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1.2 L’Europe dans le cadre climatique international

1.2.2 N´ egociation internationale, partage de l’effort et r´ egimes climatiques

climatiques

Le cadre climatique post-Kyoto

L’abattement en Europe sera dict´e par le contexte plan´etaire et la distribution de l’ef- fort entre les r´egions (burden-sharing) pour atteindre un objectif global de GES. La

division internationale des droits d’´emission d´epend d’une pluralit´e de crit`eres, donnant diverses architectures possibles pour le futur r´egime climatique. Il existe une multitude de propositions pour l’allocation de l’effort, la question de l’apr`es 2012 ´etant largement explor´ee par la litt´erature (Cf. section 1.3 pour la description des r´egimes de partage). Bosetti et Frankel (2005) [18] ´enum`erent un certain nombre de conditions que devra rem- plir le prochain r´egime :

– Il devra se caract´eriser par une participation la plus large possible. Les gros pol- lueurs que sont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et d’autres pays en d´eveloppement devront prendre part `a l’effort en adoptant des objectifs quantitatifs.

– Il devra ˆetre ´equitable en prenant en compte la lourde responsabilit´e des pays in- dustrialis´es dans le r´echauffement et les capacit´es r´eduites de lutte contre les GES dans les zones en d´eveloppement.

– Il devra ˆetre ´economiquement efficace en int´egrant des m´ecanismes de flexibilit´e in- ternationaux et en constituant un cadre cr´edible pour la d´ecision d’investissement du secteur priv´e.

– Il devra pr´esenter une consistance dynamique : les chiffres de r´eduction `a long terme devront paraˆıtre soutenable pour les parties prenantes.

Une flexibilit´e dans l’effort d’abattement est essentielle afin de r´eduire au moindre coˆut. L’efficacit´e du coˆut est d’ailleurs encourag´ee par la Convention Cadre des Nations Unies. La flexibilit´e peut s’op´erer selon deux axes orthogonaux : flexibilit´e r´egionale (where

flexibility) et flexibilit´e temporelle (when flexibility) :

– Les m´ecanismes du Protocole de Kyoto (N´egoce de Permis, Action Conjointe et M´ecanisme de D´eveloppement Propre20) permettent d’avoir une flexibilit´e g´eog-

19. C’est l’id´ee du rapport Ecofys, Possible Future Reduction Targets for the EU, 2009 [119].

20. Le N´egoce de Permis concerne l’´echange de permis d’´emission sur un march´e du carbone (par exemple l’EU-ETS) ; l’Action Conjointe correspond `a la possibilit´e pour un pays de l’Annexe 1 d’investir dans un projet d’abattement dans un autre pays de l’Annexe 1 ; le M´ecanisme de D´eveloppement Propre reor´esente la possibilit´e pour un pays de l’Annexe 1 d’investir dans un projet de d´ecarbonisation dans les

raphique dans l’effort mondial d’abattement. Les ´echanges de droits d’´emission se traduisent par une tendance `a l’´egalisation des coˆuts marginaux d’abattement entre les r´egions, ce qui permet d’accomplir la cible globale de GES `a moindre coˆut. – La flexibilit´e temporelle dans les trajectoires d’abattement est en revanche plus

mince, en particulier pour des contraintes s´ev`eres (450 ppmv CO2-´eq.), qui re-

qui`erent un abattement pr´ecoce. La when flexibility d´epend surtout de la possi- bilit´e de parvenir rapidement `a un accord global car une action retard´ee restreint les marges de libert´e. Le fait que la n´egociation internationale fixera une cible de r´eduction `a long terme ou alors se fera sur une succession d’objectifs `a court terme (de type Kyoto) sera ´egalement important pour la flexibilit´e dans le temps.

Copenhague et l’incertitude actuelle

On sait que mˆeme des r´eductions drastiques en Europe et dans les autres pays indus- trialis´es seront insuffisantes pour limiter la hausse de la temp´erature mondiale `a +2◦C en l’absence d’effort ad´equat dans les r´egions en d´eveloppement. En raison des enjeux ´

economiques consid´erables pos´es par l’effort carbone, il existe un doute sur la capacit´e politique de parvenir `a un accord international ´elargi avec participation des pays ´emergents et des autres pays en d´eveloppement. Le semi-´echec r´ecent de la conf´erence de Copenhague est caract´eristique de cette difficult´e : aucun accord n’a ´et´e trouv´e sur un chiffre global de r´eduction. Pour 2020, le cumul des engagements est inf´erieur au minimum d’effort requis pour stabiliser le climat `a +2◦C avec une bonne probabilit´e.

