• Aucun résultat trouvé

2 1 Censeurs en tous genres : la contestation d’une vision du monde

2. 1. 1. Les principaux censeurs : les dévots

Concernant la question religieuse, les dévots en général apparaissent comme les plus farouches ennemis du philosophe. Si le terme « dévot » n’a pas à l’origine de connotation négative – il désigne simplement, dans l’édition de 1694 du Dictionnaire de l’Académie, un homme « pieux attaché au service de Dieu69 » – il peut s’en charger au fil du temps,

conformément à toute une tradition anticléricale à visée satirique, et devient le synonyme de « bigot », ou encore de « tartuffe », après le passage de Molière.

Finalement, l’un des reproches faits par Diderot aux dévots ne diffère pas du reproche principal qui leur est adressé depuis le Moyen Âge : les dévots n’agissent pas conformément à ce qu’ils prêchent et ce qu’ils imposent ; ils ne sont pas « conséquents », selon la formule chère à Diderot. L’hypocrisie des prêtres est depuis longtemps un véritable topos, et la description rapide de l’ecclésiastique qui rend visite aux Diderot dans l’Entretien d’un père

avec ses enfants (492), et qui par ailleurs « se connaissait mieux en bon vin qu’en morale, et

qui avait plus feuilleté le Moyen de parvenir que les Conférences de Grenoble », n’est pas vraiment surprenante70.

La dévotion, chez Diderot, peut fonctionner comme un outil de séduction et se trouve ainsi complètement détournée. Saint-Albin ne tombe-t-il pas amoureux de Sophie en la voyant pour la première fois à l’Église, « à genoux au pied des autels » ?

69 En voici la définition complète : « DÉVOT, [dév]ote. adj. Pieux attaché au service de Dieu. Les âmes dévotes.

la vie dévote. Etre dévot. Le dévot saint Bernard. Dévot à la Vierge. Le sexe dévot. Il sign. aussi, Ce qui excite à

dévotion. Chant dévot. Oraison dévote. Lieu fort dévot. Livre dévot ». L’édition de 1762 ajoute la définition du substantif, ajout fortement significatif puisqu’il envisage la possibilité de la fausse dévotion : « DÉVOT est aussi substantif. On ne peut trop estimer les vrais dévots. Les faux dévots sont dangereux. Faire le dévot. Ordinairement quand on dit, Un dévot, les dévots, On entend parler de ceux qui font profession de dévotion, et qui ne sont dévots qu'en apparence ».

70 Notons par exemple un rapprochement entre cet ecclésiastique et M. de Pontverre dans le livre II des

Confessions de Rousseau : « J'allai voir M. de Pontverre : il me reçut bien, me parla de l'hérésie de Genève, de

l'autorité de la Sainte Mère Église, et me donna à dîner. Je trouvai peu de chose à répondre à des arguments qui finissaient ainsi, et je jugeai que des curés chez qui l'on dînait si bien valaient tout au moins nos ministres. J'étais certainement plus savant que M. de Pontverre, tout gentilhomme qu'il était ; mais j'étais trop bon convive pour être si bon théologien ; et son vin de Frangy, qui me parut excellent, argumentait si victorieusement pour lui, que j'aurais rougi de fermer la bouche à un si bon hôte ». (Rousseau, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1959, p. 46). Le curé tâche de convertir Jean-Jacques tout en lui offrant un bon dîner, si bien que le bon dîner semble constituer l’argument le plus fort. Les allusions aux dévots bons vivants ne sont pas rares au siècle des Lumières.

