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2. 4. 1. Multiplicité, prolifération

Il est finalement assez difficile d’établir une liste précise et exhaustive des adversaires de Diderot, tant ceux-ci sont nombreux et divers. C’est un fait reconnu : le dialogue est constitutif de son style mais aussi de sa façon de penser. Dès lors, tout interlocuteur, même ami, devient en quelque sorte contradicteur et donc adversaire. Franck Salaün (2010 : 101) rappelle ainsi cette « tendance de Diderot à mettre ses thèses à l’épreuve à partir d’individus représentant des positions différentes des siennes ».

Les dialogues de Diderot différeraient du dialogue philosophique platonicien, procédant par maïeutique et s’apparentant davantage au monologue, puisque seule la pensée philosophique y est autorisée : chez Diderot au contraire, la pensée philosophique est incertaine, et sans arrêt mise en péril par d’autres voix. En cela, elle est par ailleurs difficilement identifiable.

Sous le monologue perce toujours le dialogue de nature agonistique. Stéphane Pujol (2005 : 199) écrit que

le dialogue des Lumières montre le philosophe face à l’autre étrange ou étranger, qu’il considère comme un égal. Cette éthique doit naturellement se retrouver dans le langage. La rhétorique des dialogues fonde aussi l’égalité dans la communication.

En un véritable concert souvent cacophonique, les voix s’opposent. Les nombreuses situations de désaccords et de discordances signent une dysharmonie des voix, pour tenter de refléter au mieux les multiples aspects d’une même réalité.

Cette tendance à mettre en scène la voix autre correspond en tous points à la conception de Diderot de l’altérité, exposée notamment dans la trilogie du Rêve (644). Bordeu, lecteur- interprète du rêve fou de d’Alembert, révèle à Julie non pas l’existence de « monstres103 »,

mais le fait qu’ils soient innombrables, mettant ainsi en question le concept de monstruosité et d’altérité104 :

philosophique. En ramenant l’être humain à son essence mortelle, Diderot réclame une éthique exigeante, difficile, qui ne s’accommode pas des secours de Dieu et des arrangements avec le ciel. Le matérialisme ne lésine pas sur la vertu, il en est le garant. C’est ce qu’affirment Diderot et ses amis ».

103 Au sens général de ce qui s’écarte de la norme, de l’ordinaire. Le mot « monstre » fonctionne alors comme un

synonyme de l’« autre » : il est celui qui est autre.

MADEMOISELLE DE LESPINASSE. – Mais il me semble qu'une machine aussi composée qu'un animal, une machine qui naît d'un point, d'un fluide agité, peut-être de deux fluides brouillés au hasard, car on ne sait guère alors ce qu'on fait ; une machine qui s'avance à sa perfection par une infinité de développements successifs ; une machine dont la formation régulière ou irrégulière dépend d'un paquet de fils minces, déliés et flexibles, d'une espèce d'écheveau où le moindre brin ne peut être cassé, rompu, déplacé, manquant, sans conséquence fâcheuse pour le tout, devrait se nouer, s'embarrasser encore plus souvent dans le lieu de sa formation que mes soies sur ma tournette. BORDEU. – Aussi en souffre- t-elle beaucoup plus qu'on ne pense. On ne dissèque pas assez, et les idées sur sa formation sont-elles bien éloignées de la vérité.

Les monstres, par leur grand nombre, deviennent la norme, ruinant l’idée même de leur existence. La norme, pour Diderot, c’est donc l’écart, le monstre, l’autre : il n’est pas surprenant de retrouver cette conception philosophique illustrée locutoirement. Pour espérer s’approcher de la vérité, pour en envisager les infinies facettes, il s’agit de mettre en scène des voix autres, qui viendront contredire, corriger, rectifier, développer la voix philosophique105.