La principale tension r´eside dans le fait que les zones en d´eveloppement (notamment la Chine et l’Inde) vont devenir les principales ´emettrices de GES et seront donc des contributrices indispensables dans la lutte contre le r´echauffement. Mais elles poss`edent un droit `a la croissance et au d´eveloppement qui ne peut ˆetre entrav´e par des engage- ments de r´eduction trop restrictifs (selon la Convention Cadre des Nations Unies). Les pays industrialis´es, eux, sont historiquement responsables des niveaux actuels de concen- tration, ce qui est amplement d´enonc´e par les pays en d´eveloppement lorsque ceux-ci sont sollicit´es pour r´eduire leurs ´emissions. L’union de la communaut´e internationale dans un abattement rapide est pourtant indispensable en vue de r´eduire les rejets globaux de 50% en 2050, mesure requise par les limites climatiques (450 ppmv CO2-´eq., +2◦C). L’attitude

des pays du Sud et le rapport de force politique avec la zone Nord seront donc un facteur d´ecisif. Du fait de toutes ces incertitudes, il existe un flou sur le niveau et le rythme de l’effort carbone en Europe `a l’horizon 2050.

Plusieurs sc´enarios possibles pour l’apr`es-2012

Plusieures solutions sont envisageables pour l’apr`es-Kyoto. Les Parties peuvent conve- nir d’´etendre le Protocole de Kyoto en renouvelant les p´eriodes d’engagement et en l’´elargissant aux pays hors Annexe 1. Ou alors, elles peuvent initier un accord totale- ment nouveau dans le cadre des Nations Unies. Il est ´egalement possible qu’un groupe de pays adoptent un accord de r´eduction en dehors de la Convention Cadre [125]. Toutes ces distinctions s’ins`erent dans le cadre de la th´eorie des jeux :

– Dans un cas non coordonn´e, un certain nombre de r´egions se fixe des engagements CO2 contraignants mais il n’y a pas d’objectif global. Ce d´eficit de participation et

de coordination cr´ee un doute quant `a la capacit´e de r´eduire les rejets mondiaux zones en d´eveloppement.

suffisamment pour respecter la contrainte climatique plan´etaire.

– Dans un cas coordonn´e, on parvient `a un accord climatique ambitieux et ´elargi aux pays en d´eveloppement grˆace `a une gouvernance mondiale forte, ce qui permet de viser la cible des +2◦C [24].

Figure 1.7 – Sc´enarios d’´emission dans le rapport Quinet

Note : 1990 = 100

Source : Centre d’Analyse Stra´egique, 2009, `a partir des donn´ees LEPII issues des travaux du GIEC

Cette grille de lecture (situation coop´erative / non-coop´erative) est notamment adopt´ee par le rapport Quinet (2009) [24]. Cet exercice de mod´elisation de la valeur carbone `a l’horizon 2050 consid`ere trois sc´enarios polaires (figure 1.7) :

– Un sc´enario Europe seule (S1) : l’UE est la seule r´egion `a s’engager dans un

effort carbone, le reste du monde ne s’engageant pas. Selon ses vis´ees int´erieures, l’UE r´ealise un abattement de 20% en 2020 et 60% en 2050/90.

– Un sc´enario d’efforts coordonn´es mais peu ambitieux (S2). L’Europe est la seule partie du monde `a effectuer un effort pouss´e : elle r´eduit ses rejets de 30% en 2020 et 80% en 2050/90. Les ´emissions mondiales sont stabilis´ees en 2020 puis retournent

en 2060 au niveau de 1990. Les concentrations sont stabilis´ees `a 550 ppmv CO2-´eq.

ce qui ne permet pas de limiter le r´echauffement `a 2◦C.

– Un sc´enario coordonn´e et volontariste (S3) : les ´emissions mondiales sont r´eduites rapidement et sont diminu´ees de 50% en 2050/90. Les concentrations sont stabilis´ees

`

a 450 ppmv CO2-´eq. et l’objectif de 2◦C est accompli.

