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5. Résultats

5.1.2 Données descriptives

Dans cette première partie, nous nous sommes intéressées aux émotions qui se vivaient au téléphone aussi. Nous avons donc interrogé les participants sur ces émotions. Tout d’abord sur celles que les bénévoles pensent que les appelants vivent et ensuite nous avons mis l’accent sur les émotions des bénévoles puisque ce sont eux qui font l’objet de cette étude.

En ce qui concerne les appelants, les émotions les plus fréquemment vécues selon les bénévoles sont la tristesse, la colère envers autrui et l’anxiété. Les émotions des appelants les plus difficiles à détecter au téléphone sont la honte, la culpabilité et la colère contre soi. Les plus faciles sont la colère contre l’autre, la tristesse et l’anxiété.

Les émotions les plus fréquemment vécues par les bénévoles dans les centres d’écoute sont résumées dans le graphique ci-dessous (Figure 9). La question était : « Pensez aux deux derniers mois. Indiquez à quelle fréquence vous vous êtes senti(e) de la manière suivante à l'écoute. » Pour ce premier graphique, les émotions les plus fréquemment vécues ont été sélectionnées (à partir de une fois par semaine jusqu’à plusieurs fois par jour).

Mesures 1 2 3 4 5 6 7

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .15** -

3. BES Empathie totale .86*** .64*** -

4. EQ Cognitif .08 .50*** .32*** -

5. EQ Co mpétences sociales -.06 .34*** .12* .32*** -

6. EQ Réact ivité é motionnelle .47*** .27*** .51*** .12* .11* -

7. IRI -.08 .34*** .11 .44*** .36*** -.01 -

73 Figure 9. Emotions vécues dans les centres d’écoute basés sur les effectifs (N = 347). L’axe Y montre le nombre de participants qui ont répondu avoir vécu ces émotions au cours des deux derniers mois.

Les émotions dites positives sont représentées en jaune et les émotions dites négatives en rouge. On constate une majorité d’émotions positives vécues à l’écoute. La tristesse, l’inquiétude et la colère sont les principales émotions négatives reportées par les bénévoles.

Si l’on compare aux émotions que les bénévoles vivent au travail ou en famille, on constate que les bénévoles vivent moins fréquemment ces émotions dans les centres d’écoute que dans leur vie de tous les jours (voir Figure en Annexe M).

Ceci peut s’expliquer par le fait qu’ils ne sont pas systématiquement dans les centres d’écoute toutes les semaines. Comme indiqué dans les données démographiques, le nombre d’heures varie de une à deux cents heures avec une moyenne de dix-neuf heures (e-t= 14) par mois.

Pour pouvoir comparer les émotions dans la vie de tous les jours et dans les centres d’écoute, nous avons séparé les données en deux groupes, le premier pour les émotions jamais ou rarement vécues et le deuxième groupe pour les autres fréquences. Les émotions vécues à partir d’une fois par mois sont reportées dans le graphique ci-dessous.

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

74 Figure 10. Fréquence des émotions vécues (de une fois par mois à plusieurs fois par semaines) selon le contexte en pourcentage. (N = 347)

A part pour la fierté, on constate que les émotions positives sont dites aussi fréquemment vécues dans les centres que dans les autres contextes. Pour la colère et la culpabilité, elles seraient moins souvent ressenties dans les centres selon l’évaluation des bénévoles.

Les bénévoles ont également été questionné dans les trois contextes (à l’écoute, en famille, au travail) sur la difficulté ou la facilité de :

- Réguler une émotion ressentie (son émotion) - Gérer l’émotion de l’autre (l’émotion de l’autre) Ces données sont résumées dans le tableau page suivante.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Centre d'écoute Travail Famille

%

75 Table 2

Les trois émotions les plus faciles/difficiles à réguler (chez soi) ou à gérer (chez l’autre) en fonction des contextes (dans les centres, en famille, au travail) reportées par les bénévoles (N

= 347).

