière remarquable après cette situation pourtant difficile.

Nous allons voir de quelle manière Elise met en œuvre une stratégie identitaire pour tenter de restaurer une identité déstabilisée par ce cumul de désillusions lié aux études. En effet, elle construit alors un nouveau projet, où les prises de risques sont plus limitées, où les conditions d’étude sont différentes. Elle explique son engagement à la FAPSE en trois points cohérents avec les événements restitués précédemment. Premièrement, il y a l’importance de s’engager dans la voie universitaire ; voie en adéquation avec un statut valorisé. Ensuite, elle recherche un milieu ouvert, à l’opposé du milieu médical devenu hermétique à ses yeux : « Oui, c’est quelque d’ouvert le monde de l’école. Y entrer ça fait pas spécialement peur parce que tu sais un peu ce que tu vas voir » (Entretien, 70-71).

Enfin, le statut d’enseignante l’attire, car il est en adéquation avec une identité visée valorisée par cette jeune fille : « de pouvoir leur enseigner des choses, moi, des savoirs, c’est ce rôle qui m’a séduite» (Entretien, 63-64). Nous constatons que pour comprendre la reconversion professionnelle volontaire d’Elise, il est important de relever les événements biographiques du passé. Le récit d’Elise sur cette tranche de vie relève du discours de la vocation contrée utilisé pour justifier sa réorientation.

L’enchaînement et l’imbrication d’événements nous permettent de comprendre pour quelles raisons elle a été contrainte d’abandonner un premier projet dans le domaine des soins et de la relation pourtant grandement porteur d’intérêt à ses yeux.

6.2.2. Evénements, sources et types de tensions identitaires Des études télécommandées

Elise suit ses études à la FAPSE. Elle s’y plaît et ne rend pas compte de difficultés particulières au sein du cursus. Elle exprime cependant une forme de détachement envers le sens qu’elle attribue à sa formation initiale: « tu vois chez moi ça devenait mécanique, j’entendais autour de moi : j’ai pas envie de faire ça ou ça. C’est sûr que c’était pas très agréable, mais il fallait le faire pour réussir »

(Entretien, 130-133). Certains cours ne la captivent pas « j’étais intéressée par certaines choses et

compétences relatives au métier d’enseignante à sa formation : « je ne sais même plus si j’ai développé ça à l’uni ou pendant l’enseignement » (Entretien, 119-120). Cette orientation a été choisie par Elise ce qui est un indicateur comportemental d’engagement. Cependant, elle semble parfois la subir dans la mesure où elle exprime son manque d’intérêt (indicateur émotionnel d’engagement peu élevé) pour certains cours. Une fois sélectionnée dans la filière LME, elle compte bien rester sur les

« rails » (Entretien, 109) « c’était comme télécommandé, enfin guidé. C’est la suite logique » (Entretien, 101).

Nous constatons que son discours ne révèle pas de traces d’indicateurs d’engagement significativement élevés (cognitifs, affectifs et comportementaux). Elle attribue une fonction majoritairement instrumentale à la formation ; son but étant d’obtenir le diplôme pour pouvoir exercer librement dans sa classe. En effet, elle exprime un certain malaise à devoir se maintenir dans des structures trop étroites. Précisons qu’à aucun moment elle n’attaque la formation. Elle souligne simplement le décalage entre son besoin d’évoluer dans un contexte ouvert et les fonctionnements organisationnels imposés par la formation. Cette situation est source de tensions identitaires entre son identité actuelle (contrainte par une formation aux objectifs jugés trop précis) et une identité visée (de jeune enseignante pouvant exercer librement dans sa classe). S’ajoute à cela la réalité du terrain professionnel qui fait progressivement l’objet de grandes désillusions, car elle y retrouve des structures similaires qui la font à nouveau se sentir « prise au piège ».

« T’as passé la sélection, bah tu te poses pas 10000 questions, enfin voilà, en tout cas moi, j’étais sur les rails » (Entretien, 107-109). « Leurs objectifs qui sont tellement précis, ben je trouve que ta personnalité, elle est un peu effacée. Tu dois rentrer dans le rang. Tu vois chez moi ça devenait mécanique » (Entretien, 129-130). « Je me suis dit que c’était des passages obligés et qu’une fois dans ma classe, je ferai ce que moi je veux » (Entretien, 116-117). « Ca ne me plaît pas du tout d’être coincée dans un fonctionnement comme ça. J’ai quand même beaucoup de règles, c’est sûr qu’on est seuls dans nos classes, on peut travailler comme on en a envie, mais il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas faire à cause du DIP, beaucoup de règles qu’on est obligés de suivre. Je me sentais coincée de plus en plus » (Entretien, 310-313).

