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2. Partie théorique

2.2 L’empathie

2.2.1 Définitions

Rogers (C.R. Rogers, 1957) définit l’empathie au début de la clarification de sa pensée comme : “The therapist’s sensitive ability and willingness to understand the client‘s thoughts, feelings and struggles from the client‘s point of view. The ability to see completely through the client‘s eyes, to adopt his frame of reference». Il s’agit donc pour le thérapeute d’essayer d’adopter le cadre de référence de son patient et de voir le monde à travers ses yeux comme si on était lui, mais sans perdre de vue la composante « as if »: C’est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir de confusion entre ce qui appartient à l’aidant et ce qui appartient au client. Plus tard il apporte des compléments à cette définition (C.R. Rogers, 1980/1995, p. 142) en disant qu’une manière d’être empathique avec une autre personne comprend plusieurs facettes : « It means entering the private perceptual word of the other and become thoroughly at home in it. It invloves being sensitive moment by moment, …, whatever he or she is experiencing. It means temporarily living in the other’s life,…,. It includes communicating your sensings of the person’s world as you look with fresh and unfrightened eyes at elementsoh he or she is fearful. It means frequently checking with the person as to the accuracy of your sensing, and

13 being guided by the responses you receive”. Dans cette deuxième définition, on constate un aspect encore plus dynamique de la compréhension empathique. Il introduit également le fait de partager avec le client nos impressions et de les soumettre à la validation de celui-ci à travers des reformulations. Il y a une notion de travail commun qui permet au client de voir les choses d’un œil nouveau, sans peur, de mettre l’accent sur l’un ou l’autre aspect plus profondément et de s’approprier son expérience.

Freud a également utilisé le terme même s’il n’était pas central dans son approche (cité par Bohart & Greenberg, 1997b). Il s’agissait d’une manière pour le thérapeute de savoir les pensées du patient et ainsi d’avoir accès à sa dynamique inconsciente pour produire des interprétations efficaces. Il ne s’agissait pas d’un moyen d’établir une meilleure relation comme ça a pu l’être pour d’autres auteurs.

Un autre auteur de la même époque que Rogers, Gladstein, définit l’empathie en faisant une distinction entre l’empathie affective et l’empathie cognitive. Selon Gladstein (1983), l’empathie cognitive serait le fait de prendre le rôle ou la perspective d’une autre personne de manière intellectuelle alors que l’empathie affective consisterait à répondre aux émotions de l’autre avec la même émotion.

Plusieurs auteurs s’accordent sur le fait que les définitions de l’empathie se regroupent sous plusieurs groupes (Duan & Hill, 1996; Feshbach, 1997; Gladstein, 1983; Haggstrom, Skovdahl, Flackman, Kihlgren, & Kihlgren, 2005; Hojat, 2007). Il y a ceux qui voient l’empathie comme un phénomène affectif, d’autres qui la voient comme un concept cognitif et le troisième groupe dont fait partie Gladstein qui voit l’empathie comme un phénomène aussi bien affectif que cognitif. Il ajoute également une autre caractéristique qui est essentielle selon lui et qui est la distinction entre soi et l’autre. Tengland (2001) rajoute un quatrième type de définitions. Pour lui, il y a un première série de définitions qui voit l’empathie dans un sens cognitif, c’est-à-dire d’avoir la capacité d’imaginer ou de comprendre les états cognitifs et/ou affectifs d’un autre personne. La deuxième série de définitions voit l’empathie au sens affectif dans lequel on est capable de partager, d’expérimenter le même état affectif (ou un similaire) que la personne. Un troisième type de définitions entend l’empathie dans un sens d’attitude proactive en ayant la capacité d’imaginer ou de comprendre les états cognitifs et/ou affectifs d’une autre personne et en faisant cela, d’avoir un intérêt marqué, une préoccupation (« concern ») et de vouloir le meilleur pour cette personne. La dernière catégorie de définitions voit l’empathie dans le sens d’une préoccupation émotionnelle.

14 Celui qui éprouve de l’empathie, a la capacité d’imaginer ou de comprendre les états cognitifs et/ou affectifs d’une autre personne et en faisant cela il expérimente une émotion spéciale de préoccupation, d’intérêt (« concern ») pour cette personne.

