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1 2 Argumentation, réfutation, fiction : réfuter in præsentia, réfuter in absentia

2. Le discours rapporté

À l’entrée « Réfutation » du Dictionnaire d’analyse du discours (2002 : 492-494), il est écrit que « la réfutation suppose sinon une reprise mot pour mot du discours à réfuter, du moins une connexion avec ce discours, ‘mis en scène’ dans le discours réfutateur ».

On parle de DR, selon la formule de Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980b : 57), lorsqu'un « énoncé é1 qui s’est déroulé à l’intérieur d’un cadre énonciatif CE1 se trouve enchâssé dans un autre énoncé é0 se déroulant à l’intérieur d’un cadre énonciatif CE0 ». Cette définition insiste d’emblée sur l’importance de l’énonciation : rapporter, ce n’est pas simplement rapporter un énoncé, c’est rapporter un acte d’énonciation dans un nouvel acte d’énonciation. Rapporter un discours apporte donc quelque chose de nouveau : il s’agit d’un acte d’énonciation à part entière et non d’un simple recopiage200.

Réfuter présuppose l’existence d’un autre discours, antérieur, d’un « contre-discours » : il importe de considérer la manière dont les assertions préalables, dont les adversaires sont les auteurs, sont traitées par le locuteur réfutateur. Se positionner contre un discours antérieur implique que l’on en fasse mention, par le biais de la simple allusion, voire de la citation. Ce n’est pas seulement le degré de présence du discours antérieur qui importe, mais l’accueil en général qui lui est réservé : le discours narrativisé (DN) est une façon de ne pas donner la parole à l’autre, alors que le discours direct (DD) est censé la respecter ; pourtant, citer n’empêche pas la modification et donc la manipulation, et favoriserait même une mise à distance plus forte.

C’est pourquoi il faudra s’intéresser au DR d’un point de vue pragmatique : pourquoi rapporter les paroles de l’autre si de toute évidence on y est opposé ? La réponse paraît évidente : pour mieux le contredire. C’est bien en intégrant les mots contestés que l’on va pouvoir les détruire de l’intérieur, montrer qu’ils ne conviennent pas. Rapporter du discours, c’est désigner dans le même temps son altérité, c’est le mettre à distance, le dénoncer comme n’étant pas viable, et donc, la plupart du temps, le réfuter.

Le schéma ci-dessous envisage le degré de présence des assertions préalables dans un continuum :

Assertions préalables présentes Assertions préalables absentes, mais reprises par du DR

Assertions préalables absentes, mais reconstructibles grâce au contre-discours.

Le premier stade, celui des assertions préalables présentes, pourrait concerner dans une certaine mesure les dialogues, ou encore des textes comme les Observations sur Hemsterhuis et la Réfutation d'Helvétius. Dans la première réfutation, le discours de l’adversaire est bien présent puisque Diderot a annoté sa Lettre sur l’homme ; dans la deuxième, le discours de l’adversaire est présent certes, mais recopié, et donc déjà altéré malgré une prétendue fidélité.

Ce premier stade, à notre sens, n’existe pas vraiment chez Diderot : dans les dialogues, les répliques de chaque personnage, y compris des opposants, sont du fait de l’auteur ; et les « réfutations » de Diderot deviennent œuvres à part entière. La Lettre sur l’homme d’Hemsterhuis et les Observations sur Hemsterhuis sont deux œuvres bien différentes : le discours du philosophe hollandais se trouve transformé du fait des annotations, et les assertions qu’il contient ne sont plus vraiment siennes.

Le DR à proprement parler constitue le degré 2 de présence des assertions préalables. Cela laisse penser que plus le degré de présence est fort, plus le locuteur respecte la parole de l’autre. Pourtant, l’assertion préalable n’existe qu’à travers le discours 0 : son traitement constitue donc bien sûr une forme de réfutation.

Enfin, le troisième stade concerne les assertions préalables qui semblent absentes mais qui sont en réalité contenues dans le discours contre qu’est le discours philosophique. Ce sont par exemple les cas de négations ou d’affirmations polémiques qui permettent de retracer le discours adverse, et qui relèvent donc également de la polyphonie.