Nous voyons que des éléments propres à l’organisation de la formation et du travail sont susceptibles de conduire au désengagement. Peu à peu, Elise se sent prise au piège dans une activité professionnelle qui ne lui convient pas, mais dans laquelle elle se maintient. Cela la situe dans une position de désengagement professionnel, nous y reviendrons. Comme nous l’avons mentionné, ces

décalages sont sources de tensions identitaires. Nous voyons que dès la formation initiale, ces éléments sont déjà identifiés et vont participer à la prise de décision vers la reconversion professionnelle volontaire. Bien que repérés par Elise à cet instant de son parcours, ces décalages ne sont pas suffisants à ce stade pour lui permettre pour poser des actes concrets vers un nouvel emploi.

Une année de latence bénéfique : « RE-FLE-CHIS ! »

Depuis sa première tentative, les conditions d’admission à l’école de sage-femme ont changé. Cela suffit à impulser une nouvelle tentative de sa part: « c’est une idée qui me reste en tête et il faut que j’aille au bout» (Entretien, 155). Au cours de la deuxième année de pratique d’enseignante, elle réussit l’examen d’entrée à la HES-SO en Sage-femme. Cependant, Elise n’est pas encore prête à quitter le monde de l’enseignement. A cette période, Elise n’est pas entièrement satisfaite de son identité actuelle, mais n’est pas encore en mesure de définir un nouveau projet de soi. Cela nous permet de mettre en évidence la dynamique de gestation identitaire en cours. Astucieusement, elle demande de prolonger d’une année sa candidature et continue d’exercer « quand j’étais dans le flou, je me suis inscrite à l’école de sage-femme, j’ai été acceptée la rentrée dernière. J’avais jusqu’à février pour confirmer mon inscription, j’étais tellement pas sûre, je savais plus ce que je voulais faire» (Entretien, 156-158).

Se savoir acceptée dans la formation de sage-femme est un événement qui modifie son rapport au travail. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’elle s’autorise à repenser le champ des possibilités qui s’offre à elle et se questionne réellement sur ce qu’elle désire « ça fait très peu de temps que j’ai vraiment commencé à réfléchir à ce que je voulais dans ma vie » (Entretien, 103-104). Cela la conduit vers une période de réflexivité intense et la plonge dans un état d’incertitude par rapport à son métier actuel. Elle énonce le mal-être professionnel éprouvé et s’efforce de résoudre le conflit entre d’une part ses aspirations et d’autres part ses possibilités d’insertion professionnelle futures. Ces éléments caractéristiques de la phase de latence lui permettent de construire un projet qu’elle est en mesure de réaliser. Cette année est positive pour Elise. Premièrement, c’est l’occasion pour mettre en évidence les écarts entre la représentation du soi actuel et du soi idéal, ce qui lui permet d’opérer de nouveaux arbitrages sur sa vie professionnelle. Deuxièmement, elle peut envisager une nouvelle insertion en construisant un projet de soi pour soi dans la mesure où il a été longuement réfléchi et en adéquation avec ses centres d’intérêt et plus précisément avec ses réelles aspirations: « Dès que j’avais des collègues enceintes, ça m’intéresse, tu vois, c’est un sujet qui m’intéresse vraiment » (Entretien, 274-276). Pour ces raisons, nous croyons que cette année en « suspension », bien que vécue de manière parfois éprouvante a été une aubaine pour Elise. En effet, si auparavant cette situation était jugée

comme une « continuité logique », elle est désormais remise en question. Cette phase de latence est vécue par Elise comme une période complexe particulièrement éprouvante et il est important dès lors à ses yeux de demander conseil autour d’elle. Or, ses proches « n’écoutent que d’une oreille »

(Entretien, 295), car pour eux son projet est encore à l’état d’ébauche puisqu’aucun acte « irréversible » n’a été posé. Le discours de son entourage est orienté sur la mise en garde du confort de vie qu’elle risque de perdre en quittant son travail « C’est l’obsession du côté pratique. Quand tu décides de changer de voie, c’est pour d’autres raisons. Le salaire, les vacances : je sais tout ça. Mais à force, les gens, ils te font douter» (Entretien, 192-194). Sa capacité à prendre du recul sur sa situation et la réflexivité dont elle fait preuve pour construire son projet la conduisent à envisager les bouleversements qu’un tel changement de trajectoire entrainerait dans toutes les sphères de sa vie.