Quand on parle d’empathie, parle-t-on plutôt d’un trait de personnalité, d’une compétence thérapeutique, de quelque chose de figé ou de quelque chose qui se développe ? De manière générale, les auteurs voient l’empathie soit comme un trait de personnalité soit comme une compétence générale. Il y aurait ainsi, selon eux, des gens plus empathiques que d’autres au départ. Rogers, entre autres, a parlé d’orientation interpersonnelle (cité par Duan & Hill, 1996). On serait ainsi plus ou moins empathique que les autres et ceci constituerait un facteur de différence individuelle. D’autres pensent que l’empathie est un état affectif ou cognitif selon la situation. Ce serait une manière de réagir à un stimulus ou à une personne cible à un moment donné. Ce ne serait donc pas quelque chose de statique mais une compétence qui se manifeste dans l’action. On pourrait ainsi mesurer le degré de compréhension d’un thérapeute pour son patient lors d’un entretien en voyant les similarités entre l’état affectif ou cognitif du thérapeute et de son client. Ce serait donc une capacité qui se développe notamment par les formations et de l’entraînement (Feshbach, 1997; Truax & Carkhuff, 1976). Lorsque l’on voit l’empathie comme une compétence du thérapeute pour comprendre son client, cette compréhension peut être vue comme une mesure positive du résultat de la thérapie (Sachse &

Elliott, 2001), même si elle n’est pas toujours vécue comme aussi importante par tous les clients. D’autres enfin voient l’empathie comme un processus expérientiel multiphasé (Multiphased experiential process). L’empathie comprendrait ainsi plusieurs phases. Barrett-Lennard (cité par Duan & Hill, 1996), par exemple, identifie trois phases de l’empathie : La résonance empathique, l’empathie exprimée et l’empathie reçue. Il est donc possible d’envisager l’empathie comme étant à la fois trait et compétence.

Il existe différentes manières dont l’empathie peut se manifester dans la relation thérapeutique. Il y a premièrement le rapport empathique, lors duquel le thérapeute montre une attitude compatissante envers son client et essaie de lui montrer qu’il le comprend. Il y a également ce qu’on appelle le « Communicative attunement » qui consiste à reformuler les paroles du patient de façon empathique afin de montrer sa compréhension mais aussi de permettre au patient d’explorer plus en profondeur ses pensées et émotions. Il y a enfin le

« person empathy », qui consiste en un effort soutenu pour comprendre l’expérience du patient, et vise la compréhension de comment il en est arrivé à ces pensées et ces ressentis spécifiques à ce moment (Bohart & Greenberg, 1997b).

15 2.2.2 Distinction entre empathie et d’autres concepts

Lorsque l’on parle d’empathie, il convient de ne pas confondre cette compétence avec d’autres notions telles que la sympathie ou la contagion émotionnelle (Boulanger & Lançon, 2006; Feshbach, 1997; Jorland, 2004; Pacherie, 2004). La sympathie suppose que nous partagions la même émotion qu’autrui et nécessite l’établissement d’un lien affectif. Il n’y a pas ce présupposé de lien affectif dans l’empathie (Pacherie, 2004). Boulanger et Lançon (2006) estiment que dans l’empathie il ne s’agit pas de partager un sentiment ou une croyance mais de se représenter les sentiments, les désirs et les croyances d’autrui. Pour Wispé (cité par Boulanger & Lançon, 2006), l’empathie consiste à comprendre autrui alors qu’être en sympathie avec l’autre consiste à se soucier de son bien-être. Pour Eisenberg (Eisenberg &

Spinrad, 2004), l’empathie est la première étape et elle peut évoluer en sympathie, car la sympathie est une réponse émotionnelle issue de l’état émotionnel de l’autre et qui permet de se sentir désolé ou préoccupé (« concern ») pour l’autre.

