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Chapitre 2 Démarche méthodologique

2.2. Mode de collecte de données

2.2.1. Les données institutionnelles

Les données institutionnelles employées constituent des documents écrits, c’est-à- dire des documents d’archives, de la documentation grise et des publications dans des journaux scientifiques. Le document écrit constitue une source précieuse en science sociale, il permet l’observation d’un processus de maturation ou d’évolution d’une organisation ou d’un champ et il élimine la possibilité que le chercheur influence le sujet. Malgré ces

avantages, le document écrit demeure rigide et l’information ne circule que dans un sens, non seulement il n’est pas possible de les interroger, mais les documents écrits peuvent également être incomplets ou ne pas aborder certaines dimensions ou aspects importants de la problématique (Patton, 2002, p. 293-294). De plus, le chercheur doit s’assurer de la crédibilité et de la représentativité du document et le situer dans son contexte historique (Cellard, 1997, p. 251-252).

Une grille de repérage a préalablement été réalisée dans le but d’assurer l’exhaustivité de la cueillette des données. Voici la grille de repérage pour les trois niveaux d’analyse identifiés, ainsi que l’information à repérer pour chacun d’entre eux.

Niveaux d’analyse et informations à repérer lors de la collecte des données dans la documentation écrite

Niveau d’analyse Informations à repérer

Niveau micro : l’organisation de l’oncologie au sein du milieu hospitalier

- Repérer l’évolution des spécialités médicales et leur vision de la pratique de l’oncologie.

- Repérer l’évolution des professions de la santé et leur vision de la pratique de l’oncologie.

- Repérer la mise en place et l’évolution de la collaboration entre les différents spécialistes médicaux et les différents professionnels de la santé.

- Repérer la mise en place et l’évolution des structures organisationnelles. - Repérer la mise en place et l’évolution des conférences des tumeurs. - Repérer l’évolution de la mission scientifique et sociale de l’organisation

dédiée à la lutte contre le cancer.

- Repérer l’évolution des liens qu’entretient l’organisation avec l’hôpital, l’université, le gouvernement, les compagnies pharmaceutiques et les mouvements de patients.

- Repérer l’évolution des collaborations qu’entretiennent les chercheurs avec les cliniciens.

- Repérer le développement de nouvelles technologies médicales et de nouveaux savoir-faire. Niveau méso : lutte professionnelle et reconnaissance d’une nouvelle spécialité médicale

- Repérer les groupes en lutte, leur trajectoire professionnelle et leur vision de la pratique de l’oncologie.

- Repérer l’évolution de la formation des spécialistes.

- Repérer la mise en place et l’évolution des programmes de formation. - Repérer les liens avec les milieux hospitaliers, les universités, les groupes de

recherche coopératifs, le gouvernement, les associations ou regroupement professionnels et scientifiques, et les compagnies pharmaceutiques. Niveau macro :

l’organisation de la lutte contre le cancer au niveau provincial

- Repérer l’évolution de la politique de santé et de prise en charge des patients cancéreux.

- Repérer l’évolution de la politique de lutte contre le cancer.

- Repérer les leaders ayant participé à l’organisation des services de soins, leur trajectoire et leur vision de l’organisation de la lutte contre le cancer. - Repérer la mise en place et l’évolution des centres d’oncologie. - Repérer l’évolution des priorités de financement.

- Repérer les liens avec les hôpitaux, les universités, le gouvernement, les associations scientifiques et les mouvements de patients.

- Repérer l’évolution des liens entre les chercheurs avec les cliniciens.

- Repérer le développement de nouvelles technologies médicales et de nouveaux savoir-faire.

Une fois les documents écrits recueillis, un processus de déconstruction et de reconstruction des données a permis de répondre au questionnement initial de cette étude. Selon Foucault :

« (…) [l’analyse documentaire] se donne pour tâche première (…) de (…) travailler [le document écrit] de l’intérieur et de l’élaborer : elle l’organise, le découpe, le distribue, l’ordonne, le répartit en niveaux, établit des séries, distingue ce qui est pertinent de ce qui ne l’est pas, repère des éléments, définit des unités, décrit des relations. Le document n’est plus (…) cette matière inerte (…) : [l’analyse documentaire] cherche [plutôt] à définir dans le tissu documentaire lui-même des unités, des ensembles, des séries, des rapports » (Foucault, 1969, p. 14).