Margé cela et à l’inverse du discours de ses proches, Elise accorde plus de poids à ses aspirations vers le métier de sage-femme qu’à une position sociale commode.

Dire « Ce qui ne me plaît pas »

Reconnaître son insatisfaction au travail est un grand pas pour Elise dans le processus de prise de décision vers le désengagement du premier univers de travail : « J’accepte de dire que dans mon métier actuel, effectivement, il y a des choses qui me déplaisent. Ca, c’est un grand pas. Et c’est ce qui m’a permis de prendre une décision, parce que c’est pas juste une idée. Il y a des choses où ça ne va pas… » (Entretien, 220-222). Comme nous l’avons déjà commenté plus haut, sa réussite au test d’entrée à l’école de sage femme est un événement qui pèse lourd dans la balance, mais il s’inscrit dans une configuration préexistante : l’idée de bifurquer avait déjà été envisagée. Autrement, pourquoi avoir retenté sa chance au test d’entrée?

Ce sont des éléments relatifs à l’organisation du travail d’enseignante qui vont impulser la décision du changement. Les constantes sollicitations de ses élèves l’épuisent. Elle pointe l’aspect collectif de son métier comme une contrainte et se voit s’épanouir dans un métier où les interactions sont en individuel. Elise se plaint également de l’aspect routinier de son travail. Les horaires réguliers l’ennuient, elle ne s’y sent pas à sa place. La perception que les désirs et les possibilités sont contrariés est de plus en plus forte. Nous constatons que le sentiment d’être enfermée dans l’emploi occupé est récurrent dans sa trajectoire au sein du secteur de l’enseignement public. Selon nous, les contraintes organisationnelles sont sources de désengagement professionnel.

« Les horaires, le rythme. Moi, j’ai pas du tout besoin de ça. Peu à peu tu y vois plus clair et c’est ça en fait, t’arrives à mettre des mots sur ce que tu penses qui te plait pas et toutes ces raisons tu vois, c’est des raisons qui te permettent de décider » (Entretien, 335-337).

Un événement marquant est également évoqué par Elise. Nous l’avons nommé « l’épisode du cercueil ». Il s’agit de l’enterrement de sa grand-tante. Elise est désemparée à la vue du cercueil.

Sujette à une crise d’angoisse, elle quitte précipitamment la cérémonie. Cet événement la frappe au plus profond d’elle-même. Elle lui attribue une signification qui lui permet de passer d’un état d’indécision à un point de non-retour : « [c’est l’enfermement qui ne vous convient pas]. Tu vois ces horaires et les choses comme ça, j’en ai assez d’être contrainte, de devoir suivre ça. » (Entretien, 327-328). Une construction de sens autour de cet l’événement marque la bifurcation. Cet événement intervient comme un turning point. Comme nous l’avons vu, il s’agit d’un « parcours sémantique » en lien avec l’événement qui va lui permettre de tourner la page. A partir de cet instant, elle n’est plus en mesure de continuer dans le même schéma de vie. Cet élément inscrit dans le parcours de vie d’Elise a une influence directe sur son parcours professionnel et met en évidence la perméabilité des sphères de vie. Elise évoque l’ « épisode du cerceuil » comme évenement déclencheur. Ce n’est pas l’évenement en soi qui est déclencheur, mais le travail d’interprétation renvoyant à des dispositions individuelles qui lui font prendre conscience du besoin urgent de reorienter sa trajectoire. Nous verrons dans la suite de l’analyse comment un autrui significatif participe activement à la construction de sens autour de cet événement.

