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autoréférentielles fermées que l‟on peut qualifier, après un examen très grossier, de reproduction organique et

IV. Double contingence et communication

Qu‟est-ce que la communication pour Luhmann ? Jusqu‟ici, nous avons dit que la communication se déploie sous la forme d‟un système autopoïétique utilisant le sens. Pourtant, cette caractérisation demeure incomplète. En effet, la communication comporte un niveau d‟émergence qui lui permet de se distinguer de l‟environnement. Par émergence, il faut comprendre une série de caractéristiques qui apparaissent à un certain seuil de complexité. Pour ce qui est des systèmes

45 Ibid., p. 296.

46 Ibid., p. 111 sq. 47 Ibid., p. 106.

sociaux, ces caractéristiques sont, comme on le sait, l‟autopoïèse, la fermeture opérationnelle et le sens. Malgré son origine biologique, le concept a été utilisé depuis longtemps en sociologie. Durkheim, le premier, en fait usage pour saisir les traits distinctifs des faits sociaux. Le sociologue français procède par analogie. Bien que le carbone, l‟oxygène et l‟hydrogène participent du vivant, ce dernier n‟est point le résultat d‟une simple agrégation d‟éléments chimiques. De nombreux acteurs prennent part à la société, sans qu‟ils déterminent, en tant qu‟êtres humains, la nature des phénomènes sociaux. On peut repérer, chez Durkheim, une intuition qui remonte à la philosophie aristotélicienne, en l‟occurrence l‟idée de synergie. La signification en est déterminée par la présomption que, en quelque sorte, le tout est plus que la somme des parties. Autrement dit, il y aurait une espèce de disproportion entre le tout et ce dont il est composé. Durkheim utilise la notion d‟émergence pour examiner des objets à proprement parler sociologiques. Par exemple, la langue française48 se révèle être un fait social, dans la mesure où elle s‟impose, comme langue officielle, à tout habitant de la France. En ce sens, le français apparaît comme étant une condition extérieure aux hommes, qui possède tout de même un caractère contraignant. Son statut de fait social n‟est pas déterminé par le nombre de personnes qui le parle couramment. Au contraire, la langue constitue une espèce de sédimentation socioculturelle qui dépasse ses locuteurs.

Le concept d‟émergence apparaît à nouveau chez Luhmann. Or, le sociologue de Bielefeld ne considère plus les phénomènes sociaux sous l‟angle de la synergie, mais sous celui de la double contingence. Par ce biais, Luhmann tâche de montrer que le niveau d‟émergence du social réside dans un redoublement de perspectives. Par l‟activité référentielle du sens, le monde apparaît sous la forme d‟un horizon double, puisque chaque être humain expérimente son homologue comme une source d‟indétermination : personne ne peut exercer un contrôle unilatéral sur son alter ego. Pour cette raison, la constitution d‟un lien communicationnel relève de la généralisation des ressources sémantiques que Luhmann appelle, dans le sillage de Parsons et de la sémiotique, média.

Avant d‟aller plus loin, il est nécessaire de décrire le processus par lequel la communication devient une entité émergente (ou un système de sens). Luhmann s‟y réfère par le terme synthèse. La communication serait, à en croire Luhmann, le résultat d’une synthèse de trois sélections, auxquels participent deux systèmes psychiques à titre d’alter egos. Premièrement, le phénomène

48 « Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l‟individu, mais ils sont doués d‟une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s‟imposent à lui, qu‟il le veuille ou non. Sans doute, quand je m‟y conforme de mon plein gré, cette coercition ne se fait pas ou se fait peu sentir, étant inutile. Mais elle n‟en est pas moins un caractère intrinsèque de ces faits, et la preuve, c‟est qu‟elle s‟affirme dès que je tente de résister. […] Je ne suis pas obligé de parler français avec mes compatriotes, ni d‟employer les monnaies légales ; mais il est impossible que je fasse autrement. Si j‟essayais d‟échapper à cette nécessité, ma tentative échouerait misérablement ». Durkheim, E., Les règles de la méthode sociologique, p. 19, document numérisé par Jean-Marie Tremblay en collaboration avec la bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l‟Université du Québec à Chicoutimi, 2002.