Outre la th´eorie de jeux, la situation internationale peut ˆetre appr´ehend´ee selon d’autres crit`eres :

– Optimum de premier rang (participation compl`ete et imm´ediate) ou sous-optimalit´e (les zones en d´eveloppement rejoignent graduellement la coalition).

retard´e alt´erant la probabilit´e de r´eussite21.

On peut penser que dans un cadre non coop´eratif, l’Europe, apr`es un abattement de 20% en 2020/90, r´eduit ses ´emissions de moiti´e en 2050. Bosetti et Frankel (2005) [18],

en simulant les engagements autonomes des r´egions pour l’apr`es Kyoto sur la base des d´eclarations politiques, parviennent `a une r´eduction de 50% pour l’Union Europ´eenne en 2050/90. Dans un cadre coop´eratif, l’Europe r´eduirait d’un facteur 4 ou 5 en 2050. La

coop´eration internationale (m´ecanismes de flexibilit´e de Kyoto) permet `a l’Europe d’ef- fectuer ses r´eductions `a meilleur coˆut [98].

Finalement, il y a une contradiction entre le fait que l’enjeu climatique (2◦C) requiert une action internationale `a la fois ´elargie et rapide et la difficult´e politique `a parvenir `a un accord satisfaisant sur ces deux points. De plus, dans le processus de n´egociation inter- nationale, le leadership est vital. L’Europe ainsi que d’autres pays industrialis´es doivent maintenir leur rˆole afin de favoriser la signature d’un nouvel accord [17]. Ceci est d’au- tant plus important qu’un certain nombre de pays en d´eveloppement (Chine, Inde. . .) ont d´eclar´e qu’ils n’adopteraient des engagements chiffr´es de r´eduction qu’une fois que les pays industrialis´es (et notamment les Etats-Unis) auront d´emontr´e leur bonne volont´e dans ce domaine et auront adopt´e des objectifs contraignants.

1.2.3

Les objectifs de r´eduction, la coh´erence court terme / long

terme et les strat´egies optimales en incertitude

L’importance d’objectifs `a terme et la coh´erence dynamique des trajectoires carbone

Selon le GIEC, la fixation de cibles de r´eduction `a terme s’av`ere indispensable pour orienter les politiques ´energ´etiques et ´ecologiques ([107], p. 773). Des engagements `a long terme sont n´ecessaires afin de mobiliser les acteurs et donner une fin `a l’action clima- tique internationale. Les accords de Kyoto, n´egoci´es sans viser de cible particuli`ere `a plus long terme, rel`event d’une attitude myopique ; dans les n´egociations climatiques inter- nationales, le court terme est souvent privil´egi´e par rapport au long terme [187]. Il est indispensable que les politiques s’accordent sur une contrainte mondiale de longue p´eriode. Cette contrainte est d´ej`a ´etablie scientifiquement puisque l’on sait que les ´emissions mon- diales doivent ˆetre abaiss´ees de moiti´e en 2050 par rapport `a 1990.

Le b´en´efice des objectifs de long terme est qu’ils contribuent `a fixer le cadre institutionnel en favorisant un progr`es technique suffisant (Recherche et D´eveloppement) et en donnant les bons signaux de prix aux investisseurs pour les technologies ´energ´etiques (les projets d’infrastructures ´energ´etiques sont planifi´es sur plusieurs d´ecennies).

En plus de leurs engagements `a court terme, un certain nombre de pays ont envisag´e des objectifs de r´eduction pour 2050, du moins des sc´enarios `a long terme22. Dans le

cadre du Plan Climat 2004 ([151], cit´e par [88]), la France s’est engag´ee sur une r´eduction facteur 4 en 2050/2000. Le Royaume-Uni s’est engag´e en 2003 sur une r´eduction de 70%

en 2050/2000 ([75], cit´e par [88]). En Allemagne, des r´eductions de 80% en 2050/1990 sont

21. Des sc´enarios contrast´es de participation peuvent ˆetre trouv´es dans : Blok et al., Towards a Post-2012 Climate Change Regime, 2005 [17]

Edmonds et al. Stabilizing CO2 Concentrations with Incomplete International Cooperation, 2007 [81].