Facile à réguler Satisfaction Sentiment d’être apprécié Sentiment d’être joyeux Diffic ile à gérer

(chez l’appelant)

Hostilité Culpabilité Colère contre l’autre

Facile à gére r Sentiment d’être content Sentiment d’être joyeux Satisfaction En famille

Diffic ile à régule r (chez soi)

Anxiété Colère contre l’autre Colè re contre soi

Facile à réguler Satisfaction Sentiment d’être content Sentiment d’être joyeux Diffic ile à gérer

(dans sa famill)

Hostilité Colère contre l’autre Colè re contre soi

Facile à gére r Sentiment d’être content Satisfaction sentiment d’être joyeu x Au travail

Facile à réguler Satisfaction Sentiment d’être content Sentiment d’être joyeux Diffic ile à gérer

(supérieurs/collègues)

Hostilité Colère contre l’autre Colè re contre les circonstances

Facile à gére r Satisfaction Sentiment d’être content Sentiment d’être joyeux

Dans la majorité des situations (75%) les appelants ou les bénévoles ont partagé leur émotions avec quelqu’un. Les bénévoles ont d’avantage exprimé leur émotion au téléphone dans le cas de la colère (m = 2.56 ; e-t = 1.63) que dans celui de l’anxiété (m = 2.14 ; e-t = 1.48).

76 Figure 11. Fréquence (en pourcentage) de l’expression ou non de l’émotion à l’appelant en fonction des situations. En réponse à la question : « Avez-vous montré à l'appelant que vous étiez en colère /anxieux ? ». (N = 380)

Les émotions jugées les plus difficiles à cacher pour les bénévoles à l’écoute sont l’hostilité, la colère contre l’autre et le dégoût. Les plus faciles sont la satisfaction, la fierté et le sentiment d’être apprécié.

Dans le cas où les bénévoles n’ont pas exprimé leur émotion au téléphone, les stratégies les plus utilisées pour ne pas montrer son émotion au téléphone sont le contrôle de la voix et la réévaluation de la situation et ceci pour la colère et l’anxiété.

Figure 12. Stratégies utilisées pour ne pas montrer son émotion (colère ou anxiété) à l’appelant (pourcentage). En réponse à la question : « Laquelle des propositions suivantes correspond le mieux à ce que vous avez fait pour ne pas montrer votre émotion ? ». (N=380)

0 20 40 60

anxiété soi colère soi 47

53 59

41

Oui Non

%

0 10 20 30 40 50 60 70

anxiété soi colère soi total

%

77 Si l’on compare nos scénarios, les bénévoles essaient plus fréquemment de diminuer l’anxiété que la colère que cela soit pour leur émotion (manxiété = 1.46 ; e-t = 0.50 ; mcolère = 1.54 ; e-t = 0.50) ou celle de l’appelant (manxiété = 1.37 ; e-t = 0.48 ; mcolère = 1.57 ; e-t = 0.50) .

Figure 13. Tentatives utilisées pour diminuer l’émotion en fonction des situations (pourcentage). En réponse à la question : « Avez-vous fait quelque chose pour diminuer ou faire disparaître cette émotion ? ». (N=380)

Les bénévoles se sentent moins efficaces dans leurs tentatives de diminuer l’émotion pour la colère (m = 2.51 ; e-t = 1,39) plutôt que pour l’anxiété de l’appelant (m = 3.41 ; e-t = 1.06). Le profil est quasiment le même en ce qui concerne leur propre émotion.

Figure 14. Sentiment d’efficacité des bénévoles pour diminuer l’émotion en fonction des situations (pourcentage). En réponse à la question : « à quel point vos actions pour diminuer ou faire disparaître l’émotion ont-elles été efficaces ? ». (N=380)

0

78 Dans la plupart des situations, les bénévoles pensent plus fréquemment qu’il est préférable de laisser l’émotion s’exprimer sans inhibition surtout pour l’anxiété (m = 2.41 ; e-t = 1.9) et la colère de l’autre (m = 2.12 ; e-t = 1,84). La deuxième stratégie privilégiée est de s’exp rimer avec moins d’intensité, c’est notamment le cas pour sa propre colère et de l’anxiété.

Figure 15. Croyances des bénévoles sur les réactions à avoir lorsque l’on ressent une émotion en fonction des situations (pourcentage). En réponse à la question : « Que pensez-vous que vous devriez faire lorsque vous vous sentez en colère / anxieux(se) envers un appelant ? » ou « Que pensez-vous que les appelants devraient faire lorsqu'ils se sentent en colère / anxieux(se) ?». (N=380)

D’un autre côté, ils mettent un bémol en ce qui concerne le droit d’être en colère. Même s’ils pensent qu’il faut l’exprimer sans inhibition, ils estiment que les appelants n’ont pas forcément le droit d’être en colère. Ce qui n’est pas le cas de l’anxiété ou de leur propre colère.