Quant à la contagion émotionnelle, elle désigne le phénomène de la propagation d’une émotion d’un individu à un autre. Il s’agirait d’une indifférenciation entre soi et autrui. La contagion est composée de plusieurs étapes. La première est la « mimicry ». Lors d’une conversation, les personnes « mimiquent » et synchronisent automatiquement leurs mouvements. Cette mimique peut être faciale, vocale ou posturale (Hatfield, Rapson, & Le, 2011). La mimicry peut apparaître lorsqu’une personne observe une expression d’une autre personne et va répondre par une représentation motrice similaire (Hess, Philippot, & Blairy, 1999; Hojat, 2007). Cette vision automatique de la mimicry est nuancée quelques années plus tard, Bourgeois et Hess (2008) montrant que la mimicry dépend du contexte social et du type d’expressions observées. La deuxième étape est celle du feed-back. Les expériences émotionnelles des personnes sont affectées au fur et à mesure par l’activation et/ou du feed-back provenant de la mimique faciale, vocale ou posturale (Flack, 2006; Strack, Martin, &

Stepper, 1988). La troisième et dernière étape est la contagion en elle- même car la conséquence de la mimicry et de la rétroaction font que les gens ont tendance à être pris par les émotions de l’autre. Un exemple bien connu de contagion émotionnelle est la propagation des pleurs dans une nurserie. Lorsqu’un bébé pleure, les autres vont répondre par des pleurs (Simner, 1971). La capacité de résonance émotionnelle est présente très tôt chez l’enfant et c’est un des précurseurs de l’empathie (Decety & Jackson, 2004). La contagion émotionnelle serait plus proche de l’empathie affective. Il y a un partage émotionnel et donc une indifférenciation entre soi et l’autre.

16 La distinction soi-autrui est essentielle à l’empathie utilisée par le thérapeute dans la relation d’aide mais quand elle manque, elle peut également être délétère et être responsable de certains problèmes de communication dans une population clinique (Kaiser & Wehrle, 2007).

Certains auteurs affirment que l’empathie est un piège (Tournebise, 2001) ou peut être néfaste (McDougall,1908 cité par Gladstein, 1983 ). Selon nous, ces auteurs confondent l’empathie avec ces autres concepts que nous avons cités ou parlent uniquement d’une des composantes de l’empathie, l’empathie affective. Sans régulation de ses émotions, l’empathie pourrait facilement se résumer à de la contagion. Une étude postule même un lien entre ces deux 2.2.3 Développement de l’empathie

Même si, comme nous l’avons vu, l’empathie ne se résume pas à la contagion émotionnelle, c’est par ce type de mécanisme que l’empathie se développe. L’empathie telle qu’on l’entend émerge vers l’âge de deux ans. C’est à cet âge que l’enfant commence à consoler son camarade, à s’engager dans des jeux coopératifs et à distinguer un comportement nocif intentionnel ou non (Decety, 2004; Feshbach, 1997). Selon Hojat (2007), un des facteurs qui va permettre le développement de l’empathie et des comportements sociaux chez l’enfant est l’imitation faciale et la mimicry moteur dont nous avons vu les mécanismes dans le chapitre précédent. Les jeunes enfants apprennent par imitation et sont capables rapidement d’imiter les expressions faciales et les gestes des adultes. L’imitation peut être considérée comme une forme rudimentaire d’empathie (van Baaren, Decety, Dijksterhuis, van der Leij, & van Leeuwen, 2011). A l’âge adulte, on retrouve l’importance de cette mimicry car e lle permet de relier les personnes entre elles. Les recherches ont montré que le fait d’avoir été « mimiqué » va augmenter les comportements prosociaux pour la suite (Ashton–James, van Baaren, Chartrand, Decety, & Karremans, 2007), les comportements aidants ou généreux (van Baaren, Holland, Kawakami, & van Knippenberg, 2004) et favoriser le lien social. Même si empathie et contagion sont des concepts différents, ils ont des liens importants entre eux puisque c’est grâce à l’un que l’autre peut voir le jour. Carr et al (cité par Hojat, 2007) ont montré que les personnes qui avaient une empathie haute montre nt plus de « mimicry » inconsciente des expressions faciales et des postures corporelles de l’autre personne. Par contre il est important que cette « mimicry » reste inconsciente car si cela est perçu cela est très désagréable pour la personne imitée.

17 2.2.4 L’empathie, un phénomène humain et automatique ?