22. Une revue des sc´enarios est disponible dans G.I.E.C., Quatri`eme Rapport d’Evaluation, 2007, Groupe de Travail n◦3, chap. 3, p. 215 [88].

envisag´ees ([77], cit´e par [88]) de mˆeme qu’aux Pays-Bas ([212], cit´e par [88]). Pour les Etats-Unis, une r´eduction d’environ 44% en 2050/2000 a ´et´e avanc´ee ([114], cit´e par [88]).

Au Canada, un objectif de 53% en 2050/2000 a ´et´e propos´e ([166], cit´e par [88]). Au Japon,

les ´etudes sont plus fr´equentes : divers rapports ont envisag´e des r´eductions allant jusqu’`a 80% en 2050/1990 ([129] et [144], cit´e par [88]). La Chine, l’Inde et l’Australie commencent

`

a effectuer des simulations carbone `a long terme [88].

Dans la politique de r´eduction, une cible `a long terme est n´ecessaire pour ajuster les cibles de court terme qui deviennent alors des jalons vers l’objectif final. Les stades in- term´ediaires permettent de juger des progr`es r´ealis´es dans la poursuite de la cible ter- minale. Toute vision `a long terme est inefficace sans une s´erie d’objectifs `a court terme guidant les acteurs dans la lutte contre les GES [162].

Il est par ailleurs essentiel d’avoir une coh´erence temporelle entre cibles `a court terme et objectifs `a long terme. Une cible d’abattement `a court terme qui ne serait que le fruit d’une discussion politique peut ˆetre insuffisante. Elle pousserait `a des ´economies ´energ´etiques et `a une adoption des centrales `a gaz au d´etriment du charbon mais n’am`enerait pas un d´eveloppement suffisant des sources renouvelables ou du nucl´eaire, qui sont pourtant in- dispensables en vue de d´ecarboniser les syst`emes ´energ´etiques `a long terme [162]. C’est le cas de la cible actuelle de l’UE en 2020 (20%), quantitativement insuffisante par rapport `

a la contrainte climatique de longue p´eriode.

Fixer des objectifs contraignants `a long terme : une n´ecessit´e th´eorique mais des complications pratiques

Il existe un certain nombre de limites empiriques `a l’adoption d’objectifs CO2 sur

longue p´eriode. La fixation d’une cible globale se heurte aux incertitudes climatiques, po- litiques, ´economiques et technologiques. En cas d’objectif mondial, l’allocation de l’effort entre les r´egions doit ˆetre d´efinie dans le mˆeme temps23.

Sur un plan politique, il semble difficile de fixer un objectif pr´ecis de GES `a long terme. L’horizon de la d´ecision publique est de quelques ann´ees seulement et avec le renouvel- lement permanent du personnel politique il est d´elicat de s’engager de mani`ere contrai- gnante sur plusieurs d´ecennies. Il existe un probl`eme de cr´edibilit´e de la d´ecision politique si des cibles de r´eduction ambitieuses sont adopt´ees pour un horizon ´eloign´e. Les connais- sances sur le r´echauffement sont en ´evolution constante de sorte qu’il est r´eellement d´elicat d’arrˆeter des cibles fermes de r´eduction. En fait, les politiques sont surtout r´eduites `a une gestion empirique des risques climatiques dans un contexte d’incertitude [178].

Le cheminement des politiques en univers climatique incertain

Le caract`ere ´evolutif de la science climatique rend difficile l’adoption de contraintes carbone `a plusieurs d´ecennies. L’action climatique mondiale peut alors prendre plusieurs formes, sous-optimales. La discussion internationale peut par exemple aboutir `a une cible acceptable politiquement mais insuffisante pour respecter la contrainte climatique. Plutˆot qu’un objectif de r´eduction, trop restrictif, la communaut´e internationale peut se borner `

a retenir un seuil limite de concentration ou de temp´erature (cas de l’UE, qui poursuit une cible de +2◦C). Un objectif en termes de concentration pr´esente l’avantage de ne d´eterminer que les ´emissions cumul´ees sur la projection, autorisant une pluralit´e de tra- jectoires d’´emission avec diff´erents rythmes d’effort possibles (pr´ecoce ou retard´e).