Diderot, organisateur de la parole, prend à la fois en charge les assertions préalables et leur réfutation : en ce sens, l’énonciation des premières est déjà significative. La reproduction des assertions adverses est loin d’être parfaite et constitue un premier acte de réfutation. Nous mettons donc définitivement de côté le problème de l’opposition entre assertions réelles et fictives, considérant que de toute façon, il y a construction ou reconstruction de la part du philosophe, les assertions étant en quelque sorte ainsi toutes rendues fictives.

2. 1. Modifier

L’opération de décontextualisation et de recontextualisation qui définit le DR justifie pleinement l’idée selon laquelle tout DR s’accompagne d’une altération du discours d’origine. Dans le cadre d’un acte de réfutation, les propos de l’autre sont détournés, retournés en faveur du discours citant. La non-fidélité est un principe essentiel du DR, alors même que ce dernier prétend à la fidélité :

Le discours rapporté suppose que e (l’objet de M) soit différent de E : c’est ce que signifie rapporter un autre acte d’énonciation. Cette différence entre e et E peut concerner tous les paramètres (L ≠ l ; R ≠ r, Temps ≠ temps ; Lieu ≠ lieu)201,

201 e représente le discours cité, M, le message, E, le nouvel acte d’énonciation, L, le locuteur 0, l, le locuteur 1,

pose Jacqueline Authier-Revuz (1993 :10). Même en utilisant le discours direct, on ne peut rapporter les paroles de l’autre – ou même les siennes – absolument fidèlement. Au cas contraire « tout serait double, sans qu’on pût distinguer où est l’objet lui-même et où est le nom » explique ainsi Socrate à Cratyle202. Malgré les différents dispositifs mis en place pour

tenter de retranscrire au mieux – ou pour faire croire que l’on retranscrit au mieux – le DR n’est jamais simple copie des paroles originales.

C’est d’ailleurs déjà une liberté que le locuteur prend sans aucun scrupule que de rapporter certaines paroles et de ne pas en rapporter certaines autres. « Quant on y réfléchit, le simple fait de choisir tel ou tel fragment d’un énoncé pour le rapporter constitue déjà une opération aux implications considérables », remarque Dominique Maingueneau (1994 : 124).

Cela concerne tout le DR en général, mais il est à noter que le discours dévot n’est jamais vraiment reproduit en intégralité. Alors que Diderot met en scène de nombreux dialogues pour confronter ses idées à celles d’autrui, il ne consacre qu’un espace discursif extrêmement limité à ses pires ennemis. Le discours préalable des dévots se lit certes à travers le texte diderotien, mais par bribes, par interprétation. Le discours dévot n’est jamais vraiment reproduit. Cela ne se justifie-t-il pas par ailleurs par le fait qu’il s’agisse de discours doxal par excellence ? Car nul n’est véritablement besoin de le reproduire puisqu’il est de l’ordre du bien connu.

2. 1. 1. Le DN ou la transformation extrême

Du point de vue de la fidélité du DR, le DN se situe à l’extrême du continuum. Opérant une condensation extrême des paroles de l’autre, il est naturel que le DN soit synonyme d’altération du discours de l’autre. Le discours cité en DN a la spécificité d’être le plus court possible. Il peut certes parfois dépasser en longueur un discours cité en DI ou en DD, mais la volonté du rapporteur est justement de condenser la parole citée, ne jugeant pas utile, pour quelque raison que ce soit, de la rapporter dans son intégralité. La parole est alors traitée comme un événement parmi d’autres et narrativisée par le locuteur 0 qui assume entièrement l’énoncé. Le DN se distingue des autres formes de DR en ce qu'il se rapproche, comme son nom l’indique, de la narration. Dès lors, son interprétation n'en devient que plus délicate : il est parfois très difficile de considérer s'il y a eu situation de paroles ou non. Selon Laurence et le lieu dans lesquels s’est déroulé E, temps et lieu, le temps et le lieu dans lesquels s’est déroulé e.