La première fois que je la vis, ce fut à l’église. Elle était à genoux au pied des autels, auprès d’une femme âgée que je pris d’abord pour sa mère ; elle attachait tous les regards… Ah ! mon père, quelle modestie ! quels charmes !… Non, je ne puis vous rendre l’impression qu’elle fit sur moi. Quel trouble j’éprouvai ! avec quelle violence mon cœur palpita ! ce que je ressentis ! ce que je devins !… Depuis cet instant, je ne pensai, je ne rêvai qu’elle. Son image me suivit le jour, m’obséda la nuit, m’agita partout. (Le Père de famille, 1206). Plus généralement, il n’est pas rare de voir les personnages masculins de Diderot séduits par des jeunes femmes pieuses. Madame de la Pommeraye, dans Jacques le fataliste (815), profite de ce goût pour piéger le marquis des Arcis, en transformant les deux d’Aisnon en deux parfaites dévotes, parfaitement séduisantes :

Elles eurent l’inhumanité de le faire parler dévotion pendant trois heures de suite, et Mme de

La Pommeraye lui disait : « Vos discours font merveilleusement l’éloge de vos parents ; les premières leçons qu’on en reçoit ne s’effacent jamais. Vous entendez toutes les subtilités de l’amour divin comme si vous n’aviez été qu’à saint François de Sales pour toute nourriture. N’auriez-vous pas été un peu quiétiste ? – Je ne m’en souviens plus… » Il est inutile de dire que nos dévotes mirent dans la conversation tout ce qu’elles avaient de grâces, d’esprit, de séduction et de finesse.

Le marquis, quant à lui, soudoie un curé afin que ce dernier facilite sa relation avec la d’Aisnon fille71.

Mais Diderot ne se limite pas à ces traditionnels reproches. D’ailleurs, pour lui, les dévots sont également, et avant tout, des hommes : il est dès lors normal qu’ils cèdent à leur humanité. Ces écarts ne leurs sont donc pas reprochés – le narrateur du Supplément s’amuse d’ailleurs de voir l’Aumônier redevenir homme – : bien au contraire, il leur est reproché de nier cette nature d’homme, tant chez eux-mêmes, car bien souvent ils n’y parviennent pas, que chez les autres. C’est plutôt la séduction comme camouflage qui est pointée du doigt. Lors de son entrée en religion, « la sœur la plus indulgente qu’on a pu trouver » est chargée de lui présenter le couvent : « son étude est de vous dérober toutes les épines de l’état ; c’est un cours de séduction la plus subtile et la mieux apprêtée72 ». On veut ainsi entraîner Suzanne

dans le « tombeau » du couvent (pour reprendre le mot du père de famille) : les dévots, en cela, ont une allure diabolique.

D’abord destiné à la carrière ecclésiastique, Denis Diderot s’en détourne rapidement pour lui préférer la carrière littéraire et philosophique qu’on lui connaît. Toujours est-il que l’on peut considérer que l’homme a une bonne connaissance du milieu religieux, grâce à ses

71 « Le marquis fut environ deux mois sans se montrer chez Mme de la Pommeraye ; et voici ses démarches dans

cet intervalle. Il fit connaissance avec le confesseur de la mère et de la fille. C’était un ami du petit abbé dont je vous ai parlé. Ce prêtre, après avoir mis toutes les difficultés hypocrites qu’on peut apporter à une intrigue malhonnête, et vendu le plus chèrement qu’il lui fut possible la sainteté de son ministère, se prêta à tout ce que le marquis voulut ». (Jacques le fataliste, 816).

études relativement poussées de théologie, mais aussi grâce à un entourage familial très pratiquant. C’est finalement son frère qui va devenir abbé, et qui, par la même occasion, va s’imposer comme une sorte de figure prototypique du dévot, hantant l’écriture du philosophe73. Les liens fraternels, en effet, justifient une incompréhension encore plus