Figure 16. Croyances des bénévoles sur le droit de ressentir cette émotion (colère, anxiété) en fonction des situations (moyenne) sur une échelle allant de 1 (pas du tout) à 5 (tout à fait). En réponse à la question : « Etant donné la situation, pensez-vous que cette personne / vous avait /aviez le droit d'être en colère / anxieux(se) ? ». (N = 380)

0 10 20 30 40 50 60

anxiété soi anxiété autre colère soi colère autre

0 1 2 3 4

colère soi colère autre

anxiété soi

anxiété autre

79 Lorsqu’on leur demande de classer différents éléments en fonction de ce qui est le plus important dans un téléphone, l’exploration des besoins de l’appelant est classée comme le plus important par le plus grand nombre de personne. Viennent ensuite l’exploration des émotions de l’appelant et l’apaisement de la souffrance de l’appelant. Enfin on trouve le bien-être de l’appelant, son propre bien-bien-être au téléphone, la recherche de la solution et finalement le remerciement de l’appelant que personne n’a choisi.

5.1.2.1 Résumé

Nous avons passé en revue les différentes émotions ressenties au téléphone et vu que celles-ci ne différaient pas beaucoup de celles vécues en famille ou au travail en ce qui concerne la fréquence. La table 2 résume les différentes émotions faciles ou difficiles à réguler (pour soi) ou à gérer (chez l’appelant). On constate que la colère (hostilité / colère contre l’autre) est parmi les 3 émotions les plus difficile à gérer. Il semble que la colère pose problème de manière générale aux bénévoles et les placent devant un paradoxe. D’un côté ce n’est pas une émotion qu’ils essaient de diminuer chez l’autre et ils pensent que lorsqu’elle est présente chez l’autre elle doit pouvoir s’exprimer sans inhibition. De l’autre côté, ils ne sentent pas efficaces lorsqu’ils essaient de la diminuer et estiment que l’appelant n’avait pas le droit de ressentir cette émotion de colère alors qu’ils ne le disent dans aucun des autres cas.

Etant donné le grand nombre de variables et de résultats en lien avec nos hypothèses, nous en avons sélectionné une partie qui sont dans le texte et les autres se trouvent en annexe. Un résumé est effectué à la fin de chaque partie. Afin de simplifier le texte, nous avons utilisé la première fois le nom entier des questionnaires puis les abréviations. Vous trouverez en annexe une liste des différentes abréviations avec les correspondances (cf. Annexe N).

5.1.3 Hypothèse 1

Afin de tester la première hypothèse sur les liens entre l’empathie, la régulation émotionnelle, la personnalité et les émotions, nous avons décidé d’effectuer des corrélations. Pour voir les liens entre les différents questionnaires, nous avons effectué des corrélations non paramétriques car nos données, pour la plupart des questionnaires ne suivent pas la loi normale selon le test Kolmogorov-Smirnov ou Shapiro-Wilk (cf. Annexe O). Le coefficient de Spearman a été préféré au Tau de Kendall car les données sont ordonnées.

80 5.1.3.1 Empathie et régulation des émotions

Pour investiguer les liens entre l’empathie et la régulation émotionnelle, nous avons effectué des corrélations entre le Basic Empathy Scale (BES) (Jolliffe & Farrington, 2006) pour l’empathie et le Cognitive Emotion Regulation Questionnaire (CERQ) (Garnefski et al., 2001), le Difficulties in Emotion Regulation Scale (DERS) (Gratz & Roemer, 2004) et le Emotion Regulation Questionnaire (ERQ) (Gross & John, 2003) pour la régulation des émotions.

Table 3

Corrélation de Spearman entre l’empathie affective et cognitive et la régulation des émotions mesurée par le CERQ et l’ERQ (N =380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Nous avons effectué une correction de Bonferronni et le nouveau seuil de significativité est de p < .01.

On trouve un lien positif entre le score d’empathie affective et les stratégies moins adaptées mesurées par le CERQ (rs =.22, p < .01). Plus le bénévole a une empathie affective marquée et plus il utilise des stratégies dysfonctionnelles.