Si bien que les voix « adverses » deviennent paradoxalement des voix amies, en ce qu’elles participent à la quête de vérité ; mieux : par un renversement, elle désigne finalement la voix philosophique comme étant la voix autre. Julie lance dans le Rêve (645) : « L'homme n'est peut-être que le monstre de la femme, ou la femme le monstre de l'homme ». De même, chez Diderot, l’adversaire n’est peut-être que le monstre du philosophe, ou le philosophe le monstre de l’adversaire. Dans une optique similaire, Stéphane Pujol (2005 : 308) fait cette remarque générale à propos de la forme dialoguée qui

ne repose pas sur l’opposition traditionnelle de la thèse et de l’antithèse, mais au contraire sur la réversibilité toujours possible des points de vue. La position du philosophe censeur est à chaque instant susceptible d’être échangée contre le rôle de l’Autre. Dans l’interlocution affleure la présence d’un double sens qui permet à chacun de changer de place, et qui empêche le philosophe de ‘poser’ et de ‘se poser’.

C’est bien l’esprit philosophique du XVIIIe siècle que de refuser toute forme d’autorité,

fût-elle seulement langagière et se trouvât-elle du côté philosophique : il faut, dans une volonté d’ouverture et de tolérance, accepter la contradiction, et confronter, parce que cela est nécessaire, les assertions. C’est de leur confrontation que naîtra peut-être celle qui dira la plus bizarrerie, vice, désordre, écart), ses textes travaillent en effet paradoxalement à débarrasser la notion de monstre de tout contenu normatif », puis (313) : « En dehors de tout critère philosophique, le ton de la Lettre sur les

aveugles et l’existence du Neveu de Rameau suffiraient à prouver que l’intérêt de Diderot pour les monstres

dépasse largement le simple rôle d’une hypothèse d’école qui permettrait de trancher les difficultés théoriques de l’époque. Ces textes marquent au contraire l’attention et la spécificité et au caractère irréductible de l’être individuel, qui déclenchera la violente apologie de l’‘original’, contre Helvétius, dans la Réfutation » ; enfin, elle note (317 ) : « d'Alembert dit dans le Rêve : ‘L’homme n’est qu’un effet commun, le monstre un effet rare ; tous les deux également naturels, également nécessaires dans l’ordre universel et général’. Cette conception spinoziste de la totalité fait disparaître la contre-nature et développe une théorie de la différence comme simple variété du Tout ».

105 Ainsi que le note C. Duflo (2003a : 35), chez Diderot, « un discours n’est jamais qu’un expression de la

grande vérité sur le monde. Et c’est bien pourquoi MOI, ainsi que le souligne Franck Salaün (2010 : 112), n’hésite pas à faire l’expérience de l’autre, malgré tout le dégoût qu’il peut ressentir face à l’altérité profonde de LUI :

MOI a conscience de la bassesse du Neveu et il n’hésite pas à le lui dire : « Ah, malheureux, dans quel état d’abjection vous êtes né ou tombé ! ». Mais pourquoi accepte-t- il cette confrontation ou ce spectacle ? Parce qu’il pense faire ainsi, à distance, par la pensée et grâce à une sympathie limitée, l’expérience de l’immoralité. C’est probablement l’une des significations suggéré par le fracassant « mes pensées, ce sont mes catins ». L’écrivain-philosophe, avec les exigences morales que sont les siennes, se transporte de cette façon dans un autre système de valeurs ou de non-valeurs, celui des talents corrompus et des serviteurs en tout genre. Il prétend approcher, comme pour l’exorciser, une forme de vie qui le terrifie parce qu’elle représente la chute, le reniement de soi.

Aussi devient-il difficilement envisageable de considérer les adversaires uniquement du point de vue du philosophe. Car les adversaires ne sont pas seulement ceux qui s’opposent à la philosophie, ils se dessinent plus subtilement par doublon dans l’œuvre de Diderot : l’homme par rapport à la femme, le fou par rapport au médecin, le monstre moral par rapport au philosophe bourgeois, le déiste par rapport au panthéiste ou à l’athée, l’Aumônier par rapport au Tahitien, MOI par rapport à LUI, etc. Il est impossible au final d’attribuer clairement les rôles de réfutateur et de réfuté à ces figures (et donc de considérer qui, selon l’auteur, a raison ou a tort), puisque c’est bien de la confrontation de leur voix que naît l’assertion virtuelle – qui demeure non formulée – se rapprochant le mieux de la vérité.