communicationnel nécessite que des informations soient véhiculées. Alter donne à entendre un contenu comportant, aux yeux d‟ego, de la nouveauté. Cette information aura pour effet d‟induire une sélection ultérieure de la part d‟ego. L‟information crée alors une asymétrie dans le cercle de l‟autoréférence permettant de coordonner les sélections de deux systèmes qui se trouvent l‟un dans l‟environnement de l‟autre. Par exemple : on apprend que le Front National monte rapidement dans le sondages, et on décide d‟appuyer le Parti Socialiste pour éviter un virage dangereux de la société vers l‟extrême droite.

Deuxièmement, la communication nécessite un canal qui lui permette de se rendre aux destinataires. Luhmann emploie ici le concept d‟énonciation (Mitteilung). Nombre de média peuvent faire office de canal pour les offres communicationnelles : la perception, le langage, les média de diffusion (le texte écrit et, plus tard, les télécommunications) et les médias généralisés sur le plan symbolique49. Comme on l‟a vu, le sens opère à l‟aide de généralisations symboliques. Luhmann puise le concept de symbolisme dans la phénoménologie husserlienne. Un symbole, soutient-il, n‟est pas un signe. Il est nécessaire que le symbole soit en mesure de véhiculer des opérations de renvoi tout en faisant usage d‟un objet possédant une signification potentiellement généralisable. Ainsi, un clin d‟œil n‟est pas, en tant que tel, un symbole. Il lui faut une alter- référence qui le renvoie au-delà de lui-même. Autrement dit, il est nécessaire que le destinataire d‟un clin d‟œil puisse l‟interpréter comme un signe de quelque chose d‟autre. En ce sens, on pourrait dire que la différence entre le signe et le symbole repose sur l‟intensité de l‟autoréférence : si dans le symbole celle-ci est maximale, dans le signe elle n‟est que très faible. Le signe n‟est pas comme tel indispensable ; il dénote, à vrai dire, la contingence inhérente à l‟utilisation des médias. Pour être reconnu comme tel, le symbole doit, en revanche, atteindre une signification générale. De ce fait, on peut repérer facilement dans un clin d‟œil l‟indice de quelque chose d‟autre, une espèce d‟incitation à rompre le cercle de l‟autoréférence.50

49 Nous abordons les médias généralisés au plan symbolique dans la deuxième partie de ce travail. Voir la section final du chapitre 3 intitulée La théorie des média chez Luhmann. Ici, nous nous contentons d‟introduire le concept de média : « Nous voudrions appeler media les acquis évolutionnaires qui apparaissent dans ces ruptures de la communication à transformer l‟improbable en probable. Correspondant aux trois sortes d‟improbabilités de la communication [la compréhension, la diffusion et l‟acceptation], il faut distinguer trois différents media qui se rendent mutuellement possibles, se limitent et se chargent des problèmes de conséquences. […] Le langage, les médias de diffusion et les médias de communication symboliquement généralisés sont ainsi des conquêtes de l‟évolution qui, dans une dépendance mutuelle, fondent et augmentent le traitement de l‟information que la communication sociale peut produire. C‟est ainsi que la société se produit et se reproduit en tant que système social. Une fois que la communication est mise et maintenue en marche, la formation d‟un système social est à la limite inévitable tout comme le développement des systèmes sociaux résultant de ces conditions de base qui permettent de former des attentes eu égard à ce qui est improbable et de transformer l‟improbable en ce qui est suffisamment probable. Au plan des systèmes sociaux, c‟est un processus exclusivement autopoïétique qui produit lui-même ce qui le rend possible ». Luhmann, N., Systèmes sociaux, op. cit.,pp. 208-9 et 211.