Rosier (1999 : 130), le DN pourrait être considéré comme un « avatar du DI », « celui-ci pouvant être plus ou moins homogène ». En effet, dans cette forme de DR également, la parole citée est assimilée à la parole citante, la seule différence avec le DI étant qu’elle est condensée, résumée. Aussi le discours cité peut-il se résumer à un seul mot203.

Dans le Rêve de d'Alembert (625), Julie, dans un premier temps, transcrit les paroles de son ami rêveur bien peu fidèlement204 :

BORDEU. – Et qu'est-ce qu'il disait ? de la géométrie ? MADEMOISELLE DE LESPINASSE. – Non ; cela avait tout l'air du délire. C'était, en commençant, un

galimatias de cordes vibrantes et de fibres sensibles. Cela m'a paru si fou que, résolue de

ne le pas quitter de la nuit et ne sachant que faire, j'ai approché une petite table du pied de son lit, et me suis mise à écrire tout ce que j'ai pu attraper de sa rêvasserie.

La question de Bordeu à Julie implique que la locutrice y réponde par le DR des propos tenus par d’Alembert pendant son sommeil. Or, Julie s’en estime incapable, pour la bonne raison que les propos de son ami étaient trop incohérents – dignes d’un homme qui rêve – pour en rapporter le contenu. Le DN permet ainsi de ne mettre en avant que la forme de ces propos : ils n’étaient que produits du délire, un galimatias de cordes vibrantes et de fibres sensibles. Il ne s’agit pas bien sûr de réfuter les propos de d’Alembert, mais plutôt de les rejeter dans l’espace de la folie dont Julie suppose qu’ils viennent. Aussi le champ lexical de la folie sature-t-il la réplique. Le discours du fou d’Alembert, du géomètre touché par la grâce du délire philosophique de Diderot205, est dans un premier temps, comme l’on pouvait s’y

attendre, rejeté – ce qui constitue une forme radicale de réfutation – mais il sera bientôt écouté et assimilé, grâce à la précaution de Julie, qui, intriguée qu’elle était, a pris des notes. Ces notes, qui constitueront par la suite autant de bribes de DD permettant au personnage éponyme, ainsi qu’au personnage Diderot disparu à l’issue du premier dialogue, de demeurer des locuteurs du Rêve, n’attendent que leur interprétation, que leur déchiffrement à l’aide du médecin Bordeu. Le passage du DN au DD assure la promotion du discours du rêveur.

Le DN permet également d’infléchir le discours de l’autre à sa guise dans la pensée IX des Pensées philosophiques (20-21) :

Sur le portrait qu'on me fait de l'Être suprême, sur son penchant à la colère, sur la rigueur de ses vengeances, sur certaines comparaisons qui nous expriment en nombre le rapport de

203 Le segment de discours cité peut même se réduire jusqu’à sa disparition. On est tenté parfois de considérer le

verbe introducteur comme du discours cité. À ce moment-là bien sûr, la terminologie vacille : il est délicat d’appeler verbe introducteur un verbe qui fait aussi partie intégrante du discours citant.

204 À propos du Rêve de d'Alembert, Roland Mortier (1990f : 243) parle d’ailleurs du discours rapporté du

personnage de d'Alembert.

205 Précisons d’ores et déjà que ce mot « galimatias », associé à ceux de « délire », « fou », « rêvasserie » prend

ceux qu'il laisse périr, à ceux à qui il daigne tendre la main, l'âme la plus droite serait tentée de souhaiter qu'il n'existât pas.

Le portrait qui est fait de l’Être suprême légitime le souhait, non seulement par je mais aussi par « l’âme la plus droite », de son inexistence. Or ce portrait est censé être brossé par « on » (« sur le portrait qu’on me fait de l’Être suprême »), mais il est évident qu’il n’est pas retranscrit tel qu’il a été prononcé. Le DN permet de choisir les termes et justifie la réfutation : le portrait est finalement entièrement peint et dirigé par l’instance narratrice. La manipulation du discours de l’autre consiste donc à sélectionner certains traits jugés négatifs relatifs à la divinité, à les mettre en valeur, montrant ainsi l’inconséquence de ceux qui dressent un tel portrait de cet Être et qui vouent leur vie à son existence.