grande : il n’est pas aisé pour le philosophe de voir son frère faire preuve de la plus grande intolérance à son égard, et à l’égard de tous ceux qui s’écarteraient du droit chemin de la religion. Diderot a beau en appeler à la raison et aux sentiments humains du dévot, lui rappeler que le texte religieux prône à l’origine l’amour et le respect d’autrui, au fil des années, le désaccord entre les deux ne cesse de grandir. Diderot, dans ses lettres, parle davantage de son frère qu’il ne lui parle véritablement ; les échanges épistolaires entre les deux sont plutôt rares et se justifient d’abord par la nécessité de résoudre des affaires privées (mort du père, affaire du chevalier de Piolenc ou encore mariage d’Angélique). Mais le plus souvent, l’évocation de ces affaires en cours fait place aux reproches du philosophe, qui tournent toujours autour de la même idée : son frère est un fanatique, un intolérant, qui oublie le sentiment humain – la meilleure preuve en est qu’il oublie même le sentiment fraternel – au nom d’une religion dont il prétend être un bon représentant. C’est donc bien la figure de l’abbé, du dévot qui est stigmatisée par le philosophe, dont la voix accusatrice est d’autant mieux légitimée qu’elle s’adresse au frère : Diderot ne peut que dire la vérité, car il a aimé son frère, car il a désiré son retour, car il a fait preuve de tolérance et d’ouverture. S’il en vient aux invectives, c’est donc bien que l’abbé le mérite, finalement.

La consultation de la correspondance du philosophe est indicatrice des déceptions toujours plus amères qu’il subit, mais montre surtout qu’elles sont dues au comportement de l’abbé. Comportement que nous pourrions qualifier de typique : la lecture de Diderot révèle qu’à la condition de dévot est presque toujours rattachée l’idée d’attitude fanatique, hystérique, intolérante et hypocrite74. C’est l’un des arguments forts des philosophes des

Lumières que de dénoncer la principale dérive du catholicisme : la persécution de ses prétendus ennemis. Diderot n’a de cesse de rappeler ces faits, qui contredisent la morale enseignée par cette religion : là est son devoir de philosophe, qui s’exerce également dans un cadre plus intime. Le projet initial de la lettre adressée à ses parents et amis de Langres, datée du 6 janvier 1755, est d’entretenir ses destinataires de « tout ce qui [lui] est arrivé75 » depuis le

73 Voir Lucien Nouis (2009 : 60), qui écrit que Diderot réduit parfois son frère à « une sorte de ‘personnage

conceptuel’», et, plus loin (68), que « Diderot est hanté par celui qui subordonnera presque toujours le lien familial aux exigences sévères de sa religion ».

74 Dans les grandes lignes, cela correspond d’ailleurs assez bien à la peinture des dévots faite par les philosophes

des Lumières, et par Voltaire en première ligne.

jour des adieux afin de se faire pardonner d’un long silence, et cela comprend finalement d’assez longues digressions qui sont autant d’occasions de réflexions à propos de la religion. Racontant sa rencontre avec « deux jeunes capucins » décrits ironiquement comme « les deux mendiants les plus maladroits qu’on ait jamais reçus sous le froc de saint François » (39), il explique le service qu’il leur a rendu en leur offrant son hospitalité, mais développe le service qu’il aimerait leur avoir rendu en dessillant leur vue :

C’était de les tirer du préjugé inhumain où ils étaient, et qui leur est commun avec beaucoup d’autres dévots, qu’on doit en conscience détruire les ennemis de Dieu et de l’Église partout où l’on en rencontre. Je tâchai de leur faire comprendre qu’on servait mal un Dieu de paix par des assassinats, et qu’on prêchait mal une religion de douceur, la flamme et le fer à la main ; qu’un chrétien était bien moins destiné à verser le sang des autres qu’à répandre le sien pour eux ; que le Christ s’était laissé crucifié par les Juifs, quoiqu’il eût à ses ordres des légions d’anges tout prêts à les exterminer ; et qu’il nous avait appris, en s’abandonnant à la discrétion des méchants, que, dans les conjonctures mêmes où il faudrait tuer ou être tué, il vaudrait encore mieux être martyr qu’homicide. (Correspondance, 40).

et plus loin, dépassant encore le cadre de l’anecdote, il étend encore son propos à l’ensemble des dévots : « il me parut que ces hommes avaient en général les mœurs sauvages, et le fond de l’âme et du caractère féroce » (40).