En ce qui concerne l’empathie cognitive, plus les bénévoles décrivent une empathie cognitive et plus ils utilisent des stratégies adaptées mesurées par le CERQ (rs=.19, p < .01), plus ils utilisent la stratégie de réévaluation (rs =.11, p < .05) mesurée par l’ERQ et moins celle de suppression (rs =-.23, p < .01).

En ce qui concerne les liens entre l’empathie et les difficultés de régulation des émotions, les données sont résumées dans le tableau ci-dessous.

Mesures 1 2 3 4 5 6

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .13** -

3. CERQ Stratégies adaptées -.03 .19*** -

4. CERQ Stratégies moins adaptées .22*** .13** .10* -

5. ERQ Reappra isal -.03 .11* .43*** .04 -

6. ERQ Suppression -.09 -.23*** -.07 -.05 .01 -

81 Table 4

Corrélation de Spearman entre l’empathie affective et cognitive et la régulation émotionnelle mesurée par le DERS (N= 380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Nous avons effectué une correction de Bonferronni et le nouveau seuil de significativité est de p < .007.

Lorsque le bénévole a un score élevé d’empathie affective, il a des difficultés dans la régulation des émotions mesurée par le DERS comme avec la difficulté au niveau de l’acceptation des réponses émotionnelles (rs =.28, p< .007), la difficulté de s’engager dans un comportement dirigé vers un but (rs =.28, p < .007), la difficulté de contrôle de l’impulsivité (rs =.20, p < .007) et la difficulté au niveau de l’accès aux stratégies de régulation émotionnelle (rs =.25, p < .007).

En ce qui concerne l’empathie cognitive, plus le score d’empathie cognitive est élevé, moins il a de difficulté au niveau de la prise de conscience émotionnelle (rs =-.35, p < .007) et au niveau du rapport avec la clarté des émotions (rs = -.31, p < .007).

5.1.3.2 Empathie et caractéristiques de la personnalité

Pour investiguer les liens entre l’empathie et la personnalité des corrélations entre le BES (Jolliffe & Farrington, 2006) pour l’empathie et le Big Five Personality Inventory (BFI) (John et al., 1991) et le Life Orientation Test revised (LOT-R) (Scheier et al., 1994) pour la personnalité ont été effectuées.

Mesures 1 2 3 4 5 6 7 8

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .13* -

3. DERS Non acceptation .28*** -.09 -

4. DERS But .28*** .05 .43*** -

5. DERS Impu lsivité .20*** -.09 .45*** .53*** -

6. DERS Conscience .001 -.35*** .18*** .06 .14** -

7. DERS Stratégies .25*** -.04 .56*** .59*** .56*** .14** -

8. DERS Cla rté .08 -.31*** .29*** .21*** .25*** .54*** .31*** -

82 Table 5

Corrélations entre l’empathie affective et cognitive, les cinq facteurs de la personnalité et l’optimisme (N = 380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Si le bénévole a un score élevé d’empathie affective, il a également un score élevé sur le trait de personnalité de névrosisme (rs =.27, p < .007) et un score bas sur optimiste (rs =-.16, p <

.007).

C’est l’inverse en ce qui concerne l’empathie cognitive puisque plus le bénévole a un score élevé, plus il est optimiste (rs =.18, p < .007) et il a également un score élevé sur les traits d’extraversion (rs =.20, p < .007), d’agréabilité (rs =.15, p < .007), et d’ouverture (rs =.29, p <

.007).

Anxiété

Pour investiguer les liens entre l’empathie et l’anxiété, des corrélations entre le BES (Jolliffe

& Farrington, 2006) pour l’empathie et le Looming Maladaptive Style (LMS) (Riskind et al., 2000) et le STAI (Spielberger, 1972) pour l’anxiété ont été faites.