2. 1. 2. Le DI et le DIL

En DI, le discours cité est également le résultat d’une opération de traduction, du fait du locuteur 0 ; selon Mikhaïl Bakhtine (1977, [1929]), il a une « tendance analytique ». Cette forme de DR est en effet un système homogène dans lequel le discours cité est intégré au discours citant : elle rend sensible la présence du rapporteur dans la syntaxe même. Henning Nølke et Michel Olsen (2000 : 94) remarquent que « le discours indirect est donc défini par le fait d'être incorporé énonciativement. Cette incorporation se reflète dans la syntaxe ».

Le jonctif que, comme l’indique L. Rosier (1999), peut apparaître comme un homogénéisateur, puisqu’il marque la frontière entre le discours citant et le discours cité, et le moment à partir duquel s'opère la traduction : les personnes, les temps sont transposés, les déictiques qui renvoyaient à la situation d'énonciation 1 sont transformés en anaphoriques, ou en déictiques renvoyant à la situation d'énonciation 0. Le discours cité de DI est donc soumis au discours citant : la parole rapportée est soumise au joug de la parole qui rapporte. Les règles syntaxiques appliquées au DI sont les plus rigides, et il est remarquable qu’en DI, on ne puisse retrouver l’expressivité que l’on trouve au DD surtout. En effet, « en subordonnant le discours de LR206, l0 focalise sur le contenu de ce qu'a dit (ou pensé) LR. Il s'ensuit qu'il ne

peut garder des expressions déictiques qui ne se décodent pas correctement par rapport à son propre centre déictique » , notent Henning Nølke et Michel Olsen (2000 : 94). La seule modalité envisageable en DI est la modalité assertive207, les interjections en sont bannies, et la

proposition complétive constituant le discours cité doit être composée d’au moins un sujet et

206 LR désignant dans la terminologie de Nølke et Olsen le Locuteur Représenté. 207 Si le locuteur 0 veut rapporter une autre modalité, il le fait via le verbe introducteur.

un verbe208. Nous conclurons avec Laurence Rosier (1999 : 233) que « les marqueurs de

subjectivité, les modalités particulières, les interjections, bref les ‘discordanciels’, sont censés disparaître de cette forme dévolue à résumer le discours qu’elle rapporte ». Aussi s’agit-il de la forme de DR la moins souple : le discours cité est sous la dépendance hiérarchique, en tout premier lieu au niveau syntaxique, du discours citant et ne peut donc jouir d’aucune autonomie. Dans le cadre d’une réfutation, cette perte d’expressivité et ce carcan syntaxique dans lequel le discours cité se trouve lui sont évidemment fort dommageables.

La spécificité du DIL est de favoriser l’ambiguïté en ce qui concerne le repérage du discours cité. S’agit-il de DR ou des paroles du locuteur 0 ? L’interprétation est parfois malaisée. En effet, avec le DIL, le locuteur 0 peut rapporter les paroles et les pensées au moyen d’une forme qui s’intègre parfaitement au récit. Généralement, on prétend que les deux voix se font entendre. Dominique Maingueneau (1987 : 70) écrit que rapporter en DIL, c’est

rapporter des propos en faisant entendre, inextricablement mêlées, deux voix différentes, pour reprendre les termes de Bakhtine, deux « énonciateurs » selon ceux de Ducrot. Le discours indirect libre se repère précisément aux décalages, aux discordances qui s'établissent entre la voix de l'énonciateur qui rapporte les propos et celle de l'individu dont les propos sont rapportés.