23. Toutefois, la fixation de la cible globale et le partage des r´eductions constituent `a priori deux exercices distincts [175].

Figure 1.8 – Strat´egies de couverture avec incertitude sur la cible finale de concentration

Source : Ha-Duong, Grubb et Hourcade, 1997

La n´egociation peut poursuivre une cible de long terme consid´er´ee comme la plus appro- pri´ee scientifiquement, sans que celle-ci soit l’objet d’un accord formel (cible notionnelle) [175]. En revanche, `a court terme, les ´emissions sont encadr´ees par des accords internatio- naux contraignants. Ces politiques adopteraient en l’occurrence une d´ecision s´equentielle devant l’incertitude. Ha-Duong et al. (1997) [112] ont en effet montr´e que la meilleure tactique en incertitude est une politique de couverture (hedging) : on se limite `a un abat- tement `a court terme qui laisse ouvert un ´eventail de trajectoires possibles `a long terme sans s’engager particuli`erement sur l’une d’elles. Il s’agit d’une strat´egie it´erative o`u l’ac- tion est progressivement ajust´ee selon l’´etat des connaissances scientifiques.

Dans ce cadre, on peut poursuivre une cible `a long terme (par exemple un niveau donn´e de concentration) en estimant qu’il s’agit de la plus ad´equate vu le savoir scientifique du moment tout en se r´eservant la possibilit´e d’atteindre un autre seuil de stabilisation si celui-ci se r´ev´elait `a l’avenir pr´ef´erable. Les politiques de couverture requi`erent un effort qui s’il n’est pas maximal, est tout de mˆeme pouss´e dans l’imm´ediat afin de maintenir des objectifs ambitieux dans le champ des possibles [175].

La figure 1.8 illustre les strat´egies de couverture. Il y a une incertitude sur le seuil de concentration appropri´e (450 ou 550 ppmv), qui n’est connu qu’en 2020. Jusqu’`a cette date, les politiques suivent une principe de pr´ecaution en r´eduisant les ´emissions plus fortement que si elles visaient un niveau de 550 ppmv (trajectoire 550A), ce afin d’ˆetre en mesure d’atteindre 450 ppmv sans trop de surcoˆuts si ce seuil devenait plus ad´equat [175].

Au lieu d’engagement sur courte p´eriode (type Kyoto), une trajectoire de hedging pour- rait s’engager `a moyen terme sur un niveau de r´eduction minimal `a 10 ou 20 ans [152]. En effet, entre l’insuffisance d’objectifs `a court terme et l’impossibilit´e d’engagements `a long terme, l’adoption de contraintes de moyen terme peut ˆetre un juste milieu efficace, d’autant que sur un horizon de 20 ans la visibilit´e technique est encore bonne (`a l’heure actuelle, les prospectives `a 2030 sont courantes tandis que les projections `a 2050 sont plus rares).

R´eductions r´egionales en incertitude internationale

L’ind´etermination sur les engagements r´egionaux est forte sous la conjonction des in- certitudes sur la n´egociation internationale, sur le partage de l’effort et sur la contribution effective des PED. En outre, l’usage des m´ecanismes de flexibilit´e internationaux se traduit par des transferts dans la distribution r´egionale de l’abattement entre les Parties par rap- port aux allocations initiales. La d´efinition de profils d’´emissions ou d’objectifs r´egionaux est donc plus floue qu’au plan mondial, pour lequel des trajectoires sont fr´equemment ´

elabor´ees `a 2100. De plus, il faut noter que la poursuite d’une cible mondiale de r´eduction repr´esente un pr´ealable `a une efficacit´e des politiques r´egionales de r´eduction, afin que les objectifs locaux soient quantitativement suffisants et synchronis´es par rapport `a la contrainte climatique mondiale.

Quoi qu’il en soit, la n´egociation internationale sur les objectifs (distribution temporelle de l’abattement) et sur la r´epartition entre les Parties (distribution r´egionale de l’effort) est un processus qui demeure guid´e par les contraintes imm´ediates et teint´e d’une forte dimension politique. De fait, il peut s’´ecarter fortement du crit`ere d’efficacit´e ´economique (minimisation interr´egionale et intertemporelle du coˆut).