C’est peut-être Le Neveu de Rameau qui illustre le mieux ce refus de l’évidence monologique. Les commentateurs de ce texte l’ont bien noté, l’opposition entre MOI le philosophe et LUI le monstre moral n’est pas si manichéenne qu’il n’y paraît. Le matérialisme cynique du Neveu n’est pas prôné, mais il a le mérite de remettre en question la morale bourgeoise, à tendance bien-pensante, de MOI. Bien plus, la simple existence de LUI (dont il fait sans arrêt la démonstration dans le dialogue, centré sur sa personnalité) suffit à faire entrevoir à MOI la complexité de la réalité humaine. Dans ce dialogue hautement philosophique, le philosophe devient adversaire de lui-même, confronté à l’altérité la plus provocante, qui va jusqu’à remettre le MOI en question dans son identité même. Notons d’ailleurs que c’est bien LUI qui se fait l’apologiste du matérialisme – philosophie déjà chère à notre auteur –, en montrant notamment que sa constitution physique conditionne sa morale. Le Neveu a la constitution du fripon, il est donc normal qu’il en ait le comportement ; le philosophe a la constitution du philosophe, il lui est donc aisé de défendre une morale conformiste. C’est ce qu’explique Colas Duflo (2003a : 484 et 486) :

Le neveu devient plus inquiétant, et d’une acuité étonnante, lorsqu’il souligne que le philosophe, qui dénonce le parasite et le Bertin, ne fait lui aussi que ce qu’il doit, appartient

au même jeu social et par là même, accepte le même pacte tacite. Le philosophe, en décrivant ce qu’il aime et les valeurs qu’il promeut, ne fait que décrire sa position. Ni démuni comme le neveu, qui ne peut s’attacher à rien parce qu’il n’a rien, ni prodigue comme le financier qui peut dilapider sans compter, le philosophe professe la sagesse bourgeoise de son état. C’est un de ces petits Caton « dont la sobriété est la loi du besoin ». Au fond, l’universel est un idiotisme de philosophe. […] C’est pourquoi le neveu mélange les aperçus profonds, les digressions folles, les désirs bas, et exprime le tout sur le même niveau : il n’a pas de philosophie à proprement parler, parce qu’il n’est pas en situation d’en avoir.

D’une certaine manière, dans Le Neveu, MOI bénéficie de la réfutation, en ressort plus savant des vérités du monde.

2. 4. 2. Les ennemis-amis et la valeur de l’adversaire

Si le combat qui oppose le philosophe et les dévots, ou plus généralement la doxa, est un combat sans nuances, sans concessions, manichéen en somme, ce manichéisme est largement à relativiser quand on considère les autres couples d’ennemis. Les ennemis, chez le philosophe, sont bien plus nombreux que les amis, et nous sommes loin, très loin, de la petite société idéale de Clarens dépeinte par Rousseau dans La Nouvelle Héloïse, mais nous sommes loin également de l’atmosphère inquiétante des Dialogues du même auteur, peuplés d’êtres en opposition.

Les figures d’amis-ennemis, de frères ennemis, de couples plus ou moins bien assortis, comme on le sait, sont récurrentes chez Diderot : citons, pêle-mêle et sans que la liste soit exhaustive, loin de là, Madame de la Carlière et Desroches, Jacques et son maître, le capitaine et son ami106, MOI et LUI, Diderot et son frère, Monsieur d’Orbesson et le Commandeur, le

personnage Diderot et celui de d'Alembert, etc. Les amis, chez Diderot, sont toujours plus ou moins ennemis, et prennent plaisir à se contredire et à s’opposer. Dans son article « Le duel dans Jacques le fataliste de Diderot », Caroline Oriot (2008) explique que la figure du duel est constitutive du roman, et qu’il se pratique même de manière « amicale » et infinie, tel un jeu : « même dans le cadre amical, le dialogue reste un affrontement, au cours duquel les personnages se piquent, se provoquent et se querellent » (382) et souligne plus loin (393) que

la reprise infinie du même thème obsessionnel, les amours de Jacques, correspond à la répétition des duels, jamais terminés. Une fois le blessé guéri, le combat reprend entre les duellistes autant de fois qu’il est possible, pour ne s’achever jamais.