Le DIL combine les particularités du discours direct et du discours indirect. Cependant, il ne faut bien sûr pas y voir un « mélange » de ces deux formes :

Le mot « mélange » nous paraît tout à fait inadmissible ici, dans la mesure où il implique une explication de type « génétique » : « Il est issu d’un mélange » ; or ceci peut difficilement être prouvé. Même du point de vue strictement descriptif, le terme est inexact, vu que nous ne nous trouvons pas en présence d’un simple mélange mécanique, de l’addition arithmétique de deux formes, mais bien d’une tendance complètement nouvelle, positive, dans l’appréhension active de l’énonciation d’autrui, d’une orientation particulière, de l’interaction du discours narratif et du discours rapporté. (Mikhaïl Bakhtine, 1977, [1929] : 195)

Comme le discours direct, il se rencontre dans des phrases indépendantes mais sans démarcation par rapport au contexte (il n’y a pas de guillemets ou de phrases introductives), et il conserve exclamations et autres procédés expressifs. C’est ce que Laurence Rosier (1999 : 153) appelle les discordanciels, qui sont ainsi les marques qui permettent d’ailleurs le mieux de repérer le DR. Elle en donne la définition suivante :

Seront appelés discordanciels tous les mots ou locutions permettant d’attirer le dire du narrateur (rapporteur) vers le dit du personnage (locuteur dont on rapporte les propos): ils confrontent le discours citant au discours cité.

208 Signalons toutefois quelques exceptions, et notamment les tournures comme il me dit que oui, il me dit que

Ainsi que l’indique leur nom, ils créent une discordance au sein du récit telle que le destinataire et a fortiori le lecteur ne peuvent faire autrement que d’interpréter l’énoncé comme du DIL. Henning Nølke et Michel Olsen (2000 : 97) font référence à ces îlots qu’ils nomment pour leur part éléments montrés, EM. Ils remarquent ainsi :

La présence des EM est favorisée si l0 se contente de montrer le dire de l'autre (le discours représenté libre). Dans ce cas [...] l0 s'efface plus ou moins et on aura l'impression (l'illusion) d'assister, sans intermédiaire, au discours de LR.

Et donnent des exemples concrets de ces EM :

Il s’agit notamment des adverbiaux contextuels, classe qui contient les adverbes d’énoncé (peut-être, heureusement,…), les adverbiaux d’énonciation (franchement, entre nous,…) et les adverbiaux connecteurs (donc, pourtant,…).

Ces éléments créent un effet d’altérité dans le discours du locuteur 0, altérité qui ne peut être que le fait d’un locuteur 1.

Comme dans le discours indirect, les personnes et les temps sont transposés209. Dans un

récit au passé, la transposition des temps permet d’intégrer parfaitement le discours rapporté à la narration. Henning Nølke et Michel Olsen (2000 : 78) prennent bien soin de distinguer les deux formes de DI, en opposant la forme simple à la forme libre : « le ‘moi-ici-maintenant’ devient en DIL un ‘lui/elle-ici-maintenant’ ; alors qu’en DIR on aura un ‘lui/elle-là-alors’210».

En ce qui concerne les temps, Carl Vetters (1990 : 63)211 explique que

dans le SIL écrit ou narratif, on a normalement l’imparfait, le plus-que-parfait ou le conditionnel parce qu’on raconte généralement des événements passés (ou supposés tels) en employant les temps du passé. On transpose donc les présents du DD en imparfaits et les futurs en conditionnels.

Le discours cité en DIL se reconnaît donc à l’association, pour prendre un exemple, de l’adverbe maintenant à un temps de l’imparfait. La réflexion de Vetters pousse Laurence Rosier à s’interroger sur la possibilité éventuelle d’utiliser le passé simple (puisque le DIL réclame des « temps du passé ») mais elle constate en convoquant Guillaume212 qu’avec

ce dernier, qui situe les choses dans le temps et leur imprime là une consécution interne s’il n’y a qu’un prétérit, et externe s’il en présente plusieurs à la suite, il serait tout à fait impossible de faire glisser le dire du narrateur jusqu’au dire du sujet. [Le passé simple] exclut la possibilité d’un tel glissement et ne peut signifier, sans aucune exception, que le dire du narrateur.

La reconnaissance du DIL reste délicate, d’autant que, comme son nom l’indique, les

209 L’usage moderne n’opère pas toujours la transposition pour les temps.