La capacité à ressentir les émotions des autres congénères, de les communiquer et d’y réagir de manière appropriée a procuré aux cours de l’évolution des avantages sélectifs à l’homme mais elle n’est pas le propre de l’homme. Ces composantes nécessaires au développement de l’empathie sont présentes également dans de nombreuses espèces animales. Darwin (1872/1998) décrivait déjà des processus émotionnels chez son chien. Sans tomber dans le piège de l’anthropomorphisme (attribution de caractéristiques spécifiquement humaines aux animaux), de nombreuses observations de comportements « empathiques » ont été observés chez l’animal lorsqu’il partage la souffrance d’un congénère, qu’il a des comportements altruistes (Preston & de Waal, 2002; Servais, 2004) ou qu’il se reconnait dans un miroir (Reiss et Marino cité par Decety, 2004). Cependant, malgré la capacité des primates non humains à percevoir et à exprimer les émotions de leurs congénères, cela n’implique pas forcément le fait de percevoir soi et autrui comme des êtres qui agissent en fonction d’états mentaux (intentions, croyances), ce qui semble être le propre de l’homme. Cette capacité à pouvoir prendre la perspective subjective de l’autre et de s’identifier à lui semble manquer aux autres espèces alors qu’elle se développe rapidement chez l’enfant.

Est-ce que le fait de percevoir des émotions chez l’autre provoque automatiquement notre empathie ? Certaines études en neurosciences ont montré qu’il suffisait de regarder son conjoint ou une autre personne pour avoir une réponse empathique, c’est-à-dire selon les auteurs, pour avoir une activation des réseaux neuronaux communs (Decety, Chaminade, Grezes, & Meltzoff, 2002; Decety & Lamm, 2007). Ces résultats ainsi que la présence d’une certaine forme d’empathie chez l’animal nous ont amené à penser que l’empathie était un phénomène automatique. De nombreuses études ont cherché à tester l’empathie à travers la réaction d’une personne à la souffrance de l’autre (Avenanti, Bueti, Galati, & Aglioti, 2005;

Cheng et al., 2007; Goubert et al., 2005; Jackson, Meltzoff, & Decety, 2005). Nous n’allons pas entrer dans le détail de ces études et des zones du cerveau impliquées dans ces mécanismes mais nous aimerions relever que ces études montrent que nous réagissons à la douleur des autres en activant les mêmes neurones dans le cerveau que ceux qui sont activés lorsque nous souffrons. Ce phénomène s’explique par la découverte par Rizzolatti (Caggiano et al., 2012) des neurones miroirs. Le fait que ces neurones s’activent lorsque nous voyons une autre personne dans une situation difficile laisse entendre que ce mécanisme est automatique et apparaît à chaque fois.

18 En revanche, des études récentes (Cheng, Tzeng, Decety, Imada, & Hsieh, 2006; de Vignemont & Singer, 2006; Hein & Singer, 2008; Singer et al., 2006) ont montré que l’on réagissait bien à la souffrance de l’autre mais pas dans toutes les situations. La réponse empathique peut en effet dépendre du lien que nous avons avec la personne en souffrance.

Singer et collaborateurs (2006) ont montré que les réponses empathiques, des hommes notamment, étaient influencées par les interactions préalables entre partenaire. Si ce partenaire a été injuste avec nous, nous ne serons pas forcément empathiques avec lui lorsqu’il recevra un choc électrique. Les résultats montrent que nous sommes influencés par ce qui se passe avant et que l’empathie serait donc conditionnelle. Dans la même ligne, une recherche a montré que l’activité des neurones miroirs pouvait être modulée par le fait d’avoir faim ou non (Cheng et al., 2006).

Nous l’avons vu dans cette partie, le fait de réagir aux émotions de l’autre mais également à sa souffrance n’est donc pas le propre de l’homme et n’est pas non plus forcément une réaction automatique. Il peut être parfois difficile de se mettre à la place de l’autre, notamment lorsque nous ne vivons ou n’avons pas vécu les mêmes expériences (de Vignemont & Singer, 2006).

2.2.5 Les mesures

Plusieurs questionnaires ainsi que des grilles d’évaluation ont été créés afin de mesurer l’empathie (Bohart, 2001). De même que, comme nous l’avons vu plus haut, il n’y a pas de définition unique de l’empathie, elle peut se mesurer de différentes façons : par un observateur externe, par le client ainsi que par le thérapeute. La plupart des mesures que nous avons trouvées sont des mesures auto-rapportées et qui voient l’empathie plutôt comme un trait. Nous allons en développer quelques-unes et en citer d’autres.