Table 6

Corrélations entre l’empathie affective et cognitive et l’anxiété (N = 380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Mesures 1 2 3 4 5 6 7 8

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .13* -

3. BFI Extraversion .05 .20*** -

4. BFI Agréabilité .01 .15** .04 -

5. BFI Conscience -.10 .06 .08 .21*** -

6. BFI Névrosisme .27*** -.01 -.16** -.33*** -.21*** -

7. BFI Ouverture -.03 .29*** .36*** .12* .05 -.01 -

8. LOT-R Optimisme -.16** .18*** .26*** .38*** .17** -.46*** .18*** -

Mesures 1 2 3 4 5 6

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .13* -

3. Loo ming total .26*** -.09 -

4. Loo ming physique .20*** -.08 .86*** -

5. Loo ming social .26*** -.07 .87*** .51*** -

6. STAI .29*** -.04 .40*** .29*** .40*** -

83 Selon la correction de Bonferronni, le nouveau seuil de significativité est à p < .01.

Plus le bénévole a une empathie affective élevée, plus il a un score élevé d’anxiété total que ce soit mesuré par le Looming (rs =.26, p < .01) ou le STAI (rs =.29, p < .01). Le score est également élevé pour l’anxiété liée aux situations entraînant une menace physique (rs =.20, p

< .001) ou sociale (rs =.26, p < .01).

L’empathie cognitive ne montre pas de lien significatif avec l’anxiété mesurée par la Looming ou le STAI.

Colère

Pour investiguer les liens entre l’empathie et la colère, nous avons effectué des corrélations entre le BES (Jolliffe & Farrington, 2006) pour l’empathie et le Behavioral Anger Response Questionnaire (BARQ) (Linden et al., 2003) et le STAXI (Spielberger, 1988) pour la colère.

Table 7

Corrélations entre l’empathie affective et cognitive et la colère (N = 380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Nous avons effectué une correction de Bonferronni et le nouveau seuil de significativité est de p < .005.

L’empathie affective est corrélée positivement avec la colère mesurée par le STAXI (rs =.28, p < .005). Elle est également liée positivement avec la rumination de la colère (rs =.26, p <

.005).

L’empathie cognitive n’est pas liée avec la colère mesurée par la STAXI mais on trouve un lien positif entre l’empathie cognitive et l’affirmation (rs =.20, p < .005) et un lien négatif avec l’évitement (rs = -.17, p < .005) du BARQ.

Mesures 1 2 3 4 5 6 7 8 9

1. BES Empathie affect ive -

2. BES Empathie cognitive .13* -

3. BA RQ Affirmation -.13* .20*** -

4. BA RQ Ru mination .26*** .01 -.09 -

5. BA RQ Evite ment -.02 -.17*** .02 .02 -

6. BA RQ Diffusion .14** .003 -.006 .13** .36*** -

7. BA RQ Anger out .06 .11* -.15** .16** -.27*** -.04 -

8. BA RQ Support social .09 .05 .17*** .28*** .27*** .18*** -.09 - 9. STAXI tra it .28*** .05 -.28*** .39*** -.23*** .01 .47*** .03 -

84 5.1.3.3 Empathie et épuisement professionnel

Pour investiguer les liens entre l’empathie et la personnalité, nous avons effectué des corrélations entre le BES (Jolliffe & Farrington, 2006) pour l’empathie et le Maslach Burnout Inventory (MBI) (Maslach & Jackson, 1981; Maslach & Jackson, 1986) pour l’épuisement professionnel.

Nous avons effectué une correction de Bonferronni et le nouveau seuil de significativité est de p < .01.

Table 8

Corrélations entre empathie affective et cognitive et l’épuisement professionnel (N = 380)

Note. * p < .05 ** p < .01 *** p < .001

Plus le bénévole a une empathie affective élevée, moins il aura d’accomplissement personnel dans son travail (rs = -.21, p < .01).

L’empathie cognitive quant à elle est liée positivement avec l’accomplissement personnel (rs

=.19, p < .01).

5.1.3.4 Résumé

En résumé, on constate que l’empathie affective est liée positivement plutôt à des stratégies de régulation des émotions moins adaptées, à des difficultés de régulation des émotions, à du névrosisme, de l’anxiété et de la colère et négativement à de l’accomplissement personnel.

Alors que, l’empathie cognitive est plutôt liée de manière positive à des stratégies adaptées de régulation des émotions, à l’extraversion, l’agréabilité, l’ouverture, l’optimisme, l’assertion de la colère et l’accomplissement personnel.

L’hypothèse 1 est donc majoritairement confirmée.

