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2.4.38 – Discours de Paul à Jérusalem (22.1-21)

1 Mes frères, mes pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense. 2 Lorsqu’ils entendirent qu’il s’adressait à eux en langue hébraïque, le calme se fit plus

grand encore. Il dit :

3 Moi, je suis un Juif né à Tarse de Cilicie; mais j’ai été élevé dans cette ville-ci et

éduqué, aux pieds de Gamaliel, dans la stricte conformité à la loi de nos pères. J’avais une passion jalouse pour Dieu, comme vous tous aujourd’hui. 4 J’ai persécuté à mort

cette voie, liant hommes et femmes pour les mettre en prison. 5 Le grand prêtre et tout

300 La parole de Jésus citée en Ac 20.35 ne se trouve dans aucun des quatre évangiles ni dans aucun

autre écrit du Nouveau Testament.

2 – Comment? 2.4 – Christologie projetée

le collège des anciens m’en sont témoins. J’ai même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, où je me suis rendu afin d’arrêter ceux qui s’y trouveraient et de les amener à Jérusalem pour qu’ils soient châtiés.

6 J’étais en chemin et j’approchais de Damas quand, soudain, vers midi, une grande

lumière venant du ciel a resplendi tout autour de moi. 7 Je suis tombé par terre et j’ai

entendu une voix qui me disait : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? » 8 J’ai

répondu : « Qui es-tu, Seigneur? » Il m’a dit : « Moi, je suis Jésus le Nazoréen, celui que, toi, tu persécutes. » 9 Ceux qui étaient avec moi ont bien vu la lumière, mais ils

n’ont pas entendu celui qui me parlait. 10 Alors j’ai dit : « Que dois-je faire,

Seigneur? » Le Seigneur m’a dit : « Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce qu’il t’est ordonné de faire. » 11 Comme je ne voyais rien, à cause de l’éclat de cette

lumière, ceux qui étaient avec moi m’ont conduit par la main, et je suis arrivé à Damas.

12 Or un certain Ananias, un homme pieux selon la loi, de qui tous les Juifs qui

habitaient là rendaient un bon témoignage, 13 est venu à moi et m’a dit : « Saoul, mon

frère, retrouve la vue! » À ce moment même j’ai retrouvé la vue, et je l’ai vu. 14 Il a

dit : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre sa voix; 15 car tu seras pour lui témoin, devant tous, de ce que tu as vu et

entendu. 16 Et maintenant, pourquoi tardes-tu? Lève-toi, fais-toi baptiser et laver de tes

péchés en invoquant son nom. »

17 De retour à Jérusalem, comme je priais dans le Temple, je suis tombé en extase 18 et

j’ai vu le Seigneur, qui m’a dit : « Dépêche-toi, quitte vite Jérusalem, car ils n’accueilleront pas le témoignage que tu me rends. » 19 Moi, j’ai dit : « Seigneur, ils

savent bien que j’allais de synagogue en synagogue pour faire emprisonner et battre ceux qui croient en toi; 20 et lorsqu’on a répandu le sang d’Étienne, ton témoin, j’étais

moi-même présent, je les approuvais, je gardais même les vêtements de ceux qui l’ont supprimé. » 21 Alors il m’a dit : « Va; moi, je t’enverrai au loin, vers les non-Juifs... »

(22.1-21)

Le discours de Paul à Jérusalem essaye de convaincre le lecteur résistant et permet aussi une rétrospection comme je le développerai au chapitre trois (page 251). Quelques nouveaux traits de caractérisation sont aussi ajoutés au récit du chemin de Damas, comme je le montrerai un peu plus loin (page 174). Cela dit, en ce qui concerne le personnage Jésus, le lecteur découvre un événement qu’il ignorait jusqu’ici : une conversation entre Paul et Jésus au Temple. Au verset 18 Paul déclare avoir vu le Seigneur Jésus et donne les détails de leur conversation (cf.

2 – Comment? 2.4 – Christologie projetée

page 104). Jusqu’à présent, la seule information dont disposait le lecteur était que les frères avaient eu connaissance du danger et en avaient éloigné Paul :

29 Il parlait et débattait aussi avec les gens de langue grecque; mais ceux-ci cherchaient

à le supprimer. 30 Les frères en eurent connaissance; ils le firent descendre à Césarée et

le firent partir pour Tarse (9.29-30).

Le lecteur peut ici en vouloir au narrateur qui lui aurait caché cette précieuse information. Cependant le narrateur ne se place pas dans une position omnisciente, mais laisse parler ses personnages, comme s’ils en savaient plus que lui. La construction narrative plaide en faveur d’une « erreur de bonne foi » : en 9.29-30 le narrateur ne savait pas encore que Jésus avait dialogué avec Paul – bien évidemment ce n’est ici qu’une posture, c’est bien le narrateur qui fait parler ses personnages. Le narrateur se limite donc à raconter ce qu’il voit sur l’avant- scène : l’action des frères. Le discours de Paul révèle ensuite ce qui s’est passé en arrière- scène : une conversation privée et confidentielle. Cet effet narratif conduit le lecteur à suspecter d’autres interventions secrètes du personnage Jésus – comme en 26.16 où Jésus promet à Paul de lui apparaître de nouveau – et conduit par là même le lecteur à se demander s’il a bien été informé de toutes les apparitions de Jésus à Paul. L’absence d’un personnage sur l’avant-scène n’est donc pas absolue! Il peut intervenir dans la sphère privée et confidentielle des personnages des Actes, à l’insu même du narrateur et du lecteur.