Tout comme le clin d‟œil, le langage constitue un canal de présentation de l‟information. Ce dernier témoigne de certains avantages fonctionnels qui font de lui un meilleur candidat pour piloter l‟autopoïèse du système social dans un contexte de complexité élevée. En effet, le langage se distancie de la perception en mettant à la disposition de la conscience une gamme élargie de signes visuels et acoustiques, dont la signification dépasse les limites spatiales. Cette distance qu‟il établit vis-à-vis de la perception lui permet, par ailleurs, de se rapporter à lui-même par le biais des énoncés langagiers. En ce sens, le langage est un média réflexif.

Troisièmement, l‟information présentée doit être comprise. À la différence de deux sélections précédentes (l‟information et l‟énonciation), c‟est chez ego où la compréhension se produit. Le concept de compréhension (Verstehen) ne désigne pas une réception intégrale du message véhiculé par alter, au sens d‟une compréhension identique de ce qui est énoncé par alter. Une compréhension peut bien se produire lorsqu‟ego interprète le message en un sens fort éloigné de, voire contraire à, celui qu‟alter aurait voulu communiquer. La possibilité du phénomène communicationnel ne repose pas sur l‟identité des contenus transmis. À vrai dire, il n‟y a pas de transfert dans la communication, au sens d‟une perte ou d‟une dépossession. Il ne s‟agit pas non plus, selon Luhmann, d‟atteindre une communauté de sens par le biais d‟une entente réciproque. Pour qu‟il y ait communication, il suffit qu‟il y ait seulement des canaux (des médias) permettant la coordination des sélections conditionnées de manière autoréférentielle. Du reste, l‟acceptation et le refus ne feraient pas partie de l‟événement communicationnel. Luhmann considère plutôt que l‟acceptation et le refus témoignent de la capacité de raccordement des actions communicationnelles mobilisée par le sens. Autrement dit, qu‟ego accepte ou refuse l‟offre présentée par alter n‟a pas d‟importance pour la continuité d‟une communication à caractère émergent.

« La communication est une sélectivité coordonnée. Elle n‟a lieu que lorsque ego fixe son propre état sur la base d‟une information qu‟on lui donne à entendre. Il y a aussi communication lorsque ego considère l‟information inexacte, ne veut pas remplir le souhait qu‟il exprime, ne veut pas suivre la norme à laquelle le cas se réfère. Qu‟ego doive distinguer entre l‟information et ce qu‟on lui donne à entendre le rend capable de critiquer et, si nécessaire, de refuser. Cela ne change rien au fait qu‟il y a eu communication. Au contraire, […] même le rejet est une manière de fixer son propre état sur la base de la communication. La

possibilité du refus est nécessairement construite dans le déroulement de la communication. »51

L‟abandon du concept de transmission éclaircit la façon dont Luhmann comprend le fait de la communication. Pourvu que les systèmes de sens opèrent dans le mode de la fermeture, il est impossible de connaître la manière dont alter et ego s‟approprient subjectivement des significations

51 Ibid., p. 202.

mobilisées par la communication sociale. Un observateur scientifique ne peut appréhender cette appropriation que par le moyen d‟une attribution extérieure. De ce fait, la compréhension ne pourrait nullement exiger, à titre de principe théorique, une identification intersubjective du sens qui appartient aux énonciations. Luhmann prend au sérieux les difficultés auxquelles se heurte une théorie phénoménologique du social étayée dans les termes d‟une théorie de l‟intersubjectivité.52 Pour les contourner, Luhmann fait appel au concept de double contingence pour mettre en évidence la dimension sociale du sens. La constitution du phénomène communicationnel n‟a donc pas lieu dans la conscience ; il ne provient pas d‟une intention subjective.