Mesures 1 2 3 4 5

1. BES Empathie affective -

2. BES Empathie cognitive .13* -

3. MBI Epuisement émotionnel .09 -.07 -

4. MBI Dépersonnalisation -.11* -.08 .31*** - 5. MBI Accomplissement personnel -.21*** .19*** -.23*** -.06 -

85 5.1.4 Hypothèse 2

Pour aller plus loin que d’investiguer des liens et vérifier notre deuxième hypothèse sur la différence entre l’empathie cognitive et l’empathie affective, nous avons utilisé des tests de comparaisons de moyenne.

Afin d’investiguer si le type d’empathie montre des différences sur les stratégies de régulation émotionnelle, nous avons créé des groupes extrêmes grâce aux quartiles effectués à partir des sous-scores affectif et cognitif du BES (Jolliffe & Farrington, 2006). Une nouvelle variable regroupant 4 groupes a été créée. Le premier groupe est constitué de participants ayant un haut score en empathie affective et en empathie cognitive (groupe d’empathie haute). Le deuxième groupe a un score bas en empathie affective et haut en empathie cognitive ( groupe d’empathie cognitive plus marquée). Le troisième groupe a un score haut en empathie affective et bas en empathie cognitive (groupe d’empathie affective plus marquée). Le quatrième groupe a un score bas en empathie affective et bas en empathie cognitive ( groupe d’empathie basse). Cette nouvelle variable a été utilisée comme variable indépendante dans les analyses qui suivent. Afin de simplifier le langage dans le texte, les tableaux et graphiques, nous parlerons de groupe d’empathie cognitive ou affective en lieu et place de groupe d’empathie cognitive plus marquée ou à prédominance cognitive ou affective.

Afin de limiter la reproduction des tests et ne pas augmenter l’erreur de Type I, seule la différence entre le groupe d’empathie de type cognitive et le groupe d’empathie de type affective a été testée. A cause de l’inégalité de variances de certaines variables mesurée par le test de Levene (cf. Annexe P) et des données qui ne suivent pas la loi normale mesurées par le test de Shapiro-Wilk (cf. Annexe O), nous avons utilisé des tests de Mann-Whitney. La taille de l’effet a été calculée. Les rangs moyens et non pas les moyennes sont rapportés dans les tests statistiques comme le veut la notation (Field, 2005). Dans les graphiques, nous avons choisi de reporter la moyenne afin de permettre aux lecteurs connaissant ces questionnaires de pouvoir s’y retrouver. Des tables comprenant les moyennes et écart-types des différentes variables sont situées en annexe (Annexe Q).

L’ordre des analyses est le même que pour l’hypothèse 1. Nous allons d’abord parcourir les résultats en ce qui concerne la régulation des émotions, ensuite les caractéristiques de la personne et finalement l’épuisement professionnel (burnout).

86 5.1.4.1 Empathie et régulation des émotions

Dans un premier temps, des tests de différence en ce qui concerne la régulation émotionnelle mesurée par le CERQ (Garnefski et al., 2001) le DERS (Gratz & Roemer, 2004) et le ERQ (Gross & John, 2003) ont été effectués.

Une fois la correction de Bonferronni appliquée, nous ne trouvons aucun résultat significatif en ce qui concerne le CERQ et l’ERQ. Le tableau se trouve en annexe (Annexe R).

En ce qui concerne le DERS par contre nous avons plusieurs résultats résumés dans la table ci-dessous.

Table 9

Différence de groupes pour les difficultés de régulation émotionnelle mesurées par le DERS en fonction du type d’empathie (affective vs cognitive)

Empathie

Il y a des différences significatives entre le groupe d’empathie affective plus marquée et celui d’empathie cognitive plus marquée. Le groupe d’empathie affective a plus de difficultés au niveau de l’acceptation des réponses émotionnelles, plus de difficultés au niveau de la prise de conscience émotionnelle, plus de difficultés au niveau de l’accès aux stratégies de régulation des émotions et montre un manque de clarté émotionnelle en comparaison du groupe d’empathie cognitive.

Le score buts du DERS ne montre pas de différence entre les groupes au niveau de la difficulté à s’engager dans un comportement dirigé vers un but. Le résultat est semblable pour le contrôle d’impulsivité suite à la correction de Bonferronni.

87 5.1.4.2 Empathie et caractéristiques de la personnalité

87 5.1.4.2 Empathie et caractéristiques de la personnalité