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B ELGIQUE Pierre-Henry de Bruyn,

Paul Servais

2009

Mots clés : Belgique, Champs d'études, Équipes, Établissements

B

REF HISTORIQUE

L’orientalisme est d’abord enseigné et étudié à Louvain, en Belgique, dès le début du 16ème siècle, à une période où les actuelles Hollande et Belgique forment une entité encore floue appelée les Pays-Bas, qui font partie de l’empire espagnol des Habsbourg dirigé par Charles V.

En 1517, le Collège des Trois Langues (Collegium Trilingue) est fondé par Hiëronymus van Busleyden, chanoine de Malines (Mechelen), un humaniste, diplomate et ami de Thomas More et d’Érasme de Rotterdam. A l’initiative de ce dernier, Busleyden lègue sa fortune à une fondation pour l’établissement à Louvain d’un institut d’études du latin, du grec et de l’hébreu.

Le Collegium Trilingue, bien qu’indépendant de la Faculté de Théologie, a pour principal objet d’apporter aux étudiants en théologie une connaissance solide du latin, du grec et de l’hébreu, celle-ci étant indispensable à une interprétation juste de la Bible.

Durant la période menant à la Première Guerre mondiale, l’indien, l’iranien et beaucoup d’autres langues sont ajoutées au cursus des Facultés de Théologie et de Lettres. Cependant, jusqu’au milieu des années 1930, les cours restent dispersés entre les deux facultés, et ne mènent pas à un diplôme en études orientales en tant que tel. Le temps paraît venu à certains de rassembler cours et enseignants sous une seule et même enseigne. Comme le déclare le président de l’université lors de l’annonce officielle de la fondation d’un Institut orientaliste en 1936 : « Pendant les trois premiers quarts du dix-neuvième siècle, les différentes branches des études orientales ont principalement été considérées comme des sciences secondaires, au service tant des études scripturales et théologiques que de la philologie classique.

Cependant, ces disciplines sont depuis longtemps devenues indépendantes, et nous aurions dû commencer il y a plusieurs années déjà à unir nos forces et nos efforts. Cette unification est maintenant devenue réalité à l’Institut orientaliste de Louvain, qui aura comme programme l’instruction philologique de toutes les langues anciennes et l’instruction critique de l’histoire des anciens peuples de l’Orient. »

Les études extrême-orientales, au sens général, connaissent une grande avancée grâce à la contribution conséquente du Professeur Etienne Lamotte. Cet érudit, nommé professeur en 1932, se distingue dans les études bouddhiques. Autant à l’aise en sanskrit, pali et tibétain qu’en chinois classique, il produit d’impressionnantes traductions et études de textes sacrés bouddhiques, se créant par-là, ainsi qu’à l’institut, une réputation mondiale.

Les années 1960 sont une décennie de bouleversements et de changements considérables pour l’Université. En 1966-1967, l’Université est divisée en deux entités : une université néerlandophone, qui reste dans la ville historique de Louvain, et une université francophone, qui déménage dans la partie francophone de la Belgique et est renommée Louvain-la-Neuve. L’Institut orientaliste est divisé selon les mêmes distinctions linguistiques.

Comme la plupart des professeurs concernés par l’Extrême-Orient sont francophones, la section d’Extrême-Orient s’installe à Louvain-la-Neuve, où Lamotte continue d’enseigner. L’Institut orientaliste étend ses programmes pour proposer un cursus de quatre ans en 1974. En 1978, il devient un département à part entière de la Faculté de Lettres et offre un programme de quatre ans en études extrême-orientales.

Lorsque la Chine ouvre ses portes en 1979, un programme de sinologie est créé sous la direction du Professeur U. Libbrecht (retraité depuis 1993). Depuis, le programme a été le témoin d’un développement considérable. Aujourd’hui, hormis le programme général – qui se compose de cours de chinois (moderne et classique), d’histoire et de philosophie – les étudiants ont l’opportunité de se spécialiser soit en culture et en histoire, soit en économie. Les cours sont principalement donnés en néerlandais.

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RGANISATION ET FONCTIONNEMENT ACTUEL

Université Catholique de Louvain Université de Louvain (Leuven)

L’Institut belge d’études chinoises, établi en 1929 suivant une initiative de la Chine. Durant ses 80 ans d’existence, l’Institut a développé trois types d’activités : une bibliothèque, des activités pédagogiques, telles que des cours et des conférences, et la publication de textes bouddhiques et chinois.

La Société belge pour l’indologie, dans laquelle l’Université de Gand joue un rôle primordial avec ses départements de langues et cultures de l’Asie du Sud, et de l’Asie orientale.

Le Centre d’études japonaises de l’Université de Gand

Le Centre pour la coopération internationale et les études du

D

OMAINES D

ÉTUDES

Après la mort de Monseigneur Lamotte, les études chinoises à l’Université catholique de Louvain disparaissent presque. Cependant, ce champ s’engage depuis peu dans un processus progressif de reconstruction, pas tant dans le domaine de la sinologie classique que dans les études des aires contemporaines. À l’Université de Louvain, trois champs de recherche sont actuellement représentés :

 La philosophie classique chinoise des dynasties Zhou et Han

 Les échanges culturels entre la Chine et l’Occident depuis le 17ème

siècle

 Le chinois moderne (qui inclut la recherche appliquée sur l’enseignement du chinois)

Dans d’autres institutions, les sujets étudiés sont : le sanskrit et la culture tokharienne, la philosophie jaïn, les débuts du bouddhisme, le statut de la religion dans les temps modernes avec une attention particulière sur le bouddhisme dans l’Asie orientale et le Japon moderne, l’histoire intellectuelle et la philosophie en Chine et au Japon modernes.

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ERSONNEL

Les deux seuls sinologues en poste d’enseignement dans une université francophone en Belgique sont Éric Florence à l’Université de Liège, spécialiste des questions de migration, qui a contribué à la fondation d’un Institut Confucius à Liège en 2006 ; et Françoise Lauwaert, à l’Université libre de Bruxelles, qui donne deux cours sur la Chine (anthropologie historique du monde chinois et de l’Asie contemporaine) et des cours en langue classique. Elle est également rattachée à l’Institut des Hautes Études de Belgique.

Dans les parties francophone et néerlandophone du pays, la situation est donc différente. Malgré d’importantes différences sur les plans financier et institutionnel, des personnalités des deux parties se mobilisent pour améliorer l’état des études asiatiques.

Pierre-Henry de Bruyn, Université de La Rochelle, France

Paul Servais, Université catholique de Louvain, Belgique