Le portrait qui est fait des dévots n’est jamais charitable :

Car tout dévot est dur, sans miséricorde, implacable, pauvre époux, pauvre citoyen, mauvais père, mauvais frère, etc. Ces devoirs sont trop subordonnés à d’autres. Un des plus mauvais effets des devoirs religieux, c’est l’avilissement des devoirs naturels ; c’est une échelle de devoirs chimériques élevée au-dessus des devoirs réels. Demandez à un prêtre s’il y a plus de mal à pisser dans un calice qu’à calomnier une honnête femme : « Pisser dans un calice ! un sacrilège ! » vous dira-t-il. Et puis nul châtiment public contre la calomnie ; le feu contre le sacrilège. Et voilà ce qui achève de renverser toute vraie distinction des crimes dans une société. (Observations sur Hemsterhuis, 750-1).

Il est à noter que le même exemple est employé dans l’Entretien d'un philosophe avec la

Maréchale de *** (936) :

DIDEROT. – Je m'approchai de son oreille et je lui dis tout bas : Madame la Maréchale, demandez au vicaire de votre paroisse, de ces deux crimes, pisser dans un vase sacré, ou noircir la réputation d'une femme honnête, quel est le plus atroce ? Il frémira d'horreur au premier, criera au sacrilège ; et la loi civile, qui prend à peine connaissance de la calomnie, tandis qu'elle punit le sacrilège par le feu, achèvera de brouiller les idées et de corrompre les esprits.

Dans les Observations, la violente réaction du prêtre est transcrite par un discours direct : sa réponse reprend sous forme exclamative les éléments de la question, et l’on imagine aisément qu’il crie. Dans l’Entretien, le verbe introducteur de discours rapporté est d’ailleurs crier. Cette tendance au cri semble bien symptomatique du caractère violent des dévots, à l’encontre de leurs ennemis (qui sont nombreux car il s’agit de tous ceux qui ne partagent pas les mêmes

croyances ou comportements), et même à l’encontre d’eux-mêmes, puisqu’ils s’infligent des devoirs inhumains. Ainsi, du fait de ce caractère, ils ne peuvent trouver leur place dans un lieu de discussion et d’entente, et c’est bien pourquoi ils se trouvent exclus de l’allée des marronniers dans la Promenade du sceptique.

« Chaque état a sa pantomime », explique Diderot dans le Plan d’une Université (481-2) ajoutant que

le maintien du prêtre doit être grave, son ton réservé, sa figure imposante, ses mœurs austères. Celui qui se familiarise hors du temple, n’est pas assez respecté dans le temple. Suzanne entrant en religion se voit également enseigner les « grâces monastiques » :

Elle me composa la tête, les pieds, les mains, la taille, les bras ; ce fut presque une leçon de Marcel sur les grâces monastiques, car chaque état a les siennes. (La Religieuse, 280). Il n’est alors pas anodin que dans Jacques le fataliste (837), Jacques soit capable, sans aucun autre indice que l’apparence extérieure, de reconnaître, de loin, un ancien moine en apercevant un homme qu’il ne connaît pas :

À cette allure singulière Jacques le déchiffra ; et s’approchant de l’oreille de son maître il lui dit : « Je gage que ce jeune homme a porté l’habit de moine ».

Tout se passe comme si le dévot était incapable de la moindre singularité, comme s’il était à ce point prisonnier de son camp qu’il ne pouvait s’en démarquer par une attitude originale. Aussi le plan de Madame de la Pommeraye pour se venger de son amant s’établit-il très simplement : pour séduire le marquis des Arcis, il suffit que les deux pauvres femmes mobilisées pour l’occasion adoptent la panoplie de la parfaite dévote : « Faites-vous jansénistes ou molinistes, comme il vous plaira », leur conseille Madame de la Pommeraye, « mais le mieux sera d’avoir l’opinion de votre curé. Ne manquez pas, à tort et à travers, dans toute occasion, de vous déchaîner contre les philosophes ; criez que Voltaire est l’Antéchrist, sachez par cœur l’ouvrage de votre petit abbé, et colportez-le, s’il le faut…76 » Le peu

d’importance que la marquise accorde au choix qui sera fait par les deux femmes de se faire jansénistes ou molinistes est révélateur, encore une fois, de l’absence totale de singularité : jansénistes ou molinistes, tous sont dévots, tous sont prêts à se « déchaîner », « à tort et à travers, dans toute occasion », « contre les philosophes ».