Revenons sur l’importance de l’axe relationnel dans le processus de reconversion. En effet, nous constatons qu’Elise éprouve des tensions identitaires fortes dans sa pratique d’enseignante qui sont relatives aux dimensions sociales de l’identité. Une large partie de son entourage travaille dans le secteur de l’enseignement public : son compagnon, ses collègues et certains de ses amis proches. Les tensions éprouvées sont relatives à un conflit de loyauté par rapport à son désinvestissement dans la profession. En effet, elle perçoit un décalage important entre son identité actuelle (enseignante vivant un malaise professionnel) et le dévouement professionnel de ses proches pour le métier. Les tensions éprouvées sont relatives à un conflit d’identification. Elise met en évidence le décalage entre l’intérêt que ses collègues portent au métier et le sien. « Eux, ils sont passionnés. Eux, ils sont faits pour ce métier-là » (Entretien, 135-136). Ce décalage cause un sentiment de culpabilité provoquant une réaction d’auto-dévalorisation et de doute. Pour Merhan (2012), ces mobilisations défensives sont susceptibles de conduire vers le désengagement professionnel. Il semble important de préciser qu’Elise montre un profond respect envers ses collègues. Sans dénigrer la profession d’enseignant, son discours met en

« Elle [sa collègue] va suivre des conférences, elle lit des articles, c’est pas pour faire genre, mais vraiment ça l’intéresse. Chose que moi je ne ferais pas. Ca ne m’intéresse pas assez. Bien sûr, j’étais dans ma classe à voir ce que je pouvais faire pour faire progresser mes élèves, mais peut-être que je n’étais pas assez intéressée par le fond de comment le cerveau fonctionne, comment les enfants apprennent. Tu commences un peu à te sentir coupable » (Entretien, 137-142). « Par rapport aux collègues, ça fait un peu la mauvaise prof…C’est reconnaître que tu n’es pas bien dans ce que tu fais et c’est…voilà. » (Entretien, 224-225) « tu sais quand tu fais pas les choses au top, voilà. Tu te sens un peu mal. »

(Entretien, 235)

6.2.3. Régulation des tensions identitaires et engagement en formation Un autrui révélateur de soi : « La dame des énergies »

A plusieurs reprises, Elise nous fait part d’une rencontre marquante. L’année où elle décide de prolonger son inscription à la HES-SO en Sage-femme, elle éprouve de fortes tensions qui l’empêchent de prendre une décision. Noyée dans les avis de ses proches, elle décide de consulter une praticienne en énergie. Un basculement s’opère grâce à cette rencontre qui lui permet de poser clairement son projet de soi pour soi en mettant de côté le projet de soi pour autrui, relatif aux conseils et aux mises en gardes de son entourage. Elise trouve auprès de cet autrui le soutien qui lui manquait pour valider son projet professionnel. La réorientation de sa trajectoire implique pour Elise d’opérer une rupture avec un construit identitaire lié à toutes les années passées dans le secteur de l’enseignement et de reconsidérer quelles sont ses réelles aspirations.

« Elle essaye de rééquilibrer ces énergies. Au début, elle m’a dit qu’il y avait beaucoup trop d’énergie au niveau de ma tête. On voit que : [vous réfléchissez, vous réfléchissez, vous réfléchissez. C’est normal que vous soyez perdue, vous n’avez pas assez d’énergie dans le cœur ou dans l’âme]. Pour elle, c’est là, où on prend des décisions par rapport à ce que tu as vraiment envie et pas que le côté pratique ou l’aspect financier. Elle m’a expliqué que quand tu prends une décision, il doit y avoir une part d’intuition. Ce que toi personnellement tu as envie. Ce n’est pas que ce que les autres gens te conseillent. Et du coup, elle a rééquilibré ça. Je l’ai vue trois fois » (Entretien, 201-209).

La « dame des énergies» intervient également comme un autrui qui l’accompagne dans la prise de décision. Elle est à l’origine de l’interprétation d’un événement fort : l’ « épisode du cercueil ». En effet, la construction d’un sens nouveau autour de cet événement va impulser la décision du changement. Cet autrui participe activement au turning point, ce sont d’ailleurs ses propres paroles qui sont rapportées.

« Dans les énergies, après tu crois ou non, c’est difficile. Quand elle a regardé en fait, elle m’a dit que ce n’était pas du tout une angoisse de la mort. Elle me dit : [On voit aujourd’hui, vous êtes enfermée dans quelque chose qui ne vous convient pas.] Moi je

« Dans les énergies, après tu crois ou non, c’est difficile. Quand elle a regardé en fait, elle m’a dit que ce n’était pas du tout une angoisse de la mort. Elle me dit : [On voit aujourd’hui, vous êtes enfermée dans quelque chose qui ne vous convient pas.] Moi je