De nombreux questionnaires ont pris en compte l’aspect multidimensionnel de l’empathie et mesurent l’empathie par mesures auto-rapportées dont celui de Davis (1983) avec son échelle à quatre dimensions ; prise de perspective, imagination (fantasy), empathic concern et anxiété propre (self-distress) ou celui de Baron-Cohen (Baron-Cohen & Wheelwright, 2004) avec ses trois facteurs : l’empathie cognitive, la réactivité émotionnelle et les compétences sociales.

Jolliffe et Farrington (2006) proposent un questionnaire qui prend en compte la dimension affective et cognitive de l’empathie en 20 items. Hogan (Hogan, 1969) a développé une échelle inspirée d’autres pour mesurer l’empathie selon une conception morale.

19 Mehrabian (Mehrabian & Epstein, 1972) s’est concentré sur l’aspect émotionnel de l’empathie avec l’idée qu’une personne avec un haut score d’empathie émotionnelle aurait moins tendance à avoir des co mportements agressifs et serait plus à même d’avoir des comportements d’aide. Miller décrit des situations et demande aux participants d’écrire ce qu’ils auraient aimé dire à ces personnes (Helpful Responses Questionnaire) (Miller, Hedrick,

& Orlofsky, 1991).

D’autres questionnaires, comme le Relationship Inventory (Barrett-Lennard, 1962) mesurent l’empathie du point de vue du thérapeute et se basent sur l’idée que l’empathie est plus un état vécu par le thérapeute pour son client. L’auteur parle de résonnance empathique qui est une manière d’expérimenter ce qui est ressenti, dit, pensé par le client et qui suscite chez le thérapeute une sorte de sentiment corporellement ressenti (« bodily felt sense »).

D’autres encore utilisent le point de vue de l’observateur pour mesurer l’empathie comme Bozarth (1997), selon qui nous pouvons observer également les réponses du thérapeute. Les réponses empathiques sont celles qui capturent le champ de référence interne du client. Il est important de regarder aussi si les reformulations sont adéquates, c’est-à-dire qu’elles reflètent bien ce que le client ressent ou pense. Ickes (Hall & Schmid Mast, 2007; Ickes, 1997;

Marangoni, Garcia, Ickes, & Teng, 1995 ) n’utilise pas un observateur externe mais demande à des intervenants d’une interaction de dire ce qu’ils ont ressenti à tel ou tel moment. Il demande ensuite à l’autre partenaire de l’interaction de dire ce qu’il pense que le partenaire ressent ou pense à ce moment- là. Il étend ainsi la définition de « empathic accuracy » proposée par Rogers et la définit comme le degré avec lequel une personne est capable d’inférer de manière adéquate le contenu spécifique des pensées et sentiments successifs d’une autre personne (Ickes, 2011). Hall et Schmid Mast (2007) ont montré que c’est d’abord le verbal qui contribue le plus à la justesse de l’inférence, « l’accuracy ». Viennent ensuite les indices non verbaux vocaux et finalement les indices non verbaux visuels.

2.2.6 Résultats de la recherche

Nous l’avons vu dans le chapitre sur la relation d’aide, de nombreuses recherches ont montré l’importance de certaines conditions, dont notamment l’empathie, pour l’issue du lien thérapeutique et nous n’allons par les redévelopper ici. Nous souhaitons juste en rajouter quelques-unes spécifiques à l’empathie.

20 Lafferty (Lafferty, Beutler, & Crago, 1989) montre que les thérapeutes qui sont le moins efficaces dans le traitement avec leurs patients sont ceux qui ont un niveau plus bas de compréhension empathique.

Orlinsky (cité par Bohart & Greenberg, 1997b) a montré que 54% des 115 recherches examinées montrent une relation positive entre l’empathie et l’issue positive de la thérapie et que ce chiffre passait à 72% lorsque l’empathie était mesurée par la perception du client. De nombreuses études, comme celles de Sachse en 1990, de Burne et Nolen-Hoeksema en 1991, de Elliott et al en 1991, Greenberg et Watson en 1997 ou Vaillant en 1994 citées par Bohart et Greenberg (1997b), montrent les bénéfices de l’empathie.

Bohart (cité par C.R. Rogers, 1957) a montré que les réponses empathiques ne devaient pas forcément rester dans l’ici et le maintenant mais que si celles-ci étaient orientées vers le futur

Bohart (cité par C.R. Rogers, 1957) a montré que les réponses empathiques ne devaient pas forcément rester dans l’ici et le maintenant mais que si celles-ci étaient orientées vers le futur