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Economie et commerce au XXI e siècle

5) Théorie de la stabilité hégémonique : Charles Kindleberger, en élevant cette théorie, indique que l’absence d’une puissance capable d’imposer un rôle coopératif est la

1.7.5. Le XXI e siècle

1.7.5.2. Economie et commerce au XXI e siècle

Pendant les dernières années du XXe siècle et les premières années du XXIe siècle, plus précisément de 1990 à 2007, avant que le monde tombe dans la crise financière, les courants en faveur de la mondialisation commerciale et de l’ouverture des économies mondiales, sont extrêmement forts. Durant ces années, le PIB mondial est multiplié par 1,54, tandis que les exportations en valeur et en volume sont multipliées par 4. Selon les données de la CNUCED, dans cette croissance, les économies en développement ont la première place, la deuxième place étant pour les économies en transition (elles ont pris cette place à partir de 1995) alors que les économies développées ne sont qu’en troisième position. Si on considère les chiffres présentés par la CNUCED pour le taux des exportations (exportation/PIB) et pour la même période, on constate que, parmi les pays développés, le taux d’exportation de l’Allemagne est considérable, bien plus élevé que celui des autres pays développés comme les Etats-Unis, le Japon ou la France ; pour les pays émergents, le groupe « BRIC » a un taux élevé ; le plus fort taux pendant ces années, est celui de l’Inde, mais la Chine a pris cette place en 2007.1

D’après les chiffres du GATT et de l’OMC, entre 1990 et 2007, la part des exportations des produits agricoles dans les exportations totales diminue et la part des exportations des produits manufacturés augmente (à cause de l’évolution des prix des minerais et du pétrole principalement), alors que la part des exportations des produits manufacturés, augmente entre 1990 et 2000 et, ensuite, diminue de 2000 à 2007. Il est intéressant de considérer aussi l’évolution de la part des différentes zones géographiques dans les exportations mondiales ; en 1991, l’Europe a la plus grande part, et les zones suivantes sont respectivement l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique. Mais en 2007, on voit que, par rapport à 1991, les parts de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale et du Sud ont été réduites alors qu’en revanche, celles de l’Asie, du Moyen-Orient et de l’Afrique ont augmenté. La part des pays les plus développés (Amérique du Nord et Europe ensemble) a diminué de 62,7% en 1991 à 56% en 2007. Ainsi, dans cette période, la combinaison des exportations de ces zones par leurs destinations a été changée ;

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la part de l’exportation des pays européens vers les autres pays de ce continent qui formait 79% de l’exportation totale de l’Europe en 1991, se réduit à 74% en 2007, mais de l’autre côté, la part de l’exportation des pays de l’Asie vers les autres pays asiatiques dans l’exportation totale de ce continent, augmente de 47% en 1991 à 50% en 2007.1

Pour analyser encore plus précisément la situation du commerce mondial au XXIe siècle, on considère la polarisation des balances commerciales des marchandises dans le monde. En 2007, les balances commerciales des pays comme l’Allemagne (267,8 milliards de dollars), la Chine (261,8 milliards de dollars), le Japon (91,7 milliards de dollars) et les Pays-Bas (59,7 milliards de dollars), ont été positives, tandis que des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont été largement déficitaires respectivement avec des balances commerciales de -857,9, -181,8 et -63,9 milliards de dollars.2

L’introduction des échanges internationaux de services se fait pour la première fois dans les accords du GATT au cycle de l’Uruguay. Ensuite, avec les nouveaux accords de l’OMC, les règlements pour le libre accès aux services y compris les services financiers sont mis en place. En 2007, les exportations mondiales de services sont d’un montant de 3290 milliards de dollars, à côté des exportations mondiales de l’ensemble des marchandises (13950 milliards de dollars), les exportations mondiales des produits agricoles (1128 milliards de dollars) et les exportations mondiales des combustibles et de produits des industries extractives (2659 milliards de dollars). Dans la même année, à partir des chiffres de l’OMC, on peut étudier les balances des échanges de services pour quelques pays majeurs au sein du commerce mondial : les Etats-Unis (120,5 milliards de dollars), le Royaume-Uni (78,9 milliards de dollars), le France (12,6 milliards de dollars), l’Inde (12,5 milliards de dollars), la Chine (-7,6 milliards de dollars), le Japon (-21,6 milliards de dollars) et l’Allemagne (-44,7 milliards de dollars). Pour la plupart de ces pays, la balance des services est de sens opposé à celle des marchandises, ce qui permet une compensation partielle pour les pays déficitaires.3

