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II. Les travaux de recherche

3. Deux contributions antérieures porteuses d'inspiration

La question de recherche que nous posons ici peut apparaître iconoclaste du fait des années-lumière qui séparent les deux univers que nous rapprochons : pays en voie de développement et haute technologie. Nous pensons pourtant que les start-ups technologiques des 34 pays avancés et les PME des 150 pays émergents (selon la nomenclature du FMI qui clive 184 pays dans le monde20) se correspondent en termes de couple rentabilité/risque. Et, qu’à ce titre, ces PME sous-jacentes nécessitent des formes de capital investissement similaires, ce qui n’est pas le cas aujourd'hui.

Notre hypothèse de recherche implique la démarche suivante : s'inspirer largement du capital risque technologique tel qu'il est pratiqué depuis plus de 60 ans dans la Silicon

Valley, pour construire les bonnes pratiques de la jeune et prometteuse industrie du

capital investissement dans les pays émergents. Cette démarche consacre la pratique d'un capital investissement entrepreneurial, à la fois structuré et agile, gérant les crises avec habitude et se comportant comme l’alter ego du promoteur par l’effet de miroir qui unit les sphères réelle et financière. L’intuition d'origine, qui s'est muée en opinion ancrée dans l’expérience vécue, prend alors la forme d’une hypothèse de recherche, que l'objectif des présents travaux est de qualifier scientifiquement, en en mesurant les implications en termes académique et pratique.

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IFC-World Bank. The SME Banking Knowledge Guide. USA, 2010.

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Nous sommes conscients que l’idée de rapprocher et de fertiliser des économies, des pays, des secteurs d'activité, que tout oppose peut susciter le scepticisme. C'est pour créer les conditions d'une crédibilité de notre démarche que nous souhaitons évoquer à ce stade précoce de nos travaux deux contributions saillantes, qui nous ont encouragés, chacune à sa manière, à nous engager sur cette voie de recherche jusque là inédite. Ces deux contributions seront abordées plus en détails au cours de notre travail de recherche.

La première contribution est académique et revient au Professeur Josh Lerner. Cet enseignant-chercheur-essayiste de Harvard, que nous citerons régulièrement tout au long de nos travaux, jouit d'une aura particulière que rappelle l’article de recherche « Josh Lerner: Recipient of the 2010 Global Award for Entrepreneurship Research21 » dans les domaines du capital investissement, du capital risque et du financement de la technologie. L’article de recherche n'hésite pas à conclure : « Josh Lerner is a

superstar, a contemporary giant of entrepreneurship scholarship in the domain of VC- backed business venturing ». Or, l’auteur esquisse la mise en parallèle entre capital

risque et capital investissement dans les pays émergents dans son recueil de cas pratiques d’Harvard intitulé « Venture Capital & Private Equity – A casebook22 » (3ème édition), lorsqu'il écrit : « Institutional investors frequently justify their interest in

private equity funds in developing nations by highlighting the similarities to venture capital in the United States. Like venture capital investments, many companies in developing nations are characterized by great uncertainty, difficult-to-value assets, and substantial information asymmetries. In the developing world, a venture capital- like style of investment should consequently yield attractive returns ».

La deuxième contribution, que nous avons considérée comme encourageante pour nos travaux, est quant à elle professionnelle : elle vient d’IFC-World Bank, bras financier de la Banque Mondiale et premier bailleur de fonds du capital investissement dans les pays émergents à travers le monde. À l'occasion de l’étude de l’opportunité

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BRAUNERHJELM, P. Josh Lerner: Recipient of the 2010 Global Award for Entrepreneurship Research.

Working Paper Series in Economics and Institutions of Innovation Royal Institute of Technology, CESIS - Centre of Excellence for Science and Innovation Studies. Août 2010, 233, 19 p.

d’investissement dans le fonds en création Beltone MidCap Egypt (notre cas clinique réel étudié en Partie III), les équipes spécialisées d’IFC-World Bank ont mené des due

diligences détaillées sur les principaux membres de l'équipe de gestion. A ce titre,

l’Institution a analysé mon profil et mon expérience (« track record »), pour juger de la cohérence de mon parcours et de la valeur ajoutée que je pouvais apporter au projet égyptien. Après avoir constaté qu’en parallèle à 10 années de financement de start-ups technologiques en France, j'avais développé une expérience en capital investissement dans les pays émergents traitant de PME non-technologiques, les questions se sont rapidement concentrées sur la cohérence de mon expérience et son bien-fondé ; en effet, mon rôle était central dans le projet, en tant que « part-time team member », et unique membre non-égyptien de l'équipe de gestion du fonds. Au cours de plusieurs entretiens menés par IFC-World Bank sur ce thème, j'ai été amené à décrire avec une précision grandissante les motifs que je considérais communs au capital risque et au capital investissement dans les pays émergents. Le retour positif de l’Institution sur cette approche originale, suivie par sa décision d'investir jusqu’à 20 millions de dollars US dans le projet Beltone MidCap Egypt, m’ont encouragé à poursuivre mes réflexions pour tenter d’en étayer l’intuition.

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LERNER, J. FELDA H. ANN L. Venture Capital and Private Equity – A casebook (3rd edition), New Jersey, USA : John Wiley and Sons, 2005, 570 p.