Pourtant, il semble bien que le philosophe se refuse (ou, au moins, dit se refuser) à l’attaque ad personam dont les dévots sont, eux, coupables :

Je ne hais point le prêtre. S’il est bon, je le respecte, s’il est mauvais, je le méprise ou je le plains ; et si je le peins ici avec des couleurs effrayantes, c’est qu’il faut négliger les exceptions, et le connaître tel qu’il est par état, pour l’instituer tel qu’il doit être ; je veux dire, saint ou hypocrite. L’hypocrisie est une vertu sacerdotale ; car le plus pernicieux des scandales est celui que le prêtre donne. (Plan d’une université, 481).

Le bon prêtre existe, mais ce qui est remarquable, c’est qu’il ne peut que constituer une exception : il est si rare qu’il mérite que l’on boive à sa santé, comme on le fait dans Jacques

le fataliste (817) :

JACQUES. – Si nous buvions à la santé de votre curé ? L’HOTESSE. – Pour cette fois-ci je vous ferai raison ; car c’est un bon homme qui, les dimanches et jours de fêtes, laisse danser les filles et les garçons, et qui permet aux hommes et aux femmes de venir chez moi, pourvu qu’ils n’en sortent pas ivres. À mon curé !

On s’aperçoit vite en réalité que le bon prêtre peut l’être parce qu’il n’est pas vraiment prêtre, en ce qu’il n’agit pas conformément aux lois imposées par son état, ou encore parce qu’il n’est pas entré en religion depuis longtemps. C’est le cas du directeur de Suzanne, qui est aussi celui de sa mère, et à qui elle se confie. Il est dit à son propos qu’il « était entré tard dans l’état religieux, il avait de l’humanité77 » : la juxtaposition des propositions ne doit pas

masquer le lien logique implicite de cause à conséquence qui les unit : on lit très facilement que c’est parce que ce prêtre était entré tard en religion qu’il avait de l’humanité, comme si la religion corrompait cette humanité.

« Par état », le prêtre est mauvais, sa condition le rend tel. « L’intolérance », lit-on dans la contribution à L’Histoire des deux Indes (613), « toute affreuse qu’elle nous paraît, est une conséquence nécessaire de l’esprit superstitieux ». De même, à la question posée par Jacques à propos des prêtres (« Mais pourquoi est-ce qu’ils sont si méchants ? » ), le Maître répond « Je crois que c’est parce qu’ils sont moines. Et puis revenons à tes amours78».

Il est notamment de la nature du dévot de chasser l’« hérétique », ou plutôt celui qu’il considère comme tel. C’est ainsi que dans les Observations sur Hemsterhuis (704), le « docteur de Sorbonne » sert de comparant pour évoquer l’instinct de l’animal :

Toute l’âme d’un chien est au bout de son nez. Affaire d’organisation. Changez la ligne faciale. Arrondissez la tête, etc., et le chien ne quêtera plus de perdrix ; il éventera des hérétiques. Allongez le nez du docteur de Sorbonne, etc., et il ne chassera plus l’hérétique ; il arrêtera la perdrix.

Ou peut-être est-ce l’instinct de l’animal qui sert de comparant pour évoquer l’instinct du docteur de Sorbonne ? Dans les Mélanges pour Catherine II (319-320), Diderot nous fait

77 La Religieuse, 288. 78Jacques le fataliste, 745.

entrer, via le discours indirect libre, dans la façon de penser du prêtre qui est « intolérant par état » :

L’incrédule ou celui qui ne croit pas ce qu’il croit est ennemi de Dieu et Dieu est son ennemi ; c’est un scélérat dans ce monde ; c’est le plus grand des malfaiteurs, c’est un réprouvé dans l’autre. Il est impossible d’aimer, de secourir, de vivre avec celui qu’on voit