Les négociations du GATT ont permis de diminuer les droits de douane, et l’OMC, a mis en place de nouveaux règlements qui ont alors affecté le commerce mondial au XXIe siècle. Deux accords de l’OMC sont particulièrement importants : l’accord ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) à la demande des Etats-Unis, et l’accord SPS (accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires). L’OMC a aussi établi un processus quasi juridique pour assurer le respect des accords et régler les différends commerciaux entre les nations4 ; dès le début de 1995 jusqu’au 14 mai 2009, 393 différends ont été signifiés à l’ORD (Organe de règlement des différends) de l’OMC, dont environ le quart ont été réglés à l’amiable.5

1 Idem., Pp. 25-29 2 Idem., Pp. 29-30 3 Idem., P. 31 4 Idem., Pp. 32-33 5 Idem., P. 36

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Les négociations de l’OMC rencontrent parfois de grandes difficultés, comme les difficultés pour conclure le cycle des négociations commerciales multilatérales lancé par l’OMC en 2001, lequel a duré au-delà de sa date limite qui était prévue en 2005. Ce cycle, pour lequel il semblait très difficile d’arriver à des conclusions, a été commencé par le PDD (Programme de Doha pour le développement) en 2001, en vue d’une nouvelle libéralisation du commerce en faveur des pays en développement. C’est un cycle comportant trois domaines généraux : l’industrie, l’agriculture et les services. Dans le domaine de l’agriculture, les pays développés ont tendance à subventionner leurs secteurs agricoles et à le traiter comme un secteur privilégié : ils ont donc envie d’obliger les pays en développement d’ouvrir à la concurrence leurs agricultures. Symétriquement, les pays en développement demandent l’abandon des subventions des agricultures des pays du Nord en contrepartie de l’ouverture de leurs marchés de marchandises et de services aux exportations de ces pays. Il y a toujours un écart entre les positions des différents pays sur le dossier agricole, même si les négociations aboutissent à un gain virtuel en faveur de deux parties. En Juillet 2008, l’Inde décide de refuser d’ouvrir son marché aux exportations agricoles des autres pays afin de promouvoir la défense des intérêts de sa très nombreuse population d’agriculteurs. En avril 2009, à Londres, les pays du G20 ont pris l’engagement de parvenir à une conclusion ambitieuse et équilibrée du PDD ; ce qui doit devenir effective : on en est loin !1

Les difficultés rencontrées durant ce cycle de négociation, à côté des problèmes de la crise économique débutant en 2007, constituent deux raisons importantes, parmi d’autres, qui ont préparé le contexte de nouveaux débats sur le protectionnisme au XXIe siècle. Les différends entres les membres de l’OMC et les défis pour arriver à des accords généraux sur la libéralisation du commerce, ont suscité des tendances favorables au protectionnisme dans sa configuration contemporaine : celui-ci sert, dans les conditions actuelles et sous les pressions économiques issues de la crise, à protéger les industries et les économies nationales, en face des exportations et des concurrences étrangères.

L’étude de Gamberoni et Newfarmer (2009) montre que malgré l’engagement des membres du G20, en novembre 2008, pour la libéralisation commerciale et le renoncement à tout protectionnisme, 17 des membres du G20 ont pris, après le 15 novembre 2008, 47 mesures de différentes formes ayant pour effet de limiter le commerce international au détriment des autres nations, qu’il s’agit des pays développés, par le recours aux subventions, notamment de l’industrie automobile ou bien des pays en développement par les barrières aux échanges, principalement par les augmentations de droits de douane.2

1 Idem., Pp. 36-38

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