Néanmoins, on pourrait tout de même poser la question suivante : où se produit cette synthèse ? Cette question nous permet de mieux cerner la complexité de l‟œuvre de Luhmann. Que l‟on ait du mal à se représenter une communication à caractère émergent témoigne de l‟autopoïèse de la conscience. Comme on le sait, le sens est une catégorie dépourvue de différence. La conscience tend à ramener toute sorte d‟expérience à l‟autopoïèse qui lui est constitutive. Peut-être devrait-on examiner la signification que renferme l‟usage de certaines figures de style, dont la métaphore et la personnification, à l‟aide d‟une théorie des systèmes. Ceci expliquerait pourquoi la Vieille Europe tenta de comprendre la société d‟un point de vue humaniste. L‟être humain ne peut traiter l‟expérience que par le biais d‟un type de ressource distinct, que Luhmann nomme autopoïèse de la conscience. Peut-être devrait-on voir là aussi la raison pour laquelle la théorie des systèmes a toujours paru suspecte. En effet, Luhmann n‟a jamais daigné accorder un visage humain à la société.

« La difficulté qu‟il y a à comprendre cela se justifie en ceci que chaque conscience qui essaie de comprendre est elle même un système autoréférentiel fermé et pour cette raison ne peut sortir de la conscience. […] [La conscience] ne peut que se faire consciemment et être posée contre une autre conscience possible. Mais cela ne vaut pas pour la communication elle-

même. Elle n‟est possible en général qu‟en tant qu‟événement transcendant la fermeture de la

conscience : en tant que synthèse plus que de contenu d‟une seule conscience. On peut en outre être conscient de ceci et aussi communiquer là-dessus (sans être certain dans sa propre conscience que cela réussira). »53

52 Voir la préface à l‟édition anglaise de Systèmes sociaux, où Luhmann écrit : « Husserl, in his famous "Fifth Cartesian Meditation", made it impossible to deny the problem of "intersubjectivity" any longer. His answer, that the social is an "intermonodological community", is theoretically so weak that it can be read as an expression of embarrassment, indeed as an admission of defeat. There can be no intersubjectivity on the basis of the subject. Husserl reformulated the problem so sharply because in his transcendental phenomenology he had begun with a fundamental unity, indissoluble for consciousness, of self-reference and reference to others. It is, in the same moment, knowledge of itself and grasp of phenomena in one, noesis and noema, and therefore, in precisely this sense, intentionality in its fundamental mode of operation. Ever since people have continually fiddled with the famous "problem of reference" without anyone noticing that, after Husserl, the problem must be posed differently - namely, as the problem of the operative processing of the difference between self-reference and reference to others ». Preface to the English Edition dans Social Systems, Stanford University Press, California, 1995. 53 Luhmann, Systèmes sociaux, op. cit., 145.

V. Evolution

Comme on l‟a vu, la capacité de réduire la complexité par le biais du sens est, pour Luhmann, un acquis issu de l‟évolution conjointe qu‟ont expérimentée l‟être humain et la société. Le sens des sémantiques enfantées par l‟histoire de la société européenne nous permet de comprendre cette évolution. Il est nécessaire d‟introduire ici le concept de différenciation (Ausdifferenzierung) afin d‟enrichir notre compréhension du processus évolutionnaire. Jusqu‟ici, notre exposé a été centré sur l‟une des formes que la différenciation sociale peut adopter, en l‟occurrence la différenciation sur le plan des fonctions (ou différenciation fonctionnelle). Ceci n‟est pas une décision hâtive, si l‟on tient compte des buts poursuivis par Luhmann. Or, il faut indiquer que sa théorie comprend aussi d‟autres principes de différenciation. La présentation en est instructive, car elle nous permet d‟appréhender comparativement la spécificité de la société moderne.

Que faut-il entendre par différenciation ? Luhmann répond à cette question en faisant appel au concept d‟observation. Ce dernier permet d‟expliquer en quoi consiste la formation d‟un système. Un système résulte d‟une synthèse circulaire d‟opérations capable de se reproduire itérativement. Pour ce faire, le système interrompt le flux d‟événements ayant lieu dans l‟environnement ; plus précisément, les limites du système constituent elles-mêmes cette interruption. L‟émergence du système est, pour cette raison, un processus qui se produit corrélativement à la formation de l‟environnement. Nul rapport ne peut s‟y établir à défaut d‟une référence systémique. En ce sens, un observateur est en mesure de créer un lien avec l‟environnement par une attribution de sens qui s‟opère en conformité avec ses propres prémisses opérationnelles.

Compte tenu de ce qui précède, le concept de différenciation renvoie à la procédure typique qu‟utilisent par les systèmes pour construire leurs limites. Luhmann met en garde ici contre une utilisation irréfléchie du concept de cause. Il en distingue deux types, à savoir les causes génétiques et les causes fonctionnelles. Luhmann s‟intéresse à celles-ci plutôt qu‟à celles-là. Le concept de cause génétique désigne toute espèce d‟événement factuel produit à répétition qui provoque une augmentation de la complexité. On peut penser, par exemple, au renouveau protestant de l‟expérience du salut et à la création de la presse typographique. Il s‟agit, bien entendu, de phénomènes dont l‟occurrence s‟explique par certaines conditions historiques. La théorie de Luhmann porte un regard accessoire sur celles-ci. Luhmann tente plutôt d‟offrir une perspective interprétative qui rend compte de la manière dont la société gère cette augmentation de complexité par la formation des systèmes émergents à caractère fonctionnel. Ainsi, le but de Luhmann est

moins d‟expliquer la société moderne comme le résultat de certaines causes génétiques que de la décrire à l‟aide des catégories fonctionnelles, c‟est-à-dire de déchiffrer la signification que rêvet le phénomène de la complexité.54

Luhmann considère trois principes de différenciation : la différenciation segmentaire, la stratification et la différenciation sur le plan des fonctions. Ceux-ci nous permettent de comprendre l‟évolution des sociétés à partir du type de différenciation prévalant à un certain stade évolutif. Le critère de distinction employé par la théorie des systèmes ne vise donc pas l‟exclusivité de l‟un de ces types, mais la prédominance de l‟un sur les autres : si c‟est la différenciation fonctionnelle qui l‟emporte actuellement, il est tout de même vrai que certaines formes de différenciation segmentaire et de stratification ont résisté au passage du temps.

La différenciation segmentaire tend à gagner en importance lorsque le degré de complexité sociale est plutôt bas. Elle se déploie au sein des groupes à population réduite (clans), où les différences entre les systèmes sociaux ne sont pas délimitées clairement. Chaque clan remplit en fait toute sorte de prestations : le culte religieux, les activités productives, la distribution du pouvoir, la transmission des traditions, etc. L‟âge et le sexe y opèrent comme des principes de discrimination. Ce type d‟organisation sociale se caractérise par le fait de garantir un droit de participation à chacun de ses membres au détriment des étrangers. En ce sens, la différenciation segmentaire met les fonctions Ŕ et, par là même, les individus Ŕ sur un plan d‟égalité. Au sein d‟un même clan, il n‟y a guère d‟exclusion. Les activités qu‟il réalise sont dans une forte mesure confondues. Le système social se distingue d‟avec un environnement dans lequel d‟autres clans existent. Chaque clan constitue un univers clos qui se reproduit en entier, pour ainsi dire, dans chaque interaction. La formation d‟alliances par le biais de l‟échange de dons et de femmes établit des règles exogamiques de reproduction. La conclusion d‟alliances entre clans constitue un vecteur d‟augmentation de complexité, qui peut entraîner la formation d‟un nouveau principe de différenciation.

La stratification advient lorsque les sociétés ont acquis un niveau de complexité plus élevé par rapport à celui des clans. Ce type sociétal est caractéristique de grands empires de l‟Antiquité, des États du monde hellénique et des sociétés européennes du Moyen âge et de l‟Ancien régime. Dans une perspective génétique, la stratification a son origine dans la concentration de moyens de

54 Il conviendrait de rappeler à présent la panoplie de relations autoréférentielles tissées par la théorie des systèmes de Luhmann. Comme on le sait, cette dernière constitue un programme de recherche sur le système scientifique de