Selon Cellard :

« c’est cet enchaînement de liens entre la problématique du chercheur et les diverses observations puisées dans sa documentation qui lui permet de formuler des explications plausibles et de dégager une interprétation cohérente, de procéder à une reconstruction d’un aspect quelconque d’une société donnée à tel ou tel moment » (Cellard, 1997, p. 260).

Finalement, si les précautions d’ordre critique prises par le chercheur sont essentielles à la qualité et à la validité d’une recherche, « c’est la qualité de l’information, la diversité des sources utilisées, des corroborations, des recoupements » qui donnent profondeur, richesse et finesse à une analyse (Cellard, 1997, p. 261). Dans le cadre de ce projet doctoral, les documents écrits, c’est-à-dire les données institutionnelles, consultés sont des documents d’archives, de la documentation grise et des publications provenant de journaux scientifiques.

Pour être précises, les documents d’archives constituent, entre autres, de la correspondance, des rapports internes, des rapports d’évaluation, des notes personnelles ou des mémos, les procès-verbaux de réunions, des rapports annuels, des curriculum vitæ, des textes de conférences ou, encore, des mémoires écrits par des individus qui ont évolué dans le milieu de l’oncologie et qui en présentent l’histoire. L’ensemble de ces documents

remplissent six caisses mesurant chacune 31cm*27cm *41cm et ils ont été recueillis auprès des onze centres d’archives suivants :

Liste des articles présentés dans les chapitre 3 à 5 et les fonds ou les centres d’archives consultés

Article présenté un

chapitre 3 -Archives du Monastère des Augustines de L’Hôtel-Dieu de Québec, -Division de la gestion des documents administratifs et des archives de l’Université Laval,

-Fonds d’archives du Séminaire de Québec au Musée de la civilisation de Québec. Article présenté au

chapitre 4 -Collège des médecins du Québec, -Office des professions du Québec. Article présenté au

chapitre 5 -Archives du Monastère des Augustines de L’Hôtel-Dieu de Québec, -Centre d’archives de la Ville de Montréal,

-Division de la gestion des documents et des archives de l’Université de Montréal, -Division de la gestion des documents administratifs et des archives de l’Université Laval,

-Fonds Institut du radium du Fonds du ministère des Affaires sociales de Bibliothèque et archives nationales du Québec (BANQ – centre de Québec), -Fonds Antonio Cantero de la Bibliothèque Osler de l’Université McGill, -Fonds Institut du radium des Archives des Sœurs grises de Montréal,

-Fonds d’archives du Séminaire de Québec au Musée de la civilisation de Québec, -Fondation québécoise du cancer et Institut du cancer de Montréal,

-Site web du ministère de la Santé et des Services sociaux, -Site web de la Direction de la lutte contre le cancer.

Enfin, nous nous sommes également intéressées aux documents audiovisuels mis à la disposition des citoyens par les Archives de Radio-Canada et de CBC Archives par leur site internet respectif.

Par rapport à la documentation grise, il s’agit de documents gouvernementaux publics et internes. Les documents internes nous ont été remis par des acteurs à la suite d’une entrevue qu’ils nous ont accordée. Bien que ces documents ne soient pas publics, ils ne sont pas secrets. Il s’agit principalement de documents de travail que les archives du ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas jugé bon de conserver, mais que

certains acteurs avaient toujours en leur possession dans leurs archives personnelles. Quant aux documents gouvernementaux, ceux-ci proviennent du site Internet du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et ils ont été recueillis de 2007 à 2012. L’ensemble de ces documents publiés en format PDF occupent un volume total de 30 492 Ko. Il s’agit principalement du Programme québécois de lutte contre le cancer et de rapports rédigés par le ministère ou des groupes consultatifs.

En ce qui a trait aux publications parues dans les journaux scientifiques, il s’agit plus particulièrement de textes d’opinions écrits par des oncologues vis-à-vis la lutte contre le cancer ou encore de textes dans lesquels des oncologues présentent des modèles organisationnels étrangers. Ainsi, ces textes sont des témoignages et non des articles scientifiques. Ils proviennent des journaux médicaux suivants : CMAJ, l’Union Médicale du Canada et le Laval Médical. CMAJ a fait l’objet d’une recherche manuelle en ligne pour les années 1911 à 1990, alors que des recherches via Medline ont été employées pour l’Union Médicale du Canada et le Laval Médical.