Ne pourrait-on pas étendre ces considérations à toute l’œuvre de Diderot et envisager que

106 Le narrateur dit d’ailleurs à propos de ce « couple » : « nos deux amis, nos deux ennemis, comme il vous

paradoxalement, la réfutation puisse être l’un des moyens de communication privilégiés entre les ennemis-amis, les véritables ennemis étant ceux avec qui tout dialogue est impossible ?

Tout d’abord, les véritables ennemis peuvent eux aussi, contre toute attente, devenir d’un certaine manière amis, dans la mesure où leur existence et leurs interventions, qu’elles soient réelles ou le fait d’une construction fictive, donnent de la valeur à celui qui les réfute. La valeur d’un homme ne pourrait-elle pas en effet s’évaluer à l’aune de la petitesse de ses ennemis ? Diderot écrit ainsi dans l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron (1113) qu’« il y a des hommes dont il est glorieux d’être haï ». Aussi semble-t-il heureux d’avoir les dévots comme ennemis, et c’est dans la même logique qu’il prend la défense de Sénèque en rappelant le peu de valeur morale de ses ennemis contemporains :

Il n’eut pour ennemis parmi ses contemporains qu’un Suillius, homme couvert de forfaits, qu’un Dion Cassius, le calomniateur perpétuel des grands personnages de la république, qu’un Xiphilin, auteur bizarre, l’infidèle abréviateur de Dion ; parmi les modernes, que des têtes rétrécies par un fanatisme détracteur des vertus païennes ; pour critiques, que des ignorants qui ne l’avaient pas lu, que des envieux qui l’avaient lue avec prévention, que des épicuriens dissolus et révoltés de sa morale austère, que des littérateurs qui préféraient la pureté du style à la pureté des mœurs, une période harmonieuse à une sentence salutaire. (1229).

Il est important d’ailleurs, en vue du rétablissement de la vérité, de réfuter les « mauvais » adversaires. Dans l’Apologie de l’abbé de Prades (540-541), le locuteur insiste sur le peu de valeur de M. d’Auxerre, qui justifierait le fait de ne pas prendre la peine de lui répondre, mais avoue qu’il est nécessaire toutefois de le faire : le ton auguste pris par l’adversaire, en effet, pourrait faire croire à ses destinataires qu’il dit la vérité. Il convient par conséquent d’enlever ce masque majestueux pour faire voir le mensonge qui se cache derrière lui :

La gravité avec laquelle je combats un adversaire si suspect dans l’Église en qualité de théologien, et si peu important d’ailleurs en qualité de philosophe, me pèse à moi-même. La seule chose qui me soutienne sur le ton que j’ai pris, c’est le caractère auguste dont M. d’Auxerre est revêtu. Je sens toutefois qu’il me serait beaucoup plus doux d’avoir affaire à un antagoniste plus raisonneur et moins illustre. Le danger de manquer au respect dû à un supérieur ôte aux facultés de l’âme leur énergie ; et la vérité s’amortit par la crainte de la rendre offensante.

Pourtant, la valeur de l’adversaire fait également la valeur de celui qui le réfute, qui prend dans un premier temps plaisir à la réfuter. C’est ainsi que Laurent Versini (691), dans l’introduction des Observations sur Hemsterhuis, fait la remarque que Diderot a pris la peine de lire (et donc de réfuter) le philosophe spiritualiste parce qu’il l’estime :

temps à annoter soigneusement tout son livre, pour lui seul, c’est qu’il ne s’agit pas d’un « petit esprit ». Comme tant d’autres lectures, celle-là a inspiré à Diderot une forte synthèse de ses idées.

Il est d’ailleurs aisé de réfuter l’adversaire de peu de valeur107, et c’est pourquoi il ne

faut pas se réjouir du succès d’Athéos contre l’aveugle :

Les amis d'Athéos triomphaient et ne se promettaient rien moins que de subjuguer de proche en proche les autres compagnies. Mes camarades et moi soutenions qu'ils chantaient victoire avant l'action, et que, pour avoir pulvérisé de mauvaises raisons, ils ne devaient pas se flatter d'écraser quiconque en aurait de solides à leur opposer. (Promenade du sceptique, L’Allée des marronniers, XXXI, 113).

L'aveugle était un mauvais réfutateur, capable de n’avancer que de « mauvaises raisons », mais les habitants de l’allée des marronniers pourraient en croiser de meilleurs. La réfutation est paradoxalement à la fois plus difficile et plus facile à faire quand elle se fait à l’encontre d’un grand homme :

Je finirai le combat par l’ennemi le plus redoutable de Sénèque ; c’est un homme de poids, c’est un écrivain de grand goût, c’est un juge sévère : c’est Quintilien ; et pour ne pas donner à mon apologie une fausse solidité en affaiblissant ses objections, je vais les rapporter dans ses propres termes. (Essai sur les règnes de Claude et de Néron, 1226). Par ailleurs, l’ennemi devient ami en ce sens que son intervention est souvent bénéfique à la figure philosophique. La réfutation qu’il peut lui opposer a le plus souvent un effet perlocutoire positif, qui valorise alors le philosophe. Diderot réfuté est stimulé par ses adversaires, tout comme Diderot réfutateur stimule ses adversaires. La réfutation, si elle est digne de ce nom, mène à une véritable construction, parfois même à une co-construction, au lieu de provoquer la destruction. La réfutation est féconde : elle permet la réflexion et la parole philosophique. Lorsque le ministre objecte à Saunderson les merveilles de la nature, il permet le discours fécond de l’aveugle :

Lorsqu’il fut sur le point de mourir, on appela auprès de lui un ministre fort habile, M. Gervaise Holmes ; ils eurent ensemble un entretien sur l’existence de Dieu, dont il nous reste quelques fragments que je vous traduirai de mon mieux, car ils en valent bien la peine. Le ministre commença par lui objecter les merveilles de la nature : « Eh ! monsieur, lui disait le philosophe aveugle, laissez là tout ce beau spectacle qui n’a jamais été fait pour moi ! J’ai été condamné à passer ma vie dans les ténèbres, et vous me citez des prodiges que je n’entends point, et qui ne prouvent que pour vous et que pour ceux qui voient comme vous. Si vous voulez que je croie en Dieu, il faut que vous me le fassiez toucher ».

Lettre sur les aveugles, 166.

La « diversité des opinions » est certes parfois fauteuse de troubles lorsque la discussion

107 Cela, du moins, est aisé dans l’espace virtuel que constitue l’œuvre, car il n’est pas si aisé de vaincre les

dévots, Diderot le sait trop bien. Il serait plus précis de dire qu’il est aisé de faire une bonne réfutation des dévots, leur argumentation étant mauvaise, ce qui ne signifie pas forcément une réfutation efficace, vu le contexte d’énonciation dans lequel argumentation et réfutation sont produites.

n’est pas possible, comme c’est le cas entre Diderot et son frère, dont les relations se sont dégradées au fil des années :

Que deviennent les lois, les droits ou les devoirs domestiques ? Personne ne le sait mieux que moi. La diversité des opinions éteint les liaisons les plus saintes. L’indifférence, la haine s’établit dans la famille. Il n’y a plus ni père, ni mère, ni frères, ni sœurs, ni amis. (Mélanges pour Catherine II, 269).

Mais elle est parfois bénéfique, comme dans